Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le quatrième empire prophétisé par Daniel

Le quatrième empire prophétisé par Daniel

Judée, province romaine

En l'an 63 avant notre ère, Pompée, à la tête de ses légions, pénètre dans ce qui fut autrefois le territoire du royaume d'Israël. La Judée avait connu jusqu'alors une longue période hellénistique durant laquelle les Grecs cherchèrent à faire disparaître l'identité du peuple hébreu, en tentant d'éradiquer à la fois sa langue, sa religion et sa Thora. Rome, bien qu'exerçant son pouvoir d'une main de fer, laissait cependant aux peuples vaincus la liberté de pratiquer leurs religions et leurs croyances. Cette politique assurait, dans une certaine mesure, la paix à l'intérieur des frontières de l'empire, tout en maintenant les populations soumises dans un certain état d'asservissement. En Judée, cela n'empêcha pas des factions dissidentes, comme celle des zélotes, de se révolter contre l'envahisseur. Mais ils ne représentaient qu'une petite fraction de la population qui, de façon générale, subissait le joug imposé par Rome. De l'an 66 à l'an 74, une révolte provoqua une répression sanglante et la conséquence ultime, outre le nombre de victimes, fut bien évidemment la destruction du Temple de Jérusalem en l'an 70.
 


Le cadre historique dans lequel se déroulent les événements relatés dans les Écrits du Nouveau Testament se situe avant la destruction du Temple, approximativement entre les six premières années avant notre ère et les quelques soixante premières de celle-ci. On situait autrefois la rédaction du livre de l'Apocalypse vers la fin du premier siècle, mais celui-ci ne fait nullement mention de la destruction du Temple. D'après le Professeur Flusser, de l'Université de Jérusalem, si l'Apocalypse avait été rédigé après l'an 70, il est fort probable que l'on y aurait trouvé tout au moins une évocation, même furtive. Or, il n'en est nullement fait mention. Cela laisse à penser que la rédaction est donc antérieure à cet événement majeur de la nation. Cependant, les apôtres devaient s'attendre à cet événement, celui-ci ayant été annoncé par leur Maître (Matth. 24:2 / Mc 13:2 / Luc 21:6). 

L'histoire de la Judée sous domination romaine se situe donc sur une période relativement courte au regard de l'histoire biblique en général, le N.T. recouvrant approximativement une période d'une soixantaine d'années, soit une ou deux générations. Pourtant, c'est durant cette période que vont se dérouler quelques uns des événements les plus importants de toute l'histoire de l'humanité. Trois de ceux-ci vont même être décisifs : la naissance, la mort et la résurrection de Yeshoua Ha Massiah qui, une cinquantaine d'années plus tard, commencera à être appelé "Christos" par les non-juifs ayant reconnu en Yeshoua le Massiah attendu par le peuple d'Israël. Les disciples de Yeshoua qui connaissaient les Écritures Saintes savaient que cette période qui était la leur avait été annoncée, plusieurs siècles auparavant, par le prophète Daniel. Ils se savaient être contemporains de ce que les Écritures appellent "la quatrième bête".

La mort de l'Empire et sa renaissance 

"Après cela, je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort. Il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, foulait aux pieds ce qui restait. Il était différent de tous les animaux précédents et il avait dix cornes" (Daniel 7:7). 

"Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort, mais sa blessure mortelle fut guérie et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête" (Apocalypse 13:3). 

Vers le quatrième siècle, l'empire romain va doucement commencer à s’effondrer sur lui-même. Miné par la corruption de ses dirigeants, gangrené par les querelles intestines et les rivalités, ne sachant plus maintenir la paix à ses frontières, il va peu à peu perdre de son pouvoir. Mais tel un Phoenix renaissant de ses cendres, une nouvelle Rome va sortir de ses ruines. L'Eglise, devenue étatique, va poser son manteau de pourpre sur les fondations de ses temples pour les recouvrir de son ombre. Plusieurs monarques vont tenter d'en reconstituer l'étendue géographique : Charlemagne et l'empire franc, Charles-Quint et le Saint Empire Germanique, Bonaparte, qui donna le nom d'Empire à un mobilier, tant il l'identifiait à celui des César... jusqu'à ce petit caporal autrichien, ivre de pouvoir et de puissance, qui voulait redonner à l'Allemagne le faste et la gloire dont la première guerre mondiale l'avait dépouillée. Lui aussi rêvait d'une Europe unie sous sa botte. Son rêve, tout comme sa vie, fut de courte durée. Cette Allemagne dont il vantait la gloire avait été autrefois un amalgame de trois cent petits états, tantôt alliés tantôt rivaux, dont les Sages d'Israël avaient annoncé bien longtemps auparavant qu'ils deviendraient, ensemble, une puissance mondiale. Ils avaient appelé celle-ci "Guermania". 
 

Carte du saint Empire Romain Germanique


Ces Sages d'Israël avaient su discerner au sein des Écritures, et à travers les siècles, les événements qui allaient se produire dans leur Futur. Bien longtemps avant l'arrivée au pouvoir de celui qu'ils présageaient comme un "nouveau Haman", les Sages annonçaient la venue de Guermania et du danger que représenterait cette entité historique pour le peuple juif, mais aussi pour le monde entier. L'Ecriture ne dit-elle pas : "Esther répondit : l'oppresseur, l'ennemi c'est Haman, ce méchant-là, Haman..." (Esth. 7:6) ? Curieuse ironie de l'Histoire, lorsque le maître de l'Allemagne nazie ouvrit un compte dans une banque suisse pour y verser les bénéfices des ventes de son livre "Mein kampf", il le fit sous le nom d'emprunt de Max Amman. L'antique proclamation de la reine Esther prenait alors un sens nouveau. 

L'empire romain annoncé par le prophète Daniel avait alors disparu, mais sa prophétie annonçait également la venue d'un autre empire, à la fois semblable et différent. L'aigle de Rome avait fait place à un autre qui lui était semblable. La "bête" qu'avait vue Daniel ne cessait de réapparaître à différentes époques de l'Histoire. 

Daniel, Sage d'Israël parmi les Sages, et homme d'Etat 

Au regard de cela, il me semblait judicieux de m'intéresser de plus près à cet empire dont le prophète hébreu avait annoncé la venue, la disparition et la renaissance, et cela plus de six siècles avant qu'il n'apparaisse. Daniel dut probablement se poser ces questions : Quand paraîtrait-il ? Sous quelle forme ? A quelle époque ? Mais si cet empire, que nous savons aujourd'hui disparu, devait réapparaître, nous sommes en droit de nous poser les mêmes questions. Cependant, il en est une autre qui n'est pas sans importance car, pour comprendre ces prophéties, il nous faut tout d'abord en connaître l'auteur. Qui était donc, véritablement, Daniel ?

Nous avons coutume de considérer Daniel comme l'un des Prophètes et son livre est classé, dans nos Bibles, parmi ceux-ci. Mais, initialement, dans le Canon Hébraïque, le livre de Daniel ne se trouve pas inclus dans les "Nevi'îm" (les Prophètes), mais dans les "Ketouvi'îm" (les Écrits). Pourquoi ? Parce que dans la pensée hébraïque, le rôle du prophète n'est pas d'annoncer l'avenir, mais de ramener le peuple d'Israël à son Dieu en l'incitant à la repentance et à l'abandon du péché et de l'idolâtrie. Or, ce n'est pas le rôle joué par Daniel à la cour du roi de Babylone. Daniel est, pour les Juifs, un Sage parmi les Sages d'Israël. Mais plus encore, c'est un homme d'Etat pourvu d'un grand pouvoir, tout comme le fut Joseph à la cour de Pharaon. Ce qui n'enlève rien à la dimension prophétique de son livre comme de son personnage. Il est important de replacer correctement les choses pour bien en appréhender le sens. Daniel s'inscrit dans une autre lignée que celle des Prophètes : celle des grands Sages d'Israël qui ont su révéler à leur peuple les secrets de Dieu et de sa Thora.

"J'entendis mais je ne compris pas; et je dis : Mon Seigneur, quelle sera l'issue de ces choses?... car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu'aux temps de la fin... ceux qui auront de l'intelligence comprendront" (Daniel 12:8 à 10).

Bien que Daniel soit effectivement un prophète, il est avant tout un homme d'Etat, choisi par Dieu pour accomplir une fonction dans les hautes sphères du pouvoir de l'un des plus grands empires que le Monde Antique ait connu : la Babylonie. Un empire dont le rayonnement ne cesse encore aujourd'hui d'influencer les modes de vie et de pensée de notre monde occidental. On ne peut négliger l'influence de Babylone sur notre Monde Moderne. Elle en constitue l'un des piliers. C'est pourquoi, le message du livre de Daniel est toujours d'une brûlante actualité. L'interprétation du songe du roi concerne plus que jamais l'époque dans laquelle nous vivons, en ce vingt et unième Siècle de cette ère qui fut autrefois appelée chrétienne mais qui, en bien des points, a adopté le mode de vie de l'antique cité aujourd'hui disparue. Cité sur laquelle régna autrefois un roi hors du commun, Nabukadnetsar, auprès duquel Daniel exerça fidèlement ses fonctions durant de longues années. 
 

Babel / Babylone


Babylone est Babel 

Le chapitre deux du livre de Daniel relate un songe que fit Nabukadnedzar. Daniel, qui n'est alors qu'un jeune homme, va donner au roi l'interprétation de ce songe, ce qu'aucun sage de Babylone n'avait pu faire.

Mais avant de poursuivre, il me faut spécifier une chose qui aura son importance plus loin. En effet, mentionner le nom de "Babylone" lorsque l'on parle du livre de Daniel est un pur anachronisme. C'est un peu comme si l'on disait que la Tour Eiffel a été construite à Lutèce (ancien nom de la ville de Paris). La cité dans laquelle vit Daniel n'est autre que la ville de Babel dont il est fait mention dans les premiers chapitres du livre de la Genèse. Cette même Babel sur laquelle régna Nimrod, de sinistre mémoire (Genèse 10:10). La ville de Babel ne sera appelée "Babylone" que bien plus tardivement, lorsque le troisième empire, entrevu par le jeune prophète, envahira l'Orient. En effet, le mot "Babylone" est une forme hellénisée de son nom initial. Après sa conquête, ce sont les Grecs qui la rebaptiseront ainsi. La Version grecque des Septante de l'Ancien Testament (le Tanach) gardera ce nom. En réalité, les ruines de la cité antique ne furent retrouvées que très tardivement. On croyait cette ville totalement disparue, jusqu'à ce qu'elle réapparaisse sous les sables du désert irakien. Les inscriptions que l'on y trouva confirmèrent que ce que l'on croyait être deux villes distinctes n'en étaient en réalité qu'une seule. La Babylone mentionnée dans les Écrits prophétiques était bel et bien la Babel du récit de la Genèse.

Bien des siècles plus tard, à cette époque où l'empire romain était encore à son apogée, l'apôtre Jean, exilé sur l'île de Patmos, reçut une révélation dans laquelle il fait mention d'une Babylone des temps à venir. Une Babylone que les contemporains de Jean pouvaient facilement identifier à la Rome impériale. Cette Babylone, mentionnée dans le livre de l'apocalypse de Jean, était prête à accueillir le "nouveau Nimrod" dont les Sages d'Israël avaient annoncé la venue, tout comme le fit également l'apôtre Paul, en faisant mention d'un personnage qu'il qualifiait, lui, d'"impie". Mais si l'apôtre Jean décrit l'intense activité commerciale de cette "Babylone", il en annonce également la chute (chapitres 17 et 18). Une telle perspective ne pouvait que réjouir ses lecteurs et leur procurer l'espérance de la délivrance de leur nation, asservie à l'envahisseur. 

Si, globalement, la rédaction du Nouveau Testament ne couvre tout au plus qu'une soixantaine d'années, cela ne représente en réalité qu'une petite partie de l'histoire de cet empire de Rome. Pourtant, les événements qui vont s'y produire vont révolutionner l'avenir de cet empire qui, devant l'étendue exponentielle du nombre de disciples de ce qui n'est encore, aux yeux du monde, qu'une secte juive, va chercher à les faire disparaître. Vont commencer alors des persécutions sanglantes. Sous Claude, les chrétiens seront alors chassés de Rome (Actes 18:2). Mais, loin d'être jugulée, la croissance du nombre de disciples de Iesous Christos va alors amener le pouvoir romain à s'allier avec leurs dirigeants. Le christianisme était né. Il devint ainsi une religion d'Etat. Ce que Rome n'avait pu détruire, elle l'inclut dans son empire. Cette alliance allait donner naissance au christianisme romain.

Mais cet empire dont Daniel avait prédit l’ascension, les Sages d'Israël en avaient trouvé des traces dans des Écrits bien plus anciens, dans la Thora elle-même. Celle-ci ne contient-elle pas, selon les dires de ces mêmes Sages, le Monde entier ?

Des ténèbres à la surface de l'abîme

"La terre était informe et vide, il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme "(Genèse 1:2). 

Les rabbins appellent ce verset "la révélation de l'histoire d'Israël à venir". Les Sages d'Israël ont commenté ce verset en disant que les quatre mots utilisés symbolisaient les quatre empires dont avait parlé le prophète Daniel, et qui chercheraient à détruire Israël (le peuple Juif). Quatre empires qui seraient représentés, au chapitre sept de son livre, par quatre bêtes. Que dit le texte ? "Ve ha aretz ha yetah tohou va vohou we hosek al pné te'howm" (et la terre était vide et néant et il y avait de l'obscurité sur la face de l'abîme"). Ainsi, selon les Sages d'Israël, ces quatre mots "tohou, vohou, hosek et te'howm" désigneraient prophétiquement les quatre empires qui chercheraient à détruire le peuple Juif tout au long de son histoire. Le mot "te'howm" désignerait donc le dernier de ceux-ci, à savoir l'empire romain

Quand on y réfléchit, ces quatre empires ont effectivement cherché à détruire Israël en tant que peuple et en tant qu'unité nationale. Babylone a détruit le Temple et a infligé au peuple la déportation. Les dix tribus du Nord ont été déportées, alors que les tribus de Juda et Benjamin ont été dispersées parmi les nations. Le deuxième empire, la Perse, a également cherché à détruire le peuple juif par la main d'Haman, "l'ennemi de tous les Juifs". "Car Haman... ennemi de tous les Juifs, avait formé le projet de les faire périr... afin de les tuer et de les détruire" (Esther 9:24). A ce propos, il est intéressant de noter que les rabbins ont interprété cette expression "ennemi de tous les Juifs" comme signifiant : "ennemi de tous les Juifs, de tout lieu, de toute époque et en tout temps". Cet esprit de destruction, on l'a effectivement retrouvé chez Hitler dans son projet d'extermination. L'esprit d'Haman manifestait une fois encore sa haine. La tradition juive dit qu'à chaque génération, un nouvel Haman apparaît sous un nouveau visage. Il faut en deviner l'identité avant qu'il ne puisse commettre ses méfaits.
 

Antiochus IV Epiphane

Le troisième empire, c'est l'empire grec. L'esprit d'Haman se manifesta cette fois sous les traits d'Antiochus Épiphane. Celui-ci haïssait les Juifs et voulut interdire la pratique du judaïsme, de la lecture de la Thora et de la circoncision. Il voulut également dissuader les Juifs de parler l'hébreu. Il y parvint presque. Beaucoup de Juifs se mirent à parler le grec afin de s'intégrer dans ce nouvel empire auquel ils appartenaient désormais malgré eux. Le quatrième empire, ce fut Rome. Et ce furent les Romains qui crucifièrent le Seigneur Jésus. Ils persécutèrent outrageusement les chrétiens. Mais plus les persécutions s'intensifiaient, plus les disciples devenaient nombreux. Rome craignit de voir son système religieux institutionnel mis à mal par cette nouvelle foi qui s'étendait sur tout l'empire et fit alors de la foi chrétienne, de plus en plus prônée par des non-juifs, une religion d'état. Rome en désigna alors les autorités qui devaient lui rendre compte. Ce que Rome ne pouvait détruire, elle l'assimilait. De nombreux commentateurs s'accordent pour reconnaître, dans l'Eglise de Pergame, une symbolique de l'Eglise étatisée sous le règne de Constantin. Un phénomène que l'on peut encore constater aujourd'hui. L'Eglise de Christ, celle qui était demeurée fidèle aux Écritures et à la "saine doctrine" (Tite 2:1),  étant de plus en plus "courtisée" par "l'Eglise de Pergame" (Apocalypse 2:12), tend à se laisser séduire au risque de dangereux compromis. N'ayant pu la détruire (comme lorsque les Dragons du roi pourchassaient les Huguenots), elle cherche aujourd'hui à s'en acquérir les faveurs. L'apôtre Jean ne décrit-il pas "la grande prostituée" comme étant assise sur "la bête"

En l'an 70 de notre ère, la Rome impériale réitéra ce qu'avait déjà fait Babylone en son temps, elle détruisit le Temple qui représentait à la fois l'identité nationale et religieuse du peuple d'Israël. Rome avait imposé le culte de l'empereur en établissant son effigie dans le Saint des Saints du Temple, exigeant qu'on adore cette statue. Ce qu'avait déjà fait Antiochus Epiphane. Ces quatre empires dont parle Daniel représentent quatre façon de chercher à détruire le peuple juif, peuple choisi par Dieu pour être porteur de sa révélation. Comme l'a dit le Seigneur Jésus lui-même : "Le salut vient des Juifs" (Jean 4:22). L'empire romain reconstitué (la quatrième bête de Daniel) réunira les caractéristiques de ces quatre bêtes. Il sera, lui aussi, "tohou va vohou, hosek al pné te'howm"

A travers les abîmes  

"Il (Dieu) menaça la mer et elle se dessécha et il les fit marcher à travers les abîmes comme dans un désert" (Psaume 106:9). 

Selon les Sages d'Israël, le mot "te'howmoth" (abîmes) désignerait ici les différents empires qui se sont succédé dans l'Histoire. Si l'on prend ce passage dans un sens prophétique, on pourrait le comprendre ainsi : Dieu a fait sortir son peuple d'Egypte, il lui a fait traverser la Mer Rouge "et il les fit marcher à travers les abîmes (te'howmoth)" que sont les différents empires successifs auxquels Israël a été confronté. Mais comme le mot "te'howm" désigne plus spécifiquement l'empire romain, on pourrait plutôt dire que Dieu leur a fait traverser les différents "empires romains" que l'histoire a compté. "Empires romains" parfois directement issus d'un christianisme antisémite et persécuteur. 
 

Massacre des Juifs de Strasbourg en 1349


Si le mot "te'howm" signifie "profondeur, lieux profonds, abîmes", de quelles profondeurs pourrait-il s'agir ? Lorsque le Seigneur s'adresse à l'apôtre Jean, il lui demande de transmettre un message à l'Eglise de Thyatire en disant : "à vous, à tous les autres de Thyatire qui ne reçoivent pas cette doctrine et qui n'ont pas connu les profondeurs de Satan..." (Apocalypse 2:24). Comme je l'ai dit plus haut, l'Eglise de Pergame symbolise prophétiquement l'Eglise étatique, soudoyée, corrompue et  soumise au pouvoir de la Rome impériale, c'est l'Eglise qui s'est alliée à l'empereur Constantin. Thyatire symbolise quant à elle, toujours selon les commentateurs, l'Eglise de la période du Moyen-Age, totalement corrompue, vénale, imbue de pouvoir et de richesses. Une église qui serait encore en activité aujourd'hui. Une "église" dont les "serviteurs de Dieu" prêchent un "autre Évangile" (Galates 1:6 à 9 - 2 Cor. 11:4), textes bibliques à l'appui. Textes sortis de leur contexte, et dont ils "tordent le sens comme celui des autres Écritures pour leur propre ruine" (2 Pierre 3:16). Les Eglises de Pergame et Thyatire ont encore aujourd'hui pignon sur rue. Mais alors, se pourrait-il que ce "te'howm", cet abîme, cet empire romain, ait un lien quelconque avec ces "profondeurs de Satan" contre lesquelles l'apôtre semble vouloir mettre en garde ses lecteurs ? 

Un tumulte de nations 

"Te'howm" a pour racine le mot "huwm", qui signifie "distraire, affoler, grand bruit, hurler, agitation", mais aussi "défaire, être en mouvement, montrer de l'inquiétude"Les empires étaient généralement composé de nations de diverses ethnies, diverses langues, diverses cultures assemblées sous l'autorité d'un pouvoir central. Il en fut ainsi pour l'empire romain comme des trois autres qui l'on précédé et dont Daniel avait décliné l'identité. Mais ces nations cherchèrent parfois à se rebeller. Le bruit houleux de la révolte parvenait alors aux oreilles du pouvoir en place. Des troupes armées se mettaient en marche vers la capitale de l'empire. Les vagues grandissantes de populations en colère paraissaient, alors, aux pieds des murailles du palais impérial, comme celles d'une mer déchaînée. Une foule "en mouvement, hurlante, agitée", qui ne pouvait que provoquer, au sein des remparts de ce pouvoir menacé, "inquiétudes, affolement, grand bruit et agitation". Tout avait commencé par un "murmure", un "grognement", se transformant rapidement en "tumulte"*.

"Quelle rumeur de peuples nombreux, ils mugissent (hamah) comme mugit la mer" (Esaïe17:12).

"Des nations s'agitent (hamah), des royaumes s'ébranlent" (Psaume 46:6).

"Leurs voix mugissent (hamah) comme la mer" (Jérémie 6:23 / 50:42).

Ce sont bientôt des hordes d'hommes en armes qui montent vers les demeures de leurs despotiques tyrans. Ils se déplacent bruyamment, brûlant tout sur leur passage, mettant à mal les quelques forces qui cherchent à s'opposer à eux**. Comme le dit encore Jérémie : "Les flots des dévastateurs mugissent (hamah) comme les grandes eaux" (Jérémie 51:55). Et lorsque ces hordes armées sont aux pieds du palais impérial, les conseillers du monarque ne peuvent que reconnaître que : "Voici, tes ennemis s'agitent (hamah), ceux qui te haïssent..." (Psaume 83:3). Il ne restait alors au monarque, s'il ne pouvait fuir, que de chercher à se cacher comme il le pouvait. "Le reste s'enfuit... et la muraille tomba... Ben Hadad s'était réfugié dans la ville où il allait de chambre en chambre" (1 Rois 20:30).  Quelle ironie lorsque l'on sait que "Ben Hadad" signifie "fils du féroce, du puissant". Il n'est plus alors qu'un fuyard apeuré. Ainsi, le prophète Michée répondit au rois Sédécias, qui venait de le gifler, en ironisant : "Tu le verras le jour où tu iras de chambre en chambre pour te cacher" (1 Rois 22:25).

Cela n'est pas sans rappeler les images de Saddam Hussein, trouvé dans sa cachette par des soldats américains. Quelques décennies plus tôt, après la mort de Staline, on apprit que "le petit père des peuples" changeait chaque soir de chambre à coucher, craignant d'être assassiné dans son sommeil. Il ne décidait qu'à la dernière minute dans quelle chambre il allait dormir. La prophétie de Michée adressée à Sédécias aurait pu tout aussi bien s'adresser au "tyran rouge" qui exerça son pouvoir despotique avec une cruauté inégalée. En 1917, la révolution bolchevique avait conduit les foules aux portes du palais du tsar Alexandrovitch. Celui-ci sera assassiné avec toute sa famille, fusillés comme de vulgaires criminels.

De nombreux monarques se succédèrent à la tête d'empires qui ne cessaient de se faire et de se défaire, et ce, depuis la nuit de temps. Mais Daniel, qui a vu en vision les grands empires qui devaient se succéder dans l'Histoire, a également été le contemporain de certains de ceux dont il avait annoncé l’ascension et la chute. L'un de ces souverains n'est pas mentionné dans le songe du roi, et pour cause, il régnera sous le "premier Empire". Ce roitelet pour lequel Daniel n'avait aucune considération, c'est Belschatsar. Celui-ci s'étant servi des ustensiles du Temple de Jérusalem lors d'une orgie, il verra son arrêt décrété, d'autorité divine, par une main écrivant sur la chaux du mur du palais alors que les Perses pénétraient déjà dans l'enceinte de la ville. Belschatsar mourra dans la nuit. Un empire venait de tomber. Un autre était en train de naître. Daniel put contempler en direct la réalisation du songe dont il avait donné l'interprétation au grand-père du monarque déchu. Et Darius le Mède monta sur le trône (Daniel 5).
 


L'Histoire se répète 

Alors que je relisais dans le texte le premier verset du chapitre deux du livre de Daniel, quelque chose attira mon attention. Voici ce qui est écrit : "oubishnat sh'taïm lè malkout neboukadnetsar halam neboukadnetsar halomowt". Littéralement : "Et dans l'année la deuxième du règne naboukadnetsar rêva neboukadnedsar des songes". La phrase en hébreu comporte sept mots, ce qui signifie que cette phrase est un ensemble complet qui se suffit à lui-même. Cette phrase contient tous les éléments qui permettent de la comprendre et de l'interpréter. Mais que peut-elle bien signifier ? On s'accorde généralement pour dire que le roi de Babylone était dans la seconde année de son règne lorsqu'il eut ce songe. Mais pourquoi le nom du roi est-il mentionné deux fois ? De même qu'il est fait mention deux fois d'un rêve. Les mots "halam" et "halomowt" ont la même racine, avec les lettres "heth, lamed, mêm". Le mot "halomowt" étant le pluriel de "halom". Il semblerait ainsi que le texte se répète.

Je me suis alors posé la question : "Et si cette "deuxième année" n'était pas seulement la deuxième année du règne du roi ? Se pourrait-il qu'elle parle d'autre chose ? Il y aurait ainsi une "première année" qui serait celle durant laquelle Nabukadnedsar aurait effectivement fait le songe de la statue (et qui correspondrait effectivement à la deuxième année de son règne), et une "deuxième année" qui devrait se produire plus tard, dans le temps. Une "deuxième année" durant laquelle devrait survenir un autre "roi de Babylone". J'ai dit que la phrase en hébreux comportait sept mots, ce qui exprimait la complétude de la phrase. Pourrait-on alors appliquer cette "complétude" à une période de temps ? Peut-être même une période de "sept années" (Daniel 4:16, 26, 32) ? De même, le roi a, littéralement, "rêvé un songe". "Neboukadnetsar halam neboukadnedtsar", effectivement, la première partie du songe le concerne personnellement. On peut donc dire que le roi a "rêvé de lui-même". Les autres empires étant ceux qui vont lui succéder. Il est donc clair que le reste du songe concerne une période de temps qui dépasse largement la durée de vie du monarque. Mais se pourrait-il qu'au delà des quatre empires que l'on a identifié, le songe fasse allusion à d'autres empires qui devaient leur succéder ? Chacun de ces quatre empires symboliserait alors ses successeurs respectifs. Semblables mais différents. Leurs noms, leurs fonctionnements, leurs apparences seraient différentes, pourtant quelque chose serait semblable. Et c'est cette similarité qui permettrait de les identifier comme étant une résurgence de leurs prédécesseurs. Il est possible que l'apôtre Jean avait connaissance de ce principe, c'est ce qui l'incitera à rédiger l'Apocalypse en y mentionnant le nom d'une ville qu'il appelle Babylone. 

"Elle est tombée, elle est tombée Babylone" (Apocalypse 14:8 / 18:2).

L'apôtre cite textuellement un passage du livre d'Esaïe (Esaïe 21:9). On trouve ici le principe prophétique de "double réalisation". Esaïe annonce un événement qui doit venir, mais la répétition de la locution assure un double accomplissement. Ce deuxième accomplissement est annoncé par l'apôtre Jean qui, pour ce faire, reprend le texte d'Esaïe. A l'époque de Jean, Babylone est déjà tombée, l'empire babylonien s'est effondré depuis longtemps. Mais l'apôtre annonce à nouveau sa chute. L'apôtre Jean prédit ainsi la chute d'une "deuxième Babylone". Cet événement clôturera ainsi pleinement la prophétie d'Esaïe. Mais quelle est cette "deuxième Babylone" dont le texte apocalyptique fait mention ? Pour le comprendre, il faut tenir compte d'un fait connu de l'apôtre et de ses contemporains : "Babylone" était une forme de "nom de code" qui désignait alors la Rome impériale. L'auteur de l'apocalypse assure ainsi ses lecteurs de la chute prochaine de celle-ci. Mais, à travers cela, il se projette également bien plus loin dans le temps. Car la ville que décrit Jean est une importante ville portuaire au commerce florissant. Ce qui laisse présager qu'une autre Babylone doit encore tomber.
 

Chute de Rome en 476

Les empires se succèdent et l'Histoire suit son cours, tel un fleuve traversant contrées et régions et se jouant des frontières. Comme je l'ai dit plus haut, le mot "te'howmoth" (abîmes) désignerait les différents empires qui se sont succédés dans l'Histoire et auxquels Israël aurait été confronté. Le mot "te'howm" désignant plus spécifiquement l'empire romain, Israël aurait ainsi traversé les différents "empires romains" que l'histoire a compté. Cette "quatrième bête" semble donc avoir eu plusieurs visages, tel "Haman, l'ennemi de tous les Juifs", qui réapparaît à chaque génération sous une forme différente. C'est dans le chapitre sept du livre de Daniel que cette "bête" est la mieux décrite. C'est donc dans ce passage de l'Ecriture qu'il est le plus aisé de chercher à en découvrir l'identité. 

Songes et visions d'un homme d'Etat 

"En l'an premier de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et les visions de son esprit sur sa couche, alors il écrivit le songe" (Daniel 7:1).

Comme je l'ai dit plus haut, il est bien fait mention ici de Babel, comme le texte hébreu le mentionne : "melek babel" (le roi de Babel). Il s'agit bien ici de la ville dont parle le récit de la Genèse (Gen. 11:9). C'est donc dans cette même ville que Daniel reçoit les songes durant la nuit. Le texte dit que "Daniel vit un songe et les visions de son esprit sur sa couche" (Dan. 7:1). Littéralement : "helem hazeh we hezwè rèsheh". Le récit du songe est écrit en araméen. Le vocabulaire diffère donc légèrement de l'hébreu. Le mot "esprit" est traduit ici par "rèsheh", ce qui signifie "la tête comme siège des visions", mais aussi "le chef, le personnage principal", ou encore "la somme, le contenu". C'est le même mot qui est utilisé pour parler de la "tête d'or" de la statue, "tête d'or" qui n'est autre que le roi de Babel lui-même ainsi qu'il est écrit : "C'est toi qui est la tête (resh) d'or" (Dan. 2:38). 

Pour bien comprendre ceci, il faut tenir compte du fait que Daniel occupe une place d'autorité à la cour, il est familier des hauts fonctionnaires et des rois qui se présentent régulièrement au palais. Il occupe ses fonctions à la cour de l'un des empires les plus puissants de son temps. Il maîtrise la politique internationale, les protocoles, il croise des ambassadeurs. Peut-être est-il même courtisé par des vassaux pour qu'il intercède auprès du monarque en leur faveur. Rappelons que Daniel est lui-même, de par sa naissance, de souche royale. Le texte nous dit ici que Daniel va immédiatement identifier les animaux de son songe comme les représentants de pouvoirs, en place ou à venir. On dirait aujourd'hui des "têtes couronnées". Daniel le comprend "par l'esprit", mais également avec son intelligence. Il sait, en recevant les visions qui lui sont données, qu'il est en train de contempler une symbolique en rapport direct avec des puissances étrangères.

Si le chapitre deux du livre de Daniel présente quatre empire dont la valeur économique va décroissante (or, argent, bronze, fer, argile), le chapitre sept les présente sous une forme animale pour en révéler la bestialité. La dernière présentant l'aspect le plus repoussant. Il avouera d'ailleurs que "la vision de son esprit (resh) le remplissait d'épouvante" (Dan. 4:5). On peut donc supposer que ce n'est pas seulement l'aspect de la bête elle-même qui le terrifie, mais également le pouvoir politique, économique et militaire que cette "bête" est censée posséder. Sa bestialité est à l'échelle de son pouvoir. C'est là véritablement ce qui terrifie Daniel. 
 


Il est possible que Daniel n'ait décrit que sommairement ce qu'il voyait. Le mot "rèsheh" signifiant "la somme, le contenu". Effectivement, on peut lire que Daniel parle "des visions de son esprit (resh)... il raconta les principales (resh) choses..." (Dan. 7:1). Ce qui peut laisser supposer que la totalité des détails n'a pas été rendu ici. Il est également intéressant de souligner la similitude entre "le réceptacle" de ses visions (la tête : resh) et les dominations qu'il décrit comme lorsqu'il parle par exemple d'un "animal semblable au léopard... cet animal avait quatre têtes (resh)..." (Dan. 7:6). Une telle similitude souligne encore combien le contenu des visions qui lui sont données de contempler est intrinsèquement lié à la façon dont il les perçoit et la pertinence avec laquelle il les interprète. 

Après avoir abordé l'étonnante similitude que révèle le texte entre l'esprit de Daniel, réceptacle des visions, et le pouvoir des empires qui lui sont révélés, il me semblait intéressant d'en soulever une autre. Daniel est un haut dignitaire à la cour royale. Qui mieux que lui était à même de recevoir une révélation sur ces empires à venir ? Daniel dit au roi de Babel : "Il (Dieu) t'a fait dominer (shelet) sur eux tous, c'est toi qui est la tête d'or" (Dan. 2:38). Et il ajoute : "Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien, puis un troisième royaume qui sera d'airain (de bronze) et qui dominera (shelet) toute la terre" (Dan. 2:39).

Satisfait de l'interprétation que lui a donné Daniel, le roi de Babel va lui accorder une promotion. "Il (Nabukadnedzar) lui accorda (à Daniel) le commandement (shelet) de toute la province de Babel et l'établit chef suprême de tous les sages de Babel" (Dan. 2:48). Le mot "shelet" signifie : "avoir le pouvoir, gouverner, régner, occuper une place dans le gouvernement". Or, le texte ne mentionne ici que trois des quatre empires dont il est question dans le songe. C'est du troisième (la Grèce) qu'il est dit qu'il "dominera toute la terre" (Dan. 2:39). Effectivement, l’hellénisme va répandre son influence "sur toute la terre", de par sa culture, ses arts, sa philosophie. Le Monde Occidental est né d'une culture gréco-latine. C'est de cette influence que parle le texte. Cette parole de Daniel a traversé les siècles pour arriver jusqu'à nous. Ces quatre empires ne cessent d'influencer, encore aujourd'hui, notre monde moderne. Nous sommes le produit de ces quatre empires. 

Si le pouvoir économique et militaire est souvent synonyme de domination, la tyrannie lui est souvent concomitante. Si ce texte de Daniel a été rédigé en araméen, l'hébreu présente avec cette langue de singulières similitudes. Ainsi, le mot "shelet" signifie "avoir le pouvoir, gouverner, régner". Son équivalent hébreu, "shalat" signifie quant à lui, "se montrer tyrannique, exercer le pouvoir, opprimer, dominer". Cette définition concorde bien avec le caractère despotique que Daniel semble vouloir démontrer par la description qu'il donne de ces quatre royautés, toutes semblant imposer leur pouvoir respectifs par la bestialité. 

Le quatrième royaume 

"Après cela, je regardai pendant mes visions nocturnes et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort... il était différent de tous les animaux précédents..." (Dan. 7:9).

Daniel décrit une première bête, une deuxième, une troisième, puis une quatrième... cette présentation ne semble pas présenter d'intérêt particulier si ce n'est l'ordre dans lequel ces bêtes apparaissent. Pourtant, le texte a encore des choses à nous apprendre sur ces royaumes de par la façon dont ils se succèdent sur la scène de l'Histoire.

Il est donc parlé d'un "quatrième animal". "Quatrième" se dit en araméen "rebiyay". Ce qui équivaut, en hébreu, à "rebiy'iy". Daniel, désireux de comprendre la vision (Dan. 9:23), va demander "à l'un de ceux qui étaient là" (Dan. 7:7, 16, 23) de lui donner de plus amples explications. Peut-être était-ce un ange, le texte ne le spécifie pas. Ce personnage mystérieux va clôturer la vision en donnant de multiples indications, non seulement sur la bête elle-même mais également sur les événements à venir (Dan. 7:23 à 27). Mais avant d'entrer dans la description de la bête proprement dite, il me semble judicieux de nous arrêter sur la position de cet empire à venir. Il est "le quatrième". Le mot hébreu "rebiy'iy" a pour racine "raba" (quatre), un mot qui sous-tend l'idée de "s'étendre de tous côtés". Le quatrième empire cherchera à s'étendre de tous côtés. Ce sera un empire expansionniste. Il faut se souvenir que les peuples européens sont issus de Japhet, fils de Noé, dont le nom signifie "qu'il étende". Le Monde Occidental a connu, principalement aux dix-neuvième et vingtième siècles, de grands empires coloniaux. Ceux-ci se sont effondrés les uns après les autres. On peut toutefois considérer que l'Europe est une forme d'empire dans lequel d'aucuns voient un "empire romain reconstitué". Ce qui est fort plausible. 

Dans le livre de Daniel, quatre versets mentionnent cette "quatrième bête" qui sera un "quatrième royaume". Daniel 2:40 parle d'un "quatrième royaume". Daniel 7:7 et 7:19 le présentent comme un "quatrième animal", et Daniel 7:23 affirme que "le quatrième animal, c'est un quatrième royaume". Ce dernier verset mentionne deux fois le mot "quatrième". Cela peut paraître un détail mais, dans les Écritures, rien n'est n'est laissé au hasard. C'est justement ce quatrième verset qui affirme clairement que cette bête est bel et bien un royaume. Il aurait été tout aussi explicite de dire que le quatrième animal est également un royaume. Pourquoi ce doublement ? Peut-être justement pour attirer l'attention du lecteur sur ce détail. Comme l'a dit notre Seigneur : "que celui qui lit fasse attention" (Matthieu 24:15). Il est possible que ce doublement volontaire ait pour but de révéler un fait : cette "bête" devait apparaître dans l'Histoire une deuxième fois.
 


Dans le livre de l'Apocalypse, l'apôtre Jean la décrit comme "ayant dix cornes et sept têtes et sur ses cornes, dix diadèmes, et sur ses têtes, des noms de blasphèmes". "La bête que je vis était semblable à un léopard, ses pieds étaient comme ceux d'un ours et sa gueule comme une gueule de lion... et je vis l'une de ses têtes blessée à mort, mais sa blessure mortelle fut guérie, et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête" (Apocalypse 13:2, 3). Peut-on parler de résurgence... ou de "prodiges" ?... Comme cette autre bête "qui montait de la terre et qui séduisait les habitants de la terre par les prodiges qui lui était donné d'opérer en présence de la bête..." (Apoc. 13:14). Ce qui fait étrangement penser à cet autre passage de l'Apocalypse où l'apôtre parle de "démons qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de la terre..." (Apoc. 16:14).

Cela n'est pas sans nous rappeler ce que nous dit l'apôtre Paul : que nous avons à lutter contre "les dominations, les principautés, les autorités, les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Ephésiens 6:12). Dominations et principautés qui furent, une fois pour toutes, vaincues à Golgotha, sur cette petite colline de Judée, aux abords de la ville de Jérusalem. Cette même Jérusalem qui verra la victoire du Seigneur sur les armées coalisées, venues s'emparer de la ville éternelle, lorsque celui-ci reviendra instaurer Son règne. 

La Perse et Yavan 

Le chapitre onze du livre de Daniel décrit une rencontre entre le prophète et  l'archange Gabriel (Daniel 8:16/9:21)"Et moi, la première année de Darius le Mède, j'étais auprès de lui pour l'aider et le soutenir. Maintenant, je vais te faire connaître la vérité. Voici, il y aura encore trois rois en Perse. Le quatrième amassera plus de richesses que tous les autres; et quand il sera puissant par ses richesses, il soulèvera tout contre le royaume de Yavan" (Dan. 11:1, 2). 

Il est donc fait mention de quatre rois perses. "Le quatrième (rebiy'iy) soulèvera tout contre le royaume de Yavan". Il y a donc quatre empire et le troisième empire est constitué de quatre rois, dont le quatrième se soulèvera contre la Grèce (le troisième empire). Ce n'est pas ici l'objet de définir qui sont ces "quatre rois", qu'ils soient les successeurs directs de Darius ou les différents monarques qui ont régné durant la longue histoire de ce peuple jusqu'à nos jours. Ce peuple dont la jeunesse cherche aujourd'hui à concilier à la fois tradition orientale et culture occidentale. La prophétie de Daniel constituant un "continuum" entre son époque et la nôtre, on peut imaginer qu'ils puissent tout aussi bien être roi que Shah, Ayatollah ou président. Il faut cependant garder à l'esprit que les empires que décrit Daniel occupent encore aujourd'hui, prophétiquement, la même superficie qu'ils occupaient alors, à l'époque de leur magnificence.
 

Carte de l'Empire Perse


Ainsi, lorsque l'on s'interroge sur l'influence de la Perse, ou de quelque autre de ces quatre empires, sur notre Monde Moderne en ce vingt-et-unième siècle, on ne peut se limiter aux simples frontières de l'Iran actuel. Il nous faut au contraire la considérer dans les limites de son empire lorsque celui-ci était à l'apogée de sa grandeur, ou tout au moins à l'espace qu'il occupait lorsque son successeur s'en est emparé. L'empire de Perse s'étendait sur trois continents : l'Asie, l'Afrique et l'Europe (qui correspondent aux trois côtes dans la gueule de l'ours - Daniel 7:5). Un empire qui s'étendait du sud de la Turquie jusqu'au Tadjikistan et aux frontières de l'Inde. Il se peut donc fort que la période de temps couverte par ces "quatre rois" nous conduise directement au cœur de notre vingt-et-unième siècle. Ce "quatrième roi" sera probablement à la tête de l'Iran actuel. Un pays qui ne manquera pas de jouer un rôle majeur dans les derniers événements qui viendront clôturer cette ère. Ce "quatrième roi" se tiendra sur la scène de l'Histoire et y occupera très probablement un rôle déterminant dans le dernier acte de cette tragédie dont l'homme est à la fois spectateur et acteur. Dans ce dernier acte, réapparaîtra un personnage que l'on croyait disparu, Rome et son empire.
 

Le Shah d'Iran / L'Ayatollah Khomeini

En tenant compte de cela, on peut constater aisément que de nombreux Etats actuels sont ainsi concernés. Si l'on veut envisager le rôle prophétique de la Perse dans notre Monde Moderne, il nous faut donc considérer l'ensemble des pays qu'elle recouvrait autrefois. Une toute autre perspective s'ouvre alors devant nous. Les paroles de Daniel peuvent alors prendre tout leur sens. Certains de ces pays ont été autrefois partie intégrante de l'empire babylonien. Ils appartiendront plus tard à l'empire grec d'Alexandre. Le quatrième empire, l'empire romain, occupera, lui, un autre espace qui s'étendra autour de la Méditerranée. Mais là aussi il nous faut le considérer dans ses frontières telles qu'elles étaient lorsque Rome dominait le monde. L'Histoire nous confirme aujourd'hui combien ces vastes territoires ont joué un rôle stratégique, économique et militaire durant des siècles, et combien certain d'entre eux, notamment par le pétrole et le gaz, continuent à jouer ce rôle parmi l'ensemble des nations. Le "quatrième roi" sera "plus riche que les autres" nous dit le texte (Daniel 11:1, 2).

La découverte de pétrole dans les sous-sols du Proche et du Moyen Orient a considérablement changé la donne quant à l'importance de ces territoires, qui prenaient ainsi une valeur autre que purement stratégique sur "la route de l'Inde". Yavan (l'empire grec d'Alexandre et de ses généraux), joua, en son temps, un rôle de tout premier plan dans l'histoire des peuples, mais son empire s'étendit cette fois de l'Occident vers l'Orient. Prototype de l'impérialisme occidental qui allait connaître son plus beau fleuron avec l'Empire Britannique, Yavan annonçait un monde nouveau où le continent européen allait, à son tour, jouer un rôle prédominant. Il serait suivi de cet empire de fer que fut la Rome impériale, qui allait bientôt imposer au monde la force de ses légions. Mais comme l'avait révélé Daniel au roi de Babylone, cet empire serait divisé. Il sera à la fois fort et fragile. Et lorsque les pieds de fer et d'argile seront frappés par "la pierre qui se détache sans le secours d'aucune main" (Dan. 2: 45), il valsera en éclat, entraînant dans sa chute les trois autres empires qui reposaient sur celui-ci. En effet, c'est la destruction du quatrième empire (symbolisé par les pieds de la statue) qui fait s’effondrer la statue toute entière. Si les trois premiers empires doivent s'effondrer avec le quatrième, c'est qu'ils sont encore présents actuellement. Ils n'avaient donc pas totalement disparu. L'Histoire se répète et plonge ses racines dans cette Antiquité qui se révèle ainsi, aujourd'hui, plus proche de nous qu'elle ne l'a jamais été. 

Conclusion

"Les jours approchent et toutes les visions s'accompliront" (Ézéchiel 12:23).

"Quel est l'homme sage qui comprenne ces choses ?" (Jérémie 9:12).

"Que celui qui est sage prenne garde à ces choses. Que celui qui est intelligent comprenne" (Osée 14:9). 

A ceux qui prétendent apporter une explication exhaustive aux Écrits de Daniel, je ne peux que rappeler ces paroles de l'auteur lui-même : "J'entendis mais je ne compris pas et je dis : Mon Seigneur, quelle sera l'issue de ces choses ?  Il me dit : Va Daniel, car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu'aux temps de la fin... aucun des méchants ne comprendra, mais ceux qui auront de l'intelligence comprendront... et toi, marche vers ta fin et tu te reposeras et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours" (Daniel 12:8 à 13). 

Daniel reconnait lui-même ne pas avoir pu comprendre tout ce qui lui était révélé. Mais à nous qui sommes arrivés "au terme des siècles", il nous a été donné de comprendre bien des choses parce que les événements qui avaient été annoncés à Daniel se sont, en grande partie, accomplis. Si l'Ange dit à Daniel : "Tu seras debout  pour ton héritage à la fin des jours", l'apôtre Paul nous dit : "Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber" (1 Corinthiens 10:12). "Les prophéties prendront fin... la connaissance disparaîtra, car nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est imparfait disparaîtra... aujourd'hui, nous voyons d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui, je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu" (1 Cor. 13:8 à 12).

Il y aurait encore bien des choses à dire sur cette "quatrième bête", mais cela dépasserait largement le cadre de cet article. Le sujet est si vaste que l'on pourrait se perdre dans les ramifications de l'Histoire, entre la Rome impériale, les formes successives que prit l'empire après sa chute, et sa résurgence aux "temps de la fin". 

Cet article fait suite à "Daniel, le songe de la statue et les quatre bêtes", "La grande Babylone : une cité resurgit du Passé" et "La marque de la Bête et le nombre de son nom". Chacun de ces articles tente d'aborder ce vaste sujet, sans jamais pouvoir en épuiser la source. Les Écrits du Prophète Daniel et de l'apôtre Jean fournissent matière à réflexion et à l'étude, sans que l'on puisse affirmer en avoir abordé tous les aspects. Et c'est peut-être tant mieux. Ces livres demeureront ouverts jusque à la fin. 

Notes

*"Hamah" : murmure, grognement, tumulte, agitation.

**"Hamam" (2000) : se déplacer bruyamment, faire du bruit, défaire, consumer, écraser, vexer, mettre en déroute. 

 

JiDé

Vue aérienne de la ville de Téhéran, capitale de l'Iran

Vue aérienne de la ville de Téhéran, capitale de l'Iran

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :