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Josué : Le jour où le soleil s'arrêta

Josué : Le jour où le soleil s'arrêta

Un article paru en 1970 dans la revue Avionic News, intitulé "Il manque 24h au calendrier de l'Univers", faisait mention de techniciens de Green Belt qui, voulant calculer les positions futures du soleil, avaient introduit les différentes positions de celui-ci durant les siècles précédents. Mais en cours d'opération, l'ordinateur ayant identifié une anomalie se bloqua net (c’était un ordinateur des années '60). Il manquait une durée de 24 heures dans les informations qui lui avaient été fournies. L'un des techniciens se souvint alors d'un récit biblique qui lui avait été raconté, à l'église, lorsqu'il était enfant. Il conta à ses collègues l'histoire du soleil qui s'était arrêté sur la ville de Gabaon, lors de la conquête de Canaan, à l'époque de Josué. Après révision des calculs, ils arrivèrent à une durée de 23 heures et 20 minutes qu'ils purent ajouter dans les bases de données de l'ordinateur. Mais il manquait toujours quarante minutes... L'homme se souvint alors d'un autre récit biblique mentionné celui-là dans le deuxième livre des Rois, où il était fait mention de l'ombre qui avait reculé sur les marches d'un édifice servant à calculer les heures de la journée (2 Rois 20:11 ; Esaïe 38:8). Le recul de l'ombre sur les marches devait correspondre aux quarante minutes restantes. Après que ces informations aient été introduites dans les données de l'ordinateur, celui-ci pu reprendre ses opérations. Une étude de l'horloge astronomique de l'Univers aurait ainsi permis de retrouver ce "temps suspendu" dont font mention ces deux récits bibliques. Ce récit est couramment relayé dans notre littérature et nos revues, mais est-il véritablement conforme avec le texte biblique ?... Je reviendrai sur ce sujet à la fin de cet article. 

Une éclipse solaire

Un article du 17 Janvier 2017 du Times of Israël annonçait que trois scientifiques israéliens de l'Université Ben Gourion, à Beer-Shev'a, venaient de déterminer la date exacte de la bataille de Gabaon : le 30 Octobre de l'an 1207 avant notre ère. Le récit biblique faisant mention du soleil et de la lune, ces trois chercheurs interprétèrent le phénomène astronomique mentionné dans le texte comme étant la manifestation d'une éclipse solaire partielle (ce genre d'éclipse ne survient que lorsque la lune ne recouvre que partiellement le disque solaire). Or, il n'y a eu, dans cette région du Monde, qu'une seule éclipse solaire entre l'an 1500 et l'an 1000 avant notre ère. Ils en conclurent donc que le phénomène astronomique relaté dans le livre de Josué en était bien une. Ces recherches leur permirent de redéfinir les dates des règnes des deux Pharaons égyptiens de l'époque de Moïse et de Josué : Ramsès II et son fils Merenptah. 

Cette même année, une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge, en Angleterre, annonçait également avoir identifié la date du récit biblique mentionné dans le livre de Josué, confirmant la date avancée par les israéliens. Les résultats de leurs travaux furent publiés le 31 Octobre 2017 dans un article de ce même journal. Selon l'un des auteurs de cet article, le physicien britannique Colin Humphreys, du Département scientifique et matériaux de cette prestigieuse université, l'expression "arrête-toi" ("dôm" dans le texte hébreu original) aurait la même racine que le mot babylonien utilisé dans les textes astronomiques anciens pour décrire une éclipse solaire comme le décrit, par exemple, le prophète Amos : "En ces jours-là, dit le Seigneur, l'Eternel, je ferai coucher le soleil à midi, et j'obscurcirai la terre en plein jour" (Amos 8:9). le Professeur Colin Humphreys est enseignant, conférencier, directeur de recherche à l'université de Cambridge et maître de conférence à Oxford. Il effectue parallèlement des recherches sur les événements historiques anciens à l'aide de la science et des technologies les plus récentes. Selon lui, "Dieu travaille souvent dans et à travers la nature pour atteindre ses objectifs. Le miracle réside souvent dans le timing d'un événement". Selon le Professeur Humphreys, les traductions interprètent généralement ce phénomène comme si le soleil et la lune s'étaient immobilisés. Se référant au texte hébraïque d'origine, lui et son équipe en ont plutôt conclu que ces deux astres avaient cessé de briller. C'est également à cette conclusion qu'en étaient arrivés les israéliens qui avaient traduit "dôm" par "s'obscurcir" (Josué 10:13). L'historicité de l'un des récits bibliques les plus contestés par la Critique biblique a été ainsi reconnu par l'un des plus éminents enseignants de l'une des plus prestigieuses université du Royaume-Uni. 

David dit dans un Psaume : "Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit pas entendu : leur retentissement parcourt toute la Terre, leurs accents vont aux extrémités du Monde" (Psaume 19:3 à 5). Les scientifiques reconnaissent aujourd'hui que la lumière émet des sons, et que des vibrations nous parviennent du fin fond de l'Univers sous forme de cantilène (chant nostalgique monocorde). Les vibrations émanant du soleil participent à la rotation de la Terre sur elle-même. Une modification de ces vibrations a donc pu ralentir la rotation de la Terre, prolongeant ainsi la durée diurne de ce jour de combat.

En résumé

Mais de quoi est-il question, exactement ? Quel est donc ce récit qui suscite autant d'interrogation (et de railleries) ? Que s'est-il donc passé ce 30 Octobre de l'an 1207 avant notre ère (si tant est que cette date soit exacte) ? Le dixième chapitre du livre de Josué, dans la Bible, nous conte un événement survenu lors de la conquête de la terre de Canaan par les Hébreux, sous la conduite de Josué, le successeur de Moïse. Le texte nous dit que les habitants de la ville de Gabaon, principale cité du peuple Hivite (les Héviens dans la version Segond ; Josué 11:19), lui-même membre de la nation Amoréenne (2 Samuel 21:2), craignant les Hébreux, avaient usé d'un subterfuge pour contracter une alliance de soutien mutuel avec ceux-ci (Josué 9:1 à 15). Trois jours plus tard, les Hébreux découvrirent que les Gabaonites les avaient trompés sur leur véritable identité, mais ils ne purent les toucher à cause de l'engagement qu'ils avaient contracté. Les villes voisines, se sentant trahies par les habitants de l'une des plus puissantes cités de leur région (Josué 10:2), se coalisèrent pour l'attaquer (Josué 10:3 à 5). Les Gabaonites demandèrent alors le secours de leurs nouveaux alliés. Tenue de respecter ses engagements à leur égardl'armée de Josué se mit en route pour Gabaon et l'atteignit à l'aube (Josué 10:6, 7). L'Eternel assura Josué qu'il leur donnerait la victoire contre leurs ennemis (Josué 10:8 à 10). L'Eternel fit tomber une pluie de grêlons sur les Amoréens qui périrent ainsi en plus grand nombre que ceux qui moururent par l'épée. La chute de pierres de grêle pourrait bien correspondre à une chute de météorites venant de l'espace, celles-ci pouvaient fort bien être gelées, ce qui n'est pas sans rappeler l'une des plaies qui frappa l'Egypte (Josué 10:11 ; Exode 9:22 à 26). D'anciens récits en Grèce, en Chine et au Mexique évoquent également ce phénomène. Gabaon s'appelle aujourd'hui El-Jib, c'est aujourd'hui un village arabe, à 10 kilomètres au nord Ouest de Jérusalem.  

Le récit nous dit que ce jour de victoire, "Josué parla à l'Eternel... et il dit en présence (du peuple) d'Israël : "Soleil, arrête-toi sur Gabaon, et toi, lune, sur la vallée d'Ajalon ! Et le soleil s'arrêta, et la lune suspendit sa course, jusqu'à ce que la nation (d'Israël) ait tiré vengeance de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit dans le livre du Juste ? Le soleil s'arrêta au milieu du ciel et ne se hâta pas de se coucher presque tout un jour. Il n'y a pas eu de jour comme celui-là, ni avant ni après, où l'Eternel ait écouté la voix d'un homme, car l'Eternel combattait pour Israël" (Josué 10:12 à 14). C’est à ce texte qu'aurait fait référence ce technicien, en 1970, lorsqu'avec ses collègues, il tentait d'introduire les positions du soleil dans le programme spatial sur lequel ils planchaient alors. 

L'Univers est dans Sa main

Les Ecritures font, à de nombreuses reprises, référence à la cosmologie. Jésus n'a-t-il pas dis lui-même que Dieu "fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons" (Matthieu 5:45) ?

Le soleil s'est-il arrêté de tourner ? La Terre a-t-elle ralenti sa vitesse de rotation ? "Car rien n'est impossible à Dieu", nous dit Luc (Luc 1:37). Job ne dit-il pas également : "Il commande au soleil, et le soleil ne paraît pas, il met un sceau sur les étoiles" ? Le prophète Habacuc écrit : "Le soleil et la lune s'arrêtent dans leur demeure" (Habacuc 3:11). N'est-ce pas Lui qui "seul étend les cieux... il a créé la Grand Ourse, l'Orion et le Pléiades, et les étoiles des régions australes. Il fait des choses grandes et insondables, des merveilles sans nombre" (Job 9:7 à 10). Et pourtant, "les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir" (1 Rois 8:27 ; 2 Chroniques 2:6). Job dit également : "Il (Dieu) parle au soleil et le soleil ne se lève pas, et sur les étoiles il met son sceau" (Job 2:7, Darby). L'idée que Dieu ait pu modifier, pour un temps, la vitesse de rotation de la Terre est donc conforme à ce que disent les Ecritures. Cette hypothèse est donc tout à fait envisageable, si toutefois c'est de cela qu'il s'agit. Le Psalmiste écrit : "Louez-le, soleil et lune ! Louez-le, vous toutes étoiles lumineuses !... car il a commandé, et ils ont été créés. Il les a affermis pour toujours et  à perpétuité" (Psaume 148:3 à 6). Ce qui fait dire à l'apôtre Paul dans son épître aux Colossiens : "Toutes choses subsistent en Lui" (Colossiens 1:17). Et l'auteur de l'épître aux Hébreux ajoute : "Soutenant toutes choses par sa parole puissante" (Hébreux 1:3). Il suffirait que Dieu cesse de désirer l'existence de l'univers et il disparaîtrait en un instant ! Les étoiles, les innombrables galaxies de l'Univers ont été créées et disposées selon le bon vouloir de Sa volonté souveraine, et dans ce vaste univers, le soleil et la lune ne sont que des grains de poussière (Psaume 148:1 à 6). David dit dans un Psaume : "Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains" (Psaume 19:2). Si cet épisode du livre de Josué attire particulièrement l'attention, les Ecritures ne cessent de proclamer la souveraineté de Dieu sur Sa Création. Car on ne peut ni le nier, ni l'ignorer : les cieux et la Terre appartiennent à l'Eternel. C'est ce que dit le premier verset de la Bible : "Au commencement, Dieu créa les Cieux et la Terre" (Genèse 1:1). Ce à quoi le Psalmiste répond, comme en écho : "À toi est le jour, à toi aussi la nuit, toi tu as établi la lune et le soleil" (Psaume 74:16, Darby). Les œuvres de Dieu peuvent surprendre, Esaïe dit ainsi : "Car l'Eternel se lèvera... il s'irritera comme dans la vallée de Gabaon, pour faire son œuvre, son œuvre étrange, pour exécuter son travail inouï" (Esaïe 28:21). Si le Créateur maintient en existence les milliards de galaxies qui peuplent l'Univers, il est également capable de "ralentir" la vitesse de rotation d'une petite planète comme la Terre, voire même celle du soleil. Mais la question qui se pose ici n'est pas tant de savoir quel phénomène astronomique a pu se produire à telle ou telle date, que de comprendre un peu mieux ce que nous dit l'auteur au travers de ce texte.

Le récit

Les Babyloniens disposaient depuis fort longtemps d'une connaissance avancée en astronomie. Ils avaient compris, bien avant Galilée, que la Terre tournait sur elle-même, et bien avant Copernic qu'elle était en orbite autour du soleil. Il est moins sûr que les Hébreux (qui venaient de passer quatre siècles en Egypte) aient disposé d'une telle connaissance (les Egyptiens divinisaient le soleil et avaient une conception plus ésotérique de l'astre solaire). Les Hébreux n'acquerront ces connaissances que lors de leur exil en Babylonie. Tenant compte de la cosmologie des Hébreux ainsi que de l'époque de rédaction (après la mort de Josué - Jos. 24:29), bien avant l'exil babylonien, les notions de rotation de la Terre sur elle-même et autour du soleil leur sont alors fort probablement inconnues. Ainsi, l'idée que le soleil puisse "s'arrêter" dans le ciel pouvait leur sembler vraisemblable, même si Esaïe parle d'une "œuvre étrange" et d'un "travail inouï" (Esaïe 28:21). Certains commentateurs préconisent une lecture "allégorique" de ce récit. C'est une hypothèse de facilité. On ne peut raisonnablement nier qu'un phénomène astronomique hors du commun s'est bel et bien produit ce jour-là. Et comme le dit l'auteur : "Il n'y a pas eu de jour comme celui-là, ni avant ni après" (Josué 10:14). Cependant, contrairement à ce que pensent certains, ce phénomène astronomique n'a pas favorisé la victoire des Hébreux sur leurs ennemis puisque celle-ci leur était déjà acquise. En effet, le texte nous dit que "l'Eternel les mit en déroute devant Israël, et Israël leur fit éprouver une grande défaite près de Gabaon... et le battit jusqu'à Azéka... Comme ils fuyaient devant Israël... l'Eternel fit tomber sur eux de grosses pierres jusqu'à Azéka, et ils périrent ; ceux qui moururent par les pierres de grêle furent plus nombreux que ceux qui furent tués avec l'épée par les enfants d'Israël. Alors Josué parla à l'Eternel, le jour où l'Eternel livra les Amoréens aux enfants d'Israël, et il (Josué) dit en présence de tout Israël :..." (Josué 10:10 à 12). Le phénomène astronomique (que ce soit une éclipse du soleil ou autre chose) qui est décrit dans ce récit ne s'est produit qu'après que les Amoréens aient été totalement vaincus par les Hébreux. Ce phénomène n'est donc en rien responsable de leur victoire. 

Le récit du livre de Josué fait également mention d'un ouvrage appelé "le livre du Juste", ou "livre de Jashar" (Josué 10:13) qui, selon Rachi, était un ouvrage poétique dont le récit était chanté. Cet élément n'est pas à négliger. Cet événement était donc relaté dans ce livre (la forme interrogative : "Cela n'est-il pas écrit ?" est un hébraïsme qui indique une affirmation). Relate-t-il les paroles de Josué ou est-ce Josué qui en aurait cité un extrait en assistant à ce phénomène astronomique ? Ces éléments doivent obligatoirement être pris en considération pour une juste compréhension du texte biblique. Cette référence donne une information. Pour rédiger son récit, l'écrivain biblique s'est basé sur un extrait de ce "livre du Juste" dans lequel ces événements ont été relatés (c'est une des nombreuses références à des ouvrages extérieurs au Canon biblique). Il est également fait mention de cet ouvrage dans le Livre de Samuel (2 Samuel 1:18). Ces références au "livre du Juste" peuvent laisser supposer que ces deux livres (de Josué et de Samuel) ont pu être rédigés à la même époque. L'expression "jusqu'à aujourd'hui" (Josué 7:6 ; 15:63) permettrait ainsi de mieux situer la rédaction de ce livre dans le temps. Sa rédaction se fonde cependant sur des écrits de Josué lui-même (Josué 5:6 ; 24:26)

Et le soleil se tut

Il arrive très souvent que le lecteur s'en tienne à une opinion personnelle sur un sujet, et pour lui cette opinion fait loi. Une approche sérieuse du texte biblique ne permet cependant pas cette liberté. Il nous faut au contraire en rechercher si possible le sens exact, ou tout au moins celui qui s'en rapproche le plus. Mais cela demande bien évidemment une étude approfondie du texte en question. "Alors Josué parla à l'Eternel" (Josué 10:12). Ou, comme le dit Rachi : "Josué fit appel à Hachem". Selon le célèbre enseignant champenois, Josué aurait entamé un chant (le Livre du Juste est un livre poétique destiné à être chanté)

"Et le soleil s'arrêta" (verset 13). Le mot "Damam (traduit ici par "s'arrêter") signifie généralement "être silencieux, être tranquille, attendre, être muet". Et là, on arrive au cœur du texte ! "Josué parla... et le soleil se tut" (Josué 10:12, 13). Le mot "damam" n'est traduit par "s'arrêter"  que dans ce passage du livre de Josué et en 1 Samuel 14:9. Partout ailleurs, il est traduit par "être muet" (Exode 15:16 ; Psaume 30:13 ; Esaïe 23:2 ; Lamentations 2:10), "garder le silence" (Lévitique 10:3 ; Job 29:21 ; Psaume 31:18 ; Psaume 37:7 ; Ezéchiel 24:17), "se taire" ("Parlez en vos cœurs sur votre couche, puis taisez-vous" - Psaume 4:4) ou "être silencieux" (Lamentations 3:28 ; Amos 5:13), "se confier" (Psaume 62:6), "avoir une âme tranquille" (Psaume 131:2 ; Jérémie 47:6), et par "repos" (Lamentations 2:18). Il est parfois traduit par "périr, être anéanti" (Jérémie 8:14 ; 25:37 ; 48:2 ; 50:30 ; 51:6), ou "réduit au silence" (1 Samuel 2:9). Ce dernier sens pourrait également être mis en parallèle avec le sort de leurs ennemis. Mais le texte fait également mention de la lune : "Et la lune suspendit (amad) sa course" (Josué 10:13). "Amad" signifie "se tenir là, rester, demeurer"

 Si je m'en réfère à ce qui a été dit plus haut concernant les sons émis par cette lumière émanant du fin fond de l'Univers, ainsi qu'à ces vibrations émanant du soleil qui participent à la rotation de la Terre, on pourrait donc en conclure que le "silence" dont parle le texte de Josué serait directement en lien avec ce phénomène astronomique. Ce "silence" du soleil aurait-il "ralenti" la vitesse de rotation de la Terre ? Le verset 13 dit : "Et le soleil s'arrêta (damam) et la lune suspendit (amad) sa course..." puis, plus loin, il est dit : "Le soleil s'arrêta (amad)". Le soleil "demeura dans le silence" pendant que Josué parlait... "Le soleil s'arrêta au milieu du ciel" (Segond). La TOB est plus précise en respectant le Pluriel du texte original : "au milieu des cieux", ce qui pourrait donner une dimension supplémentaire à ce phénomène dont la portée ne serait pas seulement astronomique mais également spirituelle, quoi que le texte hébreu utilise toujours la forme plurielle pour parler de la voûte céleste.  

"Soleil arrête-toi sur Gabaon" (verset 12). Le soleil était au zénith (au dessus de la ville). "Et toi, lune, sur la vallée d'Ajalon", aujourd'hui le village de Jala qui se trouve à l'issue du défilé qui descend dans la plaine de la Haute et de la Basse-Horon. C'est au dessus de cette localité, située au loin, à l'Ouest, que la lune, non encore couchée, apparaissait à Josué, descendant vers l'horizon. L'arrêt du soleil dans sa course évoque plutôt la prolongation de l'obscurité plutôt qu'un allongement de la lumière du jour. La bataille aurait commencé à l'aube (Josué 10:9) le soleil semblait suspendu sur place (Josué 10:13). L'expression "presque un jour entier" (verset 14) est importante (j'y reviendrai). Godet, dans sa Bible Annotée, dit : "Le soleil était alors le moyen de calculer le cours du temps. La course du soleil étant altérée, ce ne pouvait être qu'une appréciation subjective qui put leur paraître très long".  

Un jour de vengeance

Lorsqu'on lit ce texte du livre de Josué, l'attention se focalise tout naturellement sur le phénomène astronomique qui s'est produit ce jour-là. La raison de cette bataille passe ainsi au second plan. Cependant, en rédigeant cet article, un détail m'a sauté aux yeux. Il est écrit que "le soleil s'arrêta, et la lune suspendit sa course, jusqu'à ce que la nation ait tiré vengeance de ses ennemis" (Josué 10:13b). Il y avait donc un lien étroit entre la raison pour laquelle cette bataille avait eu lieu et ce phénomène astronomique hors du commun. Pourquoi celui-ci s'est-il produit alors que les Hébreux avaient largement le dessus sur leurs ennemis ? Et pourquoi voulaient-ils se venger des Amoréens (Genèse 10:16 ; 15:21) ? Le livre de l'Exode nous dit qu'avant que le peuple Hébreu ne soit sorti d'Egypte, Dieu avait déjà prévu de lui donner le territoire des Amoréens (Exode 3:8 ; Amos 2:10), mais il fallait que leur iniquité ait atteint son comble avant que les Hébreux ne puissent s'en emparer (Genèse 15:16). Les explorateurs envoyés par Moïse lui parlèrent, à leur retour, du peuple Amoréen qui vivait dans les montagnes (Nombres 13:29 ; Deutéronome 1:7). Leur rapport effraya le peuple qui rechigna à prendre possession du pays (Nombres 14:36). L'Eternel s'irrita alors contre le peuple hébreu. C'est ce jour-là que Dieu désigna Josué comme successeur de Moïse (Deutéronome 1:38). La "vengeance" dont il est fait mention est peut-être en relation avec la cuisante défaite des Hébreux lorsqu'ils tentèrent d'affronter leurs ennemis à Kadès-Barnéa (Nombres 14:39 à 45). La victoire sur les Amoréens pourrait donc fort bien être une revanche contre ceux qui les avaient tellement mis à mal, alors qu'ils tentaient de vaincre leurs adversaires par leurs propres forces. L'Eternel les avait pourtant mis en garde qu'il ne serait pas avec eux dans cette bataille. Ils y subirent de lourdes pertes. Lors de la bataille de Gabaon, Dieu leur donna l'occasion de prendre leur revanche et de "tirer vengeance de (leurs) ennemis". Lorsque l'auteur du livre de Josué dit que "l'Eternel combattait pour Israël" (Josué 10:14), il fait bien évidemment allusion à ce passage du livre du Deutéronome où il est écrit : "L'Eternel votre Dieu qui marche devant vous combattra lui-même pour vous... pour combattre vos ennemis, pour vous sauver" (Deutéronome 1:30 ; 20:4). Ce jour-là, l'Eternel l'a encore prouvé. 

Le calendrier de l'Univers

J'en reviens donc à cet article paru dans la revue d'astronautique mentionnée en introduction. La véracité de cette anecdote a été fortement remise en question. Et pour cause... Effectivement, quelques-uns des éléments évoqués posent problème. En effet, il y est fait mention d'une durée de "vingt-quatre heures". Or, le texte de Josué nous dit que ce phénomène astronomique dura "presque un jour" (et non un jour entier). En tenant compte du fait que, pour les Hébreux, un "jour" débute au coucher du soleil et s'achève le lendemain à la même heure. Une juste compréhension du texte biblique nécessite de tenir compte de ces différents éléments au risque d'en tordre complètement le sens. Ces techniciens auraient "récupéré" quarante minutes sur les "degrés d'Achaz", un édifice dont la nature et la fonctionnalité n'ont pu être clairement définis (un article de ce blog est consacré à ce sujet). La nature de  cet édifice est encore, à ce jour, incertaine, ainsi que son utilité (aucune trace de cet édifice n'ayant été découverte à ce jour). De fortes suppositions laissent cependant supposer qu'il s'agissait d'une sorte de cadran solaire dont les "degrés" (les marches) servaient à découper la journée diurne en "heures". Le récit du livre des Rois nous dit que l'ombre a reculé de "dix degrés" (2 Rois 20:9 à 11). Mais si ces "degrés" mesuraient les heures diurnes de la journée, les connaissances astronomiques ne permettaient pas encore, alors, de décomposer le temps en "minutes". Or, toujours selon ces techniciens, les "dix degrés" correspondraient à quarante minutes. Chaque degré aurait ainsi correspondu à une durée de quatre minutes. Une telle précision est totalement irréaliste pour l'époque. L'allusion aux "degrés d'Achaz" souffre fortement d'un manque de cohérence. En ce qui concerne les sources, la revue en question existe bien, et plusieurs numéros de celle-ci ont bien été publiés cette année de 1970, mais son contenu n'ayant probablement pas été numérisé, il est difficile d'en vérifier la teneur. La véracité des faits énoncés dans cette histoire me paraît donc invérifiable. 

Il est cependant indéniable qu'un phénomène hors du commun s'est produit ce jour-là en particulier. Le fait qu'il soit attesté par le récit biblique lui donne toute crédibilité. Par contre, les diverses interprétations qui en sont faites ne peuvent dépasser le stade de l'hypothèse. Notre cartésianisme tout occidental cherche toujours à rationaliser ce que l'Ecriture ne révèle pas clairement. Ce jour-là, Dieu est intervenu, une fois de plus, dans l'Histoire des hommes. A-t-il fait correspondre, à un instant T, un phénomène naturel avec un épisode de l'histoire des Hébreux ? Était-ce purement et simplement un acte miraculeux ? Le texte biblique ne révèle pas toujours ses mystères. 

Alphonse de Lamartine écrivait, dans ses "Méditations poétiques"

"Ô temps, suspend ton vol ! Et vous, heures propices, suspendez votre cours !"

Peut-être avait-il lu, lui aussi, ce récit du livre de Josué...

 

JiDé

Josué : Le jour où le soleil s'arrêta
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