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Il y eut un soir, il y eut un matin

Il y eut un soir, il y eut un matin

Au tout début du siècle dernier, une dame assistait à une conférence sur le système solaire. Lorsque l'orateur dit à l'assemblée que le soleil disparaîtrait dans un milliard d'années, la dame en question s'évanouit. "Mon Dieu ! Qu'allons-nous devenir ?" dit-elle, terrifiée par cette perspective cataclysmique. L'orateur la rassura en lui disant : "Ne vous inquiétez pas, Madame, nous avons tout le temps !". Il semblerait que ce conférencier avait quelques notions de la Relativité, qui ne sera pourtant découverte par Einstein que quelques années plus tard. Cette petite anecdote pourrait fort bien illustrer mon propos. 

Un jour à la fois, chaque jour par la foi

Si le récit de la Genèse nous relate la façon dont notre Monde fut créé, il nous en fournit également le délai de fabrication : six jours ! La chose est entendue. On ne peut donc revenir là-dessus. Cependant, les avis divergent sur la durée de ceux-ci. Pour certains, il s'agit de "jours" de vingt-quatre heures. D'autres, tenant compte des données géologiques et astronomiques, envisagent plutôt des périodes de temps relativement longues qui s'accordent mieux avec les données scientifiques comme, par exemple, le physicien et exégète américano-israélien Nathan Aviezer dans son livre "In the beginning". Qu'en est-il ? Qui a raison ? Un désaccord subsiste entre ceux qui voient, en ces six "jours", des périodes de 24 heures et ceux qui  les considèrent comme des "périodes de temps" plus longuesCe désaccord réside dans la compréhension que chacun a du mot "jour". Mais de quoi parle-t-on exactement ? Je crois en la pleine et entière inspiration des Écritures selon ce que dit l'apôtre Paul : "Toute Écriture est inspirée de Dieu" (2 Timothée 3:16). Mais je crois également que, pour certains passages, on ne peut véritablement fonder une juste compréhension de celles-ci que sur ce que dit le texte original, qu'il soit rédigé en hébreu (pour l'Ancien Testament) ou en grec (pour le Nouveau), une traduction n'étant pas toujours en mesure de rendre le sens exact d'un mot ou d'une expression. Pour en comprendre le sens initial, il nous faut donc nous interroger : "Que dit le texte ?". 

Il était une fois... un jour

La description de cette première "semaine" de l'Univers débute par ces mots : "Way hi erev way hi boker yom ehad". Ce que l'on traduit généralement par "Il y eut un soir, il y eut un matin, premier jour". Puis, le texte se poursuit : "Way hi erev way hi boker yom shêni... yom sh'lishi... yom revî'î... yom hamishi... yom hashishi... yom hash'vi'î". Ce qui est rendu dans nos traductions par :  "Deuxième jour, troisième jour etc...". Première surprise : le texte original ne mentionne pas l'expression "premier jour" (yom rishown), mais "jour unique (yom ehad)". Le choix de ce vocable (ehad) n'est pas anodin. Le mot "rishown" aurait pu paraître plus approprié puisqu'il désigne "ce qui vient en premier, ce qui est en tête, ce qui précède", mais aussi "le passé, l'origine, le commencement". Pourtant, l'auteur délaisse ce mot au profit d'un autre qui, lui, désigne "une chose unique". Il cherche donc à attirer notre attention sur un fait particulier. Se pourrait-il que les cinq autres jours de la Création soient, en quelque sorte, "inclus" dans ce "jour unique" ? C'est une question. En réalité, ce que le texte nous dit, c'est que ce "jour-là" ne ressemble à aucun autre. Il porte en lui quelque chose qui le différencie de ce qui va venir ensuite. 

Alors, quelle durée faut-il donner à ces "jours" dont fait mention le texte de la Genèse ? Toute la question est là. La réponse qu'on lui donnera déterminera non seulement notre conception de la création de l'Univers, mais influencera également notre lecture de la Bible toute entière. L'une des argumentations soutenues par les défenseurs de "périodes longues" est que le soleil, la lune et les étoiles ne furent créés (ou ne furent apparents) que le "quatrième jour" (Genèse 1:14, 15). Or, ce sont ces "luminaires", ou quelque soit le nom qu'on leur attribue, qui déterminent cette période de vingt-quatre heures. Qu'en est-il des trois premiers "jours" ?

La question se pose d'ailleurs également pour ces "soirs" (erev) et "matins" (boker). Nathan Aviezer souligne cette difficulté, rappelant qu'il y a bien longtemps que les Sages du Talmud ont attiré l'attention sur le fait que l'on ne peut raisonnablement parler de "soirs" et de "matins" alors qu'il n'y a ni soleil, ni lune dans le ciel. Ces mots devaient donc, selon eux, être interprétés autrement. Depuis l'époque d'Augustin d'Hippone (appelé plus fréquemment Saint Augustin, 354/430), ces "jours de création" étaient considérés comme des "Jours de Dieu" qui ne pouvaient donc être mesurés. Job ne pose-t-il pas cette question au Créateur : "Tes jours sont-ils comme les jours de l'homme, et tes années comme ses années ?" (Job 10:5). Pierre ne dit-il pas : "Mais il est une chose que vous ne devez pas ignorer, bien-aimés, c'est que pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour" (2 Pierre 3:8) ? "Mais il est une chose que vous ne devez pas ignorer…". Il nous faut donc être attentifs au fait que, pour le dire en langage moderne, le Temps est quelque chose de relatif. Albert Einstein l'a prouvé par ses travaux sur la Relativité, définissant les rapports qu'entretiennent à la fois le Temps, la Matière et l'Espace. L'apôtre Pierre attire fortement notre attention sur cette "relativité" du Temps, nous rappelant qu'il nous faut nous souvenir de ce principe lorsque nous nous approchons des Écritures. L'apôtre s'inspire probablement, pour faire cette affirmation, de ce passage d'un Psaume qui dit : "Mille ans sont à tes yeux comme le jour d'hier et comme une veille de la nuit" (Psaume 90:4). L'auteur de ce Psaume, qui n'est autre que Moïse, est également le rédacteur du livre de la Genèse, et donc du récit qui nous occupe ici.  Or, Moïse fait cette prière à Dieu : "Enseigne-nous à bien compter nos jours afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse" (Psaume 90:12). Une étude attentive des textes mentionnant ce mot "Yom" (Jour) serait des plus enrichissantes et nous éclairerait d'autant mieux, mais cela nécessiterait un article en soi. Il nous faut cependant, nous aussi, tout comme l'auteur du récit de la Genèse et du Psaume 90, "bien compter (ces) jours...avec sagesse".  Dans ces textes magnifiques, Moïse semble aborder le difficile sujet de la distorsion du temps qui, toujours selon le célèbre savant, s'avère être un phénomène physique observable. Ce récit nous emmène au cœur de ce qui constitue la quatrième dimension de notre Univers : le Temps !

Un jour à... la foi

Le mot "yom" est employé dans quatre sens différents dans les Écritures, mais un seul se rapporte à une durée de vingt-quatre heures. Cela doit nous inciter à la plus grande prudence avant de tenter de déterminer la durée des "jours" mentionnés dans le texte de la Genèse. La première mention d'un mot, dans les Écritures est déterminante. Or, la première fois que ce mot apparaît, c'est tout au début du récit biblique. Il est écrit : "Dieu appela la lumière 'jour' et la ténèbre (ici au singulier) il l'appela 'nuit'. Il y eut un soir, il y eut un matin. Premier jour" (Genèse 1:5). La première mention du mot "yom" (jour) désigne non pas un jour de vingt-quatre heures, mais la partie diurne de celui-ci. C'est une information. D'autre part, le texte, dans nos Bibles, est divisé et numéroté en chapitres et en versets, ce qui présente un confort de lecture indéniable. Cependant, ces divisions demeurent artificielles et, malheureusement, influencent notre façon de lire et de comprendre les Écritures, les amputant parfois de leur introduction ou de leur suite. Ainsi, il est écrit : "Way hi erev way hi boker yom hashishi. Way kûl û hashamaïm we ha aretz". "Il y eu un soir, il y eut un matin. Jour sixième. Ainsi furent achevés les cieux et la Terre" (Genèse 1:31 / 2:1). Le texte biblique nous dit ici que "les cieux et la Terre" ne furent véritablement achevés que... le sixième "jour", lorsque tout était véritablement en place, y compris "l'arbre au milieu du jardin". Avant cela, les cieux et la Terre, qui furent créés le premier "jour", n'étaient pas véritablement "achevés". Le mot "kalal" veut dire également "être au complet". La création de l'Univers ne fut véritablement complète que lorsque l'arbre de la vie fut mis au milieu du jardin d'Eden.

Comme le dit Alfred Kuen dans son "Labyrinthe des origines" "La notion de 'jour' exposée à une étude méthodique et sérieuse du texte ne peut soutenir une affirmation catégorique prétendant que les jours de la création ont une durée de 24 heures".  En effet, les auteurs bibliques utilisent le terme "yom" pour définir des périodes de temps très diverses. Le penseur chrétien Francis Schaeffer soutient également que le terme a, dans les Écritures, plusieurs significations et qu'il ne peut être pris au sens littéral tel que nous l'entendons.  Selon lui, "Les différentes significations du mot et l'imprécision de sa durée ne peuvent aboutir à des conclusions formelles" ("La Genèse" page 55). C'est le rédacteur du récit qui détermine le sens des mots, non le lecteur. Or, c'est bien souvent l'inverse qui se produit. Le texte devient  ce que le lecteur en comprend (Nombres 3:1). Le récit se retrouve "enfermé" dans une interprétation particulière. Il ne peut alors plus rien "dire" d'autre. Il est évident qu'une telle démarche ne peut favoriser une juste compréhension des Écritures. 

Le prophète Esaïe, quant à lui, mentionne ce mot "yom" en faisant allusion à une période de temps indéterminée (Esaïe 2:2, 17) que l'on associe généralement à cette période si particulière de l'Histoire qu'est "Le Jour de l'Eternel". Dans le livre des Nombres, le mot "jour" (yom) désigne les six semaines durant lesquelles Moïse était avec Dieu sur la montagne du Sinaï. 

"Be yowm diber Adonaï èt moshè be har sinay". "Au jour où Dieu parla à Moïse sur la montagne du Sinaï"(Nombres 3:1). 

Il faut noter ici que le mot "yom" est au singulier et non au pluriel. La période pendant laquelle Moïse demeura dans la présence de Dieu (quarante jours) est considérée par l'auteur (Moïse lui-même en l'occurrence) comme un seul jour. Il est donc clair que l'usage de ce mot "yom" ne peut être aucunement limité à une journée de vingt-quatre heures. L'auteur du récit de la Genèse lui-même utilise ce mot, à plusieurs reprises, pour une période beaucoup plus longue. Les six jours de la Création peuvent ainsi couvrir de longues périodes de temps. Mais, comme le démontrerait n'importe quel ouvrage scientifique, le Temps est étroitement lié à la Matière. On ne peut donc véritablement définir de quelle manière le "chronos" grec ou le "èth" hébreu pouvait s'écouler lorsque le Monde était encore en gestation. En gestation ? Oui, c'est véritablement ainsi que Moïse, l'auteur du récit qui nous occupe ici, conçoit la Création de ce Monde. Il dit, toujours dans le Psaume 90 :

"Avant que les montagnes aient été enfantées (yalad) et que tu ais mis au monde (chuwl) la Terre et le Monde et depuis toujours jusqu'à toujours tu es Dieu" (Psaume 90:2). "Chuwl" signifie "mettre au monde dans les douleurs de l'enfantement". "Yalad" signifie "enfanter, engendrer". Le Monde aurait-il été conçu dans une "matrice*" ? C'est ce que semble dire l'auteur de notre récit lorsqu'il écrit : "èleh towldoth ha shamaïm weha'aretz be hib'bâre'âm beyom asot Adonaï Elohîm eretz we'shamaïm" (Genèse 2:4) : "Voici les engendrements (ou les générations) les cieux et la Terre quand ils furent créés au jour où fit Dieu la Terre et les cieux". Ou, comme le traduit la TOB : "Telle est la naissance du ciel et de la Terre lors de leur création, le jour où le Seigneur fit la Terre et le ciel".

Il se peut fort bien que "le jour de naissance" de l'Univers se soit prolongé sur une assez longue période. Un "gros bébé" qui ne cesse de grandir puisque, comme cela a été démontré dans les années soixante du siècle dernier, l'univers est en expansion perpétuelle. Ce qui signifie que, dans un passé très lointain, il était infiniment plus petit qu'il n'est aujourd'hui. Et de même qu'un enfant existe en tant qu'individu dès sa conception, il lui faut cependant passer neuf mois dans le ventre de sa mère, avant de poursuivre sa croissance sur la terre des vivants. L'univers, lui aussi, est encore en "pleine croissance" même si celui-ci est "achevé" depuis bien longtemps maintenant.

Et lorsque l'on parle de distance dans l'univers, l'unité de mesure est l'année-lumière. Ainsi il est écrit : "Vayomer Elohîm yehi owr vayehi owr" (Et Dieu dit : que la lumière soit ! Et la lumière fut !". Les dimensions de l'univers sont aujourd'hui calculées en fonction de la distance que parcourt la lumière en une année, sachant que celle-ci se déplace à la vitesse de trois cent mille kilomètres à la seconde. Et on est encore loin d'avoir sondé l'Univers. Et pourtant, des rayonnements fossiles nous parviennent du fond des âges, ce qu'ont pu démontrer deux techniciens du groupe Bell, Arno Penzias et Robert Wilson, en 1964. Ce qu'ils prirent tout d'abord pour des perturbations radio s'avérèrent être des ondes venues du fin fond du Cosmos, comme un babillement du tout jeune Univers. Leur découverte sera récompensée par un Prix Nobel en 1978. 
 


Le texte biblique nous dit : "el'lètoldoth hashamaîm ve'ha'aretz", "voici les engendrements (mais on peut également traduire 'les générations') des cieux et de la Terre quand ils furent créés" (Genèse 2:4). Nous avons donc deux sens possibles. D'une part, ce texte nous parle de la "naissance" de l'Univers, d'autre part, il fait également mention des "générations" d'étoiles, de galaxies, qui se sont succédées dans le vaste Cosmos dont les plus puissants télescopes ne peuvent sonder les profondeurs. Les étoiles "naissent" et meurent dans une explosion gigantesque. Les ondes de choc de ces explosions nous parviennent encore aujourd'hui alors que ces étoiles ont disparu depuis des milliers d'années. À cette échelle, le Temps et l'Espace sont démesurés. Mais c'est peut-être là le génie de la langue. Celle dans laquelle furent rédigés les récits bibliques. L'auteur ramène à une échelle plus humaine ce qui, dans ses dimensions initiales, dépasserait notre entendement. Par cette "réduction", il nous la rend plus accessible. Un jour est comme mille... dix mille... un million d'années. Ainsi, un récit de la Genèse nous relate un épisode de la vie de Joseph en Égypte. Alors que les Égyptiens engrangeaient le blé d'une récolte exceptionnelle, "l'on cessa de compter parce qu'il n'y avait plus de nombre" (Genèse 41:49). La notion de certains concepts peut facilement dépasser l'entendement. Le danger pourrait être alors d'en nier tout simplement l'existence. Un jour, un millénaire ou plus encore... peu importe. Mais il convient, pour respecter le texte, de ne pas l'enfermer dans la littéralité de ce qui n'est toujours qu'une "traduction"

*Le thème de la création proprement dit a été abordé dans divers articles de ce blog tels que "Le Logos, modèle du Monde créé" et "Le premier mot de la Bible"

Le septième jour : un achèvement

J'en viens maintenant au "Septième jour". Le jour de "repos". L'auteur de l'Épître aux Hébreux nous dit que ce "repos" durait encore à l'heure de sa rédaction (Hébreux 4:3, 4). L'auteur mentionnant également Josué et Daniel (versets 6 à 8), on peut en conclure que ce "jour" s'est ainsi prolongé jusqu'au premier siècle de notre ère (lorsque cette Épitre fut rédigée) et s'est perpétué jusqu'à cet instant où vous lisez ces lignes. L'allusion à Daniel est significative. Ne parle-t-il pas lui-même dans son livre de "septaines d'années" ? Nous avons donc un "jour premier" qui ne l'est pas vraiment puisque, comme je l'ai mentionné plus haut,  "Yom ehad" signifie non pas "jour premier" mais "jour unique", et un "jour septième" qui ne s'est jamais achevé. Voilà qui a de quoi décontenancer les plus rationnels. Ainsi, si l'on tient compte de la durée de ce "jour septième", c'est à dire depuis l'aube de l'humanité, on peut aisément envisager que les autres jours puissent être tout au moins d'égale longueur (si pas plus !). Mais alors, la durée relative de ce "septième jour" ne serait elle pas la clef qui nous permettrait d'appréhender ces notions de temps ? 

Il vit que cela était bon

Il est un détail qui peut facilement échapper à l'attention du lecteur, et qui a pourtant toute son importance dans la compréhension de ce texte. Il nous est dit : "Ce fut le premier jour... le deuxième jour... le troisième jour... etc..." (Genèse 1:5, 8, 13). Une autre phrase vient ponctuer le texte de ce récit : "Dieu vit que cela était bon" (versets 10, 12 18, 21, 25). Or, la première mention de cette dernière expression : "Que cela était bon" n'apparaît...qu'au troisième jour (versets 13). L'œuvre ne recevra ce label qu'au soir de la troisième "période" de création, et elle la recevra à deux reprises (versets 10, 12). Comme si le texte voulait nous dire que quelque chose n'était pas encore "achevé" avant cela. Seule "la lumière" reçut l'accréditation au premier "jour" (verset 4). Ceci laisse supposer que, durant les deux premiers "jours", quelque chose était encore en train de se mettre en place dans l'univers et sur la Terre. Le plein achèvement n'ayant eu lieu qu'à la "troisième période de temps". Période qui peut avoir été relativement longue. Mais rappelons-nous que "Pour Dieu, un jour est comme..." mille, dix mille, cent mille, voir un milliard d'années, peu importe. Ce passage de l'Écriture ne nous donne pas un rapport de mesure mais une échelle de valeur. Une étude attentive des textes bibliques peut mettre à mal les convictions apprises dont nous nous targuons souvent avec trop d'assurance. Des convictions trop prononcées cachent parfois une profonde ignorance. L'Écriture nous amène à la prudence et à l'humilité car nos filtres de lecture peuvent s'avérer trompeurs. Une juste compréhension du texte (si toutefois c'est bien le but recherché) nous conduira à réévaluer nos références. Mais le sens réel du texte ne s'en révèle-t-il pas plus attrayant encore ?

Une autre lecture du Temps

Malgré toutes ces difficultés, la notion de septaine nous est familière. Cette répartition du temps en semaines de sept jours nous est usuelle. Pourtant, elle ne l'était pas autant qu'on pourrait le penser pour les Hébreux qui quittèrent l'Égypte. En effet, les Égyptiens avaient une autre façon de décomposer le temps. Leurs mois étaient divisés en trois parties de dix jours, sans aucun jour chômé. Cela permet de comprendre pourquoi le Pharaon traita les Hébreux de "paresseux" (Exode 5:8, 17) lorsqu'ils lui parlèrent de respecter le shabbat en interrompant leurs tâches tous les sept jours. Ce découpage du temps correspondait pourtant à un modèle cosmologique. Celui sur lequel avait été fondé l'Univers. En leur temps, Copernic et Galilée furent inquiétés par les autorités ecclésiastiques pour avoir affirmé ce qui s'avérait vrai mais qui allait à l'encontre des convictions de l'époque.

Notre calendrier est divisé en trois cent soixante-cinq jours à l'issue desquels nous nous réjouissons de voir débuter une année nouvelle, mais pour une immense partie de la population mondiale, ce calendrier n'est pas usité. Et alors qu'une partie du Monde célèbre un événement, pour des milliard d'individus ce jour est pareil aux autres jours. Il est de coutume, pour certains occidentaux, de célébrer le Nouvel An chinois (premier Février 2022), mais je doute fort qu'en Chine, hormis pour quelques industriels et membres du Parti, la date du premier Janvier puisse avoir une quelconque importance. Ainsi, les notions de "temps" et de "durée" peuvent varier considérablement d'une culture à l'autre. Sans que nous nous en rendions compte (parce que nous baignons dedans depuis notre naissance) notre conception du Temps est conditionnée. Oserais-je dire "formatée" ? Celle-ci influence considérablement notre lecture de la Bible et de son contenu. Sans nous en rendre compte, nous projetons sur ces textes anciens notre conception du Monde, de l'Univers. Notre "grille de lecture" nous amène souvent à "interpréter" plus qu'à "comprendre" véritablement la pensée de ces auteurs antiques. Non parce que les connaissances scientifiques (dont beaucoup, aujourd'hui, ne tiennent d'ailleurs pas compte) nous donnent aujourd'hui une vision élargie de l'Univers dont ces auteurs ne disposaient pas, mais parce que bien souvent nos conceptions cosmologiques sont imprégnées de traditions dont il nous est difficile de nous départir, tant celles-ci se sont érigées en vérités indiscutables, presque en dogmes.

Le risque est grand, en lisant un texte biblique, de projeter sur celui-ci un avis arrêté sans avoir préalablement tenu compte de son contexte historique et culturel. Comprendre un texte biblique, en l'occurrence ici le récit de la Création, demande d'aligner sa pensée sur celle de l'auteur. Mais bien souvent, c'est l'inverse qui se produit. On attribue plus aisément à l'auteur notre conception personnelle. L'opinion du lecteur (ou celle d'un interprète influent) devient la référence. Le texte n'a plus qu'à s'y plier. Pourtant, le vieil adage : "Un texte sorti de son contexte est un prétexte", est toujours d'actualité. Pour certains, l'Univers est vieux de six mille ans, pour d'autres, il a déjà atteint l'âge respectable de quatorze milliard d'années. Entre les deux, la notion de "Jour" a encore de la marge. Le débat ne date pas d'hier. Comme l'a dit l'Ecclésiaste : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil".  

Les cieux embrasés

Après avoir abordé le sujet de l'origine de l'Univers, peut-être faut-il s'arrêter un instant sur sa finalité ? Les auteurs bibliques nous apportent quelques lumières sur le sujet. Lumières qui n'auraient probablement pas plus rassuré le public assistant à la conférence dont j'ai fait mention au début de cet article. 

L'auteur de l'Épître aux Hébreux nous dit, tout d'abord, que : "Dieu, dans les derniers temps, nous a parlé par le Fils, il l'a établi héritier de toutes choses; par Lui, il a aussi créé l'univers. Le Fils... soutient toutes choses par sa parole puissante" (Hébreux 1:2, 3). Cet Univers n'est donc maintenu en existence que par la seule volonté du Seigneur. Et ce, à chaque instant qui s'écoule à l'horloge du Temps. L'apôtre Paul nous dit, pour sa part, que : "Le Fils est l'image du Dieu invisible, le premier né de toute la Création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la Terre, les visibles et les invisibles... Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui... Il est le Commencement..." (Colossiens 1:15 à 18).

Pourtant, cet univers aura une fin. En effet, l'apôtre Pierre nous dit, pour sa part : "Le Jour du Seigneur viendra comme un voleur, en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la Terre avec les œuvres qu'elle renferme sera consumée" (1 Pierre 3:10). L'apôtre retire, de cette perspective future, un sujet d'exhortation : "Puisque tout cela est en voie de dissolution, combien votre conduite et votre piété doivent être saintes. Attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront" (2 Pierre 3:11, 12). 

L'auteur ajoute une précision à ce cataclysme cosmique : "Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la Terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains; ils périront mais tu subsistes. Ils vieilliront comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés, mais toi, tu restes le même" (Hébreux 1:12). L'auteur de l'Épître aux Hébreux fait ici référence à deux passages différents des Écritures (Psaume 102:26 à 28 et Esaïe 51:6). La perspective de ce chaos universel avait donc déjà été annoncé d'avance. Les auteurs du Nouveau Testament, éclairés par le Saint-Esprit, tout comme l'avaient été leurs prédécesseurs, ont réaffirmé la véracité de leurs propos. 

Dieu dit à Esaïe : "Je mets mes paroles dans ta bouche... Pour étendre de nouveaux cieux et une nouvelle Terre. Et pour dire à Sion : Tu es mon peuple" (Esaïe 51:16) et : "Car comme les nouveaux cieux et la nouvelle Terre que je vais créer subsisteront devant moi, dit l'Eternel, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom" (Esaïe 66:22). Ce sera un nouveau commencement, comme il est également écrit : "Car je vais créer (dit Dieu) de nouveaux cieux et une nouvelle Terre. On ne se rappellera plus les choses passées. Elles ne reviendront plus à l'esprit" (Esaïe 65:17). Et bien qu'elles soient appelées, plus tard, à disparaître de notre mémoire, "Ces choses ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des siècles", nous dit l'apôtre Paul. Celui-ci dit ailleurs : "Or, tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l'espérance" (Romains 15:4). S'inspirant des paroles d'Esaïe, Pierre dira : "Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera" (2 Pierre 3:13). Ce sera "un nouveau Commencement". 

L'apôtre Jean, en exil à Patmos, reçut une vision qui venait confirmer les dires des anciens Prophètes. Il écrit : "Je vis un nouveau ciel et une nouvelle Terre, car le premier ciel et la première Terre avaient disparu, et la mer n'était plus". La vision se poursuit : "Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux (Apocalypse 21:1, 2). Comme l'avait déjà annoncé l'apôtre Paul : "Notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ" (Philippiens 3:20).

Si "par lui (le Fils) il (le Père) a aussi créé l'univers", Jésus "soutient toutes choses par sa parole puissante". Il a également "fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les cieux très hauts" (Hébreux 1:2, 3). Mais si la dame qui assistait à cette conférence sur le système solaire (dont j'ai parlé en introduction de cet article) n'entretenait pas cette espérance, elle avait alors effectivement toutes les raisons de s'inquiéter. À sa question : "Mon Dieu ! Qu'allons-nous devenir ?", nous n'aurions pu que lui conseiller de se plonger dans la lecture de la Bible pour en trouver la réponse. 

 

JiDé

Il y eut un soir, il y eut un matin
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