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Le sang du linteau et l'oreille de l'esclave

Le sang du linteau et l'oreille de l'esclave

"Son maître le conduira devant Dieu et le fera approcher de la porte ou du poteau et son maître lui percera l'oreille avec un poinçon, et l'esclave sera pour toujours à son service" (Exode 21:6)

Si l'on estime, à raison, dans nos pays occidentaux, que le fléau de l'esclavage n'est pas digne d'une humanité civilisée, il nous faut malgré tout constater, à regret, que celui-ci n'a pas disparu. Loin de là ! On estime qu'il y aurait, aujourd'hui, entre 45 et 50 millions de personnes détenues en esclavage dans le monde. Si cette pratique remonte à l'Antiquité, elle fut présente dans bien des nations tout au long de l'histoire des hommes. Le peuple Hébreu ayant été lui-même esclave en Égypte ne connaissait que trop bien cette condition. Il peut donc paraître surprenant de retrouver celle-ci, codifiée, dans la loi de Moïse (Exode 21:1 à 11). Codification qui apparaît tout de suite après l'énumération des "Dix Commandements". Ainsi, la loi mosaïque prescrit en détail la façon dont un propriétaire d'esclaves doit se conduire à l'égard de ceux-ci (Exode 21:1 à 11). La loi prévoit même leur libération en cas de non-respect des closes par leur propriétaire (Exode 21:11). Dans le Nouveau Testament, l'histoire d'Onésime, esclave en fuite, est relatée dans l'épître à Philémon, l'apôtre Paul intercédant, auprès de son maître, pour ce jeune homme qu'il avait amené au Seigneur. Paul connaissait certainement ce commandement qui dit : "Tu ne livreras pas à son maître un esclave qui se réfugiera chez toi après l'avoir quitté" (Deutéronome 23:15). Mais Onésime est retourné auprès de son ancien maître de son plein gré avec, dans sa main, la fameuse "lettre à Philémon" qu'avait rédigée l'apôtre Paul à son intention. 

Dans l'Empire Romain, l'esclavage constituait l'un des piliers de sa structure économique. On peut cependant s'étonner que la Bible ne condamne pas une telle pratique. Bien au contraire, les apôtres enseignent aux disciples, serviteurs ou esclaves, de respecter leurs maîtres et de les servir avec fidélité et constance. Cependant, Paul dit aussi : "As-tu été appelé esclave, ne t'en inquiètes pas mais si tu peux devenir libre, profites-en plutôt" (1 Corinthiens 7:21). En réalité, une tentative d'éradication drastique de l'esclavage n'aurait très probablement connu qu'un échec cuisant. Ce combat ne pouvait se mener qu'au travers d'une très longue période de temps. Il fallut, en réalité, près de deux millénaires pour que celui-ci disparaisse, tout au moins de façon légale, de nos pays occidentaux. On se rappelle qu'au dix-neuvième siècle, dans les États Confédérés d'Amérique, les esclaves noirs travaillaient à la cueillette du coton. Cette pratique fut finalement abolie après la réunification des États du Sud et du Nord. En France, l'esclavage ne fut véritablement aboli qu'en... 1848 ! Cet infâme fléau sévit encore aujourd'hui, caché, ou au vu de tous. Il sera encore présent dans les tout derniers temps de la fin. L'Apocalypse nous parle en effet de "la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands" (Apocalypse 19:18). Et lorsqu'il y est fait mention des nombreuses marchandises commercialisées par la Babylone de la fin des temps, on y trouve, parmi divers produits manufacturés et d'animaux, des "cargaisons... de corps et d'âmes d'hommes" (Apocalypse 18:13). L'esclavage n'aura donc finalement jamais été totalement éradiqué. Fort heureusement, il n'aura plus cours dans le Royaume qui vient, lorsque le Seigneur Jésus aura établi Son Règne sur la Terre. 

 Le sang du linteau 

On pourrait s'étendre sur ce sujet qui touche directement notre Monde Moderne, mais ce n'est pas ici mon propos. Dans l'Antiquité, l'esclavage pouvait être limité dans le temps (par exemple pour le paiement d'une dette). Pour un Hébreu, esclave d'un autre Hébreu, la durée ne pouvait dépasser six années (Exode 21:2). La règlementation mosaïque prévoit que si un esclave désire rester, de son plein gré, dans la maison de son maître, à son service, il doit être conduit devant l'entrée de la maison, et celui-ci lui percera l'oreille avec un poinçon (Exode 21:5, 6). Cette façon de faire peut surprendre le lecteur. Certaines pratiques sont là pour nous rappeler que le contexte dans lequel se déroulent les récits de la Bible est diamétralement opposé à celui de notre monde moderne. Les us et coutumes en vigueur à cette époque divergent considérablement de notre style de vie actuel. Mais, inversément, nos modes de vie leur paraîtraient tout aussi étranges. Le texte biblique révèle ainsi la façon dont Dieu s'adapte aux coutumes des peuples auxquels il s'adresse, imposant certains fonctionnements, mais s'adaptant à d'autres déjà en vigueur.

Mais qu'en est-il de ce curieux "poinçonnage" ? Il se peut que celui-ci ait un sens beaucoup plus profond qu'on pourrait le penser. Mais pour en comprendre le sens subtil, il nous faut nous approcher du texte de plus près. Ainsi, il est écrit : "Si l'esclave dit : j'aime mon maître... je ne veux pas sortir libre, alors son maître le conduira devant Dieu et le fera approcher de la porte ou du poteau (mezuwzah) et son maître lui percera l'oreille avec un poinçon et l'esclave sera toujours à son service" (Exode 21:5, 6). Une mezuwzah, c'est aussi un petit étui de bois ou de métal que les Juifs pratiquants accrochent au linteau de porte de leur maison. Ce petit étui contient une portion de la Thora et symbolise le fait que, dans ces murs, les principes divins et les commandements de l'Eternel sont appliqués. Cette pratique correspond à une directive qui dit : "Ces Commandements que je te donne aujourd'hui... tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes" (Deutéronome 6:9 / 11:20). Ainsi, lorsque le maître poinçonnait l'oreille de l'esclave sur le linteau de la porte de sa maison, un peu de sang de cet esclave allait sur ce linteau. Du sang sur les linteaux des portes ? Voilà qui n'est pas sans rappeler la fameuse nuit de Pessah, en Égypte, lorsque les Hébreux prirent du sang de l'agneau pour en badigeonner les linteaux des portes de leurs maisons (Exode 12:7, 22, 23). "Et ils prendront du sang (de l'agneau) et ils le mettront sur les montants (mezuwzoth) et sur le linteau (ham'mashkoph)" (Exode 12:7). Le mot "mashkoph" vient de "Shaqaph", qui veut dire "porter les regards, se pencher pour regarder, baisser les yeux, regarder à terre". Jésus, l'Agneau de Dieu, a été "élevé" sur la croix. Son sang a teinté le bois sur lequel son corps a été crucifié. La partie de la croix sur laquelle ont été clouées ses mains était comme un "linteau" tâché de sang. Alors Jésus a "porté ses regards" sur ceux qui étaient à ses pieds. Il a "baissé les yeux pour regarder à terre". Dans le Psaume 102, qui est un "Psaume de détresse", il est dit : "Il (L'Eternel) regarde (shaqaph) du lieu élevé de sa sainteté, du haut des cieux l'Eternel regarde sur la terre" (Psaume 102:20). Et que voit-Il ? Il voit Jésus crucifié, ses pieds et ses mains percés de clous. Sur sa tête, une couronne d'épines. Son dos, lacéré par la flagellation qu'il a subie dans la cour de la garde où il a été fouetté, rougit le bois. 

"Voici les Commandements, les lois et les ordonnances que l'Eternel, votre Dieu, a commandé de vous enseigner... Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des frontons entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes" (Deutéronome 6:7 / 11:20). Ce passage de l'Écriture a été interprété de telle sorte qu'aujourd'hui encore, les Juifs religieux s'attachent, autour des doigts et du bras, une lanière de cuir à laquelle est attachée un étui. Dans celui-ci se trouvent des extraits de la Thora. Les mains... le front... ceux du Seigneur ont été tachés de son sang. "Tu les lieras comme un signe sur tes mains...". Celles du Seigneur ont été percées de clous. "Et ils seront comme des frontons entre tes yeux...". Le sang coulait de ses plaies à la tête sur laquelle on avait enfoncé une couronne d'épines. "Tu les écriras sur les poteaux...". Un écritoire de bois avait été cloué sur cette croix. "L'inscription indiquant le sujet de sa condamnation portait ces mots : Le roi des Juifs" (Marc 15:26). L'objet de sa condamnation était écrite, nous dit l'apôtre Jean, "en hébreu, en grec et en latin" (Jean 19:20). Les représentations picturales de la crucifixion ne mentionne généralement que les initiales latines : "INRI". Mais elle était également en hébreu : "Yeshoua Hamelek Ve'Yehoudim". Et si l'on prend les initiales de ces quatre mots, cela donne : "IHVH". Le Tétragramme du Nom de l'Eternel. 

L'oreille percée

Oui, ce commandement avait quelque chose à dire de cet événement hors du commun que fut la crucifixion du Seigneur. Mais pourquoi percer l'oreille de cet esclave ? La réponse se trouve peut-être dans le livre des Proverbes : "Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille chaque jour sur mes portes et qui en garde les poteaux (mezuwzah)" (Proverbes 8:34). L'esclave devenu libre rappelle, à son maître Hébreu, que celui-ci a été esclave en Égypte et que sa vie et celle de sa famille ont été préservées par le sang de l'agneau badigeonné sur le linteau de la porte de sa maison. Le fait que le sang de son oreille ait teinté le linteau de la porte de son maître l'identifie, en quelque sorte, à ce qui se produisit ce soir-là, lorsque les Hébreux s'apprêtaient à sortir de leur esclavage. "Heureux l'homme qui m'écoute". Heureux celui qui entend le message de la bonne Nouvelle de l'Évangile et qui choisit de veiller "chaque jour sur ses portes et qui en garde les poteaux", qui se souvient que le Sang du Seigneur a coulé sur le bois. "Car l'esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur (comme l'homme dont on a percé l'oreille), de même, l'homme libre qui a été appelé est un esclave de Christ" (1 Corinthiens 7:22). Oui, "esclave de Christ", mais disciple du Seigneur ! Le prophète Esaïe illustre très bien cela en disant : "Le Seigneur, l'Eternel, m'a donné une langue exercée pour que je sache soutenir, par la parole, celui qui est abattu; il éveille chaque matin, il éveille mon oreille pour que j'écoute comme écoutent les disciples" (Esaïe 50:4). Les disciples, tels des "esclaves affranchis", ont eu "l'oreille percée" sur le montant de la porte du Maître. Ils lui appartiennent désormais et pour toujours. "Et l'esclave sera pour toujours à son service" (Exode 21:6)

Mais que se serait-il passé s'il avait voulu recouvrer sa liberté ?... 

Dans le couple

"S'il est entré seul, il sortira seul; s'il avait une femme, sa femme sortira avec lui. Si c'est son maître qui lui a donné une femme, et qu'il en eut des fils et des filles, la femme et les enfants seront à son maître, et il sortira seul" (Exode 21:3, 4). C'est là la cruauté de l'esclavage. Même mariés, le conjoint appartient toujours à un maître. Mais transposons maintenant ce précepte. Si une personne vient au Seigneur célibataire, et qu'il veuille Le quitter et retourner "dans le Monde", il Le quittera comme il est venu. Si il était marié, et que son épouse n'était pas au Seigneur, il quittera le Seigneur avec son épouse puisque celle-ci ne Lui appartient pas. Mais si, venu au Seigneur, il rencontre son épouse et que celle-ci est au Seigneur, il pourra "retourner dans le Monde", mais il ne pourra exiger que sa femme et ses enfants le suivent dans son choix. Il ne pourra le leur imposer. Jésus avait dit que "quiconque se livre au péché est esclave du péché" (Jean 8:34). C'est pourquoi l'apôtre Pierre dit également : "Chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui" (2 Pierre 2:19). Cette injonction de l'apôtre Paul aux Corinthiens est aujourd'hui encore pour nous : "Ne devenez pas esclave des hommes" (1 Corinthiens 7:23)

"Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres... mais sans faire de (cette) liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des serviteurs de Dieu" (Jean 8:36; 1 Pierre 2:16). Libres ! Nous sommes libres ! "Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle... Grâce soit rendue à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 6:22 / 7:25). Le Sang du Seigneur Jésus a été répandu et a teinté le bois de Sa Croix. Notre liberté était à ce prix. 

 

JiDé

Le sang du linteau et l'oreille de l'esclave
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