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Le premier mot de la Bible

Le premier mot de la Bible

"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre..." (Genèse 1:1). 

C'est généralement ainsi que l'on peut lire, dans de très nombreuses versions, le premier verset de la Bible. Pour le lecteur qui croit en l'inspiration plénière des Écritures, ce passage affirme de façon claire que Dieu est Créateur de l'Univers, que l'Univers est donc le produit d'une Création, et plus encore, d'un acte créateur. Ce qui sous-entend qu'avant que Dieu crée l'Univers, il n'y avait rien. Pour peu que l'on s'interroge un peu, il est assez difficile pour tout un chacun de se représenter ce "rien". De plus, ces mots "Au Commencement" introduisent le récit biblique par... une notion de temps. Je reviendrai plus loin sur cette notion de temps et ce que cela implique, mais pour bien comprendre ce que dit le texte biblique, il faut obligatoirement s'en référer à ce qui fut écrit au commencement, c'est à dire dans le texte original, rédigé en hébreu de la main de son auteur, Moïse lui-même*. 

Un mot riche de sens

Voici donc ce que dit le texte hébreu : "bereshit bara Elohîm eth ha'shamaïm veheth ha'aretz". Sept mots. Sept mots pour introduire un livre qui, initialement, s'appelle... "Bereshit", et que l'on a traduit par "Genèse". Dans la pensée hébraïque, tout dans le texte est important, jusqu'au moindre petit "trait de lettre" (Matthieu 5:18). Ainsi, le fait que cette première phrase de la Bible comporte sept mots (sept étant le chiffre de la complétude) signifie que cette phrase contient, en elle-même, tout ce qu'elle a à dire. Elle forme un tout. Elle est complète. Elle possède tout les éléments nécessaires à sa pleine compréhension. Elle contient un condensé de toute l'information nécessaire à la compréhension de ce qu'elle affirme.

Depuis des siècles, les Sages d'Israël se sont penchés sur ces mots et ont rédigé une somme considérable de commentaires. Le christianisme en a également produit un grand nombre, chacun étant en conformité avec les convictions et les opinions que leurs auteurs (ou mandataires) désiraient promouvoir.  En partant du fait que cette phrase contient, en elle-même, tout ce qui est nécessaire à sa compréhension, c'est donc de celle-ci qu'il me faut entamer cette réflexion. Commençons donc par le "Commencement". Ce "premier mot de la Bible" a fait couler beaucoup d'encre et il est fort probable que bien des choses seront encore écrites à son sujet. 

La première question que l'on peut se poser est : l'expression "au Commencement" traduit-elle correctement le mot "Bereshit" ? Répondre par la négative serait remettre en question le travail exceptionnel produit par nombre de traducteurs à travers les siècles. Mais, comme le dit le vieil adage : "traduire, c'est trahir". André Chouraqui, dans sa version, choisit d'introduire le texte par les mots "En-tête". La traduction de Chouraqui étant considérée aujourd'hui comme la version la plus littérale, on peut effectivement dire que cela se rapproche beaucoup plus du sens initial de ce mot. Effectivement, la difficulté d'une traduction d'une langue dans une autre est de pouvoir "rendre" tout le(s) sens du texte traduit. En réalité, pour pouvoir rendre tout ce que contient le mot "bereshit", il faudrait rédiger plusieurs volumes. C'est dire combien ce mot est riche de sens. Cela ne tient pas seulement à la signification du mot lui-même, mais également à tout ce qu'il contient. Le mot "bereshit", comme beaucoup de mots de la Bible hébraïque, pourrait être comparé à un germe, une graine qui contiendrait en elle-même tout le potentiel nécessaire pour produire quelque chose d'à la fois vivant et infiniment complexe. 

Bereshit

Bereshit, le premier mot de la bible, est composé de six lettres hébraïques : Beth, Resh, Aleph, Shin, Yod, et Tav. Six lettres qui contiennent déjà, en elles mêmes, un condensé extrêmement riche et complexe. Pour commencer, il faut d'abord voir le mot "bereshit" comme une forme de "mot composé". La première lettre, "beth", introduit une notion d'intériorité. Cette lettre, mise devant un mot, signifie "dans".

Le mot "resh" signifie "une tête, un chef". Nous avons ici une notion de quelque chose qui aurait été conçu mentalement dans une forme de réflexion intérieure. Il y a donc ici l'idée de quelque chose qui aurait été conçu, imaginé, pensé, conceptualisé. La lettre "resh", en elle-même, signifie "un principe, un but". A ce stade de la réflexion, nous avons donc quelque chose qui aurait été "pensé, conçu, conceptualisé dans un but". Quelque chose aurait été conçu, conceptualisé, imaginé pour être "introduit" dans autre chose. Par qui ? Pourquoi ? Comment ? Si ce qui est "introduit à l'intérieur" contient déjà en soi le Principe et le But, alors l'aboutissement de ce qui a été conçu, imaginé, est déjà potentiellement présent sous forme de "germe".  Je reviendrai également sur ce terme.

Imaginons un instant que nous procédions à une "lecture vierge", comme si nous lisions ce texte pour la première fois de notre existence sans avoir aucunement conscience de ce qui va suivre. Ce procédé permet de minimiser les éventuels a priori qui pourraient venir s'immiscer dans notre compréhension du texte. On pourrait ainsi prendre chaque lettre de ce mot et en suivre le déroulement. La dernière lettre du mot est le "tav". Le "tav" est la dernière lettre de l'AlephBeth (l'Alphabet hébreu). Le "tav" symbolise "l'achèvement, la fin", mais aussi "la marque distinctive, le sceau". La lettre "tav" représente donc la finalité de ce qui a été conceptualisé jusqu'à son achèvement, mais également l'aboutissement du but fixé par celui "en qui" est né ce concept que nous appelons aujourd'hui "Univers". Dans le premier mot de la Bible, il y avait déjà présent l'ADN de la Création. Ainsi l'apôtre Paul écrira : "l"Esprit de Dieu sonde tout, même les profondeurs de Dieu" (1 Corinthiens 2:10). Cette lettre indique donc "l'achèvement, la finalité" de ce qui a été conçu et réalisé dans un but. Et cela porte la marque distinctive de Son Auteur. L'Apôtre Paul écrira aux chrétiens de Rome : "Les perfections invisibles de Dieu se voient comme à l’œil nu depuis la création du Monde quand on les considère dans ses ouvrages" (Romains 1:20).

Si le mot "bereshit" s'achève par la lettre "tav", cela entend que ce qui a été introduit possédait déjà en germe sa finalité, son achèvement. Tout avait été conçu d'avance jusqu'à sa finalité. On ne parle pas encore ici de notion de "temps". J'aborderai cette notion plus loin car elle demande à ce que l'on s'y arrête un instant. En effet, la notion de "commencement" nécessite de situer l'action dans le temps et dans une durée. Lorsque Einstein a émis la théorie de la Relativité, ce qui a été une véritable explosion dans le monde scientifique de son époque, il a démontré que le Temps ne peut exister sans Espace. Si il n'y a pas d'Espace, il n'y a pas non plus de Temps. En considération de cela, il devient difficile d'imaginer un "commencement" alors qu'il n'y a "rien". Il faut ajouter qu'à l'époque où Einstein a émis sa théorie, il croyait, comme beaucoup de scientifiques de son époque, que l'Univers n'avait ni commencement ni fin et qu'il existait depuis toujours. La conception généralement admise alors était que l'univers avait toujours existé. Lorsque, dans les années 1960, les scientifiques découvrirent que l'Univers était en expansion continue, ils durent en conclure que celui-ci avait donc eu un commencement. Ce qui révolutionna leur approche, tant du point de vue physique que métaphysique. Si l'Univers avait un commencement, c'est qu'il devait forcément y avoir un Créateur. Le récit créationnel de la Genèse prenait soudain un tout autre aspect. Et si la Bible disait vrai ?...

Au Commencement... de quoi ? 

La version interlinéaire de la Société biblique française introduit le récit de la Genèse par les mots "En un commencement". Effectivement, l'absence d'article défini, en hébreu, sous tend qu'il faille automatiquement introduire un article indéfini. La version King James, reconnue pour la rigueur de sa traduction, donne "In the beginning...". Ce qui introduit un sujet délicat qui divise les opinions. Parmi tous ceux qui reconnaissent un acte créationnel de l'Univers, les opinions divergent quant à la façon dont celui-ci est venu à l'existence. Il y a d'une part les partisans d'un "univers jeune" qui aurait été créé il y a quelques centaines de milliers d'années, voire moins. D'autre part, il y a les défenseurs d'une théorie plus proche de l'opinion scientifique et qui datent l'univers de quatorze milliards d'années. Chacun défend son opinion avec une argumentation plus ou moins solide qu'il convient d'entendre et de respecter. Mais, si j'en reviens au texte, il me faut m'interroger sur le choix de cette traduction "au commencement". Car, le mot "bereshit" ne contient pas cette notion de temps que lui donne cette traduction. Lorsque Chouraqui traduit ce mot par "En-tête", il ne le sous-entend pas non plus, même si l'on conçoit que ce qui vient en tête vient en premier. Mais cette notion de temps est absente du mot "bereshit". On peut, bien évidemment, s'interroger sur cette notion de "temps créationnel"

On aborde alors un autre sujet qui fâche, celui du "Big Bang" fort décrié par le milieu évangélique en général. Jusqu'en 1965, le monde scientifique considérait l'Univers comme statique, n'ayant ni commencement ni fin. Jusqu'à ce que cette théorie vienne bouleverser les convictions assises. L'Univers est en expansion. Les galaxies s'éloignent progressivement les unes des autres. C'est un fait constaté. Mais si l'Univers est en expansion, cela veut dire que, dans un passé lointain, l'Univers était plus condensé qu'il ne l'est aujourd'hui. Si l'on pouvait revenir très loin dans le passé, on pourrait donc constater que ce mouvement expansionniste a eu un commencement. Les travaux de Planck auraient démontré que l'on pouvait remonter dans le temps jusqu'à cet instant "T" où l'Univers n'aurait été qu'une masse phénoménale de matière et d'énergie. Mais Planck ne put remonter plus loin qu'une infinie décimale de temps après ce "Big Bang". Cette limite fut appelée "le mur de Planck". Cette théorie du Big Bang est aujourd'hui universellement reconnue par le monde scientifique des théoriciens et des astrophysiciens. Mais une autre explosion devait alors avoir lieu dans le monde scientifique. Car si il y a bien eu un "Commencement", alors cela veut dire que quelque chose ou quelqu'un était à l'origine de ce phénomène. La notion de Divinité venait de faire irruption par la grande porte dans le monde scientifique athée. Quant à la véracité historique du Big Bang, elle semble incontestable. La Bible n'étant pas un ouvrage de cosmologie, même si elle donne des informations sur la Création elle-même, on ne peut définitivement trancher pour une opinion plutôt qu'une autre. Le but de cet article n'étant d'ailleurs pas d'élever le débat, mais de chercher à comprendre ce que dit le texte biblique et de chercher à déceler les informations qu'il nous donne. Il faut tout de même reconnaître que la théorie du Big Bang a amené le monde scientifique à revoir sa position sur l'éventualité de l'existence d'une divinité créatrice ainsi que de devoir finalement admettre que l'Univers avait eu "un Commencement". Rien que pour cela, cette théorie, aussi décriée qu'elle puisse être, a fait grandement avancer les choses. 

Au commencement, Dieu créa 

Ici encore, le texte hébreu peut décontenancer le lecteur du texte biblique. En effet, il est écrit : "bereshit bara Elohim". Ce que la version interlinéaire traduit par : "et en un commencement créa Dieu". Ce qui frappe au premier coup d’œil le lecteur du texte hébreu, c'est la similitude entre le premier et le deuxième mot. En effet, le mot "bereshit s'écrit "B - R -a -Sh - I - T. Le mot "bara" (créa) s'écrit, lui : "B -R - a". Le mot "créa" est inclus entièrement dans celui qui le précède. Cela ne peut être une simple coïncidence. Dans le texte biblique, chaque lettre a son importance, sa place, sa valeur, sa signification. Rien n'est laissé au hasard. Tout a du sens. Le mot "bara" vient donc apporter une compréhension nouvelle au mot précédent. La pensée qui avait été conceptualisée était créatrice. Or, la Bible dit que le Monde fut créé par la Parole de Dieu. C'est ce que dit l'auteur de l’Épître aux Hébreux : "C'est par la foi que nous reconnaissons que le Monde a été formé par la parole de Dieu en sorte que ce que l'on voit n'a pas été fait de choses visibles" (Hébreux 11:3).

Mais si les trois premières lettres du mot "bereshit" présentent une signification intrinsèque, alors on peut en conclure qu'il en est de même pour les lettres du mot "bara". Ces lettres étant identiques, celles qui composent le mot "bara" présentent la même signification. L'acte créateur est donc porteur de la conceptualisation de ce qui est créé. Si "bara" est l'acte créateur, cet acte est contenu dans l'intériorité de Dieu. Paul écrit aux Romains : "Qui a connu la pensée du Seigneur ?" (Romains 11:34). Peut-être Paul avait-il sur le cœur cette réflexion de l'Ecclésiaste : "Il fait toutes choses bonnes en son temps, il a mis dans leur cœur la pensée de l'éternité bien que l'homme ne puisse saisir l'œuvre que Dieu fait, du commencement à la fin" (Ecclésiaste 3:11). Si le mot "bereshit" contient en lui-même le "bara", cette intériorité du sujet contient la lettre "resh" (le but, l'aboutissement) et s'achève par la lettre aleph, première lettre de l'alphabet hébraïque,  qui symbolise "le début, le commencement". Les rabbins s'interrogent depuis longtemps pour savoir pourquoi la Thora commence par la lettre Beth et non la lettre Aleph. Peut-être parce que l'Univers présente en son sein une dualité, celle du Bien et du Mal, de la vie et de la mort. Cette dualité met aussi face à face le monde physique et le monde spirituel. La lettre Aleph désigne "ce qui vient en premier", elle désigne également parfois la Personne même de Dieu. Dieu avait conçu, en lui-même, un but initial, un projet dont il gardait en lui-même l'étape première (le Aleph). Ce projet initial, c'était "les cieux et la Terre"

On a un jour demandé à Michel-Ange comment il pouvait tailler dans le marbre des statues d'une beauté aussi raffinée. Il a répondu : "Quand je regarde le bloc de marbre, je vois la statue à l'intérieur. En taillant le marbre, je ne fais qu'enlever la matière qui entoure cette statue". "Bara" est un acte créateur. Cet acte est contenu dans l'intériorité du Sujet du Verbe qui est Dieu. Ainsi, l'apôtre Jean écrira : "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu", ainsi que : "ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant la parole de vie" (Jean 1:1 - 1 Jean 1:1). Celui dont il parle, c'est le Massiah, le Seigneur Jésus-Christ. Celui-ci était présent "au commencement". Si Jean peut l'affirmer avec autant d'assurance, c'est parce que le texte de la Genèse en mentionne effectivement la présence. 

Le Mot du Massiah 

"Bereshit bara Elohïm èth ha'shamaïm ve'èth ha'aretz". Le petit mot "eth" est un mot de liaison mais sa présence ne se justifie pas toujours dans la construction de la phrase. Les Sages d'Israël se sont donc interrogés sur la présence de ce mot. Pour certains, ce mot représente les Ecritures saintes dans leur totalité (du Aleph au Tav). Pour d'autres, il représente le Massiah. Sans avoir la prétention d'émettre un avis sur un commentaire des Sages, cette réflexion me paraît toutefois très pertinente. D'ailleurs, Jésus se présente à l'apôtre Jean sur l'île de Patmos en disant : "Je suis l'Alpha et l'Oméga" (Apocalypse 1:8 / 21:6 / 22:13). Du moins, c'est ainsi que sont rendues les paroles du Seigneur dans nos Bibles. Celles-ci sont généralement le produit d'une traduction de la version grecque. Mais, en tenant compte du fait que Jésus et Jean parlaient l'hébreu et non le grec, les paroles du Seigneur durent forcément être "Je suis l'Aleph et le Tav" (littéralement "ani aleph tav") . Or, ce petit mot "èth" s'écrit justement avec les lettres Aleph et Tav. Ainsi, dans cette petite phrase si riche de sens qui introduit le livre de la Genèse et le récit créationnel, le Massiah serait mentionné à deux reprises. C'est justement la nature divine de celui-ci qui expliquerait (entre autres choses car le sujet est trop vaste pour être abordé ici) la pluralité du mot "Elohîm". Elohîm est un mot Pluriel. De par Sa Nature ainsi que de par ses nombreux attributs, inhérents à celle-ci. Chose étrange : le sujet du Verbe est au Pluriel (Elohîm), alors que le Verbe est au singulier (bara). Si le texte biblique "joue avec les mots", il se joue également de la conjugaison. La règle grammaticale dit que èth se place dans une phrase quand il y a un Complément d'Objet Direct (COD) et que ce COD  est précédé d'un article défini (qui s'écrit avec la lettre "hé"). Cette lettre se trouve deux fois dans le Tétragramme, le Nom de Dieu imprononçable de quatre lettres. Cette lettre "hé" représente donc la Personne divine, plus exactement le "Souffle" (le rouah) de Dieu, l'Esprit de Dieu. On a donc cette construction grammaticale qui associe le "hé" de l'Esprit de Dieu avec le "èth" (Aleph Tav) qui représente le Massiah. Ce qui signifie que l'Aleph Tav (la première et la dernière lettre de l'Alphabet hébreu représente aussi l'Ecriture) précède toujours le "hé" de l'Esprit de Dieu. Les trois sont toujours associés, on ne peut les séparer. On ne peut séparer les Ecritures de l'Esprit. On ne peut séparer le Massiah des Ecritures, ni le Massiah de l'Esprit. Petite chose amusante, les lettres "Aleph Tav" (A.T.) sont également les initiales des mots "Ancien Testament". Aleph Tav  représentent l'intégralité des Ecritures. Et lorsque Paul écrit que "toute Ecriture est inspirée de Dieu" (2 Timothée 3:16), cela signifie l'intégralité des Ecritures du Canon biblique à son époque, c'est à dire le Tanach (l'Ancien Testament). Bien évidemment, le Canon biblique s'est ensuite enrichi des vingt-sept livres du Nouveau Testament, eux aussi pleinement inspirés par le Saint-Esprit. 

Il est également intéressant de souligner que le mot "Bereshit" se termine par la lettre "Tav", alors que le mot "bara" s'achève, lui, par la lettre "aleph". On retrouve donc l'Aleph et le Tav dans les deux premiers mots de la Bible. Le texte ne cesse de jouer avec les mots mais aussi avec les lettres : "èth... ve'èth..." (aleph tav vé aleph tav). "Au commencement Dieu créa les lettres...". "Au Commencement Dieu créa 'les lettres du mot 'cieux' et les lettres du mot 'terre'...". Le rabbin et écrivain Armand Abécassis a dit un jour : "Nous sommes formés de lettres". Selon la tradition rabbinique, Dieu a créé les lettres avec lesquelles il a créé le Monde. Les travaux d'Ivan Panin ont montré combien les structures sous-jacentes aux textes bibliques en démontrait la complexité. Panin a, par exemple, souligné le fait que les expressions "èth hashamaïm" et "ve'èth ha'aretz" contiennent toutes deux sept lettres. La phrase entière comporte vingt-huit lettres soit un multiple de sept. Cela semble démontrer une certaine équité, les cieux et la terre ayant été créés dans une similarité harmonieuse. 

"Bereshit bara Elohïm èth ha'shamaïm ve'èth ha'aretz". Ce mot "ha'aretz", que l'on traduit par "la terre" et que l'on assimile à la planète Terre, peut également avoir un autre sens. Dans les Ecritures, "ha'aretz" désigne "la terre d'Israël". Ainsi, le premier verset de la Bible introduirait prophétiquement une notion parfaitement compréhensible pour le rédacteur Moïse : "Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre d'Israël".  Une telle proposition pourrait paraître, au lecteur non averti, des plus présomptueuses. Mais il faut, pour le comprendre, se rappeler, comme cela a été développé plus haut, que le mot "Bereshit" contient en substance un plan prédéfini, un projet, un but né dans la pensée du Créateur. Dans l'élaboration de ce projet, le peuple et la terre d'Israël occupaient une place prépondérante. Le prophète Ésaïe ne parle-t-il pas d'"étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre, et pour dire à Sion : tu es mon peuple" (Ésaïe 51:16) ? Cela est d'autant plus plausible que le Massiah lui-même participait à la création et à la réalisation de ce projet. Une fois de plus, le peuple d'Israël sera associé à la Création d'un Monde. La notion de "Sion" sera encore présente dans la Nouvelle Création. 

De nouveaux cieux et une nouvelle terre  

Il y a quelques décennies, les grandes puissances se menaçaient mutuellement de destruction massive par armes nucléaires. Cela aurait provoquer un cataclysme qui aurait probablement coûté la vie à la grande majorité de la population mondiale. L'arsenal atomique avait alors atteint un tel seuil qu'il aurait pu faire exploser la planète plusieurs fois de suite. Les chefs d'Etat des grandes puissances décidèrent alors le démantèlement progressif de cet arsenal meurtrier. Le désarmement a alors coûté plus cher que sa construction. Aujourd'hui, en ce vingt-et-unième siècle, d'autres menaces se profilent à l'horizon. Les prévisionnistes sont plutôt alarmants quant à l'avenir de notre petite planète bleue. Réchauffement climatique, saturation de la pollution, pénurie d'eau potable : les sujets d'inquiétude sont sérieux. Des dates-buttoirs sont avancées, comme celle de 2050 ! Ce n'est pas très loin... Fort heureusement, la Bible nous assure d'un avenir serein. Il faut tout d'abord que le Massiah soit venu établir son règne sur la terre. Il le fera lors de Son Retour que nous attendons et que nous croyons très proche. Mais une espérance bien plus glorieuse attend ceux qui ont reconnu en Jésus-Christ leur Seigneur et Sauveur. Le Seigneur l'avait annoncé par la bouche de son serviteur Ésaïe : "Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre. On ne se rappellera plus les choses passées, elles ne viendront plus à l'esprit" (Ésaïe 65:17). "Pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre et pour dire à Sion : tu es mon peuple" (Ésaïe 51:16). C'est probablement sur cette parole d'Ésaïe que l'apôtre Pierre s'appuie lorsque il écrit : "Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera" (2 Pierre 3:13). Ce qu'Ésaïe avait annoncé, ce que Pierre espérait voir, l'apôtre Jean l'a contemplé en vision. "Puis, je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre car le premier ciel et la première terre avaient disparus et la mer n'était plus" (Apocalypse 21:1). Pour ceux qui pourront jouir de ces lieux, ce sera un nouveau Commencement.

Je terminerai par ce quelques vers d'un poème de Racine : 

Ô sagesse, ta parole / Fit éclore l'univers, Posa sur un double pôle / La Terre au milieu des mers. 

Tu dis, et les cieux parurent, et tous les astres coururent / dans leur ordre se placer.

Avant les siècles tu règnes / Et qui suis-je que tu daignes / Jusqu' moi te rabaisser ? 

À méditer !

JiDé

 

Notes

*Les apôtres et Jésus lui-même ont affirmé de façon claire que Moïse était bien l'auteur de la Thora (le Décalogue) : Luc 16:19, Luc 24:27, Jean 1:17.  

Le premier mot de la Bible
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