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Les Actes des apôtres : La naissance de l'Église

Les Actes des apôtres : La naissance de l'Église

Le récit du livre des Actes des Apôtres débute à Jérusalem pour s'achever à Rome, dans la capitale de l'empire. L'évocation de ces deux villes emblématiques en dit long sur cette époque à la fois si troublée mais également si décisive pour notre Histoire et notre civilisation. Second ouvrage de l'évangéliste Luc, Le Livre des Actes relate les événements qui ont suivis l'Ascension du Seigneur, ainsi que les dernières instructions qu'il a laissées à ses apôtres. Ce récit couvre pourtant une très courte période au regard de celles relatées dans l'Ancien Testament. Elle sera cependant déterminante pour les deux millénaires qui vont suivre, ainsi que pour l'humanité à venir. 

Le Livre des Actes peut se lire de diverses manières. Le précédent article qui lui était consacré mettait l'accent sur la dimension "surnaturelle" de ses récits. J'aimerais, ici, m'attarder sur son auteur, son destinataire, le but de sa rédaction ainsi que les différents thèmes qui y sont abordés. Dans les prochains articles qui seront consacrés à ce livre passionnant, je m'attacherai plutôt à suivre les personnages de ses récits dans leurs déplacements, les différents voyages qu'ils y effectuent. Car le Livre des Actes est aussi un "Carnet de voyages". Il est vrai que, à moins d'avoir fait quelques recherches sur les lieux évoqués, ceux-ci ne sont pas forcément identifiables de prime abord. Et bien que les distances parcourues soient parfois considérables pour l'époque, les "acteurs" de ces voyages demeurent, malgré tout, toujours à l'intérieur de l'Empire Romain. Souvent confrontés aux autorités locales (romaines ou autochtones), ils restent, en tous temps et en tous lieux, sous la domination de cet empire conquérant. Le rédacteur relate ici les événements de cette période dite apostolique : de la Résurrection de Jésus, à Jérusalem, jusqu'à l'emprisonnement de Paul, à Rome. De l'ascension du Seigneur à la venue du Saint-Esprit sur les 120 disciples, à la Pentecôte. De la conversion de Saul de Tarse jusqu'au troisième voyage missionnaire de celui qui est devenu l'apôtre Paul, et de son emprisonnement à Césarée jusqu'à sa détention dans la capitale de l'empire. Ce récit est captivant. Globalement, le Livre des Actes couvre une série  d'événements s'étant produits entre l'an 30 et l'an 68 ou 69 de notre ère, soit moins d'une quarantaine d'années. Il relate la naissance de l'Eglise, l'ouverture de l'Évangile aux nations païennes, l'œuvre variée du Saint-Esprit, les premières structures des assemblées des disciples, mais aussi les oppositions auxquelles furent confrontés l'apôtre Paul et ses collaborateurs au cours de leur œuvre missionnaire. Dans ce livre, l'évangéliste Luc poursuit son travail de rédaction entamé avec son précédent ouvrage : l'Évangile qui porte son nom. Le destinataire demeure le même que pour le précédent : son ami Théophile (Luc 1:3, 4 ; Actes 1:1).

L'auteur

Luc (le texte grec rapporte le nom de 'Loukas', peut-être un diminutif du latin Lucanus ou Lucius) demeurera un fidèle compagnon de Paul, dans ses voyages comme dans ses emprisonnements. Présent à ses côtés lors ses voyages les plus périlleux, Luc restera avec l'apôtre jusqu'à son emprisonnement à Rome (2 Timothée 4:6, 11). Médecin, il est également un proche et un ami de l'apôtre Paul qui le nomme "le médecin bien-aimé" (Colossiens 4:14). Cette désignation peut nous donner des indications sur la façon dont Luc soignait et prenait soin des malades qui lui étaient confiés (il devait être "bien-aimé" de Paul, mais également de ses patients). Luc avait introduit la rédaction de son Évangile (destiné à son ami Théophile) par ces mots : "Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d'après ce que nous ont transmis ceux qui ont été les témoins oculaires dès le commencement. Il m' a donc paru bon à moi aussi qui me suis soigneusement informé sur toutes ces choses dès l'origine, de te les exposer par écrit de manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus" (Luc 1:1 à 4). Il entamera ensuite la rédaction de son second livre, destiné lui aussi à Théophile, en disant : "Cher Théophile, dans mon premier livre, j'ai parlé de tout ce que Jésus a commencé de faire et d'enseigner jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu'il avait choisis" (Actes 1:1, 2). 

Le destinataire : une personne de haut rang

Il est à noter la nuance introduite dans l'introduction de son "Livre des Actes". Si, dans le premier ouvrage que Luc lui adresse, il l'appelle "kratiste Théophile" ("Excellent Théophile" en grec - Luc 1:3), terme généralement utilisé pour s'adresser à un Gouverneur ou une personne de haut rang (Félix : Actes 23:26 / 24:3, et Festus : Actes 26:25), ce titre n'est pas mentionné dans l'introduction de son second ouvrage, ce qui témoigne d'un rapprochement entre les deux hommes. Luc ne jugeant désormais plus nécessaire de nommer son ami par son titre. Aujourd'hui encore, le terme adéquat pour s'adresser à un Gouverneur est : "Excellence". Le titre que porte le destinataire de ce livre nous renseigne ainsi quelque peu sur  son identité. C'est à la fois une personne de distinction et un ami proche de l'évangéliste et rédacteur de ce livre qui demeure un pilier parmi les 27 écrits qui composent aujourd'hui le Nouveau Testament.  

Le texte biblique ne nous fournit que peu d'informations sur le destinataire, mais la signification de son nom nous apporte quelques indications. "Théophile" signifie "ami de Dieu" (qui vient du grec "Theos philos"). Le mot "Theos" désigne "la Personne de Dieu", mais il peut également être utilisé pour désigner un juge ou un magistratce qui expliquerait l'usage du terme "Excellence" (kratiste) qui le précède. "Philos", ce peut être un ami, une personne à qui l'on est lié, un associé. Luc a à la fois, à l'égard de son correspondant, de l'amitié et de la déférence. Il se peut donc que Théophile ait été un citoyen romain d'origine grecque. Né dans une famille de l'aristocratie dirigeante, son nom lui aurait été donné en rapport avec les responsabilités qu'il était appelé à exercer à l'âge adulte. Son éducation aurait ainsi été orientée en vue de ses futures fonctions. C'était donc un homme rompu à l'exercice de l'autorité. Si, comme semble l'indiquer la signification de son nom, Théophile exerçait ses fonctions dans la magistrature romaine, il devait être habitué à l'usage et la fiabilité de documents écrits dont l'origine était dûment attestée. On comprends alors le soin tout particulier que Luc met à lui fournir un récit détaillé, et dont les sources sont fiables et sûres, "Il m'a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit de manière suivie, excellent Théophile" (Luc 1:3). Le thème de la véracité des faits exposés est développé en détail, et sur base du texte grec, dans un article de ce blog : "Les paroles s'envolent, les Écrits restent"

Mais on peut alors se poser la question : dans quel but ? Luc répond lui-même à cette question : "Afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus" (Luc 1:4). Si les fonctions de Théophile ne sont pas clairement définies, on peut avoir une certitude à son sujet, c'est que celui-ci est un disciple de Yeshoua, le Seigneur Jésus-Christ. Un disciple qui tient à s'assurer que ce qui lui a été enseigné sur la foi apostolique est bien conforme, et fondé sur des faits objectifs vérifiables. Une exigence qui correspondrait bien à la personnalité d'un homme de son rang. On peut facilement imaginer que ce haut dignitaire possédait une grande demeure que le disciple de Christ a probablement mis à disposition de l'assemblée qui pouvait s'y réunir.

Le soin tout particulier que ce proche collaborateur de l'apôtre Paul a mis à la rédaction de cet ouvrage ne devait probablement pas être destiné à l'usage privé de son commanditaire. Il devait donc avoir un autre but, outre la précieuse préservation par écrit, pour les générations futures, du récit détaillé des faits évoqués. Mais lequel ? Il se peut que Théophile n'ait pas seulement accueilli une assemblée de disciples dans sa maison, mais qu'il en ait été également l'un des responsables. Dans ce cas, "Le Livre des Actes" aurait servi de manuel de formation pour enseigner les disciples qui se réunissaient dans sa maison. Si cela s'évérait exact, nous disposerions ainsi de l'un des premiers documents écrits relatant la vie communautaire des disciples, devant servir de modèles aux communautés qui allaient se former par la suite. Un document fiable et sûr, servant de référence pour toutes les assemblées de disciples se revendiquant de l'enseignement des apôtres de Jésus-Christ.  

Compagnon d'œuvre

Compagnon de voyage de l'apôtre Paul, Luc relate ici les événements qui se sont produits après l'ascension du Seigneur (qui clôture son premier récit), afin d'en tenir informé son ami à qui il adresse ce livre. Une différence, cependant, va définir le mode de rédaction de ce second volume : dans le premier, Luc s'est astreint à un rigoureux travail de recherches, d'investigations, de recoupements d'informations et d'interviews des témoins oculaires des événements relatés. Dans ce second ouvrage, Il rédige un compte-rendu d'événements auxquels il a lui-même, tout au moins en partie, assisté et participé. C'est ici en tant que collaborateur de l'apôtre Paul (l'une des figures centrales de ce récit) que Luc relate des faits s'étant produits alors qu'il était présent à ses côtés, l'auteur n'hésitant pas, parfois, à s'inclure dans l'action relatée : ("nous... nous... " ; Actes 20:6, 13 ; 21:5 ; 27:1, 15 ; 28:11). Il semble que ce soit à Troas que Luc se soit joint aux apôtres, mais on ignore dans quelles circonstances (Actes 16:10). Dans son Épître à Philémon, Paul compte Luc au nombre de ses fidèles compagnons (Philémon 1:24). Alors que l'apôtre est emprisonné à Rome et sait sa fin proche (il sera décapité vers l'an 68), Paul mentionne, une fois de plus, la présence de son fidèle collaborateur et ami à ses côtés (2 Timothée 4:11). Ce récit du livre des Actes est donc celui d'un homme qui  a participé à l'œuvre missionnaire, ce qui fait de lui, à son tour, un témoin oculaire (Luc 1:2) des événements relatés dans cet ouvrage. 

Présentation

Aborder dans un seul article, et dans le détail, le contenu des 28 chapitres de ce livre de la Bible était chose impossible. Il me fallait donc définir la façon la plus attractive de présenter la somme d'informations glanées au fil de mes lectures. La suite d'articles qui sera consacrée au livre des Actes constitue un tout, présentant un survol méthodique des événements. Une approche honnête de ce livre nécessite cependant de tenir compte du contexte immédiat et historique des événements qui y sont relatés, car une juste compréhension de ce récit ne peut faire l'économie de cet aspect crucial du déroulé des événements décrits. On peut ainsi admirer la façon dont le plan divin pour Israël et les nations s'accomplit, d'étape en étape. On y découvre la manière dont la qehillah (mot hébreu pour l'Assemblée des disciples) va, progressivement, devenir l'"ekklésia" (mot grec utilisé pour désigner l'Église). En effet, durant les dix premières années qui ont suivi l'effusion du Saint-Esprit sur les disciples dans la chambre-Haute, l'assemblée des disciples n'est constituée que de Juifs. Ils sont de Jérusalem, natifs de Judée, de Galilée, ou de la Diaspora. Quelques prosélytes (des païens convertis à la religion du Dieu d'Israël) vont également se joindre à eux, mais il faudra attendre l'an 43 / 44, et la visite de l'apôtre Pierre dans la maison du centurion romain Cornélius (Corneille), pour que les disciples puissent envisager que des "non-juifs" deviennent disciples de Yeshoua. Cet aspect "historique" du récit est généralement omis, introduisant ainsi directement les disciples, issus du paganisme, dans l'Assemblée (la Qehillah), ce qui est totalement anachronique. Le déroulé historique et sa datation seront abordés avec le commentaire de cet épisode. 

Notre compréhension des récits bibliques est généralement fortement orientée par une "vision globale" qui, bien souvent, occulte le déroulement progressif des événements relatés. Evénements qui, pour les personnes impliquées, était totalement novateurs. Il nous est donc nécessaire d'adopter leur propre point de vue le temps de notre lecture, en tenant compte des informations qui étaient alors à leur disposition. Et, plus difficile encore, de faire abstraction de ce que nous savons en être la suite. Ainsi, l'annonce aux païens issus des nations de ce qui est alors encore appelé : "La Voie" (Actes 18:25 ; 19:9, 23), est alors inconcevable. Cela constitue, dans l'esprit des disciples, ainsi que chez les apôtres, un véritable bouleversement, un changement radical des mentalités de ceux qui considéraient, jusque-là, la personne et l'œuvre du Massiah Yeshoua comme strictement limité à la sphère juive. La visite de l'apôtre Pierre chez un païen (Corneille) faillit créer un scandale, à Jérusalem (Actes 11:1 à 4). Le généreux mécène bénéficiait pourtant du soutien appuyé de la communauté juive de Césarée (Actes 10:2, 22). Le ministère de Paul ne sera pas non plus accueilli favorablement de façon unanime. Les disciples de Yeshoua demeurent de fervents pratiquants de la loi mosaïque et de tous ses préceptes (rituels, religieux, alimentaires, de purification...). À Jérusalem, un vif désaccord surviendra à ce sujet au sein du conseil des apôtres et des anciens (Actes 15:1, 2, 5 à 7). Le témoignage de Pierre, suite à sa visite chez Corneille, et surtout le fait que le Saint-Esprit soit descendu sur toute la maisonnée de ce centurion, clôturera le débat en faveur de l'introduction des non-juifs au sein de leur communauté de disciples. Mais cependant, le ministère de Paul connaîtra une double opposition. De la part des Juifs de la diaspora tout d'abord, à cause de l'identité du Massiah en la personne de Yeshoua, et d'autre part, parce que l'apôtre prône une foi fondée sur le Dieu d'Israël, sans que les adhérents ne soient soumis à la loi mosaïque. 

Naissance et croissance de l'Église  

Dans ce deuxième volume, Luc poursuit son récit là où il s'est arrêté précédemment (Luc 24:49 à 51 ; Actes 1:1, 2). Il nous faut donc lire le livre des Actes comme une suite de son Évangile. Luc évoque ici quelques-uns des sujets abordés lors de conversations entre le Seigneur et ses apôtres (Actes 1:3 à 8), puis il relate son ascension (Actes 1:9 à 11). Luc est le seul à mentionner la durée du ministère terrestre de Jésus après sa résurrection (40 jours, Actes 1:3). L'auteur mentionne également des agrapha (des paroles de Jésus qui ne sont pas mentionnées dans les Évangiles), mais qui ont été citées par les apôtres par après (Actes 1:4, 5, 7, 8 ; 11:16 ; 20:35). L'apôtre Jean ne nous dit-il pas que seule une petite partie des actes (et des paroles) de Jésus a été mentionnée dans les Évangiles (Jean 21:24) ? Luc poursuit en relatant le choix du "treizième apôtre", Matthias, devant prendre la place de Juda qui était allé se pendre après avoir  trahi Jésus (Actes 1:21 à 26). On retrouve Matthias associé aux apôtres après l'effusion de l'Esprit-Saint, à la Pentecôte (2:14). Vient ensuite la mise en place des différentes fonctions au sein de la communauté, puis, rapidement, la dispersion de l'Assemblée causée par la persécution ayant fait suite à la mort d'Étienne. Après une période d'une dizaine d'années, et sous l'incitation de l'apôtre Pierre, l'Église va s'ouvrir aux non-juifs, ce qui va introduire tout naturellement le ministère de Paul. Le jeune homme qui avait assisté au supplice d'Étienne et qui s'était transformé en inquisiteur, persécuteur des disciples de ce qui était considéré, par le pouvoir religieux en place, comme une secte pernicieuse dont les membres propageaient un enseignement contraire à la loi mosaïque. Vient ensuite la description du premier voyage missionnaire de celui qui est devenu, après une conversion foudroyante et quelques années passées dans le désert d'Arabie, l'apôtre Paul. Luc le rejoindra plus tard, et l'accompagnera tout au long de ses voyages pour en faire un récit détaillé (chapitres 13 à 21). On pourrait diviser le livre des Actes de diverses manières. Globalement, la première partie est plutôt centrée sur l'apôtre Pierre et décrit la naissance de l'Église, son organisation ainsi que son ouverture aux non-Juifs (Chapitres 1 à 12). La seconde partie dépeint les premiers, deuxième et troisième voyages missionnaires de l'apôtre Paul (chapitres 13 à 21), et enfin, la troisième partie de ce livre est consacrée à la description de son arrestation, ainsi qu'à sa dernière et ultime période de détention (chapitres 21 à 28).  

Qui en est membre ?

À Jérusalem, le conseil des apôtres définit les critères d'admission des païens au sein de l'assemblée des disciples de Yeshoua (Actes 15:28, 29). Pour une juste compréhension des événements qui se déroulent alors (et afin d'éviter les fréquents anachronismes généralement causés par une compréhension imparfaite du contexte historique), il nous faut bien saisir la mentalité des disciples, et leur façon de penser. À cette heure, l'Assemblée de Jérusalem est composée exclusivement de Juifs, de nombreux sacrificateurs (Actes 6:7), et même de Pharisiens (Actes 15:5). On rencontrera plus tard des prosélytes (des païens ayant adopté la foi d'Israël), comme par exemple à Antioche de Pisidie (Actes 13:43). Dans l'esprit des Juifs, l'adhésion à la foi dans le Dieu d'Israël passait automatiquement par la pratique des ordonnances de la loi de Moïse (Actes 21:20). C'est ce que pensait l'apôtre Jacques (Actes 15:13 à 18) avant qu'il ne se ravise, et modifie son opinion après avoir entendu les témoignages des apôtres Pierre et Paul (Actes 15:19 à 21). Le sujet ayant cependant créé une vive polémique aux sein du conseil (Actes 15:1 à 6). Il fut finalement décidé, après débats, que les païens ne seraient pas tenus d'observer les rites de la loi mosaïque, mais seulement ce qui est communément appelé "lois noachiques" (observances du patriarche Noé, Noah en hébreu), bien que ce qui leur est demandé soit mentionné dans le livre du Lévitique (chapitres 17 et 18). Ce sujet sera développé dans l'article consacré au chapitre 15 du livre des Actes. 

Croissance et oppositions

Les chapitres 15 à 21 relatent les deuxième et troisième voyages missionnaires de l'apôtre. Luc consacre la dernière partie de son livre à décrire l'emprisonnement de Paul (chapitres 21 à 28). D'abord à Jérusalem, puis à Césarée et enfin à Rome, où il sera finalement exécuté. Sa citoyenneté romaine lui évitera la crucifixion. Il sera décapité par le glaive, mais cela, c'est le récit des historiens de l'époque qui nous en informe. Le récit de Luc part donc de Jérusalem, capitale du royaume, et va jusqu'à Rome, capitale de l'empire. Il y a, semble-t-il, une volonté significative de l'auteur de donner, à son livre, une ligne directrice. L'expansion de la foi messianique en Yeshoua va prendre une dimension exponentielle, allant jusqu'à inquiéter le pouvoir romain qui voit nombre des habitants de ses provinces se tourner vers cette religion qui prône la royauté de son leader. Bien que mort, celui-ci n'en est que plus vivant dans l'esprit de ses disciples, de plus en plus nombreux. Ceux-ci connaîtront de nombreuses persécutions, tant de la part des Hébreux, dont les communautés ont fleuri partout dans l'empire, que des empereurs romains qui voient d'un mauvais œil la propagation d'une doctrine monothéiste, remettant ainsi en question le polythéisme d'État et le culte de l'empereur sur lesquels reposent la religion de l'empire. Ni Luc, ni Paul ne pouvaient se douter qu'un jour, le récit de tous ces événements serait lu par des centaines de millions de personnes de tous peuples, de toutes nations, et de toutes langues partout dans le monde, et ce, pour la plus grande gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.

Tout au long du livre des Actes, il est fait mention du nombre croissant de disciples. Le récit débute avec onze hommes, les onze apôtres qui ont accompagné Jésus durant son ministère (Actes 1:2, 13, 14). Le souvenir de Juda était probablement encore bien présent dans leur esprit. Matthias ne se joindra à eux que par après (Actes 1:26). Il est ensuite fait mention des "120" (Actes 1:15). Après le discours de l'apôtre Pierre, à la Pentecôte (durant la fête de Shavouot), "ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là, le nombre de disciples augmenta d'environ trois mille âmes" (Actes 2:41). La croissance du nombre de disciples ne fit que s'accroître : "Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés" (Actes 2:47). Après que Pierre ait fait un discours dans le Temple de Jérusalem (Actes 3:12 à 26), "beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille" (Actes 4:4). Il est ainsi fait mention de "la multitude de ceux qui avaient cru" (Actes 4:32). Après l'institution des diacres pour la distribution des repas, "la parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre de disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi" (Actes 6:7). "Une grande foule de sacrificateurs..." se joignit aux autres disciples. De ceux-là même qui exerçaient leur service au Temple tout proche. C'est un verset qui passe généralement inaperçu. Pourtant, je pense qu'il est crucial dans le déroulé des événements mentionnés dans ce récit. Tous ces sacrificateurs exerçaient désormais leur sacrificature, au Temple, tout en reconnaissant Jésus comme le Massiah. Très probablement baptisés du Saint-Esprit, ceux-ci étaient ainsi en mesure de commenter et d'enseigner la véritable signification de ces sacrifices, et ce qu'ils symbolisaient en regard du sacrifice de Jésus à la Croix.

Après la mort d'Étienne (Actes 7:56 à 60), une grand persécution survint à Jérusalem. Sa lapidation a pu être un élément déclencheur. Mais il faut également tenir compte du fait que la présence au Temple d'une "foule de sacrificateurs" ayant adhéré à la foi en la personne de Yeshoua, que le pouvoir religieux avait fait crucifier, présentait un danger potentiel pour la caste dirigeante, celle-ci perdant peu à peu de sa crédibilité et de son emprise sur le peuple. Il est donc fort probable que cette persécution ait été fomentée par ceux-là même qui firent crucifier Jésus quelques années auparavant. Face à cette vague de violence qui déferla sur la communauté des disciples, ceux-ci se dispersèrent dans les régions avoisinantes et y semèrent la parole (Actes 8:1, 4). Philippe se rendit à Samarie et y annonça l'Évangile et "les foules tout entières étaient attentives à ce que disait Philippe" (Actes 8:5, 6). Un noyau se forma en Samarie. Une communauté y fut fondée. Suffisamment importante pour que Pierre et Jean se rendent sur place. Après qu'ils eurent prié, le Saint-Esprit descendit sur les disciples samaritains, et ils furent remplis de l'Esprit de Dieu (Actes 8:14 à 17). L'Évangile se propagea dans les grandes villes des régions alentours : à Damas (Actes 9:10, 19), en Phénicie (actuel Liban), dans l'île de Chypre, et à Antioche de Syrie où se rendit Barnabas  (Actes 11:19, 20). À Antioche, "une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur" (Actes 11:24). "Vers le même temps" (Actes 12:1), Pierre fut emprisonné, Hérode mourut (ce qui mit provisoirement fin à la persécution), et "la parole de Dieu se répandait de plus en plus, et le nombre des disciples augmentait" (Actes 12:24). Paul et Barnabas s'étant rendus à Antioche de Pisidie, ils s'adressèrent aux Juifs de la synagogue qui accueillirent favorablement leur message (Actes 13:14, 42). À l'issue de l'office religieux, "beaucoup de Juifs et de prosélytes pieux suivirent Paul et Barnabas" qui les encouragèrent à demeurer attachés à la Grâce de Dieu (Actes 13:42, 43). La semaine suivante, une foule nombreuse se réunit pour les écouter (Actes 13:44). L'Évangile étant annoncé comme accessible aux païens, ceux-ci s'en réjouirent en entendant cela, "et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent" (Actes 13:48). Antioche de Pisidie devint ainsi le foyer d'un grand nombre de disciples "remplis de joie et du Saint-Esprit" (Actes 13:52). Grâce à ceux-ci, l'Évangile se propagea aux alentours (Actes 13:49). À Icone, Paul et Barnabas annoncèrent l'Évangile dans la synagogue, où se trouvait probablement un grand nombre de personnes et "une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent" tout en demeurant "zélés pour la loi" (littéralement "la Thora" - Actes 14:1)

Tout avait commencé avec douze hommes. L'Assemblée ne cessa de croître. En 2021, le nombre de chrétiens évangéliques, dans le Monde, était estimé à plus de 665 millions. Une estimation réévaluée à la hausse d'année en année. 

Comprendre les Écritures

En lisant ces textes du tout début de notre ère, nous pouvons voir une certaine similitude entre les disciples Judéens de l'époque évoquée et les chrétiens issus des nations, de l'époque qui est la nôtre. En effet, s'il peut paraître malaisé, aujourd'hui, de se représenter "l'Église" telle qu'elle était à ses tout débuts (constituée de Juifs pratiquant la Loi de Moïse), il était alors tout aussi difficile, pour les premiers disciples de Jésus, d'envisager que des non-Juifs puissent faire partie intégrante de leur communauté sans adhérer à la judaïté en adoptant les rites, pratiques et commandements prescrits par la loi mosaïque. S'il leur a fallut faire ce difficile exercice d'adaptation, il nous incombe, à nous, aujourd'hui, de faire le chemin inverse. Il nous faut donc intégrer, dans notre compréhension des Écritures, le déroulé de cet épisode crucial de l'Histoire de l'Église. L'"oubli", parfois volontaire, de cette réalité, a donné naissance à des doctrines mensongères, comme celle de la "substitution", prônant un "remplacement" du peuple d'Israël par l'Église, alors que ses pères fondateurs ont témoigné tout le contraire (Romains, chapitres 9, 10 et 11). Une juste compréhension des Écritures (Ancien et Nouveau Testament) ne peut faire l'économie d'une étude sérieuse et honnête de leur contexte historique. Bien souvent, et pour beaucoup, la Bible est lue comme étant écrite pour les nations, Israël n'y occupant qu'une place secondaire en forme de parenthèse. Une telle lecture ne peut que dénaturer le texte en lui ôtant toute sa substance. Les auteurs de ce que nous appelons aujourd'hui, communément, "Le Nouveau Testament" avaient, à l'égard du Tanach (l'Ancien Testament) un grand respect ainsi qu'une profonde considération, s'en inspirant, le citant, y faisant constamment référence comme étant la base et le fondement de leurs convictions et de leur foi. En dignes successeurs de ces hommes, il nous faut donc rester fidèles à cette ligne directrice qu'ils nous ont transmise. Les décisions prises par le Conseil apostolique, à Jérusalem (relaté dans le 15ème chapitre) ont été décisives pour permettre l'accès aux païens dans l'assemblée des disciples. Nous en sommes, encore aujourd'hui, les bénéficiaires. Bien que cela ait été le plan initial de Dieu pour l'humanité, celui-ci se devait d'être transmis préalablement, et intégré par les autorités que le Seigneur avait instituées. Ce plan parfait pour le Salut de tout homme ne peut cependant être compris dans sa globalité si l'on ne tient pas compte de son développement initial. Et pour cela, une lecture attentive, dénuée de tout préjugé, et armée d'un désir d'apprendre, est nécessaire. C'est ce que je peux souhaiter à tout lecteur de la Bible, désireux de mieux en comprendre le contenu. 

Le prochain article sur Livre des Actes sera consacré à cet événement déterminant que fut le baptême du Saint-Esprit lors de la fête de la Pentecôte (Shavouot). L'occasion de pénétrer, en même temps, au cœur des Écritures... 

JiDé

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