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Rois d'Israël et de Juda : Josaphat


Nous sommes en l'an 870 avant notre ère. Asa vient de mourir. Son fils Josaphat règne désormais seul sur le royaume de Juda après avoir gouverné aux côtés de son père pendant quatre années. Il a trente-cinq ans, et cela fait déjà quatre ans qu'Achab, fils d'Omri, est monté sur le trône du royaume d'Israël*, à Samarie. 

Josaphat conserva la ligne de conduite d'Asa, son père, en demeurant fidèle à l'Eternel (1 Rois 22:43 / 2 Chroniques 20:32). Il n'alla pas auprès des Baals mais il suivit scrupuleusement les commandements de Dieu. "Son cœur grandit dans les voies de l'Eternel" et "l'Eternel affermit la royauté entre les mains de Josaphat", tout comme Il l'avait fait déjà durant le règne d'Asa dont le cœur lui était entièrement dévoué. Soucieux de ce que le peuple soit enseigné dans toute la Loi de Moïse, "la troisième année de son règne", Josaphat chargea cinq de ses hauts dignitaires d'aller l'enseigner dans les villes de Juda. Les membres du conseil royal étaient accompagnés de lévites et de sacrificateurs (2 Chroniques 17:7 à 9). Cette petite troupe parcourut tout le territoire de Juda, ayant en sa possession une copie de la Loi de Moïse dont elle se servait pour enseigner le peuple (2 Chroniques 17:9). Josaphat s'attacha aux Commandements de Dieu et veilla à ce que ceux-ci soient pratiqués sur tout le territoire de son royaume. "Son cœur grandit dans les voies de l'Eternel" (2 Chroniques 17:6) et "l'Eternel affermit la royauté entre les mains de Josaphat" (2 Chroniques 17:5). L'Eternel était avec Josaphat et, comme du temps de Salomon, "il y avait la paix de tous les côtés" (1 Rois 4:24) car "la terreur de l'Eternel s'empara de tous les royaumes des pays qui environnaient Juda, et ils ne firent point la guerre à Josaphat" (2 Chroniques 17:10). Les Philistins (à l'Ouest) et les Arabes (à l'Est) lui apportaient un tribu annuel (2 Chroniques 17:11)"Josaphat s'élevait au plus haut degré de grandeur" (2 Chroniques 17:12). Après avoir veillé à ce qu'il soit enseigné dans toute la Loi de Moïse, le peuple fut en paix à ses frontières, et la renommée de Josaphat ne fit que croître. Dès le début de son règne, "Josaphat fut en paix avec Achab, le roi d'Israël" (1 Rois 22:45), mais il s'était, pour cela, fortifié contre Israël (le royaume du Nord dont Achab était le roi). "Il mit des troupes dans toutes les villes fortes de Juda, et des garnisons dans le pays de Juda (sur son propre territoire) et dans les villes d'Ephraïm (autrefois sur le territoire d'Israël) dont Asa, son père, s'était emparées" (2 Chroniques 17:2) mettant ainsi fin aux hostilités qui opposaient les deux royaumes depuis l'époque de Roboam, quelques soixante-dix ans plus tôt.  Josaphat avait, il est vrai, dans son armée, à Jérusalem, "de vaillants hommes pour soldats" (2 Chroniques 17:13) provenant à la fois des tribus de Juda et de Benjamin (2 Chroniques 17:14 à 19). Après que le cœur de Josaphat eut suffisamment grandi "dans les voies de l'Eternel", et que "l'Eternel (ait) affermi la royauté entre (ses) mains", le roi "fit encore disparaître de Juda les hauts lieux et les idoles" (2 Chroniques 17:5, 6). Josaphat fit cependant alliance avec le roi d'Israël, et donna son accord pour que son fils Joram, futur roi de Juda, épouse Athalie, la fille d'Achab

La troisième année de son règne, Josaphat se rendit à Samarie auprès du roi Achab qui réussit à le persuader de se joindre à lui pour reprendre, aux Syriens, la ville de Ramoth en Galaad dont ils s'étaient autrefois emparés. Josaphat voulut tout de même consulter le conseil de l'Eternel. Quatre cents prophètes, désireux de ne pas contredire les désirs de leur roi, répondirent tous d'une même voix, encourageant Achab à monter contre les Syriens avec lesquels il était en paix depuis trois ans. Josaphat, un peu sceptique, demanda à entendre un authentique prophète de l'Eternel. On fit venir Michée. Celui-ci répondit tout d'abord de façon ironique en répétant ce que les prophètes de cour avaient dit précédemment, mais Achab exigea de lui qu'il dise la vérité. Michée mit alors Achab en garde, lui assurant une cuisante défaite. Dépité, le roi d'Israël fit jeter le prophète perturbateur en prison jusqu'à ce qu'il revienne victorieux mais Michée, traîné par les soldats qui l'emmenait, cria au roi qu'il ne reviendrait pas en paix de cette bataille. Soucieux de conserver son anonymat pendant les combats, et suspectant les Syriens de vouloir sa tête, Achab se déguisa afin que ses ennemis ne puissent le reconnaître, tout en incitant Josaphat à porter ses propres vêtements royaux. Les Syriens étaient déterminés à concentrer leurs efforts sur le roi d'Israël pour l'abattre. Ce qu'ils tentèrent de faire en s'approchant du char de Josaphat, revêtu de sa parure royale. Se voyant soudain devenu la cible de l'ennemi, Josaphat poussa un cri, et le roi échappa miraculeusement à ses adversaires. Quant à Achab, une flèche perdue vint le frapper à l'endroit où sa cuirasse ne le protégeait pas. Frappé à mort, il demanda au conducteur de son char de s'éloigner des combats, mais ceux-ci faisant rage de toutes parts, il ne put quitter le champ de bataille et il mourut là, son sang s'étant répandu dans son char.

De retour à Jérusalem, sa capitale, Josaphat fut sévèrement réprimandé par le prophète Jéhu, fils de Hanani qui était lui-même prophète. Cependant, l'Eternel tint compte de la droiture de son cœur et de son amour pour Lui, et Josaphat demeura un temps à Jérusalem. Il entama ensuite une tournée de son royaume "de Beer-Schéba à la montagne d'Ephraïm", pour ramener le peuple à l'Eternel. Il mit en place des juges et des lévites afin de rendre la justice en conformité avec la Loi de l'Eternel. Mais Les Moabites et les Ammonites se levèrent contre Josaphat pour lui faire la guerre. Face à une armée nombreuse qui marchait contre son royaume, Josaphat convoqua tout le peuple et instaura un jeûne et un temps d'adoration. Alors, un prophète d'entre les lévites se leva et prophétisa la victoire assurée par l'Eternel. Avant même que les Judéens n'aient atteint le lieu où devait se dérouler la bataille, leurs adversaires se retournèrent les uns contre les autres et se massacrèrent mutuellement. Lorsque Josaphat et son armée arrivèrent dans la vallée de Beraca, où ils devaient s'affronter, ils ne virent que des cadavres en grand nombre. Ils pillèrent ainsi les camps de leurs ennemis et revinrent avec de grands butins. Les nations alentours apprirent que Josaphat avait vaincu ses ennemis et ils le craignirent d'autant plus. Cette victoire de l'Eternel lui assura ainsi une paix durable avec ses voisins. En l'an -853, Achazia, le fils d'Achab, monta sur le trône. Josaphat s'associa avec lui pour construire des navires à Etsjon-Gueber, à proximité d'Eilat, au Sud du territoire de Juda, à l'extrémité nord du Golfe d'Aqaba, les deux rois ayant projeté de faire commerce à Tarsis. Mais un prophète de l'Eternel vint à Josaphat et lui annonça que parce qu'il s'était allié à un roi impie, Dieu détruirait son projet. La flotte qu'il avait fait construire fut effectivement entièrement détruite. Josaphat régna vingt-cinq ans sur le royaume de Juda. À sa mort, en l'an -848, son fils aîné, Joram, monta à son tour sur le trône.    

*Le royaume du Nord fondé par Jéroboam après le schisme en -931.  

La Réforme

Josaphat (dont le nom signifie : "L'Eternel a jugé") ne dispose désormais plus des précieux conseils de son père. Il lui faudra gouverner seul, bien qu'il ait hérité d'Asa une foi profonde dans le Dieu d'Israël, un respect de la Loi de Moïse et une aversion pour l'idolâtrie sous toutes ses formes (2 Chroniques 17:3 ; 19:3). Cependant, le peuple continuait à adorer sur les hauts lieux (1 Rois 22:44 / 2 Chroniques 20:33) tout comme il le faisait déjà durant le règne d'Asa, bien que le cœur de son père ait été tout entier à l'Eternel (1 Rois 15:14). Avant la construction du Temple, à Jérusalem, les Hébreux adoraient l'Eternel sur ces hauts lieux, mais ceux-ci devinrent peu à peu des autels idolâtres où se mêlaient le culte du Dieu d'Israël et de ceux des nations (2 Chroniques 20:33 ; 15:17). L'idolâtrie étant souvent propagée par les pratiques de la famille royale elle-même : ses rois et les épouses étrangères de ceux-ci. Mais contrairement à Maaca, l'épouse de Roboam (l'arrière grand-mère de Josaphat), qui fut profondément idolâtre et qui exerça une forte influence à la cour jusqu'à ce que son petit-fils Asa la destitue à cause de son idolâtrie (1 Rois 15:9, 10, 13 / 2 Chroniques 15:16), Azuba, la mère de Josaphat, se montra discrète et effacée. Épouse d'un homme de foi, elle sut tenir son rang sans s'immiscer dans les affaires d'état, ni s'adonner à des pratiques que l'Eternel réprouvait. "Il (Josaphat) régna vingt-cinq année sur Jérusalem. Sa mère s'appelait Azuba, c'était la fille de Schilchi" (1 Rois 22:42 / 2 Chroniques 20:31)

Les vingt-cinq années de règne dont il est fait mention dans ce texte comprennent les quatre années durant lesquelles il partagea le trône avec Asa, son père. Une pratique courante, dans l'Antiquité, qui assurait aux rois de conserver leur trône durant la période où ils étaient à la guerre. Belschatsar, roi de Babylone, en est un exemple. Le petit-fils de Nabucadnetsar régnait à Babylone pendant que son père, Nabonide, combattait les Perses aux confins de l'empire, assurant ainsi au monarque de retrouver son trône à son retour de campagne. Septième roi de la dynastie davidique (2 Chroniques 17:3), qui s'étendit sans discontinuer jusqu'à Sédécias et la déportation par les Babyloniens en l'an 586 avant notre ère (2 Chroniques 36:11 / 2 Rois 24:17 ; 25:2, 7), Josaphat fut l'un des cinq rois de Juda, après son père Asa, et avant Joas, Ezéchias et Josias, qui demeurèrent fidèles à l'Eternel. 

Athalie, belle-fille de Josaphat

Josaphat fit la paix avec Achab (1 Rois 22:45), et accepta que son fils Joram épouse Athalie, la fille d'Achab et de Jézabel (2 Rois 8:18, 25, 26). Mais, à deux reprises, Athalie est appelée "fille d'Omri" (2 Chroniques 22:2 / 2 Rois 8:26), du nom du précédent roi d'Israël, le père d'Achab (un article de cette série lui est en partie consacré), ce qui souligne probablement des similitudes de caractères entre le grand-père (qu'elle n'a pourtant pas connu) et sa petite-fille. 

Athalie tenait à la fois de sa mère, Jézabel, et de son grand-père Omri, qui avait été général des armées d'Ela et de Baescha, rois d'Israël. Le fils de Joram et d'Athalie, Achazia, deviendra à son tour roi de Juda. À partir de ce jour, l'ombre d'Omri, grand-père d'Athalie, ne cessera de couvrir les couloirs du palais. Le vers était entré dans le fruit. Bien que l'armée de Juda fut puissante, l'alliance que Josaphat fit, par mariage interposé, avec Achab réintroduisait, au royaume de Juda, les pratiques occultes et idolâtres du royaume d'Israël par l'intermédiaire de sa belle-fille. Et cela, parce que "Josaphat... s'allia, par mariage, avec Achab" (2 Chroniques 18:1).

Coalition 

En l'an 853 / 852, Josaphat se rendit à Samarie, auprès du roi Achab, le père de sa belle-fille. Achab réussit à persuader Josaphat de se joindre à lui pour reprendre la ville de Ramoth, en Galaad, dont le roi de Syrie s'était emparée (1 Rois 22:1 à 4 / 2 Chroniques 18:2). La ville était autrefois sur le territoire de la tribu de Gad, de l'autre côté du Jourdain, probablement à proximité du fleuve Jabbok, aujourd'hui sur le territoire jordanien (Deutéronome 4:43 / Josué 20:8). Et Josaphat leva son armée pour se joindre à celle d'Achab (1 Rois 22:4) tout comme il le fera plus tard, à la demande de Joram,  fils d'Achab, pour combattre Moab qui s'était révolté contre la domination du royaume du Nord (2 Rois 3:7)

Le quatre cent-unième prophète

Josaphat, désireux de consulter l'Eternel avant d'aller à la guerre (il lui aurait été préférable de le faire avant de s'engager auprès d'Achab !), demanda à ce que la parole de Dieu soit consultée par l'intermédiaire de l'un de ses prophètes (1 Rois 22:5). Achab convoqua alors ses prophètes de cour. Soucieux de ne pas déplaire à celui qui les entretenait, ils s'unirent tous d'une même voix pour lui assurer une victoire certaine (1 Rois 22:6, 11, 12). Les quatre cent cinquante prophètes de Baal qui avaient été égorgés par Élie au torrent du Kison avaient donc été remplacés (1 Rois 18:40). L'un de ces prophètes de cour, Sédécias, fils de Kénaana, s'était fait des cornes de fer (symbole de la puissance) et prophétisait la victoire à Achab en les brandissant (1 Rois 22:11 / Zacharie 1:18 à 21).  Dans la symbolique biblique, la corne (en hébreu "keren") représente la force et la puissance d'un guerrier ou d'une nation (Deutéronome 33:17). En brandissant ses cornes de fer, le faux prophète cherche à flatter Achab en le présentant comme un guerrier invincible dont la force destructrice (le fer) viendra facilement à bout de ses adversaires. Et tous les autres prophètes rallièrent leurs voix à celle de Sédécias (1 Rois 22:11, 12 ; 2 Chroniques 18:5). Josaphat, discernant ce qui n'était qu'une parade de cour, demanda à consulter un authentique prophète de l'Eternel (1 Rois 22:7 ; 2 Chroniques 18:6). Achab fut forcé de reconnaître l'existence de l'un d'eux, mais celui-ci ne prophétisant que des choses déplaisantes à son goût, il répugnait à l'entendre (1 Rois 22:8 ; 2 Chroniques 18:7). Il le fit cependant convoquer (1 Rois 22:9 ; 2 Chroniques 18:8). Ceux qui introduisirent Michée, fils de Jimla, auprès du roi tentèrent de le "briefer"  afin qu'il oriente son discours pour plaire au roi (1 Rois 22:13 ; 2 Chroniques 18:12), mais Michée, en authentique prophète de l'Eternel, promit de ne prononcer que les paroles de Dieu (1 Rois 22:14 ; 2 Chroniques 18:13). Ce qu'il fit. Pourtant, la réponse de Michée peut surprendre, et semble en contradiction avec ses propos précédents (1 Rois 22:14 ; 2 Chroniques 18:13). Michée savait qu'Achab ne serait pas disposé à entendre ce qu'il avait à lui dire. Il lui parla donc tout d'abord de façon ironique, en lui prédisant ce qu'il avait envie d'entendre, tout en lui faisant bien comprendre que ce n'était pas du tout ce qu'il pensait réellement (1 Rois 22:15 ; 2 Chroniques 18:14). En substance, Dieu dit à Achab, par la bouche de Michée : "Bon, eh bien puisque c'est ce que tu veux faire, fais-le ! Tu n'as pas besoin de mon avis !". Alors Achab, piqué au vif, se mit en colère et exigea du prophète qu'il lui dise la vérité (1 Rois 22:16 ; 2 Chroniques 18:15). Ce qu'il fit (1 Rois 22:17 ; 2 Chroniques 18:16). Puis, il poursuivit son message, accusant tous les prophètes présents d'être animés d'un esprit de mensonge (1 Rois 22:19 à 23 ; 2 Chroniques 18:18 à 22). Sédécias, "le prophète aux cornes de fer", s'approcha de Michée et le gifla en le raillant (1 Rois 22:24 ; 2 Chroniques 18:23). Michée lui répondit en lui annonçant un sort semblable à celui du roi syrien, Ben-Haddad (1 Rois 22:25 ; 2 Chroniques 18:24 ; 1 Rois 20:30). Achab, dépité, ordonna l'emprisonnement de Michée (1 Rois 22:26, 27 ; 2 Chroniques 18:25, 26). Et alors que les gardes du palais l'emmenaient, le prophète mit Achab en garde, lui assurant une cuisante défaite (1 Rois 22:28 ; 2 Chroniques 18:27). L'emprisonnement de Michée était, aux yeux d'Achab, une manière presque superstitieuse de conjurer les paroles du prophète à son égard (1 Rois 22:27 ; 2 Chroniques 18:26). La suite des événements confirmerait pourtant la véracité de ses avertissements, et bien pire encore. 
 


Défaite et mort d'Achab 

Achab et Josaphat montèrent ensemble sur le champ de bataille contre le roi syrien Ben-Hadad II (appelé également Hadad Ezer), à Ramoth en Galaad (1 Rois 22:29 ; 2 Chroniques 18:28). Achab incita Josaphat à porter ses propres habits royaux et "se déguisa" (1 Rois 22:30 ; 2 Chroniques 18:29). Achab devait porter l'uniforme d'un simple officier car il avait une cuirasse (1 Rois 22:34 ; 2 Chroniques 18:33). Le roi d'Israël avait-il eu vent qu'il serait la cible privilégiée de ses ennemis, comme l'avait ordonné le roi de Syrie (1 Rois 22:31 ; 2 Chroniques 18:30) ? Achab, frappé par une flèche perdue à l'endroit le plus improbable, au défaut de la cuirasse, bloqué de toutes parts par les combats qui faisaient rage, ne put quitter le champ de bataille et mourut là, au beau milieu des combats dont il ne put s'éloigner (1 Rois 22:34, 35 ; 2 Chroniques 18:34), alors que Josaphat se retirait, indemne, après avoir été un moment pris pour cible par ses adversaires l'ayant un instant confondu avec le roi d'Israël (1 Rois 22:32, 33 ; 2 Chroniques 18:31, 32). Josaphat retourna dans son palais, à Jérusalem (2 Chroniques 19:1).  

Profondes réformes 

Lorsqu'il fut de retour au palais, Josaphat reçut la visite du prophète Jéhu, fils du prophète Hanani, qui le réprimanda pour être venu au secours d'Achab et de ceux qui "haïssent l'Eternel" (2 Chroniques 19:1, 2). Mais Dieu, par la bouche de Jéhu, lui assura également son assentiment pour avoir fait disparaître les idoles du pays et avoir appliqué son cœur à Le chercher activement (2 Chroniques 19:3 ; Deutéronome 16:21, 22).

Josaphat poursuivit son œuvre de réforme (2 Chroniques 19:4 à 11), se conformant aux directives de la loi mosaïque quant à l'établissement de juges et de magistrats dans toutes les villes de son royaume (2 Chroniques 19:5, 6, 11 ; Deutéronome 16:18). Il leur recommanda de rendre la justice avec équité et droiture, tout comme l'exigeait la loi de Moïse (2 Chroniques 19:7 ; Deutéronome 16:19, 20), en ne faisant aucunement de favoritisme ou de passe-droit (2 Chroniques 19:7 ; Deutéronome 1:17). Après avoir éradiqué l'idolâtrie de la surface de son territoire, Josaphat dut s'attaquer ensuite à la corruption qui gangrénait la justice et le droit au sein de la population de son royaume (Psaume 58:1, 2), prenant ainsi exemple sur la façon dont le Messie appliquera la justice lorsque son règne aura été établi sur les nations (Esaïe 11:1 à 5). Josaphat savait que l'idolâtrie allait de pair avec une méconnaissance de la loi divine. De même, la corruption qui sévissait alors à tous les échelons de la société ne pouvait être éradiquée efficacement que par l'institution de juges intègres et de lévites capables d'instruire le peuple dans la crainte respectueuse de l'Eternel (2 Chroniques 19:8, 9, 11 ; Psaume 19:10). Leur intégrité devant être à la mesure de leur déférence à l'égard de leur Dieu (1 Rois 8:61 ; 2 Chroniques 19:10). Josaphat instaura ainsi, au sein de son royaume, des structures éducatives et judiciaires dotées des moyens nécessaires pour faire appliquer la loi de façon équitable et juste. Il mit à la tête de ces structures le souverain sacrificateur Amaria, l'ancêtre d'Esdras (Esdras 7:1 à 5) qui, tout comme son aïeul, était "versé dans la loi de Moïse" (Esdras 7:6). Tous ceux qui, à quelque échelon que ce soit, avaient été investis d'une fonction étaient conscients de s'occuper des "affaires de l'Eternel" (2 Chroniques 19:11 ; 1 Chroniques 26:30). Josaphat mit également, à leur tête, "Zebadia, fils d'Ismaël, chef de la maison de Juda, pour toutes les affaires du roi" (2 Chroniques 19:11). Le roi encouragea ainsi les servants de cette nouvelle Réforme en les assurant du soutien de l'Eternel dans la juste pratique de leur ministère : "fortifiez-vous et agissez" leur dit-il, "et que l'Eternel soit avec celui qui fera le bien" (2 Chroniques 19:11).   

Guerres de l'Eternel 

L'auteur du livre des Chroniques introduit ensuite un autre épisode de la vie de Josaphat, qu'il est le seul à mentionner, en débutant son récit par ces mots : "Après cela" (2 Chroniques 20:1).

"Après cela, les fils de Moab et les fils d'Ammon (de la descendance de Lot), et avec eux des Maonites, marchèrent contre Josaphat pour lui faire la guerre. On vint en informer Josaphat, en disant : Une multitude nombreuse s'avance contre toi depuis l'autre côté de la mer (la Mer Morte), depuis la Syrie, et ils sont à Hatsatson-Thamar, qui est En-Guédi" (2 Chroniques 20:1, 2). 

Ce "après cela" fait probablement référence à la réforme entamée par Josaphat au sein de son royaume, mais il se réfère également à la guerre que le roi de Juda mena contre Ben-Hadad, le roi de Syrie, aux côtés d'Achab, roi d'Israël car, nous dit le texte, "une multitude nombreuse s'avance... depuis la Syrie...". À la suite de la première réforme, Dieu affermit le royaume de Juda et "la terreur de l'Eternel s'empara de tous les royaumes des pays qui environnaient Juda, et ils ne firent point la guerre à Josaphat" (2 Chroniques 17:10). Le royaume de Juda connut alors une période de paix, tout comme ce fut le cas durant le règne d'Asa son père (2 Chroniques 14:5) après que celui-ci eut purifié le pays de son idolâtrie (2 Chroniques 14:1 à 4). Mais Josaphat s'était impliqué dans un conflit où il n'avait que faire (en se coalisant avec Achab contre le roi de Syrie), et s'était ainsi fait des ennemis. Et pendant qu'il menait à bien la tâche que Dieu lui avait confiée, une coalition de peuples, qui s'étaient jusque là tenus en repos, se liguait maintenant contre lui : Ammon, Moab (peuples frontaliers, sur la rive orientale du Jourdain), et les Maonites, localisés aux alentours de la montagne de Séïr (2 Chroniques 20:10). À l'époque des Juges, les Maonites s'étaient associés aux Amalécites et aux Sidoniens, pour combattre les Hébreux (Juges 10:12). Le roi Ozias (appelé aussi Azaria) qui régnera sur Juda de 767 à 740, lui aussi fidèle à l'Eternel (2 Chroniques 26:1 à 5), recevra l'aide de Dieu pour les combattre (2 Chroniques 26:7). Quant aux Ammonites, ils étaient déjà alliés aux Syriens à l'époque de David (1Chroniques 19:14, 15). Il se peut fort bien que cette coalition venue "de l'autre côté de la mer, depuis la Syrie" (2 Chroniques 20:2) ait constitué une réponse à l'implication de Josaphat dans le conflit qui l'opposa à Ben-Haddad (2 Chroniques 18:31, 32). En effet, si les Syriens avaient, un instant, confondu Josaphat avec Achab (verset 32), ils n'en reconnurent pas moins, ensuite, le roi de Juda à ses côtés (verset 31)

Les informateurs de Josaphat situèrent ses ennemis "à Hatsatson-Thamar, qui est En-Guédi" (2 Chroniques 20:2). La rédaction des livres des Chroniques est assez tardive. Certains commentateurs la situe lors de l'Exil à Babylone (après 586). D'autres, au retour d'Esdras en terre d'Israël. On peut donc situer la rédaction de ces "mémoires" au cinquième siècle avant notre ère, soit environ quatre siècles après les événements relatés ici. Une rédaction qui fut, bien évidemment, réalisée sur la base de documents plus anciens relatant le détail de ces événements. Les livres des Chroniques étant, en quelque sorte, une "compilation" du contenu des documents auxquels eut accès le rédacteur. Entretemps, le nom de Hatsatson-Thamar fut changé en En-Guédi, d'où cette nouvelle appellation. 

Ayant appris cela, Josaphat fut effrayé, mais il "se disposa à chercher l'Eternel" (2 Chroniques 20:3), car c'était une disposition naturelle de son cœur (2 Chroniques 19:3). "Et il (Josaphat) publia un jeûne pour tout (le royaume de) Juda. (Le royaume de) Juda s'assembla pour invoquer l'Eternel, et l'on vint de toutes les villes de Juda pour chercher l'Eternel" (2 Chroniques 20:3, 4). La mobilisation générale de la population du royaume de Juda est significative de la réforme effectuée précédemment par Josaphat (2 Chroniques 19:5 à 11) qui avait ramené son peuple "à l'Eternel, le Dieu de leurs pères" (2 Chroniques 19:4). On retrouve ici le zèle et la foi d'Asa, le père de Josaphat, qui adressa à Dieu une magnifique prière (2 Chroniques 14:10) lorsqu'il fut confronté à une coalition de Cuschites conduite par "Zérach l'éthiopien" (2 Chroniques 14:8). Ce fut une "guerre de l'Eternel" (2 Chroniques 14:11, 12) que le roi de Juda devait encore avoir alors en mémoire. Cette menace mit à l'épreuve la confiance de Josaphat en son Dieu, mais elle put ainsi prouver la profondeur de sa foi. Dieu accorda un délai à Josaphat avant qu'il ne soit confronté à un nouvel ennemi. Un temps mis à profit pour  approfondir la réforme entamée avant sa guerre contre la Syrie. Mais c'est à un roi profondément attaché à son Dieu que s'attaquent ses ennemis, et Dieu va lui donner la victoire en réponse à sa fidélité et sa profonde dévotion. 

La prière de Josaphat  

"Juda s'assembla pour invoquer l'Eternel, et l'on vint de toutes les villes de Juda pour chercher l'Eternel (à Jérusalem, là où se trouvait le Temple de l'Eternel). Josaphat se présenta au milieu de l'assemblée de Juda et de Jérusalem, dans la maison de l'Eternel, devant le nouveau parvis" (2 Chroniques 20:4, 5). On peut imaginer, venue de toutes les villes et villages, la population du royaume de Juda, assemblée autour du Temple (le premier Temple, celui qui avait été bâti par Salomon), et le roi paraissant alors devant le nouveau parvis (qui devait avoir été agrandi pour accueillir de tels rassemblements). Josaphat prend alors la parole, s'adressant au Dieu Très-Haut : "Eternel, Dieu de nos pères, n'es-tu pas Dieu dans les cieux ?" (2 Chroniques 20:6), se référant ainsi directement à un passage du livre du Deutéronome (Deutéronome 4:39). "Et n'est-ce pas toi qui domines sur tous les royaumes des nations ?" comme le dit un Psaume de David (Psaume 22:29). "N'est-ce pas toi qui a en main la force et la puissance, et à qui nul ne peut résister ?" (2 Chroniques 20:6), dit-il, faisant ici référence à la prière de David devant l'assemblée de Juda lorsqu'il remit, à son fils Salomon, la responsabilité de bâtir ce Temple devant lequel Josaphat se tenait ce jour (1 Chroniques 29:10 à 20). Et Josaphat implora l'Eternel (2 Chroniques 20:6 à 12) avec une foi identique à celle de son père, Asa (2 Chroniques 14:10). L'expression "N'est-ce pas toi qui a en main la force et la puissance" est d'autre part directement inspirée du discours de David (1 Chroniques 29:12). Il rappelle également que cette terre sur laquelle ils vivent leur a été donnée, en héritage, par leur ancêtre Abraham (2 Chroniques 20:7 ; Genèse 13:14 à 17). Josaphat poursuit (2 Chroniques 20:8, 9) en se référant ensuite à la prière que Salomon avait adressée à l'Eternel lors de la dédicace de ce Temple (2 Chroniques 6:12 à 42) devant lequel il se tenait, avec toute l'assemblée de son peuple, pour rechercher le secours de l'Eternel (2 Chroniques 20:5). 
 


Salomon, se tenant "devant l'autel de l'Eternel, en face de toute l'assemblée d'Israël" (2 Chroniques 6:12), avait prié en ces mots : "Sois attentif à la prière de ton serviteur et à sa supplication, écoute le cri et la prière que t'adresse ton serviteur... Écoute la prière que ton serviteur fait en ce lieu. Daigne exaucer les supplications de ton serviteur et de ton peuple d'Israël, lorsqu'ils prieront en ce lieu ! Exauce du lieu de ta demeure, des cieux, exauce et pardonne !" (2 Chroniques 6:19, 21). Josaphat cite ensuite de mémoire un extrait de cette prière (2 Chroniques 6:28 ; 20:9), qui dit : "Quand l'ennemi assiégera ton peuple dans son pays, dans ses portes..." (2 Chroniques 6:28), ce qui correspondait alors à la situation du peuple de Juda. 

Salomon avait également dit : "Si un homme, si tout ton peuple d'Israël fait entendre des prières et des supplications, et que chacun reconnaisse sa plaie et sa douleur et étende les mains vers cette maison, exauce-le des cieux, du lieu de ta demeure..." (2 Chroniques 6:29, 30). Dans sa prière, Josaphat ajouta : "Nous nous présenterons devant cette maison et devant toi, car ton nom est dans cette maison, nous crierons à toi du sein de notre détresse, et tu exauceras et tu sauveras" (2 Chroniques 20:9)

"Maintenant, voici les fils d'Ammon et de Moab (la postérité de Lot), et ceux de la montagne de Séïr (les Édomites)... viennent nous chasser de ton héritage dont tu nous as mis en possession. Ô notre Dieu, n'exerceras-tu pas tes jugements sur eux ?" (2 Chroniques 20:11, 12). Josaphat fait ici allusion à un épisode relaté dans le livre des Nombres (Nombres 20:14 à 21) et dans le Deutéronome (Deutéronome 2:4 à 6). Le danger qui menace Israël est intemporel (2 Chroniques 20:11). Il est illustré par le Psalmiste, mais il est de tous temps (Psaume 83). Pour être délivré de la menace qui pèse sur eux, Josaphat s'en réfère à la justice protectrice de Dieu (Juges 11:27).  

La victoire est à notre Dieu

Et alors que tout le peuple, hommes, femmes et enfants, se tenaient devant l'Eternel en espérant son secours, "l'Esprit de l'Eternel saisit Jachaziel, (un) lévite d'entre les fils d'Asaph" (2 Chroniques 20:14). Jachaziel prophétisa devant le roi et devant tout le peuple des paroles d'encouragement. Dieu promettait une victoire sans combat. Il leur suffisait de se présenter au lieu supposé de la bataille, le reste était dans Ses mains (2 Chroniques 20:14 à 17). Un message qui rappelle celui que Dieu adressa au peuple d'Israël, après que les éclaireurs de la terre de Canaan soient revenus avec un compte-rendu négatif de leur exploration (Deutéronome 1:29, 30)

La parole de l'Eternel rappelle quelque peu celle que le jeune David adressa au géant philistin goliath qu'il venait affronter (1 Samuel 7:47). Lorsque Josaphat, et tout le peuple d'Israël qui était avec lui, arrivèrent sur le lieu où devait se dérouler la bataille, il purent voir de leurs yeux la réalisation de la promesse que Dieu leur avait adressée par son serviteur Jachaziel (2 Chroniques 20:24, 25). Plus tard, le roi Ezéchias manifestera également sa foi, avec raison, devant l'ennemi Assyrien (2 Chroniques 32:7, 8). De même, au Jour de l'Eternel, lors de son retour en gloire, le Seigneur combattra les nations montées contre sa ville, Jérusalem (Zacharie 14:3). "La victoire appartient à l'Eternel" (1 Samuel 17:47 ; Proverbes 21:31). 

Une merveilleuse parole d'encouragement que celle de Jachaziel : "Vous n'aurez pas à combattre en cette affaire ; présentez-vous, tenez-vous là et vous verrez la délivrance que l'Eternel vous accordera" (2 Chroniques 20:17). Une parole qui rappelle les mots qu'a prononcé Moïse lorsque le peuple hébreu était sur le point d'être rejoint par ses poursuivants égyptiens (Exode 14:13, 14). Ces paroles prophétiques provoquèrent un mouvement de foule, initié par le roi Josaphat. Tous tombèrent sur leur face pour adorer l'Eternel, conscients que Dieu était à leurs côtés, et qu'ils seraient bientôt témoins d'une délivrance miraculeuse. Cet élan d'adoration n'est pas sans rappeler celui de ce même peuple, lorsque environ un siècle plus tôt, et en ce même lieu, le roi Salomon et tout le peuple se prosternèrent sur leur face quand la Gloire de Dieu descendit sur le Temple, que le fils de David venait d'édifier (2 Chroniques 7:1 à 3). Après ce moment de profonde déférence à l'égard de l'Eternel, et alors que le peuple se tenait encore prosterné, Deux familles de lévites se levèrent pour adorer l'Eternel (2 Chroniques 20:19). À cette initiative, s'ensuivra un large mouvement de foule, adorant l'Eternel, confiante dans le secours qu'il ne manquerait pas de leur apporter. 

Victoire de l'Eternel

Le jour où devait avoir lieu la bataille, le peuple de Juda se mit en marche pour le désert de Tekoa. Josaphat encouragea une fois de plus le peuple à se confier en l'Eternel, son Dieu (2 Chroniques 20:20). Comme le dira plus tard Esaïe :  "Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas" (Esaïe 7:9). 

"Puis, d'accord (ya'ats) avec le peuple,..." (2 Chroniques 20:21). "Ya'ats" veut dire, entre autres choses, "conseil, délibération". Il se peut donc que le roi ait pris conseil auprès du peuple, et que l'idée de mettre des chantres en avant de l'armée vienne du peuple lui-même. Dieu avait dit : "Présentez-vous, tenez-vous là et vous verrez la délivrance que l'Eternel vous accordera" (2 Chroniques 20:17). Mais Dieu a été honoré de l'attitude de foi du peuple de Josaphat. 

"Puis, d'accord avec le peuple, il (Josaphat) nomma des chantres revêtus d'ornements sacrés..." (2 Chroniques 20:21). Voilà une stratégie peu courante qui rappelle cependant le siège de Jéricho par Josué (Josué 6:1 à 16). "L'Eternel dit à Josué... Josué appela les sacrificateurs et leur dit... et il dit au peuple... (Josué 6:2, 6, 7). Dans ces deux situations (dans la première, Juda est le défenseur, et dans l'autre l'assaillant), le "leader" s'en réfère au peuple qui devient ainsi pleinement participant de la stratégie divine. Plus tard, le Psalmiste dira : "Rendez gloire à l'Eternel pour son nom ! Adorez l'Eternel avec des ornements sacrés !" (Psaume 29:2). Une pratique redoutable pour l'adversaire : "Prosternez-vous devant l'Eternel avec des ornements sacrés. Tremblez devant lui, vous tous, habitants de la Terre" (Psaume 96:9) car "ton peuple est plein d'ardeur, quand tu rassembles ton armée ; avec des ornements sacrés, du sein de l'aurore..." (Psaume 110:3). Les chantres (2 Chroniques 20:21) se mirent à chanter le Psaume 136 : "Car ta miséricorde dure à toujours". 

L'articulation entre les versets 21 et 22 est fort intéressante : "Au moment où l'on commençait les chants et les louanges, l'Eternel plaça une embuscade contre les fils d'Ammon et de Moab..." (2 Chroniques 20:22). Dieu n'est entré en action contre les ennemis de Juda qu'après qu'il se soit présenté sur le lieu de la bataille et qu'il ait entamé les louanges de l'Eternel. Pas avant ! Par contre, le Seigneur avait prévu d'avance la façon dont il agirait envers les ennemis de son peuple (2 Chroniques 20:16, 17). "Au moments où l'on commençait les chants (ranan)..." (2 Chroniques 20:22). "Ranan" : cri de victoire retentissant, supplication. De même, lors d'une bataille contre les Philistins, le roi Saül vit ses adversaires se retourner les uns contre les autres (1 Samuel 14:20). Et déjà du temps de Gédéon, le stratagème imaginé contre "Madian, Amalek et les fils de l'Orient" (Juges 7:12, 22) provoqua la confusion dans le camp ennemi et poussa ses adversaires à se battre entre eux et à s'entretuer. Lorsque l'armée de Juda arriva sur les hauteurs surplombant le camp ennemi, elle vit les cadavres de ses adversaires gisant partout au milieu de son camp. Pendant trois jours, les Judéens se livrèrent au pillage du camp de leurs ennemis, et en ramenèrent de nombreuses richesses (2 Chroniques 20:24, 25).

"Le quatrième jour, ils s'assemblèrent dans la vallée de Beraca (bénédiction) où ils bénirent l'Eternel ; c'est pourquoi ils appelèrent ce lieu vallée de Beraca (vallée de la bénédiction), nom qui lui est resté jusqu'à ce jour" (2 Chroniques 20:26). Le souvenir de cette victoire miraculeuse fit date, et le récit de cette histoire fut immortalisé par le nom du lieu où s'étaient déroulés ces événements, et c'est avec la joie au cœur et la paix dans l'âme que le peuple de Juda revint à Jérusalem pour se rendre au Temple, et y adorer l'Eternel au son des instruments de musique (2 Chroniques 20:27, 28). La renommée de cette victoire se répandit dans les nations alentours, provoquant ainsi la crainte de leurs voisins ainsi que de leurs ennemis (2 Chroniques 20:29), et le pays fut en paix, bénéficiant de la protection divine (2 Chroniques 20:30).  

Un projet tombé à l'eau

Bien que le peuple de Juda ait été enseigné dans les voies de l'Eternel, "les hauts lieux ne disparurent point". Asa, père de Josaphat avait déjà tenté, au cours de son règne (2 Chroniques 15:17), d'éradiquer cette pratique, mais elle ne disparut pas entièrement du territoire de Juda parce que "le peuple n'avait pas encore le cœur fermement attaché au Dieu de ses pères" (2 Chroniques 20:33). L'auteur du livre des Chroniques renvoie le lecteur à un autre ouvrage : "Les mémoires de Jéhu, fils d'Hanani, insérées dans le livre des rois d'Israël" (2 Chroniques 20:34). Compilations, reports, références à d'autres ouvrages, la littérature historique de l'époque comporte déjà des "bibliographies". Les livres des Chroniques ont été rédigés sur la base de documents et de récits antérieurs. Le Chroniqueur est à la fois biographe, historien et archiviste. Il ajoute une dernière information sur le roi Josaphat. Il dit : "Après cela...". Après les événements qu'il vient de conter, c'est à dire "la dix-septième année de Josaphat, roi de Juda" (1 Rois 22:52), "Josaphat, roi de Juda, s'associa avec le roi d'Israël, Achazia (le fils d'Achab) dont la conduite était impie" (2 Chroniques 20:35 ; 1 Rois 22:53, 54). Ce reproche avait déjà été adressé, auparavant, au roi de Juda lorsqu'il s'était associé avec Achab, le père de l'actuel roi d'Israël (2 Chroniques 18:1 ; 19:2). "Il (Josaphat) s'associa avec lui (Achazia, fils d'Achab, roi d'Israël) pour construire des navires destinés à aller à Tarsis, et ils firent les navires à Etsjon-Gueber" (2 Chroniques 20:35, 36). L'auteur du livre des Rois dit, quant à lui, que : "Josaphat construisit des navires de Tarsis pour aller à Ophir chercher de l'or ; mais il n'y alla pas, parce que les navires se brisèrent à Etsjon-Gueber" (1 Rois 22:49). Une contradiction apparaît ici entre ces deux textes. L'auteur des Chroniques nous dit que le projet commun de ces deux rois était bien de construire des navires marchands, mais le roi d'Israël envisageait de faire commerce avec Tarsis, alors que le projet de Josaphat était d'utiliser ces navires pour aller chercher de l'or à Ophir, comme l'avait fait autrefois Salomon, lorsqu'il s'était associé à Hiram de Tyr (1 Rois 9:26 à 28). Josaphat projetait de reproduire cette expédition. On trouvait alors, à Ophir, quantité de ce métal précieux (Psaume 45:10 ; Esaïe 13:12). La situation géographique de cette région n'est pas identifiée de façon formelle, mais on sait que le trafic maritime se faisait par la Mer Rouge, et non par la Méditerranée. D'aucuns la voient en Arabie méridionale, sur le Golfe d'Aqaba (Genèse 10:29). Flavius Josèphe, historien romain du premier siècle, l'appelle "la terre de l'or" et la situerait plutôt à l'embouchure de l'Indus. L'identification de ce pays reste donc incertaine. 

Les navires furent donc détruits là-même où ils avaient été construits (2 Chroniques 20:36 ; 1 Rois 22:49), à Etsjon-Gueber, près d'Eilat, dans le pays d'Edom (1 Rois 9:26). Edom, dont le territoire s'étendait autrefois du Sud de la Mer Morte jusqu'au Golfe d'Aqaba, était demeuré sous la domination du royaume de Juda depuis le règne de David (1 Rois 22:48 / 2 Samuel 8:13, 14), ce qui permettait aux Judéens un accès aisé à la mer. Un prophète, Eliézer, fils de Dodava, de la ville de Maréscha, vint à Josaphat pour lui annoncer la destruction de sa flotte (2 Chroniques 20:37). "Eliezer (Dieu est un secours) fils de Dodava (bien-aimé de l'Eternel), de la ville de Maréscha (à la tête, sommet d'une colline)". Dieu fut "un secours" pour Josaphat, durant son règne. Et Josaphat fut un "bien-aimé de Dieu". C'est donc un message de compassion et d'amour que Dieu adresse à Josaphat, mais une réprimande tout de même. Bien plus tard, l'apôtre Paul écrira aux Corinthiens : "Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger, car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quel quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le Temple de Dieu et les idoles ?" (2 Corinthiens 6:14 à 16). Ces questions auraient tout aussi bien pu être posées à Josaphat qui s'était associé à un roi impie invoquant Baal-Zebub (Béelzébul, Matthieu 10:25). Cet Achazia n'était autre qu'un adorateur de Belzébuth, et c'est avec une telle personne que s'est associé le réformateur Josaphat (1 Rois 22:52, 53). Après que sa flotte ait été détruite, Achazia proposa à nouveau à Josaphat de s'associer, mais le roi de Juda refusa (1 Rois 22:50)"Josaphat se coucha avec ses pères, et il fut enterré avec ses pères dans la ville de David (à Jérusalem). Et Joram, son fils (le mari d'Athalie), régna à sa place" (2 Chroniques 21:1). Et le royaume de Juda retomba dans l'idolâtrie et la perversion...

 

JiDé

Rois d'Israël et de Juda : Josaphat
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