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Saül et la nécromancienne

Saül et la nécromancienne

Tout lecteur averti des Écritures a lu, ou tout au moins connait, ce récit relaté dans le vingt-huitième chapitre du premier livre de Samuel. A chaque fois que ce texte est mentionné, la question vient presque naturellement : "Le personnage qui apparaît dans la maison de la voyante est-il, oui ou non, le prophète Samuel" ? Et sur ce sujet, les opinions divergent. Pour certains, le vieillard que voit la nécromancienne est un comparse qui se fait passer pour le prophète Samuel. Pour d'autres, c'est bien le prophète Samuel qui, revenu du séjour des morts, apparaîtrait à la demande de Saül. Pour d'autres encore, il s'agirait d'un démon qui se serait fait passer pour Samuel. Le démon pouvant, en l’occurrence, s’appeler Samuel. Laquelle de ces trois opinions est correcte ? Y-a-t-il une autre possibilité qui n'aurait pas été ici évoquée ? Ce texte mérite qu'on s'y arrête d'un peu plus près. Nous pourrons peut-être alors nous faire une opinion basée sur des faits ainsi que sur ce que nous dit l'Ecriture. Par commodité, nous appellerons le troisième personnage de ce récit : Samuel. Nous chercherons, par la suite, à déterminer la véritable identité de ce personnage énigmatique. 

Petit résumé

Mais avant de poursuivre, il nous faut nous remémorer les faits précédant cette fameuse nuit. Ce récit se situe la veille de la mort du roi Saül. C'est la dernière nuit de sa vie mais il l'ignore encore. Comment Saül, roi d'Israël, en est-il venu à consulter une nécromancienne ? Pour mieux comprendre ce qui va se produire dans la maison de cette voyante, et la raison de la présence du roi sous son toit, il nous faut revenir en arrière dans le temps. 

Tout commence alors que le jeune Saül s'était mis à la recherche d'ânesses de son père qui s'étaient égarées. S'étant retrouvé à proximité de la ville où habitait le prophète de Dieu, son serviteur lui conseilla d'aller consulter celui-ci. "Saül aborda Samuel au milieu de la porte (de la ville) et lui demanda : Peux-tu m'indiquer où est la maison de l'homme qui reçoit des révélations ? Samuel lui répondit : C'est moi, cet homme !" (1 Sam. 10:18, 19). Saül était encore un tout jeune homme, mais cette rencontre allait bouleverser le cours de toute son existence.

Saül sera oint comme roi d'Israël par Samuel, mais il va très rapidement décevoir son mentor par son attitude, ainsi que le Dieu que sert celui-ci. Quelques chapitres plus loin, Saül, devenu roi, va gravement désobéir aux recommandations de Samuel qui lui fera ce reproche : "La désobéissance est aussi coupable que la divination et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie et les Théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de Dieu, il te rejette aussi comme roi" (1 Sam. 15:23). Le couperet tombe. Saül est rejeté. Il va demeurer sur le trône pendant quarante années, mais déjà son remplaçant est désigné en la personne de David.

"Puisque tu as rejeté la parole de Dieu, il te rejette aussi comme roi". La situation est grave. Saül est accusé par Samuel d'avoir "rejeté l’Éternel". A cause de cela, il est à son tour "rejeté". Dans la bouche du prophète Samuel, cette parole n'est pas prononcée à la légère. C'est une sentence divine. Samuel ajoute alors ces mots terribles : "L’Éternel déchire aujourd'hui de dessus toi la royauté d'Israël et il la donne à un autre" (1 Sam. 15:28). Cet "autre", c'est David que Saül ne cessera jamais, toute sa vie, de craindre et de jalouser.

Même si Saül demeura sur le trône, le Seigneur s'était, depuis lors, définitivement retiré de lui. Après que Samuel eut prononcé cette terrible parole sur la vie du jeune roi, il se retira chez lui et ne revit plus jamais Saül ainsi qu'il est écrit : "Samuel n'alla plus voir Saül jusqu'au jour de sa mort" (1 Sam. 15:35). Samuel pleura Saül, mais le Seigneur lui parla : "l’Éternel dit à Samuel : Quand cesseras-tu de pleurer sur Saül ? Je l'ai rejeté" (1 Sam. 16:1). La situation du roi ne cessant de se dégrader, "l'Esprit du Seigneur se  retira de Saül qui fut agité par un mauvais esprit venant de l’Éternel" (1 Sam. 16:14). Il faut voir ici l'action "permissive" de Dieu qui, par cause de la désobéissance de Saül et de son manque de repentance sincère, avait "ouvert une porte à l'ennemi". Son état ne cessa de s’aggraver. "Le mauvais esprit venant de Dieu saisit Saül qui eut des accès de délire au milieu de la maison" (1 Sam. 18:12). 

La présence de David à ses côtés, ce rival qui, selon lui, voulait lui voler son trône, le faisait enrager. A plusieurs reprises, il tenta d'attenter à la vie de David qui se trouvait à ses côtés pour le servir. Les dons musicaux du jeune homme (et probablement la présence de Dieu en lui) apaisaient l'agitation du roi, mais pas sa rancœur. "Saül craignait la présence de David parce que l’Éternel était avec David et s'était retiré de lui... Saül craignit de plus en plus David et il fut toute sa vie son ennemi " (1 Sam. 18:12, 29). Toute sa vie... jusqu'à sa mort ! 

Bien que le prophète Samuel n'aie plus jamais revu Saül, son existence devait être, pour le roi, un certain réconfort. Mais vint le jour où "Samuel mourut. Tout Israël s'étant assemblé, le pleura, et on l'enterra dans sa demeure, à Rama" (1 Sam. 25:1). Plus loin, on peut lire : "Or, Samuel était mort, tout Israël avait célébré son deuil et l'avait enseveli à Rama, sa ville. Et Saül avait aboli la pratique de la divination dans le pays" (1 Sam. 28:3). Faut-il rappeler que la divination et l'invocation des morts sont sévèrement condamnées par la Parole de Dieu ? "Qu'on ne trouve chez vous personne... qui pratique la divination, qui recherche les présages, consulte les augures, ou s'adonne à la magie. Personne qui... consulte les spirites et les devins ou interroge les morts. Car le Seigneur a en abomination ceux qui se livrent à de telles pratiques" (Deut. 18:10 à 12). Le châtiment était la mort, tant pour ceux qui les pratiquaient que pour ceux qui les consultaient. "Un homme ou une femme qui invoque les esprits ou qui pratique la divination doit être mis à mort à coups de pierres. Ils porteront seuls la responsabilité de leur mort" (Lév. 20:27). C'est pourquoi il est dit également : "Tu ne laisseras pas vivre la magicienne" (Exode 22:17).

Saül dérogea à cette règle après avoir lui-même "fait disparaître du pays tous ceux qui invoquaient les morts et ceux qui pratiquaient la divination" (1 Sam. 28:3). Saül ne tint pas compte des recommandations que Samuel avait laissées au peuple de son vivant : "Ne vous en détournez pas (de l’Éternel) sinon vous iriez auprès de choses de néant qui n'apportent ni profit ni délivrance parce que ce sont des choses de néant" (1 Sam. 12:21). C'est pourtant ce que va faire Saül, pour sa plus grande perte. 

Chez la nécromancienne

Saül et son armée sont à la veille d'une bataille contre les Philistins, mais la vue du camp de ses ennemis le plonge dans un grand désarroi, ceux-ci étant bien plus nombreux que les fils d'Israël. "Il voulut consulter l’Éternel mais celui-ci ne lui répondit pas, ni par des rêves, ni par l'Ourim, ni par les prophètes" (1 Sam. 28:6). Saül avait-il oublié que "l’Éternel s'était retiré de lui" ? Mais qu'à cela ne tienne, puisque Dieu ne lui répond pas, il se tourne vers ceux-là même qu'il a fait disparaître du pays. "Recherchez-moi une femme qui soit capable d'interroger les morts afin que je puisse aller chez elle pour la consulter", demande-t-il à ses fonctionnaires (1 Sam. 28:7). A quoi pense-t-il ? A-t-il déjà en tête de "faire monter Samuel" du séjour des morts ? Probablement, comme l'indique le verset 8 ! La réponse de ses fonctionnaires est très étonnante : "Ses serviteurs lui dirent : il reste encore à Eyn-Dor une femme qui interroge les morts". Quoi ? Ces hommes sont des proches de Saül. Ils ont probablement orchestré, ordonné les "chasses aux sorcières" dans tout le pays sous les ordres de Saül. Et pourtant, connaissant l'existence de cette femme et de ses pratiques, ils n'en ont rien dit au roi auparavant ? Ils n'ont rien tenté contre elle ? Comment cela se fait-il ? De plus, Saül semble très bien savoir qu'il subsiste encore des nécromanciennes dans le pays. Comment le sait-il ? Ses proches serviteurs auraient-ils, eux aussi, fait appel aux services de cette femme auparavant ?

Déguisé, Saül se rend chez la nécromancienne qui ne le reconnait pas tout de suite. Il faut garder à l'esprit que Saül était un homme de très grande taille qui dépassait tout le monde d'une bonne tête. La nécromancienne se méfie.  Elle flaire le piège. Saül la rassure en abjurant : "Saül prêta serment par l’Éternel. Aussi vrai que l'Éternel est vivant, il ne t'arrivera aucun mal" (vs. 9,10). Une telle façon de faire démontre le peu de cas que fait Saül du Dieu qu'il prend à témoin dans sa supercherie.  La femme demanda à son visiteur : "Qui veux-tu que je fasse monter ? Et il répondit : Fais-moi monter Samuel. Et la femme parlant à Saül lui dit : Pourquoi m'as-tu trompée ? Tu es Saül ! Et le roi lui dit : Ne crains point mais que vois-tu ? Et la femme dit à Saül : Je vois un dieu qui monte de la terre. Et il lui dit : Quelle est sa forme ? Et elle dit : C'est un vieillard qui monte, et il est enveloppé d'un manteau. Et Saül connut que c'était Samuel" (1 Sam. 28:11 à 14). 

Saül est démasqué. La femme l'a reconnu. On peut imaginer que le mystérieux personnage lui ait révélé la véritable identité de son visiteur nocturne. Elle se croit tombée dans un piège. La crainte la saisit. Mais le texte dit : "Et le roi lui dit : Ne crains point".  Au moment même où Saül est démasqué, il reprend sa position d'autorité. Il redevient celui qui a droit de vie et de mort sur cette nécromancienne. Et c'est bien le roi en tant que tel qui lui dit : "Ne crains point". A partir de cet instant, c'est bien le roi d'Israël en personne qui s'adresse à la nécromancienne. Il le fait, revêtu de l'autorité royale. A partir de cet instant-là, la nécromancienne n'agit plus dans la clandestinité. Elle est "couverte" par l'autorité royale. Cela n'enlève rien à sa responsabilité, par contre, cela aggrave encore celle de Saül. Non seulement il se livre à la divination, il désobéit au commandement qui ordonnait de faire mourir toute personne pratiquant la divination, mais en plus il couvre cette nécromancienne de sa protection. Saül ne tint pas compte de cette parole du Seigneur : "Si quelqu'un s'adresse aux morts et aux esprits... je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple" (Lév. 20:6). C'est ce qui se produira, dès le lendemain, sur le champ de bataille. 

Samuel ? Quel "Samuel" ?

"Celui qui descend dans le séjour des morts n'en remontera pas" (Job 7:9). 

Et Saül ajoute : "Que vois-tu ?" La description du mystérieux personnage est assez vague puisque la femme le décrit comme : "Un dieu qui monte de la terre, un vieillard qui monte, enveloppé d'un manteau". Et vient la phrase qui pourrait faire penser qu'il s'agit du prophète Samuel : "Et Saül connut que c'était Samuel". La nécromancienne n'a pas affirmé que ce vieillard était Samuel. Sa description est, somme toute, assez sommaire. Or, Saül ne "voit" rien. Il se fie uniquement aux dires de cette femme. Il ne peut donc, si tant est que cela soit possible, avoir reconnu le prophète Samuel. Or, il est dit plus haut que "l'Esprit de Dieu s'était retiré de lui". Saül est un homme qui est harcelé par un mauvais esprit, en pleine révolte contre Dieu. Son intelligence est enténébrée. En allant consulter cette voyante, il a mis le comble à son péché. Il va, le lendemain, le payer de sa vie. 

Mais qui est ce "Samuel" ? Est-ce vraiment le prophète Samuel ? Comme je le disais plus haut, il y a généralement trois hypothèses qui sont proposées. La première est que ce mystérieux personnage soit un comparse de la voyante. Celui-ci, ayant reconnu Saül en fit part à la voyante, ce qui effraya celle-ci, d'où son cri d'effroi. Mais cette hypothèse n'est pas très solide puisque Saül demande à la femme : "Que vois-tu ?". Ce qui signifie que Saül lui-même n'a rien vu. Saül se fie uniquement à ce que lui dit la femme. Dans ce cas, l'usage d'un comparse déguisé n'a pas de raison d'être. La deuxième hypothèse est que ce soit effectivement le prophète Samuel qui soit apparu à la voyante. Or, aucun défunt ne peut passer du séjour des morts au monde des vivants. Et peut-on envisager un instant que Dieu puisse agir en "collaboration" avec une personne dont il réprouve sévèrement la pratique et qu'il a "en abomination" ? Ce raisonnement ne tient pas. La troisième hypothèse est que ce personnage soit un démon qui pourrait porter le nom de Samuel, ou qui aurait usurpé, un instant, l'identité du prophète décédé. Hypothèse tout à fait plausible puisque les nécromanciens et les voyants travaillent en étroite collaboration avec les démons. J'y reviendrai plus loin. 

"Personne qui... consulte les spirites et le devins ou interroge les morts. Car le Seigneur a en abomination ceux qui se livrent à de telles pratiques". Se pourrait-il que Dieu ait permis quelque chose qui est à ses yeux une abomination pour qu'un homme, qu'il a rejeté, puisse recevoir une réponse à une question à laquelle le Seigneur n'avait pas daigné répondre précédemment ? Certains argumentent que Dieu est souverain et qu'il a pu, exceptionnellement, permettre qu'une personne décédée revienne du séjour des morts pour parler à Saül. Mais Dieu irait-il à l'encontre des lois qu'il a lui même instaurées ? Je ne le pense pas. Il est écrit : "Saül mourut parce qu'il se rendit coupable d'infidélité envers le Seigneur dont il n'observa pas la parole et parce qu'il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts. Et il ne consulta pas le Seigneur alors le Seigneur le fit mourir" (1 Chroniques 10:13). Le Seigneur aurait-il fait mourir Saül pour avoir invoqué les morts après avoir permis que l'un d'entre eux lui réponde ? Cet épisode démontre combien une intelligence enténébrée peut se convaincre de ce qu'elle a envie de croire. "Ne vous en détournez pas (de l’Éternel) sinon vous iriez auprès de choses de néant qui n'apportent ni profit ni délivrance parce que ce sont des choses de néant".

Dialogue

"Samuel dit à Saül : Pourquoi m'as-tu troublé en me faisant monter ? Saül répondit : Je suis dans une grande détresse. Les Philistins me font la guerre et Dieu s'est retiré de moi. Il ne m'a répondu ni par les prophètes, ni par des songes, et je t'ai appelé pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire. Samuel dit : Pourquoi me consultes-tu puisque l’Éternel est devenu ton ennemi ? L’Éternel te traite comme je l'avais annoncé de sa part... tu n'as pas obéi à la voix de l’Éternel... voilà pourquoi il te traite aujourd'hui de cette manière.... demain, toi et tes fils vous serez avec moi... (sous-entendu : dans le séjour des morts)" (1 Sam. 28:15 à 19). Le mystérieux personnage qui se fait passer pour le prophète Samuel ne lui ment pas (si ce n'est sur sa véritable identité). Tactique diabolique par excellence que de mélanger habilement vérité et mensonge, tout comme le fit le Serpent dans le Jardin d'Eden. Terrassé par la sinistre perspective qui lui est donnée, Saül s'effondre. L'entretien est terminé. Il pensait trouver conseil, ou tout au moins un peu de réconfort, et c'est l'inverse qui se produit. Saül est effondré. Prise de compassion, cette nécromancienne va préparer un repas pour cet homme qui tombe de fatigue et d'inanition (vs. 22 à 25). Saül pense avoir eu un échange avec le défunt prophète Samuel. Il en est convaincu. Rien ne dit que ce fut également le cas de la nécromancienne. Saül, après avoir repris des forces, part rejoindre son armée. 

Le prince de ce Monde

J'avais évoqué, au début de cet article, trois hypothèses concernant l'identité de ce "Samuel" qui était apparu, ce soir-là, à la nécromancienne, en ajoutant cette question : "Y-a-t-il une autre possibilité qui n'aurait pas été ici évoquée ?" Pour répondre à cette question, il me faut me référer à une ancienne tradition rabbinique. Celle-ci fait mention d'un personnage qui pourrait s'apparenter au "Samuel" de notre récit. Il est possible, en effet, que la réalité soit bien plus terrible encore qu'on n'a pu l'envisager. Cette tradition fait, en réalité, mention d'un certain "Samaël, ange de la mort, serpent primordial, chefs de tous les satans". Le mot "Satan" (satane en hébreu) signifie "adversaire". Se pourrait-il alors que le "Samuel" qu'a vu la nécromancienne soit en réalité Satan lui-même ? Le "serpent ancien" qui séduisit Eve dans le Jardin d'Eden ? Le diable se plaît à séduire et à tromper un serviteur de Dieu pour le plonger dans une situation inextricable, et lorsque son cœur s'est suffisamment endurci, l'abandonner à son misérable sort. C'est pourquoi l'Ecriture nous exhorte en disant : "N'endurcissez pas votre cœur" (Ps. 95:8). 

Selon Moïse Maïmonide, Samaël serait "le prince des anges déchus". Il peut être appelé également "Samuel" et désigner le principal "prince des nations"Le mot "samuël" ou "samaël" pourrait également désigner une classe de démons. Saül devant combattre le lendemain contre les Philistins, on peut donc envisager que le "samuel" (le démon) qui apparaît à la nécromancienne puisse être, effectivement, un "prince de nation". Le combat qui va avoir lieu le lendemain doit effectivement opposer deux "nations" : Israël et le peuple Philistins. Israël est d'origine sémitique (fils de Sem), et les Philistins sont généralement considérés comme étant originaires de Rhodes ou de Chypre, et donc des descendant de Japhet, le frère aîné de Sem. L'intervention d'un "prince des nations" dans ce contexte prend donc tout son sens. L'apôtre Paul nous donne quelques informations sur ces "autorités dans les lieux célestes" en différenciant "les dominations et les autorités" (Eph. 3:10). Il nous dit plus loin que "nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Eph. 6:12). Il est intéressant de noter que ce "prince des nations" auquel fait référence ce rabbin andalou du douzième Siècle était déjà connu de l'apôtre Paul, tout au moins dans sa fonction. L'apôtre fait ici une classification dans la hiérarchie démoniaque. Or, Maïmonide, des siècles plus tard, commente ce texte du livre de Samuel en faisant allusion à ce Samuel comme étant "le principal prince des nations". La tradition rabbinique identifiant, quant à elle, ce Samuel-là à "l'ange de la mort, le serpent primordial, le chef de tous les satans". "L’Éternel t'a rejeté... Demain, toi et tes fils vous serez avec moi..." (sous-entendu : dans le séjour des morts). Si, comme on peut se l'imaginer, cette parole a été prononcée par un prince de ténèbres, alors le sort de Saül n'est vraiment pas enviable. 

Fort heureusement, Paul nous assure également, dans son Épître aux Colossiens, que "Christ a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle en triomphant d'elles par la Croix" (Col. 2:15). Mais si le Seigneur s'est rendu vainqueur de toutes autorités qui s'étaient orgueilleusement élevées contre Lui, il s'est également élevé en adversaire de tous ceux qui leur étaient volontairement assujettis.

CONCLUSION

Si cette pratique d'invoquer les morts remonte à la "nuit des temps", elle est encore courante aujourd'hui, même dans nos sociétés dites "civilisées". Elle n'en demeure pas moins sévèrement condamnée par la Parole de Dieu. Le livre des Actes mentionne un épisode de la vie de l'apôtre Paul où celui-ci fut harcelé, plusieurs jours de suite, par une femme ayant un esprit de divination. "Une servante qui avait un esprit de divination (litt. de Python) et qui, en devinant, procurait un grand profit à ses maîtres... se mit à nous suivre et criait : Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut et ils vous annoncent la voie du Salut" (Actes 16:16). Cette femme disait vrai. Mais elle le proclamait de façon à nuire au ministère des apôtres. Son manège finit par excéder Paul qui, se retournant soudain, chassa l'esprit démoniaque de la femme. En lisant ce texte, on peut donc en conclure que c'est par l'esprit de divination qui était en elle qu'elle prononçait ces paroles. Peut-être le faisait-elle d'un ton ironique et moqueur, bien qu'elle professe la vérité, ce qui expliquerait la réaction de Paul. Néanmoins, cela attira à celui-ci des ennuis de la part du maître qui, voyant sa servante désormais dépourvue de son don de divination, y perdit sa source de gain (Act. 16:19). 

Le Seigneur a pourvu, pour l'édification de Son Eglise, à divers dons spirituels. "A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. A l'un est donné par l'Esprit... le discernement des esprits" (1 Cor. 12:7) afin que "personne ne vous séduise d'aucune manière... car le mystère de l'iniquité agit déjà" (2 Thess. 2:3, 7). Il nous faut cependant faire preuve de beaucoup de vigilance, comme nous y invite l'apôtre Jean : "Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit mais éprouvez les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde" (1 Jean 4:1). Malheureusement, tous n'entendent pas ou ne tiennent pas suffisamment compte de ces avertissements puisque "l'Esprit dit expressément que dans les derniers temps, quelques uns abandonneront la foi pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons par l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience" (1 Tim. 4:1, 2). 

Ces choses ne sont pas anodines. Il serait bien imprudent de ne pas tenir compte des avertissements que nous donne le Seigneur dans les Écritures concernant ces pratiques car, comme je l'ai dit plus haut, "nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les autorités, les dominations, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Eph. 6:12). Si l'apôtre fait ici mention de "princes de ce monde", ce n'est pas sans rappeler ce "Samaël, prince des nations". Fort heureusement, toutes les principautés et dominations spirituelles de ce monde qui ne se soumettaient pas à la pleine et entière autorité de notre Seigneur Jésus-Christ ont été vaincues à la croix. "Il a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix" (Col. 2:15). Le Seigneur est vainqueur. A cause de leur révolte, ces principautés ont été destituées de l'autorité qui leur avait été autrefois confiée. Mais elles n'en demeurent pas moins actives, et leur pouvoir s'exerce encore sur "les fils de la rébellion". Quant aux enfants de Dieu, ils seront en sécurité tant qu'ils demeureront dans l'obéissance, veillant à ne pas transgresser, tel que le fit Saül pour sa perte, les recommandations de la Parole de Dieu, car "la désobéissance est aussi coupable que la divination et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie" (1 Sam. 15:23). " 


JiDé
 

 

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