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Les peuples de la Bible : Amalek, l'ennemi juré d'Israël

Les peuples de la Bible : Amalek, l'ennemi juré d'Israël

Si la Bible fait mention de nombreux peuples, il en est un qui se démarqua tout particulièrement par son hostilité envers les Hébreux, c'est celui d'Amalek. Mais quel est donc ce peuple qui éprouvait une telle aversion à l'égard de la postérité de Jacob ? Et pourquoi cette haine viscérale ? Pour y répondre, il nous faut revenir au récit de la Genèse, à l'époque d'Isaac et de ses fils : Esaü et Jacob. 

Une histoire de famille

L'Écriture nous dit que Rebecca, l'épouse d'Isaac, eut deux fils : Jacob et Esaü. À l'âge de 40 ans, Esaü, l'aîné des deux jumeaux (Genèse 27:1), prit ses premières épouses parmi les filles des Cananéens (Genèse 26:34 / 36:2), ce qui déplut fortement à ses parents (Genèse 26:35 / 28:8). Après un subterfuge imaginé par Rebecca, Jacob se fit passer pour Esaü auprès de leur père et lui vola ainsi la bénédiction du fils aîné. Furieux de s'être fait ainsi doubler, Esaü éprouva, à l'égard de Jacob, une profonde haine, au point qu'il envisagea de le tuer pour se venger (Genèse 27:41, 42). Pour protéger leur fils du courroux d'Esaü, leurs parents décidèrent d'envoyer Jacob dans la famille de Rebecca, le temps que les choses se tassent. Rebecca ne le sait pas encore, mais elle ne reverra jamais son fils. Elle mourra avant son retour quelques 20 années plus tard. Mais à cette heure, voyant que son père et sa mère protégeaient ainsi celui qui lui avait volé sa bénédiction, Esaü en fut fortement dépité, il décida alors de quitter le foyer familial pour se rendre chez son oncle Ishmaël (le fils que son grand-père Abraham avait eu avec Agar) et il épousa une de ses filles (Genèse 28:6, 8, 9). Il s'installa ensuite avec son clan dans la montagne de Séïr (Genèse 36:8). On donna à ce pays le nom d'Edom (rouge), le surnom que l'on avait donné à Esaü à cause de la rousseur de sa pilosité (Genèse 25:25). Il est également intéressant de noter que si "Esav" (Esaü) signifie "velu, poilu", "Séïr" veut dire "velu, ébouriffé, broussailleux". Le choix de ce lieu de vie n'est donc pas totalement dénué de sens. La descendance d'Esaü fut ainsi appelée de ce nom d'Edom (Genèse 36:1). À la mort d'Isaac, ses deux fils se réconcilièrent un temps devant la tombe de leur père* (Genèse 35:29). De la postérité d'Edom naîtrait bientôt celui qui allait hériter de toute la rancœur de son aïeul à l'égard de Jacob : Amalek. 

Bien qu'il soit né d'une concubine, Amalek était considéré comme l'un des fils d'Ada, sa grand-mère, la première épouse d'Esaü, qui occupa une place importante dans le clan élargi et qui, très probablement, eut une influence non négligeable, comme bien des femmes dans les divers récits bibliques (Genèse 36:10, 16). Amalek devint chef d'un clan familial, comme il est écrit : "Ce sont là les noms des chefs issus d'Eliphaz dans le pays d'Edom" (36:16). Cependant, le pays de Séïr fut peut-être, aux yeux d'Amalek, celui où son père s'était exilé volontairement en quittant celui de ses ancêtres. La descendance d'Esaü couvrit ainsi un large territoire et les peuplades qui se formèrent peu à peu constituèrent, toutes pour leur part, la nation Édomite (Genèse 36:43)

*L'histoire d'Esaü et de Jacob est abordée plus en détail dans l'article "Esaü c'est Edom" sur ce blog.

De la descendance d'Esaü

L'Écriture nous donne la généalogie "d'Esaü qui est Edom" (Genèse 36:1). Il y est fait mention d'un certain Eliphaz, fils d'Ada (Genèse 36:4, 10) qui avait une concubine nommée Thimna et qui lui donna un fils, celui-ci fut appelé Amalek (Genèse 36:12). Amalek a très probablement eu connaissance de l'histoire de son grand-père et de la façon dont son droit d'aînesse lui fut ravi. De plus, Amalek est né au pays de Séïr, et non en Canaan comme ses frères aînés. Peut-être a-t-il eu également connaissance de la bénédiction qui était liée à la terre de la promesse. À ses yeux, et par le droit d'aînesse, cette terre revenait de droit à son grand-père et non à son grand-oncle. Et de fait, à lui également. Raisonnement qui ne tenait bien évidemment pas compte du choix divin selon qu'il est écrit : "J'ai aimé Jacob, j'ai haï Esaü" (Malachie 1:2, 3 / Romains 9:13). 

L'histoire d'Esaü va donc jouer un rôle prépondérant dans celle d'Amalek. C'est elle qui va être à l'origine de son animosité à l'égard de la descendance de son oncle Jacob. Ainsi, bien qu'Amalek ait été de la descendance directe d'Abraham par Isaac, il fut, malgré cela, le plus farouche adversaire du peuple hébreu. Cette profonde hostilité perdurera au fil des siècles, et ce, jusqu'à la période Perse, au cinquième siècle avant notre ère. Ainsi, le livre d'Esther nous parle d'un certain Haman, "fils d'Hammedatha, l'agaguite" (Esther 3:1 / 1 Samuel 15:8, 9). Haman étant un descendant du roi Amalécite que le roi Saül avait épargné, désobéissant ainsi à l'ordre divin (1 Samuel 15:2, 3). Désobéissance qui aurait pu provoquer, pour le peuple d'Esther, une fin tragique (Esther 3:6 à 13). Haman est ainsi appelé "l'ennemi de tous les Juifs" (Esther 9:24), une expression qui, selon les Sages d'Israël, signifierait "ennemi en tous lieux, en tout temps et à toutes les époques de l'Histoire". 

Le territoire d'Amalek s'étendait de la Mer Morte au Golfe d'Akaba (Eilat). Au Nord, il touchait à la frontière de Moab. La ville de Pétra, célèbre cité nabatéenne, fut fondée sur l'ancien territoire d'Edom. À l'époque du roi David, les Amalécites poussaient leurs incursions jusqu'aux frontières orientales de l'Égypte (1 Samuel 27:8). David les vainquit avec l'aide de l'Eternel (1 Samuel 30:1 à 31). Alliés aux Ammonites, ils participèrent à la prise de Jéricho, la "ville des palmiers" (Juges 3:13). Ils s'associèrent également aux Madianites (Juges 6:3, 33). À l'époque des Juges, on retrouve des Amalécites sur le territoire d'Ephraïm (Juges 12:15) et jusque dans la plaine de Jizréel (Juges 6:33),

Un conflit générationnel

Il m'arrive régulièrement de le mentionner, mais le chapitrage de la Bible, s'il présente un confort de lecture non négligeable, présente cependant une faiblesse en ce qu'il découpe le récit de façon artificielle. Ce découpage est totalement absent du texte original qui présente, au lecteur, un texte en continu. Ainsi, nous pouvons lire : "Le chef Magdiel, le chef Iram. Ce sont là les chefs d'Edom, selon leurs habitations dans le pays qu'ils possédaient. C'est là Esaü , père (de la nation) d'Edom. Jacob demeura dans le pays de Canaan, où avait séjourné son père (Isaac)" (Genèse 36:43 / 37:1).

Pendant que la postérité d'Edom croissait en force et en nombre, Jacob demeurait en terre de Canaan. Le récit biblique va ensuite se concentrer sur la vie de Joseph, couvrant ainsi une période de près d'un siècle (Joseph mourra à l'âge de 110 ans - Genèse 50:22). S'ensuivront quatre siècles d'esclavage du peuple hébreu en Égypte, période pendant laquelle le peuple édomite (dont faisaient partie les Amalécites) ne cessa de croître et d'étendre son pouvoir et ses frontières. Mais le temps passant, la haine ancestrale d'Edom envers la postérité de Jacob ne s'était pas éteinte. Elle demeurait vivace dans le cœur de ses descendants et allait se démontrer lors des conflits qui opposeront les deux nations. À Rephidim, le combat se déroula autant sur le champ de bataille que dans l'intercession (Exode 17:8 à 13). Inspiré par l'Esprit de Dieu, Moïse dit : "Parce que la main a été levée sur le trône de l'Eternel, il y aura guerre de l'Eternel contre Amalek de génération en génération" (Exode 17:16).

Dans les Écritures, le dernier épisode de cette guerre a être mentionné se trouve dans le livre d'Esther* où il est fait mention d'Amman, "l'ennemi de tous les Juifs". À la lecture de ce livre, les Sages d'Israël ont dit :"Il y aura toujours guerre entre Amalek et Israël, et il y aura toujours un "Amman" pour chercher à le détruire. Chaque génération qui viendra devra découvrir sous quel visage se cache le nouvel Amman de cette génération". C'est probablement à cela que pensait Moïse lorsqu'il dit : "Il y aura guerre de l'Eternel contre Amalek de génération en génération" (Exode 17:16). Chronologiquement, le combat d'Israël contre Amalek se situe entre l'épisode de l'eau sortant miraculeusement du rocher à Massa Meriba et la venue de Jethro son beau-père madianite. Si la descendance d'Esaü s'était profondément implantée dans ce pays où il s'était exilé volontairement, la postérité de Jacob ne put profiter longtemps de la douceur de vivre dans le pays de Canaan. Et alors que les Edomites s'implantaient progressivement çà et là, plusieurs générations d'Hébreux vécurent la dure servitude de l'esclavage avant de sortir miraculeusement de cette terre d'exil sous la conduite de Moïse. Moïse qui va ainsi retrouver sa femme et ses deux fils (Exode 18:2, 3). L'un d'eux s'appelait justement "Guerschom, car Moïse avait dit : J'habite un pays étranger" (Exode 18:3). La similarité de situation entre les deux peuples ne diminua nullement l'hostilité qu'Amalek entretenait à l'égard de la postérité de Jacob. Cette rivalité ancestrale perdurera tout au long des siècles à venir. 

*Ce sujet est développé dans l'article "Esther et le destin caché" sur ce blog. 

Amalek et Amalécites

Bien souvent, les récits bibliques désignent un peuple par le nom de son fondateur (Amalek), mais aussi par sa forme plurielle (les Amalécites). Ce détail échappe généralement au lecteur non averti mais il revêt cependant une certaine importance et il y a une raison à cela. Ce n'est pas une figure de style. La Bible est toujours extrêmement précise quant au choix du vocabulaire utilisé par l'auteur. Le Saint Esprit de Dieu qui l'a inspirée a soigneusement choisi chaque mot, et chacun de ceux-ci a son importance (Matthieu 5:18). Plusieurs raisons pourraient être invoquées pour justifier ce choix. Le nom du fondateur d'un peuple ou d'une nation (par exemple : "Gog", Ezéchiel 39:1, 11), ici en l'occurrence Amalek, peut être utilisé pour désigner le peuple dans sa globalité (1 Samuel 15:3) alors que le mot "Amalécites" ne désignerait qu'une faction de celui-ci. Une autre raison pourrait être que l'auteur a voulu souligner le rapport direct entre l'action présente et l'histoire du père fondateur de cette nation. Le contexte du récit présenté serait donc directement en lien avec la vie du père fondateur. À l'inverse, une mention plurielle ("les Amalécites") n'impliquerait que le groupe en question et non l'histoire de la nation à laquelle il appartient (Nombres 14:25, 43, 45). Ce peut être une explication. Il se peut qu'il y en ait d'autres. Comme il se peut également que plusieurs raisons se "superposent" pour donner au récit une signification plurielle. La richesse des récits bibliques permet cette éventualité. Seule une étude attentive du texte (éclairée par le Saint-Esprit qui en est l'Auteur) peut, éventuellement, permettre au lecteur d'en discerner le véritable sens. Là encore, il nous faut faire preuve de beaucoup d'humilité, nous rappelant que "nous ne connaissons qu'en partie" (1 Corinthiens 13:9) et que "les choses cachées sont à notre Dieu" (Deutéronome 29:29)

Le prophète Samuel parla au roi Saül de la part de l'Eternel, l'enjoignant de passer au fil de l'épée toute la population Amalécite (il est fait mention d'Amalek dans le texte - 1 Samuel 15:1 à 3), mais Saül épargna son roi, Agag (1 Samuel 15:7 à 9). Il est à noter que ce texte mentionne, à chaque fois, le nom d'Amalek. L'auteur de ce récit fait un lien entre le "Amalek" qui tendit des embuscades aux Hébreux (1 Samuel 15:2) et la population Amalécite qu'il lui faut passer par le fil de l'épée (verset 3). C'est encore à une ville d'Amalek que Saül va faire le siège. Il y a donc là bien plus qu'une guerre entre deux nations. Ce conflit revêt, en quelque sorte, une dimension prophétique. Ce n'est donc pas une population issue de la nation Amalécite dont il est question ici, mais bien de la globalité de cette nation depuis son origine, renvoyant ainsi le lecteur au fondateur de ce peuple et à l'esprit qui l'animait alors. L'animosité de la population Amalécite à l'égard du peuple d'Israël était semblable à celle de leur ancêtre envers son oncle Jacob et sa descendance. Cependant, la réserve de Saül ne venait-elle pas de ce qu'il ne vit, devant lui, qu'une population d'origine Amalécite ? (1 Samuel 15:18, 19). Saül n'a pas compris la portée de son acte. En laissant la vie au roi Agag, il ne pouvait imaginer qu'un jour, l'un de ses descendants projetterait la destruction de peuple juif disséminé dans tout l'empire Perse (Esther 9:24). Après que Saül eut perdu la vie, un Amalécite, pensant trouver grâce auprès de David pour ce qu'il considérerait comme un haut fait, vint se vanter faussement de lui avoir donné la mort. Mal lui en prit car son mensonge lui coûta la vie  pour avoir porté la main sur le roi d'Israël (2 Samuel 1:1 à 16). 

Le Psaume 83 fait également mention d'Amalek parmi les ennemis jurés d'Israël :"Car voici, tes ennemis s'agitent, ceux qui te haïssent lèvent la tête" (Psaume 83: 3). Ils projettent ensemble la destruction du peuple juif : "Ils forment contre ton peuple des projets pleins de ruse, et ils délibèrent contre ceux que tu protèges. Venez, disent-ils, exterminons-les du milieu des nations et qu'on ne se souvienne plus du nom d'Israël" (versets 4, 5). C'est à cause de cette attitude génocidaire d'Amalek que Dieu dit à Israël : "Tu effaceras la mémoire d'Amalek de dessous les cieux : ne l'oublie pas" (Deutéronome 25:19). Cette recommandation divine sur Amalek vient juste après une mise en garde contre l'utilisation frauduleuse de poids et mesures volontairement faussés (Deutéronome 25:13 à 16). Comme si Dieu voulait souligner une similitude entre une pratique malhonnête du commerce et l'attitude trompeuse d'Amalek s'en prenant aux retardataires en queue de convoi (Deutéronome 25:17, 18). Lorsque le prophète-devin Balaam fut appelé par Balak pour maudire Israël, il dit sur Amalek : "Amalek est la première des nations, mais un jour il sera détruit" (Nombres 24:20). Assurément, cette nation était appelée à disparaître. Non parce que Balaam en avait annoncé la destruction, mais parce que l'Eternel en avait décrété l'anéantissement. Ainsi, il est écrit : "Parce que la main a été levée contre le trône de l'Eternel, il y aura guerre de l'Eternel contre Amalek, de générations en générations" (Exode 17:16).

Les Sages d'Israël ont souligné le fait que dans le texte original hébreu, il manque une lettre au mot "trône". Le texte original est inspiré et ne peut donc contenir une "erreur". Ce manque ne peut donc qu'être volontaire. Ils en ont donc conclu que tant qu'il y aurait "guerre de l'Eternel contre Amalek", le trône de Dieu ne serait pas "complet". Que faut-il comprendre par là ? Que Dieu n'établira pleinement son Royaume sur la terre que lorsque Amalek aura totalement disparu. Mais, me direz-vous, les Amalécites ont disparu depuis bien longtemps maintenant, et ce, depuis l'Antiquité. Effectivement. Mais cette "guerre" devait être livrée "de générations en générations", c'est à dire jusqu'à la dernière génération avant l'établissement du Royaume. Car, comme je l'ai dit plus haut, à chaque génération, un nouvel "Amman" apparaît pour tenter de faire disparaître la postérité de Jacob. À chaque génération, un "roi Agaguite" menace sa sécurité et cherchera à faire disparaître les fils d'Israël. Le projet d'Amman faillit aboutir lorsque les Nazis décrétèrent la "solution finale" qui coûta la vie à six millions d'entre eux. Si Amalek a disparu il y a bien longtemps, l'esprit qui l'animait est, lui, toujours bien présent. Il convient, à chaque génération, d'en discerner le nouveau visage dont il s'est affublé. Comme l'écrit l'apôtre Paul aux Corinthiens : "Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des siècles" (1 Corinthiens 10:11). 

"Ce qui a été c'est ce qui sera et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera... Et Dieu ramène ce qui est passé" (Ecclésiaste 1:9 / 3:15). Les "Amalek" d'aujourd'hui sont semblables à ceux d'hier. Leurs visages ont changé, pas leurs objectifs. 

 

JiDé

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