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Anne la prophétesse rencontre les parents de Jésus

Anne la prophétesse rencontre les parents de Jésus

"Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Asser. Elle était fort avancée en âge et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité. Restée veuve, et âgée de quatre-vingt quatre ans, elle ne quittait pas le Temple et elle servait Dieu nuit et jour dans la prière. Etant survenue, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem" (Luc 2:36 à 38).

Il y a, dans les Écritures, un grand nombre de personnages dont on parle peu mais qui ont malgré cela leur place et leur importance. Anne est de ceux là. Son nom, tout comme celui de la mère du prophète Samuel, signifie "Grâce". Elle était la fille d'un certain Phanouel dont le nom, semblable à celui de Péniel, signifie "la face de Dieu". Anne avait quatre-vingt quatre ans lorsqu'elle rencontra les parents de Jésus. A l'époque, le Temple était encore en construction. Hérode, grand bâtisseur, l'avait fait agrandir par d'immenses travaux qui devaient durer quarante-six ans, et celui-ci n'était achevé que depuis quelques années lorsque Jésus commença son ministère. Anne avait connu le Temple tel qu'il était demeuré depuis sa reconstruction par Néhémie. Elle avait pu voir l'évolution des travaux mais son âge avancé ne lui permit probablement pas de le voir achevé, ceci devant se poursuivre une vingtaine d'années plus tard encore.

Anne avait été mariée sept ans avant de connaître un veuvage précoce. Depuis, elle était assidue chaque jour au Temple, priant et jeûnant. A ce propos, le mot grec que Luc utilise pour parler des prières d'Anne est "deesis". Ce mot signifie : besoin, indigence, privation, pénurie, supplication. Les conditions de vie des veuves étaient précaires à cette époque. Il est probable que les prières qu'Anne faisait monter vers Dieu étaient des prières de supplications afin qu'il pourvoie à ses besoins.

Luc, rédacteur de l’Évangile qui porte son nom, dans son souci du détail, nous apprend qu'Anne était de la tribu d'Asser. Seules quelques tribus d'Israël sont citées dans le Nouveau Testament. Juda, bien sûr, Levi, Nephtali et Zabulon. Mais est-ce seulement par souci du détail que l'évangéliste a mentionné le nom de la tribu dont Anne était originaire ? Ou alors était-ce une discrète allusion dont le sens s'est perdu mais qui devait être compréhensible par ses premiers lecteurs ? Pour en savoir plus, il est intéressant de se pencher sur l'histoire de cette tribu ainsi que sur son fondateur qui lui a donné son nom. Asser était le huitième fils de Jacob, petit-fils d'Isaac et arrière petit-fils d'Abraham. Avec Gad, il est le fils que Zilpa, servante de Léa, eut avec Jacob. La tribu d'Asser faisait partie des tribus du Nord qui, après le schisme, formèrent le Royaume d'Israël. Elles furent plus tard déportées en Babylonie. Le chapitre quarante-neuf de la Genèse relate les différentes bénédictions que le Patriarche Jacob donna à chacun de ses douze fils. Pour Asser, Jacob prononça ces mots : "Asser produit de la nourriture excellente, il fournira les mets délicats des rois" (Gen. 49:20). Étonnant pour une fille d'Asser, qui était appelé à être cuisinier de roi, de devoir prier pour sa propre subsistance. Moïse, à l'approche de sa mort, va également prononcer une bénédiction sur chacune de ces douze tribus qu'il a conduites pendant quarante ans dans le désert. Sur Asser, il dira : "béni soit Asser entre les enfants d'Israël ! Qu'il soit agréable à ses frères et qu'il plonge ses pieds dans l'huile, que tes verrous soient de fer et d'airain, et que ta vigueur dure autant que tes jours" (Deut. 33: 1,24, 25).

"Que ta vigueur dure autant que tes jours". Si la bénédiction avait été prononcée plus particulièrement sur les hommes de la famille, il semble qu'Anne en ait bénéficié, vu le dynamisme dont elle semblait être dotée malgré son grand âge.

La présence d'une fille de la tribu d'Asser à Jérusalem, alors que toute la tribu avait été déportée depuis plusieurs siècles, était peut-être assez singulière pour que Luc en fasse mention. Quelques siècles plus tôt, quelques membres de cette tribu s'étaient démarqués au cours de circonstances un peu particulières à l'époque du roi Ezéchias. Ces circonstances sont relatées dans le deuxième livre des Chroniques, au chapitre 30. Ezéchias fut un des meilleurs rois d'Israël. C'est lui qui restaura le Temple, après que celui-ci fut livré à l'abandon par son prédécesseur, et réinstaura la fête de Pâque qui était tombée en désuétude dans tout le pays. Lorsque le Temple fut restauré, sanctifié et purifié, Ezéchias invita les tribus d'Israël à venir célébrer la Pâque à Jérusalem. Il écrivit des lettres aux tribus d'Ephraïm et de Manassé pour les inviter, mais on se moqua de ses envoyés. Seuls quelques hommes de la tribu d'Asser, de Zabulon et de Manassé s'humilièrent et vinrent à Jérusalem (2 Chroniques 30:11). Il se peut que la prophétesse Anne soit une descendante de l'un d'entre eux. Ces assérites s'installèrent probablement définitivement à Jérusalem. Leur foi et leur attachement au Temple de Dieu à Jérusalem s'étaient transmis de génération en génération. Ils ignoraient qu'un jour, une de leurs descendantes verrait de ses propres yeux le Messie, le futur Roi et  le Sauveur d'Israël.

Peut-on imaginer que le rédacteur de l’Évangile avait en tête ce récit du livre des Chroniques lorsqu'il a fait mention du nom de la tribu dont Anne était originaire ? Peut-être ! Toujours est-il que si, du haut de ses quatre-vingt quatre ans, elle a pu suivre l'évolution des travaux titanesques entrepris pour reconstruire et agrandir le Temple, elle n'en aura certainement pas vu la finition quelques vingt ans plus tard. Elle n'aura probablement pas vu non plus le début du ministère de cet enfant qu'elle avait tenu dans ses bras et dont elle parlait alors à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

Le nom d'Asser veut dire "heureux", c'est le mot que prononça Léa, femme de Jacob, à la naissance de ce garçon. "Léa s'écria : que je suis heureuse, car les femmes me diront bienheureuse et elle l’appela Aser (bienheureux)". C'est peut-être à cette parole que Marie, future mère de Jésus, pensait lorsqu'elle s'exclama : "car il a bien voulu abaisser son regard sur son humble servante. C'est pourquoi, désormais, à travers tous les temps, on m'appellera bienheureuse" (Luc 1:48). 

Cette parole adressée à la mère de Jésus pourrait tout aussi bien s'adresser à Anne : "heureuse celle qui a cru parce que les choses qui lui ont été annoncées de la part du Seigneur auront leur accomplissement" (Lc 1:45), ou cette autre parole, sortie de la bouche de Jésus : "heureux les yeux qui voient ce que vous voyez car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu" (Luc 10:23, 24). 

Asser était destiné à fournir la nourriture des rois. Anne pour sa part, avait pu contempler le Roi des rois.

JiDé

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