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Une famille illustre

Une famille illustre

"Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham… il y eut donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David, quatorze générations depuis David jusqu'à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation jusqu'à Christ" (Matthieu 1:1, 17). "Qui est ce fils de l'homme ?" (Jean 12:34). 

Matthieu et Luc sont les deux évangélistes à présenter une généalogie de Jésus. L'un présente une généalogie descendante d'Abraham jusqu'au Massiah (celle de Matthieu), l'autre ascendante (celle de Luc), qui débute par son père adoptif Joseph (Yossef) et s'achève par "fils d'Adam, fils de Dieu" (Matthieu 1:1 à 17 - Luc 3:23 à 38). Ces deux généalogies présentent chacune Jésus comme "fils de David". L'une d'elle possède cependant une particularité qui peut, de prime abord, susciter l'incompréhension. Pourquoi Matthieu présente-t-il une généalogie divisée en trois série de quatorze générations chacune ? Séries qui ne sont d'ailleurs pas complètes puisque certains maillons de la chaîne ne sont pas nommés. Matthieu omet donc volontairement certains noms pour faire correspondre les lignées au nombre quatorze. L'auteur chercherait-il à faire passer un message dans cette présentation si particulière ? Y aurait-il une information qu'il faudrait lire entre les lignes ? C'est à cette question que je vais essayer de répondre ici. 

Jésus est Roi

Chacun des quatre évangélistes a, au travers de son évangile, présenté un aspect de l'identité de Jésus. Matthieu présente Jésus comme le Roi (Yeshoua ha Melek). Luc, pour sa part, va chercher à présenter Jésus dans toute son humanité (bien qu'il reconnaisse pleinement sa divinité). Matthieu débute son évangile par ces mots : "Généalogie de Jésus-Christ". Tout au moins, c'est ainsi qu'on le lit dans nos traductions. Mais il faut tenir compte du fait, comme l'atteste Jérôme de Strabon (le traducteur de la Vulgate), que l'évangile de Matthieu a été initialement écrit en hébreu. Les premiers mots rédigés durent donc être : "Toldoth Yeshoua Ha Massiah"Nous avons donc ici, dès le départ, une information. "Toldoth", en hébreu, signifie bien "généalogie", mais également "histoire". La "toldoth" de Jésus, c'est son "histoire". C'est son arbre généalogique. Et cet "arbre", c'est son identité : "fils de…, fils de…". D'ailleurs, dans la pensée hébraïque biblique, l'être humain est comparé à un arbre (Psaume 1:3). Or, si le mot "fils" se dit "ben", ce mot peut également signifier "descendant", sautant ainsi volontairement une, voire plusieurs générations. L'auteur choisit donc de ne citer que certaines figures de la généalogie de Jésus sans pour cela en occulter certains membres, son but étant autre que de faire une démonstration exhaustive de la lignée davidique de Jésus. En réalité, au travers de cette présentation, Matthieu fait ressortir d'autres aspects de l'identité du Massiah. Sa construction généalogique ne pose donc pas de problème d'exactitude. Matthieu choisit seulement certains éléments de cette généalogie pour la faire correspondre à ce qu'il veut transmettre au travers de cette approche particulière. Il entreprend de rédiger un récit de la vie de Jésus, mais pour ce faire, il lui faut préalablement présenter le personnage principal par son ascendance directe. Celle-ci attestant la légitimité de Jésus à revendiquer sa lignée royale. Car, en effet, il ne peut revendiquer le titre de Massiah s'il ne peut prouver son lien de parenté avec la lignée davidique. C'est là le rôle de la généalogie. Celle-ci atteste non seulement de son identité, mais également de son lien de parenté avec la royauté. "Voici la généalogie (l'histoire, l'origine, la lignée) de Yeshoua ha Massiah ben David" (Matthieu 1:1).

Le peuple d'Israël attend le Massiah sous deux aspects : sous les traits de "Ben Yossef" et de "Ben David". "Ben Yossef", c'est le "Messie souffrant" illustré par Ésaïe 53. "Ben David", c'est le "Messie régnant" qui vient établir le règne messianique. Lorsque Yeshoua est apparu, il n'a pas été reconnu par Israël comme le Messie ben Yossef. Il était pourtant, comme le dit le texte, "fils de Joseph" (Luc 3:23). Il est également présenté comme "fils d'Abraham". Il est le "fils promis", tel Isaac. Mais il est également le "fils sacrifié", comme il est écrit au verset 2 : "Abraham fut le père d'Isaac". Vient ensuite cet étrange calcul de Matthieu : "quatorze générations" que l'auteur réitère par trois fois. Luc présente une généalogie ascendante qui part de son père adoptif Joseph et qui remonte jusqu'à "Adam, fils de Dieu" (Luc 3:23, 38), en faisant le lien généalogique entre Jésus et David par son fils Nathan, alors que Matthieu fait descendre la généalogie du Seigneur par "Salomon, fils de David". Matthieu et Luc démontrent ainsi la double lignée de Jésus, celui-ci étant à la fois "fils de David" et "fils d'Adam". Jésus est donc pleinement homme et pleinement Dieu. Il est à la fois le Massiah, et de descendance davidique royale. Ces éléments sont indispensables pour dénouer cette énigme : "pourquoi Matthieu fait-il trois fois référence au nombre quatorze ?". 

Penser autrement 

La généalogie de Luc s'achève par ces mots : "fils d'Adam, fils de Dieu" (Luc 3:38). Mais c'est plus particulièrement dans le mot "adam" que se trouve la véritable clef. Pour un lecteur non averti, ce qui va suivre pourra paraître un peu alambiqué, voire "tiré par les cheveux" selon l'expression consacrée. C'est compréhensible. Mais il faut, pour lire la Bible, nous souvenir que celle-ci a été écrite il y a plus de deux mille ans dans un pays oriental, totalement étranger à ce qui correspond aujourd'hui à la pensée occidentale du vingt et unième siècle. Les modes de rédaction des Écrits bibliques peuvent parfois déconcerter le lecteur d'aujourd'hui, tant ceux-ci diffèrent de nos techniques de rédaction. Il nous faut donc accepter le fait que ce qui peut paraître, au demeurant, un peu étrange n'est en réalité que le mode d'expression des auteurs bibliques et la démonstration de tel ou tel mode littéraire. Il faut imaginer que ce que nous considérons, nous, comme la manifestation talentueuse d'une prose littéraire d'un grand auteur classique paraîtrait, aux yeux d'un lecteur oriental du début de notre ère, comme plus qu'étrange, voire incompréhensible. On peut cependant y trouver certaines similitudes. Les auteurs du Siècle des Lumières ne se sont-ils pas fortement inspirés des auteurs classiques latins et grecs de l'Antiquité ? Ceci étant dit, j'en reviens au texte concerné.

Le mot "adam" s'écrit, en hébreu, avec les lettres "aleph, daleth, mêm". Mais ce mot forme en réalité un acrostiche. La lettre Aleph désigne bien l'ancêtre de la race humaine, mais aussi l'humanité du personnage dont le portrait va se dessiner par cette construction littéraire. La lettre Aleph désigne également un "commencement", celui de la race humaine. La deuxième lettre du mot "adam" est le "daleth". "Daleth" étant également l'initiale du nom de "David". Daleth signifie également "la porte" (Jean 10:7, 9). Une porte permet de passer d'un espace à un autre, Cette "porte" introduit La troisième lettre du mot "adam" qui est le "mêm". "Mêm", qui est l'initiale des mots "melek" (roi) et "massiah" (le Messie, le Christ). Il est donc à la fois "homme, roi et Massiah"

Le texte dit : "Généalogie de Jésus-Christ, fils de David". Les généalogies sont utiles pour prouver la descendance davidique de Jésus, et donc son accessibilité au titre de "Massiah" (ou "Christos" en grec). Le mot "massiah" signifiant, en hébreu "le roi qui est oint". Il me faut maintenant introduire un autre élément, constitutif de la réponse à cette énigme. C'est la guématria. En hébreu comme en grec, chaque lettre correspond à un chiffre ou un nombre, l'hébreu n'ayant pas de chiffre distinctif comme en français. Le Aleph vaut 1, le beth vaut 2, Gimel, 3 et daleth (première et troisième lettre du mot "David") vaut 4, et le vav (deuxième lettre du mot "David") vaut 6. La guématria peut se présenter sous différentes formes. L'une d'elles consiste tout simplement à additionner la valeur numérique des lettres qui composent un mot. On obtient ainsi la guématria de ce mot. Cela n'a bien évidemment rien à voir avec la numérologie. C'est un particularisme de l'hébreu. Ainsi, si l'on additionne la valeur numérique des lettres composant le mot "David" 4, 6, 4), on obtient "14". Ainsi, si Matthieu fait trois fois référence au nombre quatorze, il donne en réalité une "clef de lecture" de sa généalogie. Celle-ci peut être lue de façon littérale, mais également "entre les lignes". Avec ce "code", le lecteur hébraïsant qui lisait l'introduction de l'évangile de Matthieu en hébreu savait tout de suite que cette généalogie présentait effectivement Yeshoua comme "massiah ben David".

Trois listes de quatorze noms. Dans cette "grille de lecture", Yeshoua apparaît comme le descendant direct de son ancêtre David, mais plus encore comme le "melek" (le Roi) qui doit venir. Lorsque nous utilisons le mot "Christ", nous ne pouvons retrouver tout le sens du mot "massiah". Ce mot désigne à la fois "le Roi qui est oint"mais aussi "le libérateur, celui qui doit venir"C'est tout cela à la fois que l'on retrouve dans cet acrostiche du mot "adam". Jésus est à la fois "fils de l'homme" (une expression qu'il utilise pour se désigner lui-même), roi (de par se descendance directe de David), et "le Massiah" (l'envoyé de Dieu, le Délivreur, le Sauveur). Jésus est à la fois "fils d'Adam, fils de David et fils de Dieu". Or, Jésus se définit lui-même par ces trois appellations que l'on retrouve tissées au cœur du texte. 

Il est Fils de Dieu

Selon l'apôtre Paul, Jésus a été déclaré "Fils de Dieu avec puissance, selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection d'entre les morts" (Romains 1:4). Et selon l'apôtre Jean, "le disciple que Jésus aimait", Il est le Fils de Dieu, "celui qui devait venir dans le monde" (Jean 11:27), et "que Dieu a envoyé dans le monde" (Jean 10:36). Il est le Fils de Dieu, "le Dieu véritable et la vie éternelle" (1 Jean 5:20). Il est également Le Fils de Dieu qui donne la vie éternelle (1 Jean 5:13). Nathanaël a reconnu en lui "le Fils de Dieu, le Roi d'Israël" (Jean 1:49). Si "Ces choses ont été écrites", c'est "afin que (nous croyions) que Jésus est le Christ (le Massiah), le Fils de Dieu, et qu'en croyant, (nous ayons) la vie en Son Nom" (Jean 20:31). 

Qui est le fils de l'homme ?  

J'en viens maintenant au troisième texte cité en introduction. "La foule lui répondit (à Jésus) : Nous avons appris par la Thora que le Massiah demeure éternellement, comment donc dis-tu : il faut que le fils de l'homme (en hébreu "ben adam") soit élevé ? Qui est ce fils de l'homme (ben adam) ?" (Jean 12:34). La foule, réunie à Jérusalem, est interloquée par les propos de Jésus qui parle de sa crucifixion future (il se présente comme le Massiah ben Yossef), mais les Juifs voient, dans le Massiah qu'ils attendent, celui qui "demeure éternellement" (le Massiah ben David). Jésus vient de rentrer dans Jérusalem, monté sur un âne. En cela, il accomplissait la prophétie et se proclamait comme étant le Massiah. Ce texte présente donc Yeshoua à la fois comme "fils de l'homme" et comme "massiah ben David". Matthieu présente les choses un peu différemment. Il mentionne tout d'abord la prophétie de Zacharie 9:9 : "Dites à la fille de Sion : voici, ton roi vient à toi". "Ceux qui suivaient et qui précédaient Jésus criaient : "Hosanna au fils de David" (Matthieu 21:5, 9). "Lorsqu'il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et l'on disait : Qui est celui-ci ? La foule répondait : C'est Jésus, le prophète, de Nazareth en Galilée" (Matthieu 21:10, 11). L'opinion que l'on se faisait de son identité était fort variable.

Les Ecritures nous donnent un portrait du "Fils de l'homme". Elles affirment que :

Le fils de l'homme "est venu pour sauver ce qui était perdu" (l'humanité - Matthieu 18:11) mais que ce titre lui donne également le pouvoir de juger les hommes (Jean 5:27). Il devait être glorifié et son heure était venue pour cela (Jean 12:23). Etienne, alors qu'il est sur le point d'être lapidé, voit "les cieux ouverts". Il aperçoit alors "le fils de l'homme debout à la droite de Dieu" (Actes 7:56). Il reviendra "sur les nuées du ciel avec puissance et avec grande gloire" (Matthieu 24:30). Son Avènement sera pareil à ce qui s'est produit du temps de Noé et de l'insouciance de ses contemporains (Matthieu 24:37). Son Avènement couvrira alors toute la Terre (Matthieu 24:27 - Luc 17:24). Il viendra dans la gloire de son Père avec ses anges pour rendre à chacun selon ses œuvres (Matthieu 16:27). "Le fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas" (Matthieu 24:44).

Il revient bientôt ! Serez-vous prêts ? 

 

JiDé

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