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Douze hommes dans le désert

Douze hommes dans le désert

"Sophonie ? Aggée ? Nahoum ? Haba quoi ?... Habakuk ? Connais pas ! C'est dans la Bible ?..." 

"Mon peuple meurt faute de connaissance" (Osée 4:6). "Mon peuple... meurt ?"

De nos jours, nombreuses sont les voix prophétiques qui s'élèvent. Elles parcourent les ondes, et le câble en relaie généreusement l'image. Les librairies fournissent leurs ouvrages et promotionnent leurs auteurs. Quelques uns d'entre eux se font l'écho de la voix de ces antiques prophètes hébreux. Mais parmi les voix prophétiques de notre monde moderne, les mots "il est écrit" se sont parfois fait discrets quand ils n'ont pas tout simplement disparu. Et encore faut-il qu'ils soient utilisés à bon escient, car ils ne sont parfois qu'un prétexte pour asseoir une argumentation dont le sens peut différer considérablement des textes auxquels elle se réfère. 

Oui, bien des voix se sont élevées. Paradoxalement, d'autres voix semblent s'être éteintes. D'autres voix auxquelles ont accordait, il n'y a pas si longtemps encore, une pleine autorité. Elles étaient consultées et occupaient une place de choix dans les conversations. Je veux parler de ces douze hommes que l'on nomme généralement "les Petits Prophètes". Non que leur message soit d'importance moindre que celui d'Esaïe, Jérémie, Ézéchiel ou Daniel, mais leurs écrits étaient, disons, moins volumineux. Amos, Michée, Sophonie, Habakuk, Nahoum, Aggée... Qui les lit encore aujourd'hui ? Ne sont-ils plus que des voix qui crient dans le désert (Esaïe 40:3) ? On parle encore, certes, de Joël ou de Zacharie parce qu'ils annoncent des événements que l'on craint. On sourit en pensant à Jonas et sa baleine. Mais tout le monde sait que la baleine n'est pas un poisson. Le message de Jonas provoqua cependant la repentance de l'une des villes les plus peuplées de son époque. On parle aussi de Malachie, quand un pressant besoin financier se fait sentir ou qu'un projet quelconque nécessite des fonds importants. Mais dans sa globalité, le message de Malachie condamne un certain formalisme religieux, et pointe du doigt la corruption de certains prêtres et leur mépris du Nom de Dieu. "Bien sûr", dit-on, "mais c'était dans l'Ancien Testament". Mais quand on fait appel à Malachie pour les raisons que j'ai évoquées plus haut, ce détail est bien évidemment occulté. 

Le message des Prophètes bibliques fait peur parfois. Ils étaient souvent aussi impopulaires que leur message. Rejetés, méprisés, mis en prison, parfois mis à mort (Hébr. 11:36, 37). Mais ils étaient dépositaires d'un message qu'il leur fallait transmettre. La tradition relate qu'Esaïe aurait été scié en deux et la "critique biblique" coupe son livre en quatre, prétendant que cet ouvrage serait l'oeuvre de plusieurs auteurs "tardifs".
 


La vie conjugale de ces prophètes est souvent intrinsèquement liée à leur ministère. Ézéchiel perdra brutalement son épouse, Jérémie est appelé au célibat et Osée épousera une prostituée. Leur message est adressé "à un peuple rebelle au cou raide". Bien sûr, il est évident que le peuple de Dieu, aujourd'hui, n'a rien à voir avec ce trait de caractère ! N'est-il pas comparé à un troupeau de brebis ? Jean-Baptise, le dernier des Prophètes de ce que l'on appelle communément l'Ancienne Alliance, était revêtu d'une peau de bête, mais son message n'en était pas moins rude ni dénué de compromis. Jean-Baptiste n'a pas laissé d’Écrits, comme ses prédécesseurs, mais il marchait dans la puissance d'Elie. D'autres se sont chargés d'en rapporter les actes et les paroles.  

Ils ne se préoccupaient pas de leur popularité. Ils avaient d'autres priorités. Ils ne faisaient pas non plus précéder leur nom de ce qui est aujourd'hui presque un titre de noblesse. Se faire appeler prophète était alors équivalent à se faire traiter de "gêneur", de "moraliste", de "donneur de leçons"... Rien de bien attrayant ! Aujourd'hui, celui qui porte ce titre se voit affubler d'une aura de sainteté avec toute la déférence due à une haute autorité, voire une célébrité. Les voix qui s'élèvent aujourd'hui, ont vite compris ce qui remplit les salles. Mais elles savent également qu'il y a des thèmes qui ne s'adresseront qu'à des sièges vides.

Ces prophètes hébreux se sont levés en leur temps, et leurs écrits sont intemporels, tout comme le message qu'ils véhiculent. Leurs voix s'élèvent encore aujourd'hui, mais qui les écoute ? Le fait qu'on n'y accorde peut-être plus l'intérêt qu'ils méritent n'enlève rien à l'autorité dont leur message est revêtu. Oui, "mon peuple meurt faute de connaissance", c'est là un constat alarmant. D'autant que la maladie comme le remède se trouvent nommés dans ce même constat. A cela on rétorque : "la lettre tue, mais l'Esprit vivifie". Qu'est-ce à dire ? Que désormais l'Esprit de Dieu a choisi de se passer de Sa Parole ? Que le Saint-Esprit ne parle plus par les Écritures ? L'Esprit de Dieu est Celui qui a inspiré ces prophètes. Aurait-il relégué au Passé ce qu'Il leur a lui-même inspiré comme Parole éternelle ? Les émotions auraient-elles supplanté la réflexion ? Des émotions que l'on confond facilement aujourd'hui  avec l'onction. On n'écoute plus, on ressent. 

Le message de ces prophètes hébreux a souvent été : "revenez à Dieu !" Revenir ? Mais pour revenir, il faut avoir été préalablement quelque part ! Alors pourquoi et comment s'en est-on éloigné ? La question mérite réflexion. Et si je me suis éloigné, où suis-je maintenant ? C'est la question que Dieu pose à Adam dans le jardin d'Eden, alors que celui-ci se cache de sa présence. Dieu lui dit : "où es-tu ?" (Gen. 3:9). Comme si Dieu ne le savait pas ! En réalité, la question que Dieu pose à Adam est : "où en es-tu ?" Par cette question, le Créateur amène l'homme (adam) à prendre conscience de sa condition morale. A travers le premier adam, Dieu pose la question à toute l'humanité qui en est issue. "Où en es-tu ?" L'être humain est alors obligé de faire ce constat de "la brisure" qui s'est opérée entre lui et son Créateur, mais également en lui-même (ce sujet est développé dans l'article "deux arbres et un serpent en Eden"). 

"Mon peuple meurt faute de connaissance"... Car c'est du fruit de l'arbre de la connaissance que l'homme a mangé (Gen. 2:9, 17) et cet acte de désobéissance a provoqué cette brisure entre lui et son Dieu.

"Mon peuple meurt"... C'est un constat que Dieu fait. Mais il y a une solution. "Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s'humilie, prie et me cherche, et s'il se détourne de ses mauvaises voies, je guérirai son pays" (2 Chroniques 7:14). 

Ce message, Dieu l'adresse à son peuple. Il est le peuple de Dieu parce que Son Nom est invoqué sur lui. Il porte la marque de son appartenance au Dieu d’Israël, et pour cela, Dieu veut "guérir son pays". C'est une promesse, mais elle est conditionnelle : "Si". Pour que cette guérison s'opère, il y a quatre conditions à remplir. Ces quatre conditions doivent être réalisées pleinement, sans cela, la guérison ne pourra avoir lieu. 

"Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s'humilie". C'est la première condition. Ce qui entend une profonde et authentique repentance. "Prie"... cette prière-là découlera de la repentance. Elle sera empreinte d'humilité. "Et me cherche...", parce que la Face de Dieu ne se laissera trouver que par ceux qui se seront humiliés et qui feront monter vers lui une prière venant d'un cœur brisé par une conscience aiguisée. "Et se détourne de ses mauvaises voies", car une authentique repentance s'inscrit dans la durée et les fruits en sont visibles. 

Il y a dans l'Ecriture, un autre exemple de cette "gradation" dans la repentance. C'est dans le livre d’Ézéchiel où il est écrit : "Fils de l'homme, montre ce temple à la maison d'Israël et qu'ils en mesurent le plan et qu'ils rougissent de toutes leurs iniquités. S'ils rougissent de toutes leur conduite, fais-leur connaître la forme de cette maison... tous ses dessins et toutes ses ordonnances, tous ses dessins et toutes ses lois, mets-en la description sous leurs yeux afin qu'ils gardent tous ses dessins et toutes ses ordonnances, et qu'ils s'y conforment dans l'exécution" (Ez. 43:10, 11). De mesurer ce plan du temple qu'Ézéchiel met sous leurs yeux devait provoquer la repentance du peuple, c'était conditionnel. La suite ne pouvait venir que si le peuple "rougissait de sa conduite". Ézéchiel pouvait alors leur révéler la suite afin qu'ils s'y conforment. Mais ils n'auraient pu s'y conformer sans s'être préalablement repenti (ce sujet est développé dans l'article "Ézéchiel et la vision du Temple" sur ce blog).

J'utilise souvent l'exemple de la petite clef en or qui ouvre un gros cadenas. Elle est petite parce que ce sont souvent des choses insignifiantes, à nos yeux, qui nous enferment. Elle est en or parce qu'elle a beaucoup de valeur. OR, c'est aussi les initiales de deux mots-clefs : O comme Obéissance, et R comme Repentance. Deux mots qui sont des constantes dans le message de ces antiques prophètes hébreux dont on n'écoute plus beaucoup la voix. 
 


"Les prophètes qui ont prophétisé, touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l'objet de leurs recherches et de leurs investigations. Voulant sonder l'époque et les circonstances marquées par l'Esprit de Christ qui était en eux... il leur fut révélé que ce n'était pas pour eux-mêmes mais pour vous qu'ils étaient les dispensateurs de ces choses que vous ont annoncées maintenant ceux qui vous ont prêché l’Évangile" (1 Pierre 1:10 à 12). 

Oui, ces prophètes-là ont touché la Grâce du bout des doigts. Ils l'ont effleurée. Ils ont fait de ces choses "qui nous ont été annoncées" l'objet de leurs recherches. Et où faisaient-ils ces recherches ? Mais, dans les Écritures, bien sûr ! Dans les Écrits de leurs prédécesseurs. Ils sondaient "l'époque et les circonstances". Ils voyaient ces choses de loin, comme on admire des chaînes de montagnes dont  les sommets semblent se toucher, alors qu'elles sont séparées par de larges et grandes vallées. Et tout cela, "par l'Esprit de Christ qui était en eux". Oui, tous ces prophètes Hébreux, dont certains ignorent aujourd'hui jusqu'à l'existence, avaient en eux l'Esprit de Christ. Je me demande parfois si ceux qui se prétendent leurs dignes successeurs en ont seulement lu les Écrits. Et si c'est le cas, en ont-ils vraiment compris le message ? A écouter certains d'entre eux, je ne peux qu'en douter ! 

Les voix de ces douze hommes ne se tairont jamais. Leur message est pour aujourd'hui et pour demain. Et si l'Esprit de Christ était en eux, leurs Écrits parlent encore aujourd'hui, mais le peuple meurt faute de connaissance. "Sophonie ? Aggée ? Nahoum ? Haba quoi ?... Habakuk ? Connais pas ! C'est dans la Bible ?"... "Mon peuple meurt faute de connaissance". 

"Consultez le livre de l’Éternel et lisez ! Aucun d'eux ne fera défaut ! Ni l'un ni l'autre ne manqueront car sa bouche l'a ordonné, c'est son Esprit qui les rassemblera" (Esaïe 34:16). Non, "aucun d'eux ne fera défaut. Ni l'un ni l'autre ne manqueront". Ils sont tous là : Osée, Joël, Amos, AbdiasJonas, Michée, "car sa bouche l'a ordonné", Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. "C'est Son Esprit qui les rassemblera". Ils étaient tous animés par le même Esprit de Dieu, et l'écho de leur message se fait entendre jusque dans "les temps de la fin". "C'est dans la foi qu'ils sont morts sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la Terre" (Hébreux 11:13). 

On oublie parfois que ces hommes et ces femmes, à qui l'auteur de l’Épître aux Hébreux rend hommage, sont des héros de la foi de ce que l'on appelle parfois, avec une certaine condescendance, "l'Ancien Testament". "C'est son Esprit qui les rassemblera". C'est l'Esprit de Dieu qui a inspiré leur message et leurs Écrits, et c'est encore Lui qui les a rassemblés dans le Canon des Écritures. "Consultez le livre de l’Éternel et lisez" (Esaïe 34:16). 

"Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Qu'êtes-vous donc allé voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète" (Matth. 11:7, 9). Douze hommes. Douze hommes dans le désert, parce que le désert est le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple. "C'est pourquoi, voici, je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur", dit le Seigneur (Osée 2:14). Alors "aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre cœur". "Chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire aujourd'hui afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse..." (Héb. 3:13).  

"Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom prie, s'humilie et me cherche, et se détourne de ses mauvaises voies... je parlerai à son cœur". 

JiDé

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