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La vache rousse

La vache rousse

"L’Éternel parla à Moïse et à Aaron et dit : voici ce qui est ordonné par la loi que l’Éternel a prescrite en disant : parle aux enfants d'Israël et qu'ils t'amènent une vache rousse sans tache, sans défaut corporel et qui n'ait pas porté le joug" (Nombres 19:1, 2).

Ce texte est considéré, par les Sages d'Israël, comme l'un des plus difficiles à interpréter. Ils le considèrent comme un "sod" (un mystère). Il l'est effectivement. Mais c'est véritablement à la lumière de la Nouvelle Alliance et du sacrifice du Seigneur Jésus-Christ que ce texte prend tout son sens. De quoi s'agit-il ? Une fois encore, c'est au cœur des mots qu'il faut chercher l'explication. Mais avant tout, un petit résumé s'impose. 

Pour résumer

Une vache rousse devait être remise par le peuple au sacrificateur Eléazar, fils d'Aaron. Celui-ci devait faire sortir la vache rousse hors du camp des Israélites où un autre sacrificateur était chargé de pratiquer le sacrifice rituel. Eléazar devait ensuite prendre du sang de la vache rousse et en faire sept fois l'aspersion sur le devant de la Tente du Tabernacle. La dépouille de l'animal était ensuite entièrement consumée par le feu. Le sacrificateur jetait, dans le feu, de l'hysope, du bois de cèdre et du cramoisi. Il devait ensuite laver ses vêtements puis se laver rituellement. Il pouvait ensuite rentrer dans le camp. Un troisième personnage, appelé "un homme pur" (que la tradition rabbinique assimile au Messie), devait recueillir la cendre de la vache et la déposer en un lieu aménagé et rituellement pur. Ces cendres devaient ensuite être mélangées à de l'eau afin de servir pour la purification du peuple. Celui qui avait recueilli les cendres devait ensuite laver ses vêtements et était impur jusqu'au soir (Nombres 19:1 à 10). 

Il faut bien reconnaître que ce texte fait partie des "choses difficiles à comprendre" (2 Pierre 3:16) et "difficiles à expliquer" (Hébreux 5:11). Néanmoins, on peut tenter d'en saisir le sens en s'approchant des mots pour écouter ce qu'ils ont à nous dire ou, comme le dit l'apôtre Jacques, "plonger ses regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté" (Jacques 1:25). 

Un commandement ancien

Avant d'aborder le sujet de la vache rousse proprement dit, il me faut tout d'abord m'arrêter sur le principe d'ordonnance lui-même. "Voici ce qui est ordonné (Houqqah) par la Loi (Torah) que l’Éternel a prescrite...". La Loi mosaïque comporte différents types de lois et de commandements (statuts, sentences, commandements...) dont la globalité est désignée par le mot "loi" (en hébreu "Torah"). Les directives concernant la "vache rousse" font partie d'une catégorie appelée "houqqah". Celle-ci est cependant antérieure à la loi mosaïque. Il en est déjà fait mention lorsqu'il est question de l'alliance abrahamique. Ainsi il est écrit : "parce que Abraham a obéi à ma voix et qu'il a observé mes ordres, mes commandements, mes statuts (houqqah) et mes lois (torah)" (Genèse 26:5).

Une autre particularité de la houqqah est qu'elle est perpétuelle (Exode 28:43). Elle ne peut donc être abolie. Cependant, les pratiques rituelles liées aux houqqot (pluriel de houqqah) ont été abandonnées pendant les soixante-dix ans d'exil du peuple hébreu, et ce jusqu'à ce que le Temple soit reconstruit et les sacrifices ré-institués à l'époque de Néhémie et d'Esdras. Ce principe de perpétuité a son importance quant à sa signification spirituelle. En effet, la Nouvelle Alliance nous enseigne que ce système sacrificiel n'était que "l'ombre des choses à venir" (Colossiens 2:17). Mais également que "la loi possède une ombre des choses à venir et non l'exacte représentation des choses (et) ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu'on offre perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection" (Hébreux 10:1).  Si l'on tient compte du fait que tout le système sacrificiel avait pour but de présenter, d'illustrer le sacrifice de Yeshoua HaMashiah, le Seigneur Jésus-Christ, on comprend alors l'importance de la pratique perpétuelle ainsi que de sa symbolique. Le sacrifice de Jésus sur la Croix était valable une fois pour toute et pour toujours selon qu'il est écrit : "C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur" (Hébreux 7:25) et, "car tandis que les lévites sont devenus sacrificateurs sans serment, Jésus l'est devenu avec serment par celui qui a dit : Le Seigneur l'a juré... tu es sacrificateur pour toujours..." (Hébreux 7:21). Le sacrifice de Jésus sur la Croix ouvrait, pour les siècles à venir, la porte du Ciel à tous ceux qui croiraient en Lui et en son oeuvre expiatoire. Jésus devait mourir en dehors des murs de Jérusalem. Le lieu de son sacrifice étant placé, tout comme celui de la vache rousse, "hors du camp". Ainsi, bien que le commandement de la vache rousse relève de la Loi mosaïque, il n'en était pas moins lié à l'Alliance que Dieu avait autrefois contractée avec Abraham, le père de la nation. Le rituel n'était donc efficace que dans la mesure où son bénéficiaire mettait sa foi en actes par son obéissance. Le sacrifice de la vache rousse préfigurait un sacrifice plus grand et plus parfait. Et c'est en vue de ce sacrifice futur que les exigences de Dieu, en matière de pureté, pouvaient être satisfaites. 

Dans l’Épître aux Hébreux, il est écrit qu'"Il (Jésus, après sa résurrection) est entré, une fois pour toutes dans le Lieu Très-Saint (du sanctuaire céleste)... avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle, car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d'une vache répandue sur ceux qui étaient souillé, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le Sang de Christ, qui par l'Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache (tamyim) à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes... afin que vous serviez le Dieu vivant . Et c'est pour cela qu'il est le médiateur d'une Nouvelle Alliance" (Hébreux 9:12 à 14). Que voulait dire l'auteur de l’Épître aux Hébreux ? Que cette vache rousse, sans défaut et sans tache, symbolisait donc la perfection du caractère de Christ. Que le sang des sacrifices préfigurait celui du Seigneur qu'il présenterait lui-même, en tant que Grand Sacrificateur, dans le Lieu Très Saint. Jésus n'étant pas issu de la tribu de Lévi, ne pouvait être Grand Sacrificateur selon l'ordre lévitique, mais il l'était selon un autre ordre qui est celui de Melkisédek, selon qu'il est écrit : "Dieu l'ayant déclaré souverain sacrificateur selon l'ordre de Melkisédek" (Hébreux 5:10). Et cela "pour toujours" (Hébreux 5:6). 

Une vache rousse 

Mais pourquoi une vache ? Et pourquoi devait-elle être rousse ? Une fois encore, la réponse se trouve au cœur des mots. L'expression "vache rousse" est une traduction de "parah adoumah". Le texte biblique comporte deux mots pour désigner une vache. "Eglah" désigne plus généralement une génisse. "Parah" désigne plutôt un animal adulte. Le texte biblique est précis jusque dans les plus petits détails puisque cet animal était censé représenter le sacrifice de Christ. Or, le texte biblique nous dit que le Seigneur "avait environ trente ans" (Luc 3:23) lorsqu'il débuta son ministère. 

"Parah" vient de "par" qui désigne un jeune taureau. Dans la symbolique biblique, comme dans bien d'autres d'ailleurs, cet animal représente la force et la puissance. Sa femelle, quant à elle, représente son pendant. Une forme de force tranquille. Un animal paisible. Ceci symbolise la façon dont le Seigneur s'est laissé maltraiter, brutaliser, sans broncher mais aussi sans faiblir. Le grec apporte également des éléments supplémentaires quant à la compréhension du choix de cet animal. L’épître aux Hébreux mentionne brièvement le sacrifice de la vache rousse en parlant des "cendres d'une vache" (Hébreux 9:13). Le mot "vache" (en grec "damalis") vient de cet autre mot, "damazo", qui signifie "apprivoiser, dompter, brider, contenir, restreindre". On retrouve ici toute la condition d'un prisonnier, tel que fut traité le Seigneur Jésus par les Romains et ce, jusqu'à sa crucifixion. Le mot "par" (taureau) vient de "parar" qui signifie, entre autres, "être brisé par la souffrance, être rompu, être cassé". Ceci n'est pas sans rappeler le texte d'Esaïe 53 : "Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance... c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé. Et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités... et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris" (Esaïe 53:3 à 5). 

Cette vache dont fait mention le texte de Nombres 19 devait être "adoumah" (rousse). "Adoumah" est le féminin de "Adom" qui désigne la couleur rouge. Ce mot apparaît, dans le texte biblique, à sept reprises, de même que l'expression "parah adoumah" comporte, en hébreu, sept lettres. Signe de quelque chose de parfait et d'accompli, tout comme le sera plus tard le sacrifice de Christ. 

"Adom" est mentionné dans le texte biblique qui relate le rachat du droit d'aînesse par Jacob à son frère Esaü pour un plat de lentilles (adom). Esaü qui sera d'ailleurs appelé également "le roux" (Edom). Edom symbolise également, par extension, les nations. Le sacrifice de Christ est celui du "frère aîné", le "premier d'un grand nombre de frères". Christ donnera sa vie premièrement pour ce peuple dont il est issu, de la race d'Abraham, mais aussi pour tous ceux des nations qui mettraient leur confiance en Lui et en l'accomplissement de son sacrifice. Plus poétique, un autre verset illustre la personne du Seigneur sous la forme du "Bien-aimé" (l’Époux, le Fiancé). "Mon bien-aimé est blanc et vermeil (adom)" (Cantique des Cantiques 5:10). On pourrait, pour comprendre le sens de ce verset, l'associer à cet autre du livre d'Esaïe qui dit : "Pourquoi tes habits sont-ils rouges (adom) et tes vêtements comme les vêtements de ceux qui foulent (le raisin) à la cuve ?... leur sang a rejailli sur mes vêtements et j'ai souillé mes habits..." (Esaïe 63:2, 3). Mais le jeune fiancé du Cantique n'est pas un guerrier qui revient du combat. La signification en est plus bucolique. "Blanc et vermeil (adom)" sont les couleurs des fleurs qui tapissent, un court temps, les régions arides du sud de la Judée lorsque le printemps paraît. Le Fiancé est comparé, dans le Cantique, à l'arrivée du printemps. La mort du Seigneur eut lieu à la période de la Pâque, au mois de Nissan (Mars, Avril). Cependant, l'allusion aux vêtements souillés par le sang n'est pas totalement éloignée du fait qui nous intéresse. Jésus a été fouetté jusqu'au sang. Son corps, après avoir été torturé par les Romains, était méconnaissable, vu le nombre de coups qu'il avait reçu. Pour se moquer de lui, les légionnaires jetèrent sur ses épaules ensanglantées, l'un de leurs manteaux qui était de couleur "écarlate" (Matthieu 27:28). On se souvient également que l'un des noms par lesquels les hébreux désignaient les Romains était "édom" (les rouges), à cause de la couleur de leur tunique. A la lumière de ces différents textes, la couleur requise pour l'animal qui devait être sacrifié "hors du camp" prend du sens. Le frère aîné, l'Époux, le Bien-aimé, ces termes désignent tous "Celui qui devait venir". La couleur "adoumah", quant à elle, désignait à la fois la venue de ce printemps qui devait connaître l'événement le plus important de toute l'histoire de l'humanité depuis sa création jusqu'à sa finalité. Elle annonçait également que le sang coulerait. Le sang d'une victime innocente, sacrifiée, consumée par la douleur. C'était également la couleur des uniformes de ceux qui feraient mourir le "Prince de la paix" (Esaïe 9:5). 
 

 


Un sacrifice sans défaut 

"... Qu'ils t'amènent une vache rousse sans tache, sans défaut corporel... " (Nombres 19:2). Rien de ce qui était présenté comme offrande ou sacrifice à l’Éternel ne pouvait présenter le moindre défaut. La sainteté de Dieu ne pouvant souffrir la moindre déficience. Si nous pouvons venir à Lui, aujourd'hui, tels que nous sommes, pécheurs et remplis d'iniquités, c'est parce que le Seigneur Jésus, dans son absolue perfection, s'est offert lui-même en sacrifice pour nous. L'exigence d'une offrande sans défaut ne tient pas moins à la sainteté de Dieu qu'à l'image que celui qui offre se fait de la valeur de son offrande. Dieu ne peut se contenter d'un "deuxième choix", Lui qui a donné ce qu'Il a de plus précieux, Son propre Fils. Mais le texte original va beaucoup plus loin. 

"Sans tache" (tamyim). Tamyim peut se traduire par : "entier, complet, intègre, sain, innocent, sans défaut". Mais aussi "entièrement en accord avec la vérité et les faits". Ce mot est généralement traduit par : "intègre, sans défaut, de bon caractère, droit, sans reproche, innocent, sincère". Ne retrouve-t-on pas là le caractère même de Jésus ? L'animal ne devait être ni estropié, ni boiteux, ni aveugle, ni borgne. Il ne devait présenter aucune malformation, aucun défaut corporel, aucun caractère belliqueux (Lévitique 22:20). Bref, l'animal dont un propriétaire aurait tiré le meilleur profit s'il avait voulu le vendre. Ce qui donc devait lui "coûter" le plus de s'en défaire. D'autant que cette bête n'était même pas consommée. Elle était brûlée toute entière. C'était le prix à payer pour un sacrifice agréable. Il faut entendre ici le mot "agréable" dans le sens de : "qui puisse être agréé".  

"Parle aux enfants d'Israël et qu'ils t'amènent une vache". C'était le rôle du peuple d'amener à Moïse et Aaron la vache rousse. Mais avant que celle-ci soit amenée, il fallait qu'elle appartienne à quelqu'un. Il fallait donc que le peuple puisse se mettre d'accord sur l'animal, sa qualité, sa valeur. Le propriétaire était en droit de demander une compensation équitable de la part des membres du peuple. Pour tout cela, il leur fallait préalablement trouver un accord amiable. Le choix de l'animal était donc le fruit d'une concertation préalable. Il y avait donc eu, en amont, tout un travail qui s'était opéré parmi le peuple. Moïse et Aaron n'étaient là que pour agréer ou non le choix de l'animal par le peuple. Le sacrifice de la vache rousse était le fruit d'un effort commun. Tous pouvaient ainsi se sentir impliqués et concernés. Tous pourraient ainsi s'y référer. 

"... Et qui n'ai pas porté le joug". Le joug est l'instrument de la servitude. Si le Seigneur a consenti à ce sacrifice, s'il a accepté d'être frappé, humilié, abaissé, moqué, ce n'est pas par faiblesse et encore moins par l'esprit servile d'un esclave qui consentirait volontairement à la punition. Il l'a fait, non par obéissance aux hommes, mais à celle de Son Père, en vue du Salut du Monde. En cela, il démontrait parfaitement qui il était, ainsi que la fiabilité de son caractère : "entier, complet, intègre, sain, innocent, sans défaut", mais aussi "entièrement en accord avec la vérité et les faits". Il était "tamyim" dans le plein sens du terme. "Le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché" (1 Jean 1:7).  

De l'hysope, du bois de cèdre et du cramoisi  

"Le sacrificateur jetait, dans le feu, de l'hysope, du bois de cèdre et du cramoisi" (Nombres 19:6). 

Le sacrificateur trempait une branche d'hysope dans le récipient qui contenait le sang de l'animal et l'aspergeait en direction du Tabernacle. Lorsque les romains ont flagellé le Seigneur Jésus, des gouttes de son sang ont maculé le lieu où il était attaché. C'est l'un des symboles les plus forts du supplice que dut subir le Seigneur, outre les souffrances de sa crucifixion elles-mêmes. Le fait que l'hysope soit jeté dans le feu qui consumait la vache rousse démontre combien ses souffrances, endurées dans la cour du palais où il fut jugé, lui, victime innocente, font pleinement partie intégrante de son sacrifice. 

"Le bois de cèdre" est un bois précieux et particulièrement solide, symbole du caractère et de la Personne de Jésus. Le cèdre répand un parfum comparé, par l'auteur du Cantique des Cantiques, à celui des vêtements de la Sulamithe (Cantique des Cantiques 4:11). Ce qui rappelle ce "sacrifice de bonne odeur" (Éphésiens 5:2 - Philippiens 4:18) et "la bonne odeur de Christ" (2 Corinthiens 2:15). 

"Le cramoisi". Ce mot vient de l'arabe "kirmiz" (rouge foncé). Le "cramoisi" (en hébreu "shaniy") est une texture rougeâtre qui était extraite d'un vers (towla et) qui a la particularité de s'attacher à un arbre pour pondre ses œufs. La femelle s'accroche si fortement à cet arbre qu'elle ne peut plus s'en détacher (image de Christ attaché au bois). Elle pond alors ses œufs et les couve sous elle jusqu'à ce qu'elle meure. Pendant qu'elle meurt, un fluide rougeâtre imprègne son corps, lui donnant cette couleur cramoisie, jusqu'à teinter le bois auquel elle s'est attachée. Il y a ici une image de Christ qui a volontairement accepté que son corps soit attaché à la croix et son sang a teinté le bois de celle-ci. Il est mort pour donner la vie à plusieurs, pour "conduire à la gloire beaucoup de fils" (Hébreux 2:10). David écrira dans le Psaume 22 : "et moi (dit David, prophétiquement, en s'associant aux souffrances futures du Messie) je suis un ver et non un homme" (Psaume 22:7). Ce "ver" (towla et) auquel fait allusion le Psalmiste est celui qui produit cette texture rougeâtre. Esaïe dira pour sa part : "Venez ! Plaidons ! Dit l’Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige, s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine" (Esaïe 1:18). On retrouve ici les couleurs du "Fiancé" du Cantique des Cantiques. "Il s'est donné lui-même pour nous" (Tite 2:14), "pour nos péchés" (Galates 1:4). Lors de son retour en gloire, il paraîtra comme "le Fidèle et le Véritable" (Apocalypse 19: 11), il sera "tamyim" dans le plein sens du terme. "Il était revêtu d'un vêtement teint de sang, son nom est la Parole de Dieu" (Apocalypse 19: 13). 

La branche d'hysope, le bois de cèdre et le cramoisi étaient jetés dans le feu qui consumait la vache rousse. Tous trois étaient donc brûlés avec l'animal. Les traces de fouet, les blessures à la tête provoquées par les épines de la couronne, le sang qui a giclé chaque fois que le fouet a entamé la chair de Jésus... tout cela était jeté, prophétiquement, dans le feu qui consumait le sacrifice. Tout était offert. Tout cela n'était plus qu'un seul et même sacrifice, consumé entièrement, et dont la fumée montait vers Dieu. Tout cela annonçait la venue d'un homme qui incarnerait pleinement cette houqqah, ce mystérieux commandement, dont le sens ne peut apparaître que lorsque l'on y voit "l'ombre des choses à venir et non l'exacte représentation des choses" (Hébreux 10:1) car "le corps est en Christ" (Colossiens 2:17)
 

Cèdre du Liban

 

Branche d'Hysope

 

Le cramoisi est tiré de cochenilles écrasées


La dimension messianique d'une Nouvelle Alliance  

Le psaume 22 est généralement considéré comme l'un des Psaumes messianiques. Celui-ci particulièrement. Il y est écrit : "De nombreux taureaux (par) sont autour de moi, des taureaux (abbiy) de Basan m'environnent" (Psaume 22:13). "Abbiy" peut se traduire par "puissants, vaillants, des princes, des ennemis"Ce mot peut être utilisé à la fois pour "des hommes, des anges ou des animaux". D'une certaine façon, les trois étaient présents lorsque Jésus fut crucifié. Les légions romaines avaient, sur leurs emblèmes, diverses représentations d'animaux. Ces vexillum symbolisaient les diverses divinités censées les protéger. Plusieurs légions, dont certaines demeuraient en Judée lorsque Jésus fut crucifié, arboraient, sur leurs emblèmes, ce bovidé. Il se peut que les taureaux des légions Frétensis et Macedonica, qui étaient en Judée à l'époque de Jésus, étaient, eux aussi, tout comme la croix des suppliciés, plantées sur la colline où fut crucifié le Seigneur. Mais son agonie et sa mort sur la Croix lui donnaient également une pleine victoire contre les puissances des ténèbres et leur prince, Satan lui-même. Les anges plongèrent leurs regards sur ce qui devait être l'événement le plus crucial de toute l'histoire de l'humanité, avec la résurrection du Seigneur. En cela, ces "taureaux de Basan" qui entouraient le Seigneur étaient tout à la fois "des hommes, des anges et des animaux".  

Jésus fut "sorti hors du camp", de la ville de Jérusalem où on l'avait jugé, lui qui était "tamyim (intègre, sans défaut, innocent, de bon caractère, sincère, droit, sans reproche", mais aussi "entièrement en accord avec la vérité et les faits". Sa vie, son sacrifice, réalisaient ce que les Écritures avaient annoncé de Lui.  

Les cendres de la vache rousse 

"Un homme pur recueillera la cendre de la vache et la déposera hors du camp dans un lieu pur. Celui qui aura recueilli la cendre de la vache lavera ses vêtements et sera impur jusqu'au soir. Ce sera une loi perpétuelle pour les enfants d'Israël et pour l'étranger en séjour au milieu d'eux" (Nombres 19:9, 10). Une fois encore, ce texte prend tout son sens  lorsqu'il est lu à la lumière de la Nouvelle Alliance et du Sacrifice de Yeshoua HaMashiah, le Seigneur Jésus-Christ. Comme je l'ai dit plus haut, selon la tradition rabbinique, cet "homme pur" c'est le Massiah. Mais lorsqu'on lit le récit de la crucifixion, un événement semble venir se "coller" à ce texte du livre des Nombres. Avant d'aborder ce sujet, il nous faut d'abord voir la signification du mot "recueillir" (acaph), qui peut se traduire par "recueillir, recevoir, enlever, rassembler, réunir, retirer"

Matthieu, Marc, Luc et Jean apportent chacun un témoignage de la façon dont le corps de Jésus a été retiré de la croix et mis au tombeau. Voici ce que dit Matthieu : "Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le lui remettre. Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc et le déposa dans un sépulcre neuf qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis, il roula une grande pierre à l'entré du sépulcre" (Matthieu 27:57 à 60). Il se peut fort bien que cet "homme pur" dont parle le livre des Nombres ne soit autre que Joseph d'Arimathée. Dans le livre des Nombres, cet "homme pur" chargé de "recueillir les cendres de la vache rousse" incarnait, prophétiquement, le rôle que jouerait Joseph d'Arimathée, "conseiller de distinction" (Marc 15:43), après la mort du Seigneur. Joseph d'Arimathée "reçut" l'autorisation, par Pilate, "d'enlever" le corps de Jésus. Il se chargea alors de le "retirer" de la croix (Deutéronome 21:23). "Joseph descendit Jésus de la croix" (Marc 15:46). Le texte de l’Évangile fait mention d'un "linceul blanc". Ce linceul était neuf, sa blancheur en atteste. Mais un détail échappe à la traduction. Le mot "blanc", dans le texte grec, est katharos"un mot qui se traduit généralement par "pur" (comparer Apocalypse 19:14). Ce drap n'était pas seulement d'une blancheur immaculée, il était également conforme à la pureté rituelle exigée pour envelopper une dépouille selon le rite judéen, en conformité avec les exigences thoraïques. Ainsi, ce qui peut paraître un détail mentionné par l'auteur de l’Évangile est en réalité un élément indispensable quant au bon déroulement de l'ensevelissement du corps du Seigneur. Le corps du Seigneur était pur de tout péché, bien qu'il ait été "pendu au bois" (ce qui était considéré comme une malédiction). Le linceul dans lequel fut enveloppé sa dépouille était également "pur". Et le lieu où son corps serait déposé devait l'être également. 

Le "lieu pur" dont parle le livre des Nombres, c'est justement ce "sépulcre neuf"c'est à dire un sépulcre qui n'avait jamais été utilisé auparavant pour une autre sépulture (Luc 23:53 / Jean 19:41). Si ce lieu avait déjà été utilisé pour une sépulture antérieure, il n'aurait plus été un "lieu pur". Ce "lieu pur" devait être "hors du camp". Il était effectivement hors des murs de Jérusalem, dans un lieu dit "le jardin" (Jean 19:41, 42). Matthieu et Marc mentionnent un détail qui n'est pas sans importance. L'entrée du tombeau était obturée par une grosse pierre (Matthieu 27:60 / Marc 15:46). Cela semble tomber sous le sens qu'une sépulture soit fermée. Mais la mention de ce détail omet de signifier un élément important. En parallèle avec le texte des Nombres où il est fait mention de "déposer les cendres dans un lieu pur", il fallait que le lieu où était déposé la dépouille de Jésus demeure un lieu pur, conformément aux recommandations sur la "vache rousse". Or, pour que ce lieu demeure effectivement un "lieu pur" (ce que n'est pas un tombeau), il fallait que, selon le rite lévitique, il soit fermé hermétiquement. Notre texte de Nombres 19 mentionne qu'un "vase découvert (dans un lieu où survient un décès, où repose une dépouille), sur lequel il n'y aura pas de couvercle attaché, sera impur" (Nombres 19:15). On peut faire le parallèle entre ce "vase" (qui est, dans la pensée hébraïque, un symbole du corps humain) et le tombeau. Or, le tombeau fut "scellé" (Matthieu 27:66). Ainsi, pour que le parallèle entre "le lieu pur", où les cendres de la vache rousse étaient déposées, et le tombeau où fut posé le corps de Jésus soit conforme, il fallait que ce tombeau n'ait jamais été utilisé, qu'il soit fermé hermétiquement et soit scellé. Ce qui fut fait. Chacun de ces actes posés par Joseph d'Arimathée, se conformait prophétiquement à l'accomplissement du rite de la vache rousse. On peut donc dire qu'il fut, de par ses actes, "l'homme pur" dont parle le chapitre 19 du livre des Nombres. Et c'est justement parce qu'il a accompli prophétiquement le rituel de la vache rousse qu'il demeura, malgré son contact avec un corps mort, un "homme pur"

Ce même texte du livre des Nombres nous dit que "le sacrificateur (qui aura ramassé les cendres de la vache rousse) lavera ses vêtements et lavera son corps dans l'eau puis il rentrera dans le camp et sera impur jusqu'au soir" (Nombres 19:8). En gardant ce parallèle entre "l'homme pur" et Joseph d'Arimathée, on peut imaginer que celui-ci devait avoir ses vêtements tachés du sang de notre Seigneur. Après l'avoir détaché de la croix, l'avoir transporté, l'avoir enveloppé dans un linceul, ses vêtements étaient souillés. Ses bras, son visage devaient être maculés de sang séché. C'était le soir de Shabbat. Tout comme "l'homme pur", il lava son corps et changea de vêtements. Ce soir de shabbat serait, pour lui et pour toujours, un soir inoubliable. Même si, rituellement, et comme le dit le livre des Nombres, il serait "impur jusqu'au soir", il n'en était pas moins devenu pleinement "l'homme pur" annoncé prophétiquement par Moïse (Nombres 19:9). La cendre de la vache rousse serait mélangée à de l'eau pure. Cette eau mélangée de cendre devenait ainsi "une eau de purification, une eau expiatoire" (Nombres 19:9, 12). C'est peut-être à cette eau que l'apôtre Jean fait allusion dans son épître (1 Jean 5:6, 8).  

Ainsi, tout contact avec un mort rendait impur (tame) pendant sept jours (Nombres 19:11). Rituellement, selon la Thora, Joseph aurait été impur pendant une semaine. Il n'aurait donc pu participer à la fête de la Pâque. Mais ce qu'il a fait relevait d'une autre loi, celle de la vache rousse. Ainsi, bien qu'il ait été en contact avec un corps mort (celui de Jésus), il n'en demeurait pas moins "pur" selon les ordonnances lévitiques. Ainsi, il est écrit : "un homme pur prendra de l'hysope et la trempera dans l'eau, puis il en fera l'aspersion... sur les personnes qui sont là, sur celui qui a touché des ossements, ou un homme tué, ou un mort, ou un sépulcre" (Nombres 19:18). Joseph avait effectivement touché les trois. En cela, la loi de la vache rousse est vraiment une houqqah dans le sens où un hoq (un commandement de houqqah) présente une forme de mystère. C'est un commandement dont le sens n'est pas forcément accessible à la compréhension humaine. La nécessité du sacrifice de Christ n'avait pas encore été révélée. Le véritable sens de la loi sur la vache rousse ne pouvait donc être accessible. Et tant que ce mystère demeurait, le rôle de "l'homme pur" ne pouvait être révélé. Mais lorsque Joseph descendit le corps de Jésus de la croix, le rôle de "l'homme pur" prenait alors tout son sens. 
 


Une loi perpétuelle pour les enfants d'Israël et pour l'étranger 

Voyons maintenant le récit de Marc. "Le soir étant venu, c'était la préparation, c'est à dire la veille du Shabbat. Arriva Joseph d'Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort si tôt. Il fit venir le centurion et lui demanda s'il était mort depuis longtemps. S'en étant assuré par le centurion, il donna le corps à Joseph. Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du linceul et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis, il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla" (Marc 15:42 à 46). Ce centurion, c'était celui qui était au pied de la croix où Jésus fut crucifié et qui fut également le témoin de sa mort effective. Ce même centurion qui fit cette confession : "Assurément, cet homme était Fils de Dieu" (Matthieu 27:54). Pilate ignorait alors que ce centurion, qui lui assurait la mort effective de Jésus, était devenu depuis peu son disciple.  

J'en reviens au texte des Nombres. Il est écrit : "Ce sera une loi perpétuelle pour les enfants d'Israël et pour l'étranger en séjour au milieu d'eux" (Nombres 19:10). En quoi le rite de la vache rousse influe-t-il sur "l'étranger au milieu du peuple d'Israël" ? Il y a là, également, un mystère qui ne fut révélé aux disciples qu'après la Pentecôte. Le salut serait désormais accessible également aux païens. Il n'était plus une exclusivité du peuple hébreu. Une "Nouvelle Alliance en son sang" (Luc 22:20) avait été conclue. Une "alliance éternelle" (Hébreux 13:20) dans laquelle les non-juifs étaient invités à entrer. La notion de "pureté rituelle" occupait cependant une place importante dans la pensée des disciples de Yeshoua. Mais les non-juifs qui croyaient au Dieu d'Israël avaient également développé cette sensibilité, tel Corneille, cet autre centurion romain qui était, selon l'expression usuelle, un "craignant Dieu"

"Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion dans la cohorte dite italienne. Cet homme était pieux et craignait Dieu... il priait continuellement... un ange de Dieu entra chez lui et lui dit : Tes prières sont montées vers Dieu...". A Joppé, Dieu parla à Pierre et lui dit : "Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé" (Actes 10:1, 3, 15). Pierre "ne savait que penser...". Il était "à réfléchir sur le sens de la vision". Arrivé chez Corneille, il reconnaîtra : "Dieu m'a appris à ne regarder aucun homme comme souillé ou impur". L'apôtre Paul affirmera plus tard que "le salut a été envoyé aux païens" (Actes 28:28) et qu'il leur est désormais "devenu accessible" (Romains 11:11). L'Écriture prévoyant déjà que "Dieu justifierait les païens par la foi" (Galates 3:8), les apôtres les reconnaîtront ainsi comme des "frères d'entre les païens" (Actes 15:23). 

Très rapidement, les chrétiens issus des nations devinrent plus nombreux que les "fils d'Israël" à croire en Jésus. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Les dix premières années de la naissance de l'Église de Christ, les disciples issus des nations étaient fortement minoritaires. Lorsque Jésus fut crucifié, le motif de sa condamnation fut inscrit en haut de la croix "en hébreu, en grec et en latin" : "Jésus de Nazareth, roi des Juifs" (Jean 19:19, 20). Elle était ainsi rédigée comme "une loi perpétuelle pour les enfants d'Israël et pour l'étranger en séjour au milieu d'eux" (Nombres 19:10). Pour tous les Juifs et les non-juifs, qu'ils soient Romains, grecs, ou d'ailleurs (Actes 2:5 à 11). 

L'eau de purification 

"Un homme pur recueillera la cendre de la vache... on la conservera pour l'assemblée des enfants d'Israël afin d'en faire de l'eau de purification, c'est une eau expiatoire" (Nombres 19:9). "Eau de purification" se dit "lemê niddah". "Niddah" peut se traduire par "impureté, chose impure, ce qui est souillé", ainsi que par "menstruations, flux menstruel"ou encore par "idolâtrie, immoralité" (Ézéchiel 7:20). C'est un terme très fort généralement traduit, dans la Bible, par les mots "indisposition, flux menstruel, purification, impur, souillé" (Lévitique 15:19 à 33). Les termes d'idolâtrie et d'immoralité sont associés puisque, dans la Bible, l'idolâtrie est considérée comme une forme d'adultère envers le Dieu d'Israël. La prostitution sacrée était également étroitement liée aux cultes idolâtres (Ézéchiel 18:6 / 36:17). La pratique de relations intimes pendant la période de menstruation était prohibée par la loi mosaïque mais pratiquée par les nations païennes (Esdras 9:11). Le sacrifice de la vache rousse a donc ici un autre rapport avec le sang. Mais ce n'est plus celui de la victime dont il est question ici, mais du sang provenant des menstruations. Il ne s'agit bien évidemment pas, ici, de porter un quelconque jugement de valeur mais de chercher à comprendre ce que dit le texte sur cette "eau de purification". Mais comme toujours, le message prophétique recèle une promesse de rétablissement lorsque le Seigneur aura établi son règne sur la Terre "en ces jours-là" (Zacharie 13:1). Et ce temps approche. En ce jour où je termine la rédaction de cet article, j'apprends que le rabbin en charge de l'Institut du Temple de Jérusalem a annoncé "être en possession de deux génisses rousses dont ils pourront récupérer les cendres pour la purification des sacrificateurs". Lorsque le Seigneur sera venu, "il leur expliquera toutes choses". Le peuple juif comprendra alors pleinement le sens de ce qui n'était que "l'ombre des choses à venir" (Hébreux 8:5). 
 


Luc, au début de son évangile, nous fait ce récit : "Le huitième jour auquel l'enfant devait être circoncis était arrivé, on lui donna le nom de Jésus... et quand les jours de purification (lévitique 12:1 à 8) furent accomplis selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, suivant ce qui est écrit  dans la loi du Seigneur... et pour offrir en sacrifice... comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur... et comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard tout ce qu'ordonnait la loi..." (Luc 2:21 à 24, 27). Il est intéressant de souligner que Luc, qui n'était pas Juif, associe ici "la loi de Moïse" et "la loi du Seigneur". Les parents de Jésus étaient respectueux des prescriptions mosaïques. Il fallait qu'il en soit ainsi pour que le ministère futur de Jésus puisse être validé, en conformité avec la loi mosaïque qui, faut-il le rappeler, réglementait toute la vie quotidienne du peuple juif. Si la notion de "sanctification" nous est familière, celle de "pureté" et "d'impureté" l'est peut-être beaucoup moins. Elle peut même nous paraître aujourd'hui désuète. Elle ne l'était cependant pas pour les contemporains de Jésus. Et comme je l'ai dit plus haut, elle ne l'était pas moins pour Lui et pour ses disciples. Si ceux-ci ne se pliaient pas au ritualisme des traditions, pratiqué par les Pharisiens et les différents courants religieux de leur époque, ils n'en étaient pas moins respectueux de ce qu'enseignait la Thora. A la naissance de Jésus, ses parents observèrent scrupuleusement les ordonnances mosaïques relatives à la naissance d'un enfant (Lévitique 12:1 à 8). Ils ne manquèrent pas de les lui enseigner lorsqu'il était un petit enfant. Mais il ne tarda pas à leur démontrer que, non content de les pratiquer, il les incarnait parfaitement. Il leur en fit une pleine démonstration lorsqu'il leur répondit : "Il me faut m'occuper des affaires de mon Père" (Luc 2:49).  

Bien que cela ne puisse rendre toute la dimension de ces mots "pur" et "impur", on pourrait faire un parallèle avec des notions plus modernes d'hygiène, de stérilisation, d'asepsie, de prophylaxie et de désinfection, même si celles-ci ne possèdent pas la dimension spirituelle que leur octroient les Écritures. Ces notions de pureté et d'impureté ne sont d'ailleurs pas strictement constitutives de la loi mosaïque puisqu'elles étaient déjà connues des Patriarches antédiluviens (Genèse 7:2). Fort heureusement, la langue grecque dans laquelle a été rédigé une partie du Nouveau Testament, le "koïné", nous apporte des éclaircissements fort utiles quand à la compréhension de ces notions. Or, ce mot "koïné" signifie justement "ce qui est commun, appartenant à la généralité", mais aussi "ce qui est souillé". Lorsque l’épître aux Hébreux nous parle du "sang des taureaux et des boucs et de la cendre d'une vache (qui) procurent la pureté de la chair" (Hébreux 9:13), il utilise le mot "katharotes" qui peut se traduire par "pureté, propreté", dans le sens lévitique du terme. Ce mot vient de "katharos" qui signifie "propre, purifié par le feu", mais également "pur" dans le sens de ce qui n'est pas interdit. Dans un sens moral : "dénué de péché, de culpabilité, refus de tout mélange avec ce qui est faux, sincère, véritable, sans reproche, innocent". On retrouve ici la notion hébraïque du "Tamiym" qui, comme je l'ai dit plus haut, décrit le caractère de Jésus. De plus, la notion de purification par le feu (katharos) rappelle que la vache rousse était entièrement et totalement consumée. 

A l'inverse, le mot "impur", en grec, se dit "akathartos" ("ce qui n'est pas nettoyé, ce qui est sale, impur"). Dans un sens moral : "ce dont on doit s'abstenir". Ce mot vient de "kathairo", qui signifie "nettoyer, enlever la saleté, les impuretés" et, dans un sens métaphorique : "enlever la culpabilité, expier". Les notions de pureté et d'impureté apparaissent ainsi beaucoup plus claires lorsqu'on les aborde d'un point de vue moral et spirituel. Le choix de l'animal et la façon dont il est sacrifié paraissent plus compréhensibles à la lumière de ce que les textes nous disent. Assurément, les Écritures s'interprètent par elles-mêmes. Jésus est Celui qui ôte le péché du monde (Jean 1:29)

Un vieux débat

Mais que peut-on bien avoir à faire de cette "vache rousse" lorsque l'on est "issu des nations" et que l'on considère cette "prescription" comme obsolète, vestige d'un système dépassé ? Un vieux conflit divise, sépare et oppose partisans de la "Grâce" et de la "Loi". Certains prétendent que la Loi a été abrogée avec la Nouvelle Alliance, d'autres soutiennent au contraire qu'elle est toujours en vigueur et doit être appliquée. Certains, et ils ont raison, rappellent les paroles du Seigneur : "Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir". D'autres brandissent ce passage qui dit que "il supprime ainsi la première chose pour établir la seconde" (Hébreux 10:9). Il nous faut cependant considérer la Parole de Dieu telle qu'elle est, c'est à dire intemporelle et éternelle. Le lecteur pourra alors "plonger ses regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté" (Jacques 1:25). Mais l'Eglise elle-même n'a-t-elle pas institué tout un système de règles et de traditions qui n'ont plus que peu de rapport avec l’Évangile tel qu'il fut enseigné par les apôtres ? Certaines assemblées ne fonctionnant que par "règle sur règle, précepte sur précepte" (Esaïe 28:10). J'en reviens donc à ce verset qui dit : "Il supprime ainsi la première chose pour établir la seconde" (Hébreux 10:9). Encore une fois, nous sommes confrontés ici à une traduction qui sous-tend une opinion. Mais est-ce vraiment le sens de ce passage ? 

"Il supprime (en grec : "anaireo")...". Ce mot peut être traduit par "arracher, enlever de la terre, rejeter, abolir, éliminer des coutumes ou des ordonnances abrogées, sortir du chemin, tuer un homme". Et donc, effectivement, le sens choisi est : "rejeter, abolir, éliminer des coutumes et des ordonnances". Sauf qu'on ne retrouve cette traduction nulle part ailleurs, dans aucun autre texte des Écritures. Il n'y a que dans ce passage qu'il est traduit ainsi. Partout ailleurs il est traduit par "tuer, faire mourir". Oui, assurément, il fallut qu'un homme fut mis à mort pour que soit instituée "la seconde". Le souverain sacrificateur devant qui Jésus fut jugé n'a-t-il pas dit : "II est avantageux qu'un homme meure pour tout le peuple" (Jean 18:14) ? 

Conclusion

Luc nous dit que "Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens de faire mourir (anaireo) Jésus..." (Luc 22:2). Pierre, dans son discours à la Pentecôte, dira : "Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir (anaireo) par la main des impies" (Actes 2:23). Par sa mort, Jésus a accompli "tout ce qui était écrit de lui" (Actes 13:29). Et même si l'auteur de l’Épître aux Hébreux fait rapidement mention "des cendres d'une vache" (Hébreux 9:13), ce passage de l'Écriture n'en est pas moins une préfiguration de la mort du Seigneur Jésus-Christ sur la Croix.

Ce passage de l'Écriture demeurera un "mystère" pour ceux qui ne voient pas, en Yeshoua, le Massiah. Quant à ceux qui ne voient, dans ces textes, que des ordonnances obsolètes, dépassées, il ne pourront pas non plus y discerner ce que Dieu veut enseigner à son peuple sur le sacrifice de son Fils, ainsi que la façon dont celui-ci était déjà présenté, en symboles et en détails dans les Écritures. Et cela, depuis des siècles. "Mais lorsque les cœurs se convertissent (vraiment) au Seigneur (et qu'ils Le reconnaissent dans la globalité de Sa révélation), le voile est ôté" (2 Corinthiens 3:16). Le véritable sens du sacrifice de la vache rousse peut alors être pleinement dévoilé. 

JiDé

La vache rousse
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