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L'arrogance précède la chute : un Proverbe pour les nations


Les empires se font et se défont. La gloire élève les hommes, mais par cela, elle n'en prolonge que plus encore la chute. C'est ce que semble nous dire le livre des Proverbes : "L'arrogance précède la ruine et l'orgueil précède la chute" (Proverbes 16:18). 

Le Livre des Proverbes est une source inépuisable d'inspiration pour la méditation du cœur et de l'esprit. Ce livre fournit nombre de "maximes, sentences, proverbes" et autres "conseils" qui prodiguent, à ceux qui savent les appliquer à bon escient, une vie en conformité avec les principes énoncés dans la Parole de Dieu. Mais ce qui est bon pour l'individu l'est aussi pour les nations. Ainsi, le livre des Proverbes dit : "Avant la ruine, le cœur de l'homme s'élève, mais l'humilité précède la gloire" (Proverbes 18:12). Ayant bien compris ce principe, les Sages d'Israël ont dit : "Celui qui n'apprend rien de l'histoire est condamné à la répéter". 

Le propre de la nature humaine

"L'arrogance précède la ruine et l'orgueil précède la chute". Le sort de nombre d'empereurs, de rois, et autres dictateurs mégalomanes, l'a prouvé tout au long des siècles. Quel que soit le nombre de barreaux que comporte l'échelle que l'arrogant tente de gravir, le même sort attend l'impudent qui s'aventurerait orgueilleusement pour atteindre son sommet avec un cœur vaniteux. Icare, s'étant approché trop près du soleil, ne vit-il pas fondre la cire de ses ailes alors qu'il venait tout juste de s'extraire de cette prison qu'était le Labyrinthe ? "L'arrogance précède la chute". A travers le temps, cette maxime ne s'est jamais démentie. Elle transcende les époques et les frontières, car elle touche avant tout au cœur de l'être humain. L'orgueil, le péché... le texte pourrait faire allusion à cette "chute" qui est notre héritage commun, à nous qui nous reconnaissons, dans notre humanité, comme "fils d'Adam" (Luc 3:38).

L'apôtre Paul écrit à Timothée que "toute Écriture est utile pour enseigner, convaincre, corriger, instruire" (2 Timothée 3:16) et le livre des Proverbes remplit parfaitement cette fonction. En relisant ce passage bien connu, je me suis rappelé de ce que dit la tradition rabbinique : chaque passage de l'Écriture est comme un diamant possédant soixante-dix facettes. Ce qui signifie que chacune d'entre elles peut toujours fournir un aspect nouveau à découvrir. Lorsque la lumière passe au travers de l'une d'elles, elle manifeste un nouveau trait de sa beauté et de sa Sagesse. L'Ecriture est tellement riche de sens que j'ai voulu m'attarder plus avant sur ce texte, persuadé qu'il avait encore des choses à m'apprendre (ou à me réapprendre). Je me suis donc penché sur quelques unes des facettes de ce pur diamant. J'ai ainsi découvert que ce texte parlait abondamment de ces nations dont les Écritures nous relatent les récits. Leur ascension, leur gloire, leur décadence et leur chute. Les mots parlent d'eux-mêmes. Il suffit de se mettre à leur écoute. 

"L'arrogance précède la ruine et l'orgueil précède la chute". D'un point de vue purement herméneutique, ce passage se présente comme étant ce que l'on appelle "un parallélisme antithétique", ce qui veut dire que l'on retrouve, en une même phrase, deux idées qui se complètent pour donner deux aspects d'une même réalité. "L'arrogance" est mise en parallèle avec "l'orgueil", et "la ruine" est associée à "la chute", avec une constante qui est la précession. Cette première approche donne une idée de la façon dont ce texte est construit, mais ce n'est que son aspect extérieur. Lorsque les Écritures parlent de quelque chose de "construit", elles utilisent souvent l'image d'une maison ou d'un édifice. En reprenant cette métaphore, on pourrait considérer cette approche comme un regard sur la "façade" de celui-ci. Pour en "admirer la construction" (2 Chroniques 27:3, Luc 21:5), il faut en franchir le seuil. Cet édifice (ici, en l’occurrence, le Temple), dont les disciples de Jésus contemplaient les constructions, devait bientôt être "foulé aux pieds par les nations", selon qu'il est écrit : "et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soient accomplis" (Luc 21:24). Or, justement, ce texte des Proverbes aborde également ce thème des "nations". C'est ce que nous allons découvrir plus loin. 

L'arrogance des nations

"L'arrogance précède la ruine...". "Gaown" signifie "exaltation, majesté, excellence" et est généralement traduit par : "orgueil, majestueux, magnificence, gloire, arrogance, fierté, ornement". Ce mot est généralement utilisé, dans le texte biblique, pour parler des nations, du Jourdain, ou de Dieu. Dans cet article, je m'en tiendrai à ne parler seulement que des nations. Ainsi, Esaïe parle de "l'orgueil (ga'own) des hautains" (Esaïe 13:11), de "la fière (ga'own) parure des Chaldéens" (thème d'un article sur ce blog). Jérémie, de "l'orgueil du superbe Moab" (Jérémie 48:29). Zacharie, quant à lui, fustige celui des Philistins (Zacharie 9:6) et celui de l'Assyrie (Zacharie 10:11). Esaïe dit même : "nous entendons l'orgueil du superbe Moab, sa fierté et sa hauteur (ga'own), son arrogance et ses vains discours" (Esaïe 16:6). Et il ajoute que "Dieu veut blesser l'orgueil de ce qui brille, pour humilier les grands de la terre" (Esaïe 23:9). Quant à l'Egypte, Ézéchiel annonce que "l'orgueil de sa force périra" (Ézéchiel 30:6). 

J'ai fait mention ci-plus haut des constructions du Temple, objet de l'admiration des disciples de Jésus (Matthieu 24:1). A quoi Jésus répond que celui-ci sera bientôt détruit entièrement. Les paroles du Seigneur trouvent ainsi écho dans cette prophétie d'Ezéchiel qui dit : "Ainsi parle le Seigneur, voici, je vais profaner mon sanctuaire, l'orgueil de votre force, les délices de vos yeux, l'objet de votre amour" (Ézéchiel 24:21). Mais Dieu promet également un rétablissement par la bouche du prophète Nahum en disant : "car l’Éternel rétablit la gloire (ga'own) de Jacob et la gloire d'Israël parce que les pillards les ont pillés" (Nahum 2:3). Lorsque, par l'intermédiaire de ses prophètes, Dieu dit qu'il veut "humilier les grands de la terre" et qu'il mettra fin à "l'orgueil des puissants", le Seigneur parle sur des nations contemporaines des temps bibliques. Mais la parole prophétique de l'Écriture est éternelle. Elle demeure de tous temps et peut tout aussi bien s'adresser aux nations dont nous sommes, nous, aujourd'hui, contemporains. 

Plus dure sera la chute

Dans le songe du roi de Babylone, la "fracture" des pieds de la statue provoque son effondrement (Daniel 2:34, 45). Daniel fut fortement impressionné par le songe du roi, mais il le fut plus encore lorsqu'il fit lui-même un songe dans lequel il vit "la quatrième bête", qui est le "quatrième empire" (Daniel 7:7, 17). Daniel, relatant ses visions nocturnes, parle d'une corne qui "prononçait des paroles arrogantes". Il lui fut révélé que "ces quatre animaux sont quatre rois qui s'élèveront de la terre" (Daniel 7:17). Daniel avouera : "J'eus l'esprit troublé au dedans de moi et les visions de ma tête m'effrayèrent" (Daniel 7:15). Ailleurs dans les Écritures, lorsque Dieu parle à Job du "crocodile" (en hébreu "léviathan"), il dit : "L'épouvante (sheber) fait fuir les plus courageux" (Job 41:25). Esaïe parle de ceux qui "se confient dans la violence et dans les détours" et "dont le crime est comme un mur élevé dont l'écroulement (sheber) arrive tout à coup, en un instant" (Esaïe 30:13). Jérémie conclut : "Le désastre (sheber) est grand dans le pays des Chaldéens (la Babylonie)" (Jérémie 51:54). J'ai parlé, dans un autre article ("La folie de Nabukadnetzar, roi de Babylone") de la façon dont le roi avait, suite à son arrogante prétention, perdu la raison et s'était vu déchu de sa fonction royale (Daniel 4). Le sort qui échut à ce roi mégalomane est un vivant exemple de ce Proverbe. Une chute plus brutale encore devait, plus tard, frapper son empire (Daniel 5:30, 31).
 


 


"L'arrogance précède la ruine". "Lipnè" se traduit par "en face de, en avant", mais signifie littéralement "les faces" (au Pluriel). Ce mot a pour origine "paniym", qui désigne "le visage" sous toutes ses expressions. On peut donc le comprendre dans le sens de se tenir devant quelqu'un, en l’occurrence Dieu lui-même, avec une expression arrogante, provocatrice. Celui qui oserait se tenir devant Dieu dans une telle attitude provoquerait lui-même sa ruine. Bien des hommes et bien des nations n'ont pas tenu compte de cet avertissement. Cela a provoqué leur chute. L'instigateur de cet acte n'est autre que celui qui fut Lucifer, l'ange de lumière. Il entraîna, avec lui, bien des hommes pour leur plus grande perte. 

"L'arrogance précède la ruine". "Sheber" signifie : "rupture, fracture, écrasement, brèche, ruine, écroulement, tomber avec fracas". "Sheber" peut se traduire également par "signification d'un songe, interprétation" (Juges 7:15). Cette dernière définition rappelle le songe du roi de Babylone dont le prophète Daniel donna "l'interprétation" (Daniel 2:31 à 43). La grande statue, frappée aux pieds par une pierre, s’effondre dans un grand fracas. A ce propos, le livre du Lévitique parle "d'un homme ayant une fracture (sheber) au pied" (Lévitique 21:19). Si ce texte concerne les sacrificateurs, il est intéressant de noter qu'il est dit de celui-ci : "il n'ira pas vers le voile, il ne s'approchera pas de l'autel... il ne profanera pas mes sanctuaires..." (Lévitique 21:23).

Le songe du roi de Babylone présentait une statue composite dont les quatre parties représentaient quatre empires. Deux de ces empires, Babylone et Rome, se rendront responsables de la destruction du Temple. "Le voile" qui séparait le Lieu Saint du Lieu Très-Saint sera, à deux reprises, consumé dans l'incendie. Deux de ces quatre empires se rendront également responsables de "la profanation des sanctuaires" (le Lieu Saint et le Lieu Très-Saint). En effet, le grec Antiochus fit égorger un porc sur l'autel et ordonna qu'une statue à son effigie soit placée dans le Lieu Saint du Temple afin d'y être adorée. L'érection de cette statue dans le Temple fait étrangement écho à ce songe du roi dont Daniel donna l'interprétation. Mais cela n'est pas sans rappeler un autre épisode de l'histoire d'Israël, lorsque les Philistins, s'étant emparés de l'Arche de l'Alliance, mirent celle-ci dans le temple du dieu Dagon. Le lendemain, ils trouvèrent la statue impie couchée sur le sol. Ils la redressèrent, mais le surlendemain, ils la retrouvèrent à nouveau au sol, brisée en morceaux (1 Samuel 5:2 à 4).

On retrouve le pendant de cet épisode dans le récit de Daniel qui nous dit que "le roi Nabukadnetsar tomba sur sa face" (Daniel 2:46). Le récit de Samuel, quant à lui, nous dit que "les Asdodiens trouvèrent Dagon étendu la face contre terre..." (et ceci par deux fois ! 1 Samuel 5:3 et 4). "La tête de Dagon et ses deux mains étaient abattues sur le seuil, il ne lui restait que le tronc" (verset 4). On retrouve ici une pleine illustration du mot "sheber" : "fracture, écrasement, écroulement, tomber avec fracas"

Daniel nous dit que la pierre "frappa les pieds de fer et d'argile de la statue et les mit en pièces" (Daniel 2:34). Une autre similitude subsiste entre les deux récits. De Dagon, il est dit qu'il "ne lui restait que le tronc". De Nabukadnetsar, il fut dit : "mais laissez en terre le tronc et liez-le avec des chaînes de fer et d'airain" (Daniel 4:15). Il est à noter que les mots "fer" (parzel) et "airain" (nechash) sont les mêmes métaux que ceux dont sont constitués les parties de la statue représentant respectivement l'empire romain et l'empire grec. Alexandre le Grand, lorsqu'il conquit la ville de Babylone, fit raser la tour de Babel jusqu'à ses fondements, "au pied" de la tour. "L'arrogance précède la ruine". "La fière et arrogante cité des Chaldéens" vit ainsi "s'écrouler, tomber avec fracas" le symbole de sa puissance. 
 


Son arrogance provoquera sa chute

"L'orgueil précède la chute (kishshalown)". Ce mot, "kishshalown", est un apax. Il n'apparaît qu'une seule fois dans l'Écriture. Il vient du mot "kashal", qui signifie "trébucher, vaciller, chanceler, renverser, rendre faible". C'est ce qui se produisit pour la statue de Dagon (1 Samuel 5:2 à 4) comme pour celle du songe du roi de Babylone (Daniel 2:34, 35). Le Seigneur Jésus compare celui qui entend ses paroles et ne les pratique pas à une maison balayée par les vents et les flots ; "elle est tombée et sa ruine a été grande" (Matthieu 7:27). L'apôtre Paul, lorsqu'il écrit aux Corinthiens, les met en garde en disant : "Que celui qui est debout prenne garde de tomber" (1 Corinthiens 10:12). Si cet avertissement est valable pour la vie d'un homme, il ne l'est pas moins pour son oeuvre. L'apôtre dira également : "J'ai posé le fondement comme un sage architecte et un autre bâtit dessus, mais que chacun prenne garde à la façon dont il bâtit dessus" (1 Corinthiens 3:10). Paul se présente ici comme un "sage", faisant peut-être allusion à ces mots du prophète Osée : "Que celui qui est sage prenne garde à ces choses" (Osée 14:9), ou encore à ce passage du livre des Psaumes où il est écrit : "Que celui qui est sage prenne garde à ces choses et soit attentif" (Psaume 107:43). 

"Trébucher, vaciller, chanceler, renverser, rendre faible", ces mots, qui définissent le sens de l'hébreu "kishshalown"ont tous un rapport plus ou moins proche avec le sens de l'équilibre et donc, par extension, avec la capacité de se tenir debout. "Kishshalown" est donc présenté ici comme la conséquence d'une attitude arrogante et orgueilleuse, tout comme celle du roi de Babylone. Le songe que fit celui-ci n'était pas seulement un avertissement pour lui-même, mais également pour ses successeurs. 

La chute de l'Empire 

"Que celui qui est debout prenne garde de tomber". Cet avertissement pourrait très bien synthétiser le message qui est adressé au roi de Babylone, cette fameuse nuit pendant laquelle il reçut de Dieu ce songe de la statue. Les "sages" de sa cour ne purent lui donner ni le songe, ni son interprétation. Sans l'intervention de Daniel, ce manquement leur aurait immanquablement coûté la vie (Daniel 2:12). Le Sage Daniel annonce au roi que "Il y a un Dieu dans les cieux révélant les mystères, et il fait connaître au roi ce qui sera à la fin des jours" (Daniel 2:28). Il faut noter au passage que Daniel, s'adressant à un roi polythéiste, souligne le fait qu'il n'y a qu'un seul Dieu (ehad) dans les cieux. Daniel, s'adressant à un monarque ayant vécu il y a plus de 2600 ans, lui parle cependant de "la fin des temps". Après avoir donné au roi la description du songe, il conclut en disant : "Une pierre se détacha sans le secours d'aucune main (ce n'est nullement le produit d'une oeuvre humaine), frappa les pieds de fer et d'argile de la statue et les mit en pièces. Alors, le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or furent brisés ensemble... le vent les emporta et nulle trace ne fut retrouvée" (Daniel 2:31 à 35). 

Il est intéressant de noter que les éléments constituant la statue sont mentionnés dans l'ordre inverse de leur description préalable. D'abord le fer et l'argile. Ensuite, "l'airain, l'argent et l'or", représentant respectivement la Perse, la Grèce et Babylone. La statue s'effondre donc sur elle même par sa base. Cela signifie que si ces empires doivent s'effondrer ensemble, c'est qu'ils subsisteront encore lorsque la pierre frappera "les pieds" de la statue (le dernier empire de l'Histoire). La destruction du dernier empire provoquera celle de ses trois prédécesseurs. 

"L'arrogance précède la ruine et l'orgueil précède la chute". Ce texte des Proverbes pourrait donc bien s'adresser à un homme à la "tête" (rosh) d'un empire, comme à cet empire lui-même. 

De fer et d'airain 

Il est fréquent que le lecteur du récit biblique passe sur les détails sans s'y attarder pour ne chercher, dans le texte, que des principes généraux. Cela est malheureusement préjudiciable au texte autant qu'au lecteur. Dans le songe du roi de Babel (Babylone en grec), il est fait mention de "chaînes de fer et d'airain" qui lient le tronc de l'arbre abattu (Daniel 4:15, 23). Qu'en est-il de ces chaînes ? Les matières dont elles sont constituées ont-elles quelque chose à nous dire ou est-ce un détail anodin sans importance ?

Dans les Écritures, pas un détail, pas une lettre, pas un "trait de lettre" (Matthieu 5:18 - Luc 16:17) n'est anodin, et encore moins sans importance. Ainsi, pour comprendre ce passage de l'Écriture, il faut garder à l'esprit que les Écritures, même si elles ont été rédigées dans un contexte défini, à une époque donnée, demeurent éternelles et intemporelles. Elles énoncent des principes et des faits qui peuvent être applicables à n'importe quelle époque. Lorsque "la pierre qui se détache sans le secours d'aucune main" (Daniel 2:45) viendra frapper les pieds de la statue, celle-ci sera encore constituée de ces empires qui ont, historiquement, disparus. Le fer et l'airain représentent respectivement les empires romain et grec (deux empires occidentaux qui étendirent leurs conquêtes jusqu'en Orient). Ce tronc d'arbre lié par des chaînes a donc probablement quelque chose à nous dire sur ceux-ci. Le texte nous dit que "dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit (le Royaume de Dieu)". De quels "rois" s'agit-il ? De "rois" qui seront au pouvoir de ces mêmes empires lorsque cette pierre apparaîtra. Si ceux-ci ont historiquement disparu, ils subsistent donc sous une autre forme puisque le texte nous dit que le Seigneur "brisera et anéantira tous ces royaumes-là" (Daniel 2:44). Cela n'arrivera qu'aux "temps de la fin", juste avant que cette pierre ne devienne "une grande montagne" (Daniel 2:35). Le Royaume de Dieu sera alors établi sur toute la Terre. Daniel, donnant l'explication du songe au roi, ajoute : "c'est ce qu'indique la pierre que tu as vue" (Daniel 2:45). En araméen (langue dans laquelle cette portion du livre de Daniel est rédigée) : "kal kobel", "de même que", peut également signifier " toutes choses, la totalité", et "entièrement, à l'avenir, en conséquence". Tout ce qui se produira dans l'avenir sera la conséquence de ces événements qui sont décrits dans ce songe.

"Cette sentence est un décret... afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes et qu'il le donne à qui il lui plaît", dit encore le livre de Daniel (Daniel 4:17). Et le texte se poursuit ainsi : "Le grand Dieu a fait connaître au roi (son nom n'est pas mentionné, il peut donc s'agir du roi au pouvoir à ce moment-là) ce qui doit arriver après cela" (Daniel 2:45). Et le texte poursuit : "et son explication (peshar) est certaine" (Daniel 2:45).

Un "Peshar", c'est l'explication d'un texte biblique que l'on actualise en révélant son application actuelle (comme c'est le cas des prophéties messianiques de l'Ancien Testament réalisées dans le Nouveau). Ce qui signifie que ce qui a été annoncé s'accomplira dans un temps ultérieur. Un temps qui pourrait fort bien correspondre à l'époque dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Bien des empires se sont élevés depuis le début de notre ère et l'époque romaine (le quatrième empire de Daniel) jusqu'à nos jours. Celui de Charlemagne, le Saint Empire Romain Germanique, l'Empire Napoléonien, l'Empire Britannique, jusqu'au Reich Germanique (de courte durée mais ô combien dévastateur). L'Empire Soviétique s'est effondré également. Après les empires colonialistes (qui ont été démembrés les uns après les autres) vinrent d'autres empires, capitalistes, financiers, économiques, mais aussi pétroliers. L'Europe de l'Ouest s'est tout d'abord constituée en "Communauté Economique Européenne" puis en "Union Européenne". Les empires ont changé de visage mais ils sont toujours là. L'or de la statue a été remplacé par "l'or noir". Lorsque Saddam Hussein envahit le Koweït et s'empara des puits de pétrole, il déclencha le mécanisme qui mit fin à son règne. Lui qui s'était auto-proclamé descendant et successeur de Nabukadnetsar a été renversé par les puissances occidentales qui s'étaient levées contre lui. Le "tronc" fut à nouveau "lié avec des chaînes de fer et d'airain"
 

 
Les Écritures mentionnent ces quatre matériaux ensemble ou séparément, mais le fer et l'airain sont souvent associés. "L'or, l'argent, l'airain et le fer" peuvent désigner des idoles (Daniel 5:4). Ces métaux sont mentionnés par Moïse comme pouvant être purifiés par le feu (Nombres 31:22, 23). Ils peuvent constituer un trésor de guerre (Josué 22:8). Ils ont été utilisés pour la fabrication du Temple (1 Chroniques 22:14, 16). Mais là où cela devient vraiment intéressant, c'est lorsque, comme dans le songe du roi de Babel, l'airain et le fer sont associés pour "lier leurs rois avec des chaînes et leurs grands avec des ceps de fer" (Psaume 149:8), ou comme "verrous de prisons" (Psaume 107:16 - Esaïe 45:2, 3). Tubal-Caïn, fils de Caïn, fut le premier à maîtriser l'usage de ces métaux (Genèse 4:22). Dieu, s'adressant à Job, compare l'ossature du béhémoth à "des tubes d'airain et des barres de fer" (Job 40:10, 13). Mais ces métaux peuvent également représenter, au figuré, des traits de caractère indociles et rebelles. "Parce que je savais que tu étais obstiné et que ton cou est une barre de fer, et ton front, d'airain" (Esaïe 48:4, Darby). Les conséquences de l'endurcissement pouvaient être à la mesure de la dureté du cœur. Et Dieu leur dit : "Je briserai l'orgueil de votre force, et je ferai que votre ciel sera comme de fer et votre terre comme d'airain" (Lévitique 26:19, Darby).

N'est-ce pas ce qui arriva au roi de Babel ? Il avait refusé d'écouter la voix de Dieu et avait enorgueilli son cœur (Daniel 4:30). Dieu dira à Jérémie, sur les habitants de Jérusalem : "Ils sont tous des rebelles parmi les rebelles, ils marchent dans la calomnie, ils sont de l'airain et du fer, ils sont tous des corrupteurs" (Jérémie 6:28, Darby). Et bien que le roi de Babel ait été ainsi humilié, que son "tronc" ait été couvert "de chaînes d'airain et de fer", Dieu dira de lui par la bouche du même prophète Jérémie : "J'ai mis un joug de fer sur le cou de toutes les nations afin qu'elles servent Nabukadnetsar, roi de Babylone, et elles le serviront" (Jérémie 28:14). Lorsque Daniel tente de donner une description de la "quatrième bête", il la décrit comme ayant "des dents de fer et des ongles d'airain" (Daniel 7:19). Cette "quatrième bête", plus terrible que toutes les autres, devait un jour couvrir de chaînes le "tronc" babylonien. L'Histoire se répète, c'est pourquoi Jésus a dit : "Soyez sur vos gardes, je vous ai tout annoncé d'avance" (Marc 13:23). Dieu a prévenu son peuple par la bouche du prophète Esaïe en disant : "J'annonce dès le commencement ce qui doit arriver et longtemps d'avance ce qui ne s'est pas encore accompli. Mes arrêts subsisteront et j'exécuterai toute ma volonté" (Esaïe 46:10). Ces quatre empires ne seront détruits que lorsque Jésus reviendra établir son règne sur la Terre. Jusqu'alors, nous vivrons encore sous leur emprise et leur influence. 

Je conclurai par ce passage du livre de Daniel : "Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, et qu'il le donne à qui il lui plaît, et qu'il y élève le plus vil des hommes" (Daniel 4:17). 

Conclusion

Bien des empires se sont succédé sur cette Terre et beaucoup ont disparu à jamais. Des hommes ne cessent, encore aujourd'hui, de gravir les marches du pouvoir pour découvrir, en fin de compte, que celui-ci est éphémère et illusoire. N'auraient-ils pas eux aussi, tout comme "la tête d'or", besoin de reconnaître que "le Roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vraies et les voies sont justes, peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil" (Daniel 4:37) ? Une réflexion qui serait profitable à tous les "grands" de ce Monde.  

 

JiDé


 

 

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