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Les Actes des Apôtres : En Samarie

Site de Samarie (Shomron)

Site de Samarie (Shomron)

Une violente persécution survint à la suite de la mort d'Etienne. Les disciples, au nombre de plusieurs milliers, se dispersèrent dans les contrées alentours, jusqu'en Samarie. Les apôtres, quant à eux, choisirent de demeurer à Jérusalem. "Respirant la menace et le meurtre" (Actes 9:1), Saul, qui avait assisté au meurtre d'Etienne, ne tenant aucunement compte des recommandations de son maître Gamaliel aux pieds de qui il avait étudié et bien que celui-ci ait encouragé les membres du Sanhédrin à ne pas lutter contre une éventuelle œuvre de Dieu (Actes 5:34 à 40 / 22:3), devint un véritable inquisiteur et un persécuteur forcené, pourchassant les disciples jusque dans leurs maisons.

La dispersion permit l'évangélisation de toutes les villes et tous les villages de Judée et de Samarie, car les disciples qui les traversaient y annonçaient la Bonne Nouvelle. Philippe, l'un des "sept" qui servaient aux tables des veuves, arriva à Samarie et "prêcha le Messie" (le terme "Christ" n'est alors pas encore en usage). Il y fit beaucoup de miracles et de prodiges, et chassait les démons, libérant les démoniaques de leur emprise. Un magicien nommé Simon, qui bénéficiait d'une grande renommée auprès de la population par l'exercice de la magie, entendit Philippe prêcher, il crut et se fit baptiser. Les apôtres ayant appris que la parole de Dieu se répandait en Samarie, y envoyèrent Pierre et Jean qui imposèrent les mains aux disciples qui furent ainsi baptisés dans le Saint-Esprit. Simon, voyant cela, voulut acheter ce don aux apôtres. Pierre le réprimanda et lui conseilla de se repentir de son attitude inique, mais Simon ne voulut rien entendre. Pierre et Jean continuèrent à prêcher la Bonne Nouvelle dans les villages des Samaritains puis retournèrent à Jérusalem. 

L'Évangile en Samarie

Les disciples se comptaient alors par milliers (Actes 4:4). Certains allèrent en Phénicie, à "Chypre et à Antioche, alors capitale de la Syrie" (Actes 11:19). "Tous... se dispersèrent dans les contrées de Judée et de Samarie" (Actes 8:1). Là même où le Seigneur avait dit que l'annonce de son message serait faite (Actes 1:8). À Jérusalem, Etienne avait été lapidé après avoir comparu devant le Sanhédrin. "Des hommes pieux enterrèrent Etienne et le pleurèrent beaucoup" (Actes 8:2). Le texte grec parle de "grandes lamentations" (kopeton megan), ce qui amène certains à parler de "pleurer à grands bruits" à la façon orientale. Ce qui démontre un grand courage de la part de ceux qui l'ont enseveli, vu le contexte dans lequel s'est produit cet épisode. La démonstration de leur peine ayant pu attirer l'attention de ceux qui persécutaient alors les disciples de Yeshoua. Pendant ce temps, Saul "cherchait à détruire l'Église" (Actes 8:3). Le terme "ekklesian", utilisé par le traducteur de la version grecque, est bien évidemment anachronique pour cette période (l'Evangile de Matthieu comme ceux de Marc et de Jean ayant été rédigés par leurs auteurs en hébreu, puis traduits en grec), l'assemblée des disciples n'étant alors constituée exclusivement que de Judéens et de Galiléens, les membres des nations n'y ayant pas encore été intégrés. Ainsi, lorsque Jésus prononce ces fameuses paroles : "Je bâtirai mon église" (Matthieu 16:18), les apôtres sont alors dans l'incapacité de saisir le sens que nous donnons, aujourd'hui, au mot "église", étant donné que les nations n'ont pas encore accès à la Bonne Nouvelle. Il serait donc plus approprié, dans ce contexte précis, de parler de "qehillah" ("assemblée" en hébreu). C'est d'ailleurs, très probablement, le mot que Jésus a utilisé. Notre lecture "ecclésiologique" pèche parfois par anachronisme, "superposant" des époques sans tenir compte de leurs particularités et de leurs singularités, ce qui conduit forcément à une interprétation faussée des événements relatés.  

 Simon le magicien

L'entière détermination de Saul à emprisonner les disciples de Yeshoua les poussa à se disperser dans les régions alentours, tout en annonçant "la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ" (littéralement : "Yeshoua Ha Massiah" - Actes 8:4, 12). Philippe, l'un des "sept" qui servaient aux tables des veuves (Actes 6:5), était descendu dans une ville de Samarie. Il y accomplissait de grands miracles en guérissant les malades, et délivrant les démoniaques en chassant les démons qui les tourmentaient (Actes 8:5 à 8). Mais il y avait également, dans cette ville de Samarie, un certain Simon qui se présentait comme quelqu'un d'important. Si ses actes de magie "provoquait l'étonnement du peuple de la Samarie" (Actes 8:9 à 11), et focalisait sur lui l'attention de beaucoup, les guérisons qu'opérait Philippe par la puissance de Dieu amenèrent "une grande joie dans cette ville" (Actes 8:8). Simon fut impressionné et surpris par la démonstration de puissance qui se faisait par les mains de Philippe (Actes 8:13). Lui-même "crut", et se fit baptiser. Mais s'il est dit que ce magicien "ne le quittait plus", c'est que, n'ayant nullement renoncé à sa magie et voyant dans la pratique de ce don l'opportunité d'un gain substantiel, il cherchait à s'approprier ce "pouvoir" (Actes 8:18, 19). En se faisant baptiser, Simon n'avait pas compris que le baptême par immersion était, selon ce que dit l'apôtre Pierre, "l'engagement d'une bonne conscience devant Dieu" (1 Pierre 3:21). Les apôtres (les douze), qui étaient demeurés à Jérusalem malgré la persécution, apprirent ce qui se passait en Samarie et y déléguèrent Pierre et Jean (Actes 8:14). Arrivés sur place, les deux apôtres prièrent pour les disciples en leur imposant les mains afin qu'ils reçoivent le Saint-Esprit, ceux-ci ayant seulement été baptisés dans le Nom du Seigneur Jésus (Actes 8:15 à 17), tout comme le fera plus tard l'apôtre Paul avec les disciples d'Éphèse (Actes 19:6). Une façon de faire qui remontait tout au moins à l'époque de Moïse, Josué ayant été "rempli de l'Esprit de sagesse, car Moïse avait posé les mains sur lui" (Deutéronome 34:9). Les Samaritains reçurent ainsi la parole de Dieu, tout comme plus tard les Thessaloniciens, "non comme la parole des hommes, mais ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la parole de Dieu qui agit en vous qui croyez, car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des assemblées de Dieu qui sont en Jésus-Christ, dans la Judée" (1 Thessaloniciens 2:13, 14). Et "La parole de Dieu se répandait dans tout le pays... et le nombre de disciples (en Samarie) augmentait" (Actes 13:49 ; 12:24). 

Un cœur tortueux

Voyant que le Saint-Esprit était reçu par l'imposition des mains, Simon offrit à Pierre et à Jean de l'argent pour obtenir ce don. Pierre le reprit sévèrement, lui reprochant son iniquité et son cœur tortueux. L'apôtre Paul, écrivant à Timothée, lui parle d'hommes "corrompus d'entendement, privés de la vérité et croyant que la piété est une source de gain" (1 Timothée 6:5), preuve que des hommes comme Simon le magicien se retrouveraient encore dans les assemblées de disciples du Seigneur. Simon croyait en effet que "le don de Dieu s'acquérait à prix d'argent" (Actes 8:20)"Ton cœur n'est pas droit devant Dieu", dit Pierre à Simon. Comme l'a dit le prophète Jérémie : "Le cœur est tortueux par dessous tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? Moi, l'Eternel, j'éprouve le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres" (Jérémie 17:9, 10). Jésus, s'adressant aux scribes et aux Pharisiens, leur dit : "Esaïe avait raison de dire : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi, c'est en vain qu'ils m'honorent... Ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées" (Matthieu 15:7 à 9, 18, 19). 

Pierre dit à Simon : "Repens-toi donc de ta méchanceté et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s'il est possible" (Actes 8:22 ; 17:30)"Je vois que tu es dans un fiel amer", ajouta-t-il encore (Actes 8:23). Jérémie, déjà, disait : "C'est là le produit de tes voies et de tes actions, c'est là le produit de ta méchanceté, certes, cela est amer, cela pénètre jusqu'à ton cœur..." (Jérémie 4:18, 19). Paul écrira aux Éphésiens : "Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de l'endurcissement de leur cœur" (Éphésiens 4:18). Simon ne se repentit pas, et les apôtres retournèrent à Jérusalem en évangélisant les villages qu'ils traversaient (Actes 8:25)

Qui sont les Samaritains ? 

Le royaume du Nord, constitué de dix des douze tribus, fut dès son origine profondément idolâtre. En l'an -722, les Assyriens s'emparèrent de sa capitale, Samarie, et déportèrent une partie de sa population dans des terres lointaines (2 Rois 17:23). Ils repeuplèrent alors la région avec des populations déplacées, venues de Babylonie (2 Rois 17:24) qui y introduisirent leurs cultes idolâtres (2 Rois 17:25 à 34). Le peuple samaritain ne présentait donc pas véritablement les caractéristiques d'une nation proprement dite. C'était un agglomérat composite de peuples de différentes ethnies qui, avec le temps, s'étaient également liés par mariage avec les quelques israélites demeurés sur place. Ainsi, bien que la plupart soient issus des "nations", leur attachement à la Loi de Moïse (la Thora samaritaine différait quelque peu de la version originale) les rapprochaient du peuple hébreu sans qu'ils en fassent partie. L'annonce de l'Évangile aux nations ne débutera véritablement qu'avec la conversion de Cornélius (Corneille), le centurion romain, et ceux de sa maison. 

Soucieux de ne pas déplaire à ce que les Assyriens considéraient comme une divinité locale, le roi d'Assyrie envoya en Samarie un prêtre exilé pour enseigner les peuples migrants sur l'identité et les exigences du Dieu d'Israël (2 Rois 17:26 à 29). Poursuivant l'œuvre de son grand-père Sargon, Osnappar (Assurbanipal - Esdras 4:9, 10) introduisit encore d'autres populations étrangères  en Samarie. Au royaume de Juda voisin, vint au pouvoir un roi qui fut un grand réformateur. Josias purifia le royaume de Juda de ses idoles (2 Chroniques 34:1 à 5), allant même jusque dans les territoires du Nord pour en extirper les images de faux dieux (2 Chroniques 34:6, 7), soutenant ainsi les populations israélites locales et leurs sacrificateurs. À l'époque de Jérémie, il y avait encore des Samaritains qui se rendaient au Temple, à Jérusalem, pour y faire des offrandes (Jérémie 41:4, 5). Lorsque les israélites revinrent de Babylone, sous la conduite de Zorobabel, les Samaritains, "ennemis de Juda et de Benjamin" (Esdras 4:1), demandèrent à participer à la reconstruction du Temple, prétextant invoquer leur Dieu et lui offrir des sacrifices, ce qu'ils faisaient "depuis le temps d'Esar-Haddon, roi d'Assyrie qui nous a fait monter ici" (Esdras 4:1, 2), mais les Hébreux repoussèrent leur proposition, cette mission leur ayant été confiée par le roi Cyrus de Perse (Esdras 4:3). Ce refus ne fit qu'attiser leur animosité, et ils tentèrent par tous les moyens de retarder les travaux (Esdras 4:1 à 10). L'animosité des Samaritains à l'égard des Juifs demeura jusqu'à l'époque de Jésus (Luc 9:51 à 53 / Jean 4:9). Les Samaritains pratiquaient une religion mélangeant la loi de Moïse et les rites païens (Jean 4:22, 25) et adoraient l'Eternel dans un temple bâtit sur le Mont Garizim, l'une des deux montagnes surplombant la ville de Sichem / Samarie (appelée Sychar dans l'Evangile de Jean - Jean 4:4, 5). Selon l'historien juif du premier siècle de notre ère, Flavius Josèphe (Antiquités), les Samaritains se vantaient de leur parenté avec les Juifs quand la situation de ceux-ci étaient prospère, mais se disaient issus des Assyriens si les Juifs étaient dans l'adversité. Ils s'opposèrent également à ce que Néhémie rebâtissent les murailles de Jérusalem (Néhémie 4:1 à 15). Ils avaient, à leur tête, Sanballat le Horonite, dont le gendre fut exclut du sacerdoce par Néhémie.

Lors des persécutions d'Antiochus Epiphane, les Samaritains consacrèrent leur temple à Jupiter pour s'attirer les bonnes grâces de l'envahisseur grec (deuxième livre des Maccabées 6:2). Dans ses "Antiquités", Flavius Josèphe écrit que, vers 128 avant notre ère, Jean Hircan, l'un des Maccabées, s'empara de Sichem et du Mont Garizim et détruisit le temple des Samaritains qui continuèrent à pratiquer leur culte à cet endroit. C'est à cela que fait allusion la samaritaine qui s'adresse à Jésus (Jean 4:20). Flavius Josèphe nous dit encore, dans ses "Antiquités", que les Juifs qui avaient été chassés de Jérusalem par mesure disciplinaire se rendaient au Mont Garizim, en Samarie, pour y rendre un culte, chaleureusement accueillis par les Samaritains. La doctrine samaritaine s'apparentait fortement à celle des Sadducéens, attendant un Messie terrestre et ne reconnaissant, comme livres inspirés, que le Pentateuque (Jean 4:25). De nos jours, une petite communauté samaritaine subsiste encore dans la région de Naplouse (autrefois Sichem).

Une mission, un message pour toute la Terre

Dieu, par la bouche du prophète Esaïe, invitait les nations à se tourner vers Lui : "Tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la Terre" (Esaïe 45:22). Esaïe avait prophétisé que "toutes les extrémités de la Terre verront le Salut de notre Dieu" (Esaïe 52:10), ce que confirme le livre des Psaumes : "Toutes les extrémités de la Terre ont vu le Salut de notre Dieu" (Psaume 98:3b). Le Psalmiste dit également : "Toutes les extrémités de la Terre penseront à l'Eternel et se tourneront vers Lui, toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face" (Psaume 22:28). Jésus avait dit à ses disciples : "Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la Terre" (Actes 1:8). Il le redira  à l'apôtre Paul : "Je t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon Salut jusqu'aux extrémités de la Terre" (Actes 13:47 ; Esaïe 49:6). L'apôtre, citant le prophète Esaïe (toujours lui), écrira plus tard aux disciples de Rome : "Qui a cru à notre prédication ? Mais je dis : N'ont-ils pas entendu ? Au contraire !  Leur voix est allée par toute la Terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités du Monde" (Romains 10:15 à 18). 

Mission accomplie !

L'Evangile a atteint les extrémités de la Terre, mais le cœur de l'homme lui a opposé bien des frontières. 

 

JiDé

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