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De l'utilité de la Loi mosaïque

De l'utilité de la Loi mosaïque

Bien que l'apôtre Paul ait écrit à Timothée : "Nous n'ignorons pas que la loi est bonne pourvu que l'on en fasse un usage légitime" (1 Timothée 1:8), beaucoup considèrent encore celle-ci comme archaïque, obsolète et dépassée. Les adjectifs sont nombreux pour la décrire par ceux qui n'y voient plus qu'une institution désormais abolie par la Grâce de Dieu, manifestée en Jésus-Christ.  Mais est-ce bien le cas ? Et si oui, dans quelle mesure ? Pourtant, ne nous faut-il pas reconnaître que règles et lois régissent notre quotidien ? Chaque jour, il nous faut nous y soumettre, sans que cela nous offusque aucunement. Du Code de la route aux règles de savoir-vivre, elles sont nombreuses à nous imposer des limites et des interdictions que nous respectons (ou transgressons) sans plus vraiment nous poser de question. En sport ou en entreprise, elles conditionnent nos rapports à l'autre et nous permettent de vivre en société. Mais alors, pourquoi une loi biblique dérange-t-elle à ce point alors que l'une des particularités de la Nouvelle Alliance est justement de pouvoir intégrer, en son sein, les disciples de Jésus-Christ sans que ceux-ci aient à en pratiquer les ordonnances ? Cette "loi de Moïse" a pourtant beaucoup à nous apprendre et nous en respectons nombre de principes que nous avons adoptés sans rechigner. 

De l'Assemblée à l'Église

Durant les dix premières années de l'Église (la Qehillah), les assemblées de disciples sont exclusivement constituées de Judéens et de Galiléens. Des "Craignant Dieu" (des païens issus des nations s'étant attachés au Dieu d'Israël et fréquentant les synagogues) se sont joints à eux, mais ils ne constituent alors qu'une petite minorité (Actes 10:2, 4). Les disciples de Yeshoua continuent donc à pratiquer la loi mosaïque (Actes 10:28 / Actes 21:24), mais pas les traditions religieuses qui n'ont pas manqué de s'ajouter au fil des siècles, depuis le dernier retour d'Exil (Marc 7:13). Ce qui leur sera reproché par le pouvoir religieux en place (Matthieu 15:2).

L'expansion de l'Église, au travers des siècles, a fortement imprégné les mentalités pour ensuite, dans les siècles qui vont suivre, légiférer les modes de vie des populations christianisées. Longtemps, les pouvoirs de l'Église et de l'État ont été liés. Les principes de vie imposés à ces populations qui étaient sous leur autorité avaient une origine biblique, mais l'étatisation de l'Église en a progressivement modifié le sens. Les méthodes utilisées par les clergés successifs pour imposer des lois religieuses, qui n'avaient plus grand chose à voir avec l'Évangile apostolique initial, furent brutales, légalistes et abusives. Après que bien des nations aient opté pour une séparation des pouvoirs religieux et civils, l'influence des lois bibliques demeura cependant tangible, tant dans les mœurs que dans les croyances.

L'arborescence du christianisme a donné naissance à différents courants religieux ou sectaires, certains fort éloignés du mouvement fondateur, l'olivier sauvage s'étant, pour la plupart de ses branches, désolidarisé de l'arbre sur lequel il avait été greffé (Romains 11:17 à 24). Aujourd'hui, nos sociétés (dé)christianisées reflètent de moins en moins cette influence, se soumettant progressivement à d'autres, issues pour la plupart de philosophies humanistes. Siècle après siècle, les valeurs du christianisme avaient influencé le Monde Occidental qui, depuis environ une soixantaine d'années, a pourtant commencé à se détourner ouvertement des valeurs chrétiennes héritées des générations qui nous ont précédées. De fait, les principes énoncés par le Créateur pour que l'être humain puisse vivre en bonne entente avec son semblable sont de plus en plus remis en question. Le jugement individuel  prévaut maintenant sur les valeurs enseignées par un Dieu Saint. Le Créateur dira, par la bouche du prophète Esaïe : "Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres" (Esaïe 5:20). Le danger encouru, pour une société qui rejette les principes divins, serait de reproduire un contexte social similaire à celui de l'époque des Juges durant laquelle "chacun faisait ce qui lui semblait bon" (Juges 17:6 / 21:25). Ou, plus littéralement : "Chacun faisait ce qui lui semblait droit à ses yeux". Le texte original introduit donc ici une valeur morale (ou ce qui pouvait sembler l'être) dans cette réflexion. Mais aujourd'hui, ne faut-il pas plutôt parler de "perte de valeurs" ?

un usage légitime

Il nous faut reconnaître que notre approche de la Parole de Dieu se fait parfois à travers une "grille de lecture" favorisant nos passages préférés, tout en passant rapidement sur d'autres qui seraient susceptibles d'aller à l'encontre de nos convictions bien ancrées. L'apôtre Paul n'a-t-il pourtant pas écrit que "toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, convaincre, corriger, instruire" (2 Timothée 3:16) ? Il nous faut donc, peut-être, revoir notre façon de "lire" la Bible en tenant compte de tout ce qu'elle dit et affirme, sans cligner des yeux sur certains versets dont le sens pourrait aller à l'encontre de ce que nous voulons bien comprendre et croire. Si l'apôtre Paul reconnaît, en effet, que nous sommes "non sous la loi mais sous la grâce" ( Romains 16:14, 15), il écrit cependant à Timothée : "Nous n'ignorons pas que la loi est bonne pourvu que l'on en fasse un usage légitime" (1 Timothée 1:8). Quel pourrait donc bien être cet "usage légitime" ? Pour Alfred Kuen : "Elle (la loi) est excellente, à condition d'être utilisée à bon escient, c'est à dire en accord avec son but" (1 Timothée 1:8, version Parole Vivante). Dans sa traduction du Nouveau Testament, David Stern préfère dire : "Nous savons que la Torah est bonne, pourvu qu'on en fasse un usage tel qu'il est conforme à la Torah". Or, la Torah (le Pentateuque) n'est pas la loi mais un "enseignement", une "transmission". On pourrait donc lire : "Transmettre l'enseignement divin est une bonne chose, à condition de le faire conformément à celui-ci et à son contenu et non selon une compréhension erronée et une interprétation abusive".

L'Écriture nous recommande donc de faire de cet enseignement, cet héritage qui nous a été transmis, "un usage légitime", en l'utilisant "à bon escient" et "en accord avec son but", ce qui correspond bien au mot "torah" qui signifie également "viser le but". Mais comment l'utiliser si l'on n'en connaît pas l'usage ? Un outil ne peut être utilisé convenablement que par celui qui en maîtrise le maniement et en comprend le fonctionnement. À l'inverse, une méconnaissance de son mode d'emploi rendra cet outil inopérant, voire dangereux pour celui qui s'en servirait de façon inappropriée. On ne peut reprocher à un outil qui fonctionne à l'électricité d' être inefficace simplement parce qu'il n'est pas branché. De même, pour que la loi mosaïque puisse fournir le plein potentiel de son efficacité, il faut qu'elle soit "branchée" à sa principale source, en l'occurrence le Créateur de cet "outil". C'est dans cette optique que j'aimerais aborder ici ce sujet.

Mais alors, quelle est donc son utilité ? Le prophète Daniel, intercédant et priant, dit : "Tout Israël a transgressé ta loi... alors se sont répandues sur nous les malédictions qui sont écrites dans la loi de Moïse... parce que nous avons péché contre Dieu" (Daniel 9:11). Néhémie dit également : "Ils péchèrent contre tes ordonnances qui font vivre celui qui les met en pratique" (Néhémie 9:29). Il nous faut ainsi reconnaître que "si le péché est la transgression de la loi" (1 Jean 3:4), "je n'ai connu le péché que par la loi" (Romains 7:7) car "c'est par la loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20). Fort heureusement, "Dieu a condamné le péché dans la chair en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable au péché" (Romains 8:3). Nous comprenons mieux ainsi la nécessité de cette loi tant décriée. 

Un utile fondement 

Comme je l'ai dit plus haut, : "Elle (la loi) est excellente, à condition d'être utilisée à bon escient, c'est à dire en accord avec son but". Quel est donc ce but ? L'apôtre Paul, dans le septième chapitre de son épître aux Romains, écrit que "La loi exerce son pouvoir sur l'homme aussi longtemps qu'il vit" (Romains 7:1). Il développe ensuite sa pensée en démontrant que la loi est nécessaire pour révéler notre nature pécheresse. C'est le constat de celle-ci qui nous conduit à recevoir le Salut. Parce qu'il en reconnait la pleine utilité, il peut dire : "La loi est donc sainte, et le commandement est saint, juste et bon" (verset 12). Reconnaissant l'action du péché dans la nature charnelle de l'être humain, Paul ajoute : "Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle... Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne" (verset 14 à 16). Il peut donc ajouter, plus loin : "Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur" (verset 22). Ou, comme le dit la version Parole vivante : " "Par mes convictions intimes, je rends hommage à la Loi, mon être profond  l'approuve et en reconnait l'excellence" (Romains 7:16).

Ainsi, la loi mosaïque est avant tout d'inspiration divine. Elle est donc "utile" mais également pleinement efficace dans le rôle qu'elle a à jouer dans notre édification et notre sanctification. Il faut cependant reconnaître que, dans nos milieux, celle-ci a mauvaise presse et est même plutôt dépréciée. Elle incarne une sorte de carcan rigide dont "la Grâce" nous aurait délivrés. Cette vision des choses s'oppose pourtant à ce qu'enseigne "l'apôtre des païens" (Galates 2:8 / Romains 11:13), lui qui, en tant que prédicateur, a été chargé par le Seigneur d'instruire ceux-ci (2 Timothée 1:11) dans la foi et la vérité (1 Timothée 2:7). Avec le temps, l'Église se laissa pourtant imposer bien des règles et des "Commandements" dont l'enseignement apostolique ne faisait nullement mention. Et bien que "La Grâce" (un mot dont le sens est parfois galvaudé) soit mise à l'honneur et proclamée haut et fort, nombre de "règles", d'habitudes, de traditions, de croyances même... sont ainsi imposées aux membres des communautés chrétiennes sans que ceux-ci n'y trouvent à redire. Le pasteur, ayant dans l'esprit de certains remplacé le prêtre, est (re)devenu l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Le peuple de Dieu s'en réfère  ainsi au "sachant", ne disposant plus, aujourd'hui, d'une connaissance suffisante de la Parole de Dieu pour s'assurer du bien-fondé de ce qui lui est enseigné. Le livre des Actes nous donne pourtant l'exemple des Juifs de Bérée qui "reçurent la parole avec beaucoup d'empressement et (qui) examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu'on leur disait était exact" (Actes 17:10, 11). Ceux-ci sont considérés, par Luc, l'auteur du livre des Actes, comme ayant de "nobles sentiments" (Actes 17:11). Or, de quelles "Écritures" parle-t-on ici ? De celles que l'on nomme aujourd'hui, parfois avec un brin de condescendance, "l'Ancien Testament" (le Nouveau Testament n'ayant pas encore été rédigé). Celles-là même dont Paul se servit pour convaincre les Juifs de Thessalonique (Actes 17:1, 2) que Jésus était bien le Christ (Actes 17:3). Quelles étaient ces Écritures ? La Torah (le Pentateuque) et les Prophètes. Ainsi, ces textes, qui sont regardés par certains comme une compilation de règles obsolètes, étaient considérés par l'apôtre Paul, l'apôtre des païens, comme le support de sa prédication, la preuve écrite que Jésus était bien le Messie annoncé. Vénérés par les uns, décriés par les autres, ils divisent ceux qui se revendiquent pourtant comme étant, chacun pour leur part, de la postérité du patriarche Abraham. 

La foi abolit-elle la loi ? 

"La loi, c'est l'Ancien Testament !"

Cette expression, que l'on entend parfois professée par des disciples de Jésus-Christ, révèle une méconnaissance de ce sujet qui, comme cela a été démontré plus-haut, est un élément-clé de la doctrine apostolique, puisque c'est par elle que vient la connaissance du péché. Dans son épître aux Romains, Paul pose ouvertement la question : "Annulons-nous la loi par la foi ?". Ce à quoi il répond : "Loin de là ! Au contraire, nous confirmons la loi" (Romains 3:31). Ou comme le dit plus précisément la version Parole Vivante : "La foi abolit-elle la loi ? Ou bien utilisons-nous la foi pour ôter sa valeur à l'Ancien Testament ? Au contraire ! Nous confirmons la loi et nous lui rendons son vrai sens". Il faut également se rappeler que le Seigneur Jésus lui-même a affirmé  : "Je ne suis pas venu pour abolir la Thora mais pour l'accomplir" (Matthieu 5:17). Celle-ci demeurait donc pleinement en vigueur à l'époque apostolique et n'a donc pas été abolie.

Il faut cependant préciser, à ce propos, que la Torah a été donnée "à Israël", c'est à dire au peuple hébreu. La conférence apostolique relatée en Actes 15 limite les obligations des disciples issus des nations. L'éventuelle soumission des païens à la loi mosaïque avait créé une vive polémique au sein des dirigeants de l'Église (Actes 15:1 à 6). L'apôtre Pierre prônera l'intégration des non-israélites dans l'assemblée des croyants sans que ceux-ci ne soient aucunement soumis à la loi mosaïque comme l'exigeaient quelques uns (Actes 15:7 à 12). La chose sera donc légiférée par l'apôtre Jacques, le chef de l'Église de Jérusalem (Actes 15:13 à 29). Les Apôtres statuèrent sur le sujet de façon claire. La Loi mosaïque n'est pas abolie et ne l'a jamais été, mais elle ne peut être imposée aux chrétiens qui ne sont pas issus du peuple d'Israël.

Dans son épître (chronologiquement, le premier Écrit du N.T.), l'apôtre Jacques (Yacov de son vrai nom) parle cependant d'une "loi de liberté" (Jacques 2:12) à la pratique de laquelle est attachée une grande bénédiction (Jacques 1:25 / Deutéronome 11:26, 27). C'est d'ailleurs là la différence entre "Ancienne" et "Nouvelle Alliance". Contrairement à une opinion fort répandue (notamment par les Pères de l'Église), la Nouvelle Alliance a été contractée avec le peuple hébreu uniquement, en conformité avec les alliances précédentes, avec cette différence que les païens pouvaient désormais y entrer sans pour cela se soumettre à la loi de Moïse et sans devoir se faire circoncire. Il faut cependant préciser qu'aucune alliance divine n'a jamais été contractée avec les nations, hormis celle qui fut contractée avec Noé. Mais celle-ci l'était avec toutes les nations issues de l'humanité postdiluvienne.

La Nouvelle Alliance (Luc 22:20) est donc conforme à ce qu'avait annoncé le prophète Jérémie (Jérémie 31:33) et attesté par le Saint-Esprit (Hébreux 10:15, 16) disant : "Je mettrai mes lois dans leur cœur" (Hébreux 10:16). Cette Nouvelle Alliance n'est donc plus fondée sur une obéissance extérieure à des rites imposés, mais à une adhésion aux saintes exigences de Dieu par le produit d'une conviction intérieure.  

Alliances et Testaments  

Si des expressions comme "Ancien Testament" ou Nouveau Testament" nous sont familières, celles-ci étaient, toutes deux, totalement inconnues des rédacteurs des écrits apostoliques pour la simple et bonne raison qu'elles sont issues uniquement de traductions de la Bible. Lorsque les auteurs du Nouveau Testament parlent de l'Ancien, ils disent : "l'Écriture" ou "les Écritures". Ainsi, lorsque l'apôtre Paul écrit à Timothée : "Toute Écriture est utile pour enseigner, convaincre, corriger et instruire", il démontre non seulement son utilité, mais également la nécessité de s'y référer comme texte de base, indispensable pour l'édification des croyants. Paul inclut donc ici, dans ces Écritures, la Thora (le Pentateuque) dans laquelle se trouve la loi de Moïse. Cette dernière doit donc être considérée comme "utile" à notre édification spirituelle, au même titre que les récits qui y sont relatés. Le "cantique de Zacharie" (le père de Jean-Baptiste) dit que le Sauveur "manifeste sa miséricorde envers nos pères et se souvient de sa sainte alliance (en grec : Diathêkes agias)". Celle qui fut contractée avec Abraham (Luc 1:71, 72 / Actes 3:25). L'apôtre Paul, ainsi que l'auteur de l'épître aux Hébreux, stipulent tous deux explicitement que "les alliances (et) la loi appartiennent à ceux qui sont israélites" (Romains 9:4), ceux-là même que Paul appelle "mes parents dans la chair" (Romains 9:3), annulant ainsi cette croyance erronée que Paul aurait renoncé ou "perdu" sa judaïté lorsqu'il se serait "converti au christianisme" (Actes 21:39 / 22:3). S'adressant aux Éphésiens, il leur précise que "vous étiez étrangers aux alliances (y compris la "nouvelle" - Éphésiens 2:12). La "nouvelle alliance" n'ayant été contractée qu'avec les "Israélites", comme le dit l'auteur de l'épître aux Hébreux : "Voici l'alliance (diathêkê) que je traiterai avec la maison d'Israël... je mettrai ma loi (nomos) dans leur cœur" (Hébreux 9:15). Celui-ci ne parle d'ailleurs pas "d'ancienne" mais de "première" alliance (Hébreux 9:15). La dernière occurrence de ce mot est mentionnée dans le livre de l'Apocalypse où il est parlé de "l'arche de l'alliance" dans le Temple céleste (Apocalypse 11:19). Cette arche étant bien entendu considérée comme relevant de cette "première alliance" si décriée aujourd'hui par ses détracteurs, ignorant ainsi la place qu'occupera l'un de ses plus puissants symboles dans les lieux célestes (Apocalypse 11:19). La loi de Moïse s'adresse donc au peuple d'Israël mais également aux disciples de Yeshoua issus des nations, sans que ceux-ci ne soient tenus de se soumettre à ses exigences, si ce n'est les plus fondamentales : "Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée" et "aimer son prochain comme soi-même" (Matthieu 22:36 à 40 / Deutéronome 6:4, 5).

Au sein du peuple israélite, tous n'étaient pas non plus tenus d'obéir à toutes les lois. En effet, un grand nombre de commandements ne concernent que les lévites chargés du service sacerdotal. D'autres sont spécifiques aux sacrificateurs. Quelques-uns ne concernent que le Grand Sacrificateur uniquement, comme par exemple l'interdiction de déchirer ses vêtements (Lévitique 10:6). Commandement qui sera d'ailleurs transgressé lors du jugement de Jésus (Marc 14:63). Si la loi mosaïque est censée règlementer la vie des Hébreux de la naissance à la mort, le respect de celle-ci doit amener, au pratiquant, la bénédiction tout au long de son existence. À l'inverse, la désobéissance à ces commandements amènera la malédiction (Deutéronome 30:1). Les nations n'étaient pas tenues d'observer ces commandements, cependant leur pratique volontaire produisait le même résultat que pour les Hébreux qui y étaient soumis. En cela, tous pouvaient constater le bien-fondé de ces commandements et leur utilité. Ces nations purent également constater combien le non respect de ces principes divins amenaient, sur le peuple hébreu, de malédictions et de tourments en tous genres. Il leur était donc possible d'en déduire que leurs propres tourments étaient dus à la non pratique de cette loi divine, censée être exercée par les Hébreux qui la négligeaient parfois, tout comme elles. Ainsi, l'opinion des disciples sur la loi se trouvait pleinement justifié par l'expérience. 

La Loi d'Abraham  

Si Moïse a reçu un grand nombre de prescriptions, de règles et de commandements sur le Mont Sinaï, le peuple Hébreu n'était pas pour autant totalement dépourvu de lois divines avant cet épisode de leur histoire. En réalité, la Thora et les principaux Commandements étaient déjà connus d'Abraham. En effet, Dieu, s'adressant à Isaac, va lui parler de son père en ces termes : "Parce qu'Abraham a obéi à ma voix et qu'il a observé mes ordres, mes commandements, mes statuts et mes lois" (Genèse 26:5). Ou plus littéralement : "mes ordres (mismereth), mes commandements (mitsvah), mes statuts (chuqqah) et mes lois (thora)". On découvre ainsi qu'Abraham connaissait la Thora, et cela bien avant que celle-ci ne soit révélée à Moïse. Non pas sous sa forme aboutie, telle qu'elle fut décrite en détail au grand législateur, mais dans ses grands principes fondamentaux. D'où Abraham détenait-il cette connaissance ? Probablement de ses aïeux qui l'avaient eux-mêmes transmise à leurs postérités. Ainsi, la loi divine était connue de nos plus lointains ancêtres parce qu'inscrite dans le cœur des êtres humains depuis l'aube des temps (Hébreux 8:10 / Romains 1:19 à 21). L'apôtre Paul fait également mention d'une "loi inscrite dans leur cœur" (Romains 2:14, 15). L'apôtre voit même dans la loi mosaïque "la règle de la science et de la vérité" (Romains 2:20). 

Si les lois dont Noé était dépositaire furent enseignées aux générations qui vinrent après lui et à tous ses descendants qui peuplèrent la Terre, elles sont donc toujours d'application pour les nations. Faut-il rappeler que Noé avait déjà une notion précise de ce que pouvaient être "animaux purs et impurs" (Genèse 7:2, 8 / Lévitique 20:25) ? Ainsi, par exemple, il ne nous viendrait pas à l'idée de manger du corbeau. Cette simple évocation provoque un sentiment de répulsion naturelle. Or, il se fait que le corbeau (parmi d'autres) est considéré comme un "animal impur" (Lévitique 11:13, 15 / Deutéronome 14:14). Ce qui n'empêche pas le Seigneur d'en prendre soin, ainsi que de ses petits (Psaume 147:9). Ainsi, ceux-là mêmes qui ne sont pas soumis à la loi mosaïque (et nombre de prescriptions semblables auxquelles ils se soumettent naturellement) montrent que celle-ci est "inscrite dans leur cœur" (Romains 2:14, 15). Malheureusement, ces commandements ont été bien souvent transgressés (Romains 1:18 à 22 / Actes 14:16 / Psaume 81:12, 13 / Esaïe 44:18 / Éphésiens 4:17 à 19). La Loi que Dieu a donné à Moïse est, quant à elle, pour le peuple d'Israël, de la descendance d'Abraham, depuis sa promulgation au Sinaï. Lors du conseil apostolique qui eut lieu à Jérusalem (Actes 15), il fut décidé que les membres de l'Assemblée qui étaient issus des nations ne seraient pas soumis à la loi mosaïque et à ses prescriptions mais continueraient à suivre les lois noachiques telles qu'elles avaient été enseignées aux nations. 

L'amour de la loi  

Toutes les directives mentionnées dans la loi mosaïque devaient être observées avec soin par les membres du peuple d'Israël (Deutéronome 5:32), mais l'observation de ces commandements devait l'être de façon spontanée et volontaire (Deutéronome 10:12) car la loi a été donnée pour le bonheur du peuple (Jérémie 7:23 / Deutéronome 5:33). Le tout premier commandement étant d'aimer Dieu de tout son cœur, les actions qui découlent de cette vénération doivent donc être représentatives de celle-ci (Deutéronome 6:5, 6). Pensées et actions devraient donc être inspirées par l'amour porté au Créateur (Deutéronome 11:18, 20). Ainsi, la pratique des exigences divines n'est plus une soumission contrainte à une règlementation rigide et froide, mais un mode de vie, un fonctionnement naturel qui se vit au quotidien. Tout l'espace fonctionnel dans lequel évolue le pratiquant est donc impacté par celui-ci (Deutéronome 11:19, 20). Il se communique ensuite aux générations qui viendront après (Deutéronome 6:2), tout comme ce fut le cas pour les générations précédentes (Deutéronome 6:3)

Le mot juste 

Le texte biblique comporte un certain nombre de mots très spécifiques pour désigner les différentes "lois" énoncées dans la Thora. J'en ai mentionné quelques uns, il y en a d'autres... Ils sont généralement traduits de façon aléatoire par "commandements, règles, lois, etc...". Mais le texte original est très précis. Chaque mot est utilisé de façon spécifique. Le Psaume 119 en est un parfait exemple. De même que dans le vocabulaire juridique, les mots revêtent une signification précise, dans la loi mosaïque, chaque mot utilisé a une signification particulière et s'intègre dans une catégorie bien précise. Ce Psaume est une éloge à la perfection et à la beauté de cette "loi parfaite" à laquelle fait référence l'apôtre Jacques (Jacques 1:25). Il est rédigé dans un style littéraire tout à fait spécifique puisqu'il est construit en acrostiche. Il est divisé en 22 parties correspondant aux 22 lettres de l'alphabet hébreu. Chaque partie comprend huit phrases commençant chacune par la même lettre. Ainsi, les 8 vers de la première section commencent tous par la lettre Aleph, première lettre de l'alphabet hébreu. Les 8 suivants par la lettre Beth, les 8 autres par la lettre Guimel, etc... L'auteur résume tout le Psaume en une seule phrase : "J'aime ta loi" (Psaume 119:13, 63). La construction littéraire de ce Psaume, en se conformant à certaines règles de rédaction, démontre une forme de "beauté architecturale" du texte, soulignant ainsi, par delà son rôle purement codificateur, sa beauté littéraire. Loin de n'y voir qu'une suite d'exigences et de règles, l'auteur y décèle également une source inépuisable de paix pour ceux qui l'aiment (verset 165) et il ajoute : "elle est tout le jour l'objet de ma méditation" ("médite à Sion ?", verset 97). Ainsi, si le Psalmiste chante son amour pour la loi, l'apôtre Paul voit le plein accomplissement de celle-ci dans l'amour manifesté à autrui (Romains 13:8 / Galates 5:14). Les auteurs bibliques (du Nouveau ou de l'Ancien Testament) s'associent pour accréditer le bien-fondé, la valeur et l'utilité de cette loi, parfois si décriée dans nos milieux. 

Cependant, la réserve, voire la désapprobation, que le lecteur de la Bible pourrait évoquer à l'égard de certains passages de ces textes sacrés pourrait en dire beaucoup sur ses propres valeurs. Non celles qu'il professe religieusement, mais celles qu'il entretient en son for intérieur. Et ces deux catégories ne sont pas toujours compatibles. Elles sont même parfois antinomiques. Des deux, qui fera autorité ? L'apôtre Paul nous demande de ne pas nous conformer "au siècle présent (et à ses valeurs)" mais d'être "transformés par le renouvellement de l'intelligence" afin que nous puissions discerner "quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait" (Romains 12:2). La Volonté de Dieu, exprimée dans sa Parole, est donc bonne, agréable (??) et parfaite (??!!). Mais la voyons-nous toujours ainsi ?... Si nos "valeurs" sont conformes "au siècle présent", nous ne pourrons discerner "quelle est la volonté de Dieu" ni "ce qui est bon, agréable et parfait" à Ses yeux. Car une "intelligence" qui n'est pas "renouvelée" est "obscurcie". Ainsi, Paul invite les Éphésiens à ne pas "se conduire comme les païens qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de l'endurcissement de leur cœur" (Éphésiens 4:17, 18). Les Éphésiens étaient donc susceptibles de se conduire comme ces païens ?... De même, S'il s'avérait que nous ayons conformé notre conduite à "la vanité de nos pensées" nous aurions, nous aussi, "l'intelligence obscurcie" et nous serions ainsi "étrangers à la vie de Dieu". Quelle pourrait en être la raison ? "À cause de l'ignorance qui serait en nous", mais surtout "de l'endurcissement de notre cœur". Qu'est-ce qui, alors, nous différencierait des "païens" dont parle l'apôtre ? Et quelle pourrait être la cause de cet état ? Et bien, justement, que sa loi ne soit pas "inscrite dans notre cœur" conformément à cette "Alliance Nouvelle" (Jérémie 31:33) à laquelle fait référence "l'Ancien Testament". Ainsi, Dieu dit, par l'intermédiaire du prophète Ezéchiel : "Je leur donnerai un même cœur et je mettrai en vous un esprit nouveau. J'ôterai de leur corps leur cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair" (Ezéchiel 11:19 / 36:26). La lecture de texte inspira cette réflexion de l'apôtre Paul, s'adressant aux chrétiens de Corinthe : "Vous êtes manifestement une lettre de Christ écrite par notre ministère, non avec de l'encre mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur les cœurs" (2 Corinthiens 3:3). C'est à ces mêmes Corinthiens que Paul s'était adressé dans une précédente lettre en disant : "Attendez que le Seigneur revienne. Il mettra en lumière tout ce qui se cachait dans les ténèbres : il dévoilera les mobiles véritables de nos actions et les desseins secrets des cœurs. Alors chacun recevra du Seigneur l'approbation qui lui revient" (1 Corinthiens 4:5, version Parole Vivante, traduction d'Alfred Kuen). Ce à quoi il ajoute : "Dans ce que je viens de dire, j'ai parlé de moi et d'Apollos pour appliquer à un cas concret les principes généraux que j'aimerais vous enseigner. Je voudrais que, par exemple, vous appreniez la leçon donnée par cette maxime : "Rien au delà de ce qui est écrit", c'est-à-dire que vous soumettiez votre jugement sur les hommes à l'Écriture" (1 Corinthiens 4:6).  

Les Tables de pierre : un contrat en deux exemplaires 

Lorsqu'on se réfère à la Loi mosaïque, on pense automatiquement aux Dix Commandements et à ces fameuses "tables de pierre" immortalisées à l'écran par Cecil B. De Mille. Un mot d'abord sur ces "tables de pierre" (lou'hot abanîm). Contrairement à une idée reçue, il n'y avait pas cinq commandement sur la première table et cinq sur la seconde, mais les tables étaient écrites de côté et d'autre (Exode 32:15), et les deux étaient identiques, "écrites du doigt de Dieu" (Exode 31:18 / Deutéronome 9:10) et de sa propre écriture (Exode 32:16). Pourquoi deux tables identiques ? Parce que celles-ci constituaient les deux copies destinées aux contractants de l'Alliance scellées par la Loi divine. Une table pour le peuple et une autre pour Dieu. La loi ayant été rédigée par écrit, on ne pouvait plus en modifier les clauses. La loi divine est un contrat qui lie le Seigneur l'Eternel à son peuple selon des clauses déterminées à l'avance. Le non respect de celles-ci pouvait engendrer l'annulation de l'Alliance. Sans que la "première" n'ait été abrogée, la "Nouvelle Alliance" est celle que Jésus a validée par son sacrifice à la croix. Cette "Nouvelle Alliance" s'en réfère aux Écritures, notamment à ce fameux texte du prophète Jérémie qui, se faisant le porte-parole de Dieu, en annonce les nouvelles clauses (Jérémie 31:33). La loi sera "au dedans d'eux", inscrite "dans leur cœur". Le première Alliance n'est donc pas "abolie", mais "accomplie", elle continue de jouer son rôle de "révélateur" du péché sans aucunement tenter d'y apporter de solution, car ce n'est pas son rôle. Sans laisser aucun espoir au pratiquant d'en réaliser pleinement les exigences, elle l'invite toutefois à y aspirer de toutes ses forces. Les imperfections de ces efforts étant ainsi manifestées, la Grâce peut alors agir pour révéler Celui qui en est le parfait exécutant : le Seigneur lui-même qui a donné cette Loi. Celle-ci est parfaite dans son essence, car elle manifeste les exigences divines à l'égard de l'homme, mais elle exerce parfaitement sa fonction en ce qu'elle révèle les manquements de l'homme conséquents à son péché. Si "la foi vient de ce que l'on entend, et ce que l'on entend vient de la Parole de Dieu", Moïse fut le premier prédicateur à faire usage de la tablette. 

Le culte de l'image  

La principale transgression du peuple d'Israël est, sans conteste, l'idolâtrie. On la retrouve tout au long des Écritures. Elle fut même pratiquée par un roi considéré tout particulièrement pour sa sagesse : Salomon (1 Rois 11). Elle fut pratiquée par le peuple d'Israël alors que Moïse était en train de recevoir, de la main de Dieu, les deux tables de la Loi (Exode 32). Le roi Jéroboam s'inspira même de cet épisode de l'histoire du peuple hébreu et fit faire deux veaux d'or qu'il plaça l'un au Nord et l'autre Sud de son royaume. Les rois de Juda et d'Israël (les deux royaumes issus du schisme après la mort de Salomon) furent nombreux à pratiquer et même à encourager l'idolâtrie, emmenant avec eux les membres du peuple d'Israël dans leurs dérèglements idolâtres. Cette pratique n'était-elle rien d'autre qu'un désir de ressembler aux autres nations ? Non, celle-ci est profondément gravée dans le cœur de l'homme depuis l'aube de l'humanité. S'étant fabriqué des idoles de pierres et de bois, statues, images taillées, pierres ornées de figure d'homme ou de femme, "représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, des reptiles" (Romains 1:23 / Deutéronome 4:16). Esaïe parle même de celui qui fabrique une idole de ses propres mains et qui ensuite se prosterne devant ce qu'il a lui-même fabriqué (Esaïe 2:8) alors que l'Écriture nous met en garde contre le simple fait d'introduire, dans sa maison, des choses "dévouées par interdit". 

Combien de religions, aujourd'hui, utilisent encore ces choses comme supports à leur dévotion ? Par extension, tout ce qui présente, dans le cœur de l'homme, un objet de vénération est susceptible de devenir une idole. Si, comme le dit l'apôtre Paul, le peuple de Dieu constitue "un sacerdoce royal", sa vénération ne peut être orientée que vers le Dieu saint et vers nul autre dieu, ni aucune "représentation" de Dieu, ou de ses créatures. Aujourd'hui, ces "images d'hommes et de femmes" (Romains 1:23) ne sont pas toujours statiques. La technologie est aujourd'hui en mesure de leur donner le mouvement. Même une personne décédée peut aujourd'hui être présente "physiquement", par hologramme. "Et il lui fut donné d'animer l'image de la Bête afin que l'image de la Bête parlât" (Apocalypse 13:15). Cette antique et inique propension de l'être humain à vénérer l'image aura alors atteint un niveau inégalé. Mais la dévotion de certains croyants se fixe aussi parfois sur leurs "ministres du culte" pour, au final, rendre un culte aux "ministres" qui veillent à soigner leur "image" afin d'entretenir cette vénération dont seul le Seigneur devrait être le bénéficiaire. 

Fonctions et hiérarchie   

J'en viens maintenant aux Commandements proprement dits. La loi mosaïque se divise globalement en quatre catégories propres à quatre types de personnes dont j'ai brièvement parlé plus haut. La première catégorie englobe tous les membres de la communauté du peuple d'Israël. La deuxième ne concerne que les lévites qui exercent un sacerdoce au Tabernacle et, plus tard, dans le Temple. La troisième vise plus particulièrement les sacrificateurs (qui sont bien évidemment soumis aux mêmes obligations que les lévites). La quatrième catégorie est très spécifique. Elle ne concerne que le Grand-Sacrificateur. Il y a donc une hiérarchisation des obligations selon les fonctions. Les membres du peuple ne sont pas tenus de respecter celles auxquelles sont soumis les lévites, ni les lévites celles des sacrificateurs. Quant au Grand Sacrificateur, celui-ci étant appelé à entrer dans le Saint des Saints, il est tenu de respecter un protocole spécifique à sa fonction. Plus on s'approche de Dieu, plus le protocole est exigent. Fort heureusement pour nous, Jésus a pleinement accomplit toutes les exigences de la Loi divine alors qu'il était dans une chair d'homme. Au Ciel, il effectue le rôle de Grand Sacrificateur, non selon l'ordre lévitique mais selon l'ordre de Melchisédech, "le roi de justice". Il est Celui qui a pleinement accompli toutes les exigences de la Loi, tout d'abord en tant que membre du peuple d'Israël, et ensuite en tant que Grand Sacrificateur d'un ordre plus excellent que l'ordre lévitique. L'apôtre Paul, s'adressant aux chrétiens de la ville de Colosses, leur écrit : "Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, ni circoncis, ni incirconcis... mais Christ est tout en tous" (Colossiens 3:11). Nous sommes devenus, par notre intégration dans le cadre de la Nouvelle Alliance (l'Alliance renouvelée), "une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis" (1 Pierre 2:9). C'est donc fort de ce statut que nous pouvons nous pencher maintenant sur ces lois divines pour en retirer les directives propres à l'exercice de la fonction qui nous a été confiée. 

Le Nom de Dieu  

Si les Écritures condamnent fermement l'idolâtrie (l'évocation d'autres dieux que le Dieu unique) sous toutes ses formes, elle désapprouve même le fait d'en prononcer les noms. Ainsi, le Psalmiste écrit : "On multiplie les idoles, on court après les dieux étrangers... je ne mets pas leurs noms sur mes lèvres" (Psaume 16:4). En cela, l'auteur du Psaume met en pratique le Commandement que l'on trouve dans le livre du Deutéronome : "Vous ferez disparaître leurs noms de ces lieux-là" (là où il leur était rendu un culte). Il était courant, à cette époque, de s'exprimer au nom d'une divinité pour attester la véracité de ses propos, ou pour souligner un fait. Mais si le fait de prononcer le nom d'une divinité quelconque est proscrite, la prononciation du Nom divin doit se faire avec le plus grand respect. Et de même qu'il est écrit : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant Ma Face" (Exode 20:3), il est également écrit : "Tu ne prendras pas le Nom de ton Dieu en vain (shav)". "Shav" désigne une attitude trompeuse, mensongère et vaine. Paradoxalement, l'Écriture nous aussi : "Tu craindras l'Eternel ton Dieu,... et tu jureras par Son Nom" (Deutéronome 10:20). Une expression courante disait "L'Eternel est vivant !". C'était une façon d'affirmer la véracité de ses propos (1 Samuel 14:45). Utilisée à bon escient, cette exclamation était une bénédiction (Jérémie 4:2), mais le prophète Osée met en garde le peuple contre un usage abusif de cette expression (Osée 4:15) quand "il n'y a que parjures et mensonges" (Osée 4:2). Il serait regrettable de négliger le fait que "L'Eternel ne laissera pas impuni celui qui prendra son Nom en vain" (Deutéronome 5:11). Ainsi, dit l'Eternel : "Vous ne jurerez pas faussement par Mon Nom car tu profanerais le Nom de ton Dieu. Je Suis l'Eternel" (Lévitique 19:1, 12).

C'est "en son nom" (celui de Jésus-Christ) qu'espéreront les nations (Mathieu 12:21). Pourtant, que n'a-t-on pas fait au nom de Jésus-Christ ? Des conversions forcées aux bûchers de l'Inquisition, des appels de fonds pour satisfaire la mégalomanie de certains prédicateurs aux enseignements les plus divers et les plus farfelus. Tout cela, "au nom de Jésus". Ainsi, on pourrait dire : "Tu ne prendras pas le Nom de l'Eternel ton Dieu, le Seigneur Jésus-Christ, en vain". Il est pourtant devenu courant, dans certains milieux, de prononcer un vibrant "Alléluia" à la moindre émotion, ou pour manifester son adhésion aux propos enflammés du prédicateur. Cela peut, certes, être l'évocation d'un véritable élan d'adoration envers l'Eternel, mais il semble n'être parfois plus qu'une expression courante, utilisée sans que celle-ci n'exprime véritablement l'idée qu'elle sous-tend : "Que Dieu soit loué !". Faut-il pourtant rappeler que le mot "Yah" est une forme abrégée du Nom Saint et imprononçable de Dieu, IHVH. Nom qui n'était prononcé qu'une fois par an dans le Lieu Très Saint par le Grand Sacrificateur, le jour de Kippour. Oui, l'Écriture nous incite à ne pas "prendre le Nom de l'Eternel en vain"

De la nourriture 

Si l'Écriture fait un distinguo entre certains aliments "purs et impurs", le Nouveau Testament préconise de manger de tout "pourvu que cela soit pris avec actions de grâce" (1 Timothée 4:3). Il est toutefois recommandé de s'abstenir "d'animaux étouffés" et de "viandes sacrifiées aux idoles, ainsi que du sang (Actes 15:20, 29). La consommation de sang animal étant proscrite (Deutéronome 12:16, 23 à 25), la vie de l'animal étant dans son sang (verset 23). Cet interdit est lié à la capacité de jouir du bonheur, non seulement celui qui s'en abstient mais également les enfants de celui-ci (verset 25). En Actes 15, nous avons un vivant exemple d'une situation nouvelle qui se présentait aux apôtres : celle de la pratique scrupuleuse ou non de la loi thoraïque. Pour les disciples de Yeshoua natifs du peuple hébreu, le problème ne se posait pas puisqu'ils continuaient à pratiquer la loi de la même façon qu'ils le faisaient auparavant. Mais l'arrivée de non-juifs dans les assemblées amenait également une sérieuse remise en question. L'enseignement apostolique dispense les disciples de Yeshoua issus des nations de se plier aux exigences thoraïques, à condition qu'ils s'abstiennent de consommer des animaux étouffés, des mets présentés à des idoles ou encore de sang. Toute autre contrainte alimentaire relèverait d'une tentative de "judaïsation". Toutefois, si par motif de conscience, l'on voudrait s'abstenir de certains aliments conformément à ce que dit l'Écriture, cela ne peut relever que de la volonté personnelle et ne peut être imposé à autrui. 

Influence extérieure   

Les nations cananéennes pratiquaient les sacrifices d'enfants en bas-âge, les offrant à leurs divinités (comme Baal-Moloch) en les faisant "passer par le feu". Cette pratique très ancienne est cependant encore d'usage dans certains rites sataniques. Outre la barbarie que représente un tel acte, elle ampute la génération à venir d'une force vive, maillon indispensable pour la continuité de l'espèce humaine. l'Écriture taxe ces pratiques idolâtres de "criminelles" (Deutéronome 13:11), s'érigeant contre de telles atrocités, et mettant en garde le peuple d'Israël d'en adopter les horribles coutumes dans le culte de l'Eternel (Deutéronome 12:29 à 31). Très rapidement, au cours de son histoire (déjà à partir du deuxième siècle), l'Église est devenue étrangement poreuse à diverses influences extérieures aux sources parfois étrangement troubles. Une pratique qui représente cependant un grand danger. Celui de sacrifier la génération à venir en ne leur transmettant plus "le lait spirituel et pur de la Parole" (1 Pierre 2:2). Quant aux pratiques religieuses inspirées directement des cultes païens, il ne faut pas se tourner beaucoup pour en trouver des traces flagrantes au sein de diverses dénominations. Le "feu de la Saint-Jean" en est un exemple. Fête druidique à l'origine, elle fut "christianisée" par la suite. Il est encore d'usage, dans certaines régions, de passer un enfant "à travers le feu", une pratique héritée directement de cultes comme celui du dieu Moloch auquel on sacrifiait des enfants nouveau-nés ou en bas-âge en les jetant dans la bouche de l'idole à l'intérieur de laquelle brûlait un brasier ardent. Les Hébreux adoptèrent cette pratique abominable. À l'époque des Juges, Jephté sacrifia sa fille, son unique enfant, en holocauste suite à un vœu stupide qu'il fit à l'Eternel (Juges 11:31). Ne pouvant le révoquer, il dû s'exécuter (verset 35, 39). Cela donna lieu à une célébration annuelle pratiquée par les filles d'Israël (verset 40). Comme le dit le livre des Proverbes : "C'est un piège pour l'homme que de prendre à la légère un engagement sacré et de ne réfléchir qu'après avoir fait un vœu" (Proverbes 20:25). De façon toutefois plus modérée, les générations qui viennent sont plus exposées que jamais aux attraits trompeurs du Monde. De notre obéissance aux règles de vie que nous enseignent les Écritures dépend tout autant notre bonheur que celui de nos enfants (Deutéronome 12:28). Cela relève de notre responsabilité comme il en était de même pour les générations qui nous ont précédées. 

Shabbat et fêtes de l'Eternel  

Qu'en est-il du shabbat et des fêtes de l'Eternel ? Paul apporte à cette question, une réponse claire : "Tel fait une distinction entre les jours, tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction" (Romains 14:5). Chacun est donc libre de suivre le calendrier des fêtes de l'Eternel ou de pratiquer le shabbat, s'il le souhaite. Cela ne peut être ni reproché aux pratiquants, ni imposé aux non-pratiquants. Jésus et ses disciples assistaient aux fêtes de l'Eternel. À l'époque de Jésus, la pratique du shabbat et la répartition des tâches autorisées ou interdites le jour du shabbat pouvait varier d'un courant religieux à l'autre. "L'école de Shammaï" était particulièrement rigide et stricte sur la pratique des Commandements. Ce sont des Pharisiens, disciples de cette école, qui interpelleront Jésus et ses apôtres sur le fait de grapiller du blé le jour du shabbat (Marc 2:23, 24). Jésus et ses disciples, plus proches du "courant libéral" de rabbi Hillel (l'aïeul du fameux Gamaliel - Actes 5:34) aux pieds duquel étudia Saul de Tarse, futur apôtre Paul, ne se soumettaient pas à ces exigences issues de la tradition religieuse. Jésus répondra à ses détracteurs : "Le shabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le shabbat" (Marc 2: 27). Il est cependant une fête qui perdurera de façon certaine, pour Israël comme pour les nations, c'est celle de Souccoth, la fête des Tabernacles (Deutéronome 16:13). En effet, le prophète Zacharie écrit qu'après que les nations se soient liguées ensemble pour monter contre Jérusalem (lors de la guerre de Gog), et qu'elles aient été vaincues, celles-ci devront monter à Sion "chaque année pour adorer le Roi, l'Eternel des armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles" (Lévitique 23:34 / Zacharie 14:16). Le non-respect de cette obligation amènera une sécheresse sur ce pays (Zacharie 14:17 à 19). Zacharie fait ici référence à un temps qui correspond au règne du Messie sur la Terre durant ce qui est appelé "le Millénium". Période durant laquelle un temple aura été érigé pour l'Eternel (Ezéchiel 43:10 à 12) et où la pratique de sacrifices d'animaux sera réinstaurée* (Ezéchiel 43:18). Nous voyons ainsi des ordonnances de la loi mosaïque perdurer jusqu'à la période du règne messianique, preuve que, dans la pensée de Dieu ainsi que pour les rédacteurs des Écrits de la Nouvelle Alliance, la loi mosaïque n'a pas été abolie. Jésus l'ayant lui-même affirmé : "Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les Prophètes, je suis venu non pour abolir mais pour accomplir" (Matthieu 5:17). 

Exemples et extraits de la Loi  

Je me suis attelé, jusqu'ici, à tenter de démontrer la validité de la loi mosaïque, son utilité et d'autres choses. J'ai à peine évoqué le fait qu'elle est également utile pour dénoncer le péché car celui-ci ne peut être condamné s'il n'est confronté à l'aulne des exigences divines à l'égard de l'être humain. Exigences qui sont promulguées par la loi, celle-ci ayant des ordonnances différentes selon les catégories de personnes, comme cela a été mentionné plus haut. Le sujet de la loi est vaste, et tenter de le couvrir dans sa globalité dépasserait largement le cadre de cet article. J'aimerais toutefois en aborder certains aspects qui me semblent présenter quelque intérêt de par leur utilité et "l'usage" qui en a été fait au cours des siècles. Ainsi, si Paul nous invite à faire de la loi "un usage légitime", il nous faut en connaître un tant soit peu le contenu. La présentation qui suit ne prétend pas être exhaustive, au contraire ! C'est plutôt un panel de "morceaux choisis". Quelques textes qui peuvent servir d'exemples. 

La loi du Talion. L'origine de cette expression est incertaine, mais son évocation fait immédiatement penser à une éventuelle vengeance qui serait au prorata du préjudice commis. Un article de ce blog a été consacré à ce thème, intitulé "Œil pour œil, dent pour dent". L'interprétation que l'on en fait est généralement tirée de l'application babylonienne du fameux "code d'Hammourabi". Une mauvaise compréhension de la fameuse phrase "Œil pour œil, dent pour dent" a laissé croire que la loi mosaïque autorisait une attitude revancharde (Exode 21: 23 à 25). Il n'en est rien. Bien au contraire. Ce principe exige de celui qui a causé un préjudice à autrui de le dédommager en fonction du déficit subi. Par exemple, en le dédommageant financièrement ou bien en effectuant les tâches que la personnes lésée ne peut plus effectuer à cause de son incapacité de travailler (Exode 21:18, 19). On oublie généralement que cette fameuse expression est en réalité étroitement liée à un préjudice envers... une femme enceinte (Exode 21:22 à 25). La singularité du texte laisse penser que cet "article de loi" a été rédigé sur la base d'un fait divers pour faire ensuite jurisprudence. Autre exemple, un esclave que son maître aurait  éborgné sera remis en liberté pour prix de son œil (Exode 21:26), mais si l'esclave meurt sous sa main, le maître sera puni (Exode 21:20). 

Bien avant les travaux de Pasteur, la loi mosaïque abordait un grand nombre de situations très diverses comme les règles d'hygiène, les menstruations de la femme, l'apparition de mérule dans une maison ou le traitement des défécations. L'application de règles d'hygiène prescrites par la loi mosaïque comme le lavage et la purification des objets usuels, le simple lavage des mains ou l'obligation de se tenir à l'écart de la communauté après avoir touché un mort, de brûler des vêtements contaminés a permis aux communautés juives de limiter les pertes humaines durant les grandes épidémies qui frappèrent l'Europe à certaines périodes noires de son histoire. Voyant que celles-ci étaient relativement épargnées par les différentes épidémies, on accusa alors les Juifs d'empoisonner les puits. Mais l'Église d'alors interdisait formellement la lecture et même la détention d'une Bible, ce qui était considéré comme un grave délit pouvant être puni de mort. Une lecture attentive de ces recommandations fort judicieuses aurait pourtant permis d'endiguer rapidement ces fléaux dévastateurs. Les pratiquants de ces recommandations divines devinrent ainsi les boucs émissaires tout désignés pour palier à l'incompétence du pouvoir en place à endiguer le mal qui frappait ses populations. Si ce pouvoir n'arrive pas à endiguer un mal qui frappe la santé de la population, ce ne peut être que par la faute d'une catégorie de personnes toutes désignées. "Rien de nouveau sous le soleil" aurait dit l'Ecclésiaste. Comme une impression de déjà vu...

La peine capitale

Certains thèmes de la loi mosaïque sont plus délicats à aborder. La peine de mort est l'un d'eux. Ce n'est pas ici le cadre pour polémiquer. Les adeptes du "pour" et du "contre" ont, chacun, leurs arguments. Le fait est que la Bible semble plutôt défendre le parti du "pour". À cela, les adeptes du "contre" évoquent l'épisode de la "femme adultère" surprise en flagrant délit et condamnée à être lapidée (Jean 8:3 à 5). Se référant à la mansuétude du Seigneur (verset 11), ils soutiennent que Jésus était contre la peine de mort. Il faut tout d'abord souligner que si "les scribes et les Pharisiens" qui s'adressent à Jésus le font, c'est "pour l'accuser" (versets 3 à 6). Ils s'attendaient, en effet, à ce que Jésus s'oppose à l'application de la peine, et donc à la loi mosaïque, ce qui l'aurait mis lui-même en faute (Deutéronome 24:16). Sa réponse va les déconcerter (verset 7). Jésus ne s'est pas opposé à la lapidation mais il leur a répondu de telle sorte qu'ils ne puissent agir en conformité avec leur conscience (verset 9).

Cependant, plusieurs détails échappent généralement au lecteur. Il me faut tout d'abord rappeler que cet épisode, bien qu'il soit relaté dans le Nouveau Testament, se déroule sous l'Ancienne Alliance (la Nouvelle n'ayant été promulguée qu'à la mort du Seigneur - Hébreux 9:15). Mais même sous la Nouvelle Alliance, les apôtres n'ont jamais prétendu que la loi mosaïque était devenue obsolète (Romains 3:31). Tout pays a ses lois. Israël avait la loi divine et, aux yeux des apôtres et des disciples, elle demeurait en vigueur (Jérémie 31:30, 31). Cependant, dans ce récit, seule la femme est présentée devant ses juges. La loi de Moïse prévoyait que l'homme et la femme soient lapidés ensemble (Deutéronome 22:22). Or, le texte de Jean nous dit que la femme fut prise "en flagrant délit". Il devait donc être deux ! Où est l'homme ? Les bourreaux qui s'apprêtent à condamner cette pauvre femme prétendent, eux, que la loi de Moïse ne condamne que la femme (Jean 8:5). Ils font donc une interprétation personnelle de la loi mosaïque. Jésus ne s'est pas opposé directement à l'application d'une peine qui, selon la loi en vigueur, était "légale", bien que son application soit plutôt tendancieuse puisque, à leurs yeux, seule la femme devait être lapidée. La sagesse dont Jésus a fait preuve a "déverrouillé" la situation, permettant, au final, de "gracier" cette femme et de l'inviter à changer de vie après avoir confondu ses accusateurs malhonnêtes (verset 11). Tous ayant, dans ce domaine, quelque chose à se reprocher (verset 9). Certains d'entre eux auraient-ils donc dû subir une peine similaire à celle qu'ils voulaient lui infliger ? Si la loi mosaïque se voulait totalement impartiale et juste, leur interprétation de celle-ci s'appliquait avec "deux poids deux mesures". Jésus, sans s'opposer à l'application légale de la loi, a manifesté pleinement l'effet de la Grâce tout en démontrant que "la faute" naît premièrement dans le cœur, et que les plus zélés à faire appliquer les peines peuvent être également susceptibles d'en être l'objet.

Au premier siècle de notre ère, le pays d'Israël est sous domination romaine. La peine de mort infligée par l'envahisseur est l'une des plus cruelles que l'homme ait inventé : la crucifixion. Paul aurait accepté d'être mis à mort par ses compatriotes s'il avait commis une faute qui justifierait cette peine, selon la loi mosaïque, mais il n'en est rien (Actes 25:11). Ayant comparu devant Festus, le nouveau gouverneur romain (Actes 25:1, 6), Paul fit appel à César, désirant comparaître devant le maître de Rome pour défendre sa cause (Actes 25:10 à 12). Il y sera emprisonné puis exécuté. Sa citoyenneté romaine (Actes 22: 25 à 29) lui prévaudra d'être décapité au lieu de subir la crucifixion, destinée à ceux qui ne bénéficiaient pas de cet avantage. Ce qui ressort de ce récit est l'attitude de l'apôtre vis à vis de la peine capitale. Il semble en reconnaître la légitimité (Actes 25:11). Paul, bien qu'il soit devenu le disciple zélé de son maître, le Seigneur Jésus-Christ, le Massiah d'Israël, n'en demeurait pas moins respectueux de la loi mosaïque dont il n'avait cessé de pratiquer les Commandements toute son existence. Il professe accepter la peine capitale selon le protocole requis s'il avait commis une faute qui mérite ce châtiment (par exemple "parler contre le Temple", comme il est injustement accusé de l'avoir fait - Actes 24:13, 20). Mais il n'en est rien. Il sera finalement mis à mort par l'empereur Néron, farouche adversaire des chrétiens.

Pierre et Paul furent, en quelque sorte, les "prémices" des nombreux chrétiens qui, comme eux, furent mis à mort pour seul titre d'accusation que de professer leur foi en Jésus-Christ. Pour mettre ces choses en perspective, il faut se souvenir qu'en France, la peine de mort n'a été abolie qu'en 1981 (il y a à peine quarante ans !) et que, jusqu'en 1975, l'adultère était considéré comme un délit pénal. Ceci, juste pour remettre ces choses dans le contexte, au simple regard des lois en vigueur à cette époque. Dans de nombreux pays dans le monde, la peine capitale est encore applicable, notamment dans certains États des États-Unis où 74 % des chrétiens évangéliques y sont favorables, alors que 62 % des Américains soutiennent son application. Elle est malheureusement également appliquée contre les chrétiens dans un certains nombre de nations où la foi en la Bible est considérée comme un délit punissable de mort.  

La Loi des hommes : Le jugement de Paul 

Un nouveau Gouverneur vient d'arriver en Judée (Actes 24:27). Désireux de ne pas se froisser avec les autorités religieuses fort influentes du pays, Félix, le précédent Gouverneur, avait laissé Paul en prison durant deux années. Jusqu'à ce qu'il soit remplacé par son successeur Festus (Actes 24:27 / 25:1). À peine entré en fonction dans cette région réputée être un véritable brulot, il lui est soumis une affaire qui relèverait plutôt du Sanhédrin (Actes 25:18 à 21). En effet, les accusations qui sont portées contre Paul sont fausses, et ses accusateurs ne sont pas en mesure de pouvoir fournir des preuves de ce dont ils l'accusent (Actes 25:6, 7). Connaissant la faiblesse de leurs chefs d'accusation, ils avaient même projeté de faire assassiner Paul lors d'un déplacement (Actes 25:3). Paul aurait accepté d'être mis à mort par ses compatriotes s'il avait commis une faute qui justifierait cette peine selon la loi mosaïque, mais il n'en est rien (Actes 25:11). Subodorant que Festus pourrait fort bien le livrer aux autorités religieuses, Paul, qui est citoyen romain (Actes 22:25 à 29), fait alors appel à César, demandant à comparaître devant l'empereur pour défendre sa cause. Appel qui, au vu de sa citoyenneté, ne peut lui être refusé. Le Gouverneur se trouve donc devant une situation tout aussi embarrassante que la première car il ne dispose toujours pas de chefs d'accusation valables pour le faire comparaître devant l'empereur (Actes 25:25 à 27), si ce n'est des points doctrinaux sur lesquels il s'opposait à ses accusateurs (Actes 25:19). Bien qu'accusé sur la base de l'annonce de l'Évangile et la messianité de Jésus, Paul se défend, lorsqu'il paraît devant le roi Agrippa, de ne s'être écarté "en rien de ce que les Prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver" (Actes 26:22). Après que Paul se soit exprimé devant Festus et Agrippa, ceux-ci en arrivent à la conclusion que "cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou la prison. Et Agrippa dit à Festus : Cet homme aurait pu être relâché s'il n'en avait fait appel à César" (Actes 26:31, 32). Paul fut donc envoyé à Rome pour être entendu par l'empereur. Son innocence lui valut de disposer d'une relative liberté (Actes 28:16), ce qui lui permit de s'entretenir avec les principaux chefs de la communauté juive de la capitale de l'empire, à qui il conta son histoire (Actes 28:17 à 24). Paul chercha à les convaincre de la messianité de Jésus "par la loi de Moïse et par les Prophètes" (Actes 28:24). Paul demeura encore deux années à Rome où il fut exécuté par Néron, l'un des empereurs romains les plus hostiles au christianisme. Sa citoyenneté romaine lui évita une mort cruelle par crucifixion, il fut décapité par le glaive. 

Dans le contexte du Nouveau Testament, nous voyons ainsi la loi mosaïque, et les autorités religieuses censées la faire appliquer, êtres subordonnés à une autre autorité, romaine celle-là. Mais quelle attitude Paul adopte-t-il par rapport à la peine capitale ? Répondant à Festus qui lui propose d'être jugé devant ses pairs, Paul lui dit : "Si j'ai commis quelque injustice, ou quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir" (Actes 25:11). C'est là un point important qu'il faut retenir, de la part de "l'apôtre des païens", c'est que celui-ci n'est pas du tout opposé à la peine capitale. Bien au contraire, il serait même prêt à la subir s'il reconnaissait avoir commis une faute ou un crime passible de cette sentence. La mort de Paul fut donc un assassinat puisqu'aucun chef d'accusation valable ne pouvait être retenu contre lui. Son seul crime fut d'appartenir à ce mouvement messianique qui, aux yeux de Néron et du Sénat Romain, prenait beaucoup trop d'ampleur au sein de l'empire. 

La naissance de Jésus

Le thème de la loi mosaïque est beaucoup trop vaste pour être couvert dans sa globalité. Je n'en ai abordé ici que quelques aspects. Avant de conclure, il me reste cependant un dernier point à souligner : celui-ci concerne la naissance de Jésus. Ce sujet a déjà été abordé dans des articles précédents comme "La présentation de Jésus au Temple" ou "Quand Jésus est-il né ?"mais il est un aspect de cet événement qui est pourtant d'une importance primordiale : la stricte application de la loi mosaïque comme garante de la validité du ministère de Jésus.

En effet, si les parents de Jésus, Joseph et Marie (Yosef et Myriam de leurs vrais noms), n'avaient pas scrupuleusement respecté les ordonnances concernant la purification rituelle de Marie, la circoncision de l'enfant, la présentation au Temple et l'offrande du premier-né, le ministère de Jésus aurait pu, plus tard, être invalidé et donc être contesté par les autorités religieuses de son époque, voire même par ses propres disciples soucieux de la loi de Moïse comme l'étaient un très grand nombre de personnes du peuple d'Israël. La loi mosaïque touche à tous les domaines de l'existence des Israélites, de la naissance à la mort. Dans la vie de Jésus, chacune de ces ordonnances a été scrupuleusement respectée. Sans cela, sa messianité aurait pu être remise en question. Mais les Évangiles, et plus tard les épîtres apostoliques, nous fournissent de nombreux témoignages de cette conformité, notamment ce que dit Luc en introduction de son Évangile : "Tous deux (les parents de Jésus) étaient Justes (Tsadikim) devant Dieu, observant de manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur" (Luc 1:26). Mais de quoi s'agit-il ? 

On parle généralement de l'accomplissement des prophéties concernant la naissance du Messie. Le lieu où il est né, la virginité de sa mère, etc... Et tout cela vient confirmer son identité. Mais je voudrais m'attarder ici sur l'attitude de ses parents qui sont, nous dit le texte, considérés comme des Tsadikim (des Justes). Luc nous dit tout d'abord que : "Le huitième jour, auquel l'enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu'avait indiqué l'ange avant qu'il soit conçu dans le sein de sa mère "(Luc 2:21 / 1:31). Luc nous donne ici une information que ne fournissent pas les autres évangélistes : le nom de l'enfant était donné le jour de la circoncision. Jésus a été circoncis (selon le rite de la brit milah) le huitième jour. Si Jésus a été circoncis selon le rite mosaïque, il n'a pu l'être que par un lévite de Bethléem chargé de cette fonction. La circoncision introduisit ce "fils d'Abraham" dans l'Alliance qui avait été contractée entre Dieu, le Patriarche et la postérité de celui-ci (Genèse 17:9 à 14 / Actes 7:8). Jésus dira lui-même : "Moïse vous a donné la circoncision, non qu'elle vienne de Moïse mais elle vient des Patriarches" (Lévitique 12:3 / Jean 7:22). Cette circoncision fit donc de Jésus un légitime descendant d'Abraham, mais aussi de nombreux rois d'Israël. La circoncision de Jésus légalisait ainsi son droit à revendiquer, plus tard, sa royauté, légitimée par l'ascendance de Joseph (Luc 2:4 / Matthieu 1:1 à 17)

Il est dit ensuite : 

"Et quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est écrit dans la loi du Seigneur" (Luc 2:22 à 24). Ce texte contient beaucoup d'informations qu'il nous faut aborder pour bien comprendre ce qui s'est produit après la naissance de Jésus. 

"Et quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse". Qu'est-ce donc que ces "jours de purification" dont il est question ici ? Pour le comprendre, il nous faut nous référer à cette "loi de Moïse" dont Luc fait mention. 

"L'Eternel parla à Moïse et dit : Parle aux enfants d'Israël, et dis : Lorsqu'une femme deviendra enceinte, et qu'elle enfantera un fils, elle sera impure comme au temps de son indisposition menstruelle. Le huitième jour, l'enfant sera circoncis. Elle restera encore trente-trois jours à se purifier de son sang ; elle ne touchera aucune chose sainte, jusqu'à ce que les jours de sa purification soient accomplis" (Lévitique 12:1 à 4). Ce "temps de purification" correspond à la période pendant laquelle une femme qui vient d'accoucher peut encore avoir des pertes de sang et de lochies. C'est également pour son corps, un temps de restauration physiologique. Période pendant laquelle le mari ne pouvait  pas s'approcher intimement de son épouse. Joseph ne connut "bibliquement" son épouse qu'après cette période. Le fait que les parents de Jésus n'aient offert que des tourterelles ou des pigeons (Luc 1:24) montre qu'ils étaient de condition modeste, ces animaux constituant "l'offrande du pauvre" (lévitique 12:8). Le sacrifice animal la purifiant (symboliquement) du flux de son sang (Lévitique 12:1 à 4)

Conclusion   

Cet article ne constitue qu'une introduction à ce thème récurrent dans toutes les Écritures Saintes de la Parole de Dieu. Dans cette première partie, je n'ai fait que survoler le sujet de la loi mosaïque. Celui-ci étant fort vaste et touchant beaucoup de domaines différents, il ne m'était bien évidemment pas possible, en un seul article, de l'introduire et de le développer. J'ai bien conscience que la loi mosaïque ne fait pas partie des sujets privilégiés des lecteurs de la Bible. Pourtant, je pense que, premièrement, beaucoup d'aprioris et de préjugés circulent sur celle-ci. Et deuxièmement, il me semble nécessaire d'en connaître le contenu pour une juste appréciation des récits bibliques dans leur ensemble, y compris ceux du Nouveau Testament. J'en prends pour exemple la naissance de Jésus et le strict respect des ordonnances liées à la naissance d'un garçon (mentionnés ci-plus haut). C'est en effet l'observance des ordonnances mosaïques, par ses parents, qui ont permis la validation du ministère de Jésus et sa reconnaissance en tant que Messie d'Israël. Dans les articles à venir qui traiteront plus en détail de la Loi mosaïque, et pour ceux qui auront véritablement le désir d'approfondir le sujet, j'aborderai les différents types de lois et d'ordonnances. Là encore, ce ne sera qu'un "balayage" des différents sujets traités. Le Psalmiste, dans le Psaume 119 (qui est une ode à la loi mosaïque) dit : "Combien j'aime ta loi ! Elle est tout le jour l'objet de ma méditation". Et plus loin : "Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi" (Psaume 119:97, 165).

Puissions-nous partager ce même engouement pour ce qui demeure une part entière de la Parole de Dieu, la Bible, support de notre foi et des convictions que nous professons. 

 

JiDé

De l'utilité de la Loi mosaïque
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