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Champollion et le mystère des hiéroglyphes

Champollion et le mystère des hiéroglyphes

Le père de l'égyptologie

Jean-François Champollion est né à Figeac, dans le département du Lot, un an après la Révolution de 1789. Fils de libraire, le petit Jean-François apprend à lire à cinq ans. Il part faire ses études à Grenoble et se passionne pour les langues anciennes. Il étudie le latin et le grec et apprend l'hébreu, puis se penche sur le syriaque et le chaldéen. Il possède également des notions d'arabe et étudie le copte, issu de l'égyptien ancien et du grec. Son nom passera à la postérité comme étant celui qui a réussi à lire les hiéroglyphes égyptiens. A l'heure où Jean-François Champollion s'intéresse aux hiéroglyphes, bien des savants se sont déjà penchés sur ces étranges dessins et symboles dont les murs des palais et des temples de l'antique civilisation sont couverts. Personne, jusqu'à présent, n'a réussi à déchiffrer le sens de ce que l'on suppose être une forme d'écriture. Les édifices monumentaux bâtis aux abords du Nil ont gardé leurs secrets pendant des siècles, sans que personne ne puisse les déchiffrer. L'interprétation de ces symboles demeurait un mystère et semblait perdue à jamais. Cette civilisation millénaire s'était éteinte et personne n'était en mesure d'en retracer l'histoire. Tout ce que l'on pouvait en connaître provenait des récits bibliques auxquels on n'accordait alors qu'une crédibilité partagée. Avant que Champollion ne donne au monde la clé de compréhension de ces obscurs dessins et symboles, l'histoire de l'Egypte pharaonique demeurait un mystère impénétrable. La découverte du jeune savant va permettre de la reconstituer, siècle après siècle, dynastie après dynastie.


Thomas Young

La longue et complexe histoire de l'Egypte croise également des peuples qui lui sont contemporains et notamment le peuple hébreu. Les travaux de Champollion vont permettre aux érudits de resituer les récits bibliques dans le temps et, bien plus encore, d'en reconstituer le contexte. Le sort du peuple hébreu fut, durant des siècles, étroitement lié à cette antique civilisation. La compréhension des hiéroglyphes allait apporter une lumière nouvelle sur son histoire. Cependant, si l'on attribue généralement cette découverte majeure à un égyptologue français, celle-ci n'aurait peut-être jamais vu le jour sans les travaux de cet autre égyptologue, anglais celui-là, que fut Thomas Young. Young s'était lui aussi penché sur les écritures gravées de la "Pierre de Rosette" (appelée ainsi du nom du village où elle fut découverte par un soldat de Bonaparte durant sa campagne d'Egypte). La victoire des Britanniques sur les armées du jeune général priva la France de tous les trésors accumulés par les scientifiques qui accompagnaient l'empereur lors de sa campagne. Croquis, dessins, essais, rapports et, bien sûr, tous les objets découverts lors des fouilles furent confisqués comme trésors de guerre. La fameuse pierre est d'ailleurs encore aujourd'hui propriété du British Museum à Londres. C'est donc sur une copie que Champollion va fonder son travail. Mais la chose n'est pas aisée. Les textes qui y sont gravés ne sont pas complets. Sur cette pierre, trois inscriptions figurent : une partie en hiéroglyphes, une deuxième en langue égyptienne démotique* et la troisième en grec. Les savants français qui accompagnent Bonaparte en Egypte auront tôt fait de lire le texte grec de la stèle. Ce n'est que progressivement que l'on va découvrir que le texte démotique et le texte grec se correspondent. Les savants en viennent à la conclusion que ces deux textes sont en fait des traductions de l'écriture hiéroglyphique présente sur la partie supérieure de la stèle. Le premier mot qui sera décrypté est le nom d'un Pharaon de la dynastie grecque des Ptolémées : Ptolémée V.
 

Ecriture copte, fille de l'écriture démotique


Une civilisation sort des sables de l'oubli

Pour Champollion, ses connaissances en langues anciennes, et principalement celle du copte, vont lui être d'une aide précieuse. Lentement, patiemment, celui que l'on considère comme le père de l'égyptologie va décrypter, signe par signe, ce langage millénaire. Les mystères et les secrets de cette antique civilisation remontaient progressivement de l'oubli dans lequel ils avaient été plongés pendant des siècles. Rites funéraires, croyances, pratiques religieuses, mais aussi le récit de la vie de ces dynasties de Pharaons qui se succédèrent sur les trônes de la Haute et de la Basse Egypte. Les sables du désert daignaient enfin livrer leurs secrets. Sur les rives verdoyantes du Nil avait autrefois fleuri l'une des plus grandes et des plus prestigieuses civilisations de l'humanité mais elle avait emporté son histoire avec elle dans les nombreux tombeaux qu'elle avait élevés à la mémoire de ses maîtres, de ses rois et de ses prêtres. Grâce aux travaux de Champollion, cette civilisation ne cesse, encore aujourd'hui, de raconter son histoire. Mais l'histoire de l'Egypte croise aussi celles des peuples qui, durant des millénaires, furent à la fois ses voisins, ses alliés et ses ennemis. La Grèce y joua un rôle important puisque, après la mort d'Alexandre le Grand, ses généraux se partagèrent le Proche-Orient. Montèrent alors, sur le trône d'Egypte, une dynastie de Pharaons grecs, descendant de Ptolémée, l'un des quatre généraux du jeune conquérant, à qui échut cette terre africaine.
 

Reproduction de la Pierre de Rosette


Mais les sables du désert eurent progressivement la victoire sur la mémoire de cette civilisation millénaire, et la signification de ces symboles dont elle recouvrait ses édifices tomba dans l'oubli. Bien des siècles plus tard, alors qu'il cheminait dans ces mêmes sables du désert à la tête de son armée, et que se profilaient à l'horizon les pyramides, le futur empereur aurait eu ces mots, passés à la postérité : "Messieurs, du haut de ces pyramides, quarante siècles nous contemplent". La campagne d'Egypte fut l'une des très rares de l'Histoire où l'on vit des scientifiques accompagner des armées. La guerre opposait encore une nation contre une autre. Les côtes de l'Egypte avaient vu bien des navires, certains marchands, d'autres de guerre, et bien des armées avaient foulé les rivages du Nil. Ce jour-là, de ces navires français descendirent géologues, archéologues, dessinateurs, architectes... Pourtant, c'est un simple soldat qui allait donner à cette expédition sa plus précieuse découverte. Cette Pierre de Rosette dormait là, attendant le jour où elle pourrait enfin livrer au Monde le secret enfoui d'une civilisation éteinte qui ne demandait qu'à sortir de l'oubli.

Lecture et déchiffrage

Champollion a fondé ses recherches en s'appuyant en grande partie sur les travaux d'un archéologue suédois, Jean-David Akerblad. Pour Akerblad, les caractères hiéroglyphiques étaient phonétiques. Champollion s'est rendu compte, tout au long de ses recherches, que l'écriture hiéroglyphique mélangeait des caractères phonétiques de la langue parlée de l'époque (l'ancêtre du copte) et de symboles idéographiques. Ce procédé fournissait de multiples combinaisons, mais rendait en même temps, le déchiffrement extrêmement difficile. Il fallait, pour le déchiffrer, passer par une lecture des assemblages de caractères tout en tenant compte d'une grammaire qui restait à reconstituer. En 1821, celui qui fut Professeur à l'Université de Grenoble déchiffra les premiers cartouches, dont celui de Ptolémée, ainsi que celui de Cléopâtre. Il put ainsi lire les noms de Ramsès et Thoutmosis. En 1822, Champollion écrivit : "C'est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique, phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais même presque dans un même mot". Cette description pourrait étrangement s'appliquer à la langue hébraïque, langue dans laquelle furent rédigés les récits bibliques faisant mention de cette civilisation. Grâce à ses travaux et à ses découvertes, l'égyptologie allait bientôt révéler au monde les secrets d'une civilisation disparue. Une civilisation prospère que connurent les Patriarches bibliques comme Abraham, Jacob et surtout Joseph. Les récits bibliques pourraient désormais trouver leur place dans la grande fresque de l'Histoire des peuples. 

Une vie, une passion

En 1824, Champollion ouvre en grand les portes de cette nouvelle science que l'on appelle depuis lors l'égyptologie, par son "Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens". En 1826, il est nommé Conservateur des collections égyptiennes du Musée du Louvre. En 1828/1829, il part en expédition en Egypte pour une mission scientifique et obtient une chaire d'antiquité égyptienne au Collège de France. Il décède à Paris le 4 Mars 1832 à l'âge de 41 ans, des suites d'une maladie contractée lors de son séjour en Egypte, dans ce pays qui avait mis la mort, le séjour des morts et l'au-delà au centre de ses croyances et de ses convictions religieuses, comme la barque d'Anubis, censée transporter l'âme des défunts dans le séjour des morts. Jean-François Champollion fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, à Paris. Une obélisque, surplombant sa tombe, symbolise ce qui fut pour lui la passion d'une vie.

Si Champollion s'était un tant soi peu penché sur les textes de l’Évangile, il y aurait découvert que la mort a été vaincue une fois pour toute par Celui qui a dit de lui-même : "Je suis la résurrection et la vie", le Seigneur Jésus-Christ. Champollion nous a cependant légué, par ses travaux et ses découvertes, des trésors inestimables. Ceux-ci nous permettent aujourd'hui de connaître cette antique civilisation que côtoya longtemps le peuple hébreu et les nations mentionnées dans la Bible. Grâce à Champollion, sortirent de l'oubli "des trésors cachés dans le sable"


JiDé
 

* Le démotique est une simplification du hiératique, lui-même simplification des hiéroglyphes. La mise en place de cette écriture s'inscrit probablement dans le cadre de la vaste politique de réformes administratives entreprise par les pharaons de la XXVIe dynastie. Le nombre sans cesse croissant des documents produits par les scribes réclamait une écriture encore plus cursive et plus rapide que le hiératique. Parti de Saïs, le démotique s'étendit à toute l'Égypte. Le hiératique perdit alors son rôle administratif et fut cantonné aux documents religieux, d'où son nom.

Le démotique est, avec le grec et les hiéroglyphes, l'une des trois écritures utilisées sur la célèbre pierre de Rosette, l'inscription d'époque ptolémaïque qui a permis à Champollion d'effectuer le déchiffrement des hiéroglyphes.

L'alphabet copte, créé à partir du grec oncial, a utilisé plusieurs signes démotiques pour élargir son éventail de lettres.

Le démotique va évoluer dès le cinquième siècle vers le Copte moderne, avec l'apport important de mots de vocabulaire issus du Grec, et d'un nouvel alphabet (source : Wikipédia).

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