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Les Actes des apôtres : La Pentecôte

Les Actes des apôtres : La Pentecôte

Ce qui s'est produit ce ''jour de la Pentecôte'', à Jérusalem, est sans conteste l'un des événements les plus marquants de l'histoire de l'Église de Christ. Alors que 120 disciples étaient réunis, le Saint-Esprit descendit sur eux sous la forme de ''langues de feu".  Ils se mirent alors à parler dans des langues qui leur étaient étrangères. Ils sortirent du lieu où ils se trouvaient et se mirent à annoncer les merveilles de Dieu dans les langues qui leur avaient été donné de parler. Tout au moins quatorze langues différentes sont mentionnées (Actes 2:3 à 11). Il est toutefois à souligner que le public qui assista à cette démonstration de la puissance de Dieu était constitué de "Juifs pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel" (Actes 2:5). Or, 70 nations sont issues des fils de Noé. Toutes étaient donc probablement représentées, ce jour-là, à Jérusalem, chaque délégation s'exprimant ''dans sa propre langue'' (Actes 2:6). Mais outre la démonstration de puissance de l'Esprit de Dieu, quelle pouvait être la raison d'une telle manifestation ? Pour répondre à cette question, il nous faut faire un peu d'histoire. 

Grecs et Romains

À l'époque apostolique, les anciens royaumes d'Israël et de Juda sont sous occupation romaine. Mais cette occupation est relativement ''récente''. En effet, ce n'est qu'en l'an 63 avant notre ère que le Général Pompée pénètre en Samarie, à la demande des chefs religieux qui ont quémandé le secours de Rome pour les délivrer de l'envahisseur grec, présent depuis trois siècles. Celui-ci avait laissé une forte empreinte dans les populations en hellénisant les peuples conquis, élargissant ses conquêtes de la Macédoine aux frontières de l'Inde. Les Grecs avaient tenté d'éradiquer la culture hébraïque, imposant leur langue, leur culture et leurs divinités, allant jusqu'à interdire la pratique de l'hébreu. Petit à petit, les populations juives de la Diaspora perdirent l'habitude de le parler. Le pouvoir religieux d'alors se réunit en conseil, et toutes les communautés décidèrent de garder la pratique de l'hébreu uniquement pour l'exercice des rites religieux, tentant ainsi de minimiser la disparition progressive de la langue de leurs pères. Peu à peu, la pratique de l'hébreu disparut de la rue, faisant place au grec et à l'araméen, langues véhiculaires de l'empire. Seuls les Juifs de Judée résistèrent à cette hellénisation forcée, et continuèrent à pratiquer l'hébreu dans l'usage courant de la vie quotidienne. 

De toutes les nations

Les "Juifs de toutes les nations qui sont sous le ciel", présents ce jour-là à Jérusalem, ne parlent donc pas tous l'hébreu, mais plutôt le grec ainsi que la langue de leur pays d'origine. C'est pourquoi le texte nous dit : "Chacun (de ces Juifs de la Diaspora) les entendait parler dans sa propre langue" (Actes 2:6). Eux-mêmes reconnaissent entendre ces hommes parler dans leur propre "langue maternelle" (Actes 2:8). La "langue maternelle" de ces "Juifs de toutes les nations" n'était plus l'hébreu, mais celle des Parthes, des Mèdes, des Élamites, des Crétois, des Arabes etc... (Actes 2:9 à 11). Dans quel but le Saint-Esprit a-t-il poussé les disciples à s'adresser à la foule en diverses langues ? Pour que ces Juifs, qui ne parlaient plus l'hébreu, puissent entendre les merveilles de Dieu de la meilleure façon qui soit : dans leur propre langue maternelle. La réaction de ces auditeurs fut, pour la plupart, l'étonnement. Quelques-uns se moquèrent d'eux, pensant qu'ils étaient ivres (Actes 2:12, 13). Cependant, les auditeurs reconnurent les disciples comme étant originaires de Galilée. Ils n'étaient donc pas censés parler toutes ces langues étrangères, ce qui provoqua, parmi le public, une telle perplexité. 

La ville de Jérusalem est alors remplie de  pèlerins d'origine hébraïque venus "de toutes les nations qui sont sous les cieux" (Actes 2:5) pour célébrer la fête de l'Eternel. Hormis les Romains, il n'y a alors que très peu de non-juifs dans la ville. Le message de Pierre s'adresse alors à "toute la communauté d'Israël (afin qu'elle) sache avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus" (Actes 2:36) qui avait été crucifié moins de deux mois auparavant. L'Évangile n'est alors pas encore ouvert aux païens (Actes 11:17, 18). Il ne le sera, tout au moins, qu'une dizaine d'années plus tard (Actes 10:34 à 36). La "vision globale" que nous avons de l'histoire de l'Église apostolique nous pousse parfois à considérer ces événements comme étant adressés aux chrétiens des nations, mais à l'heure où ils se produisent, une telle perspective ne viendrait nullement à l'esprit des apôtres et des disciples de Yeshoua (Actes 11:3, 15 à 18). En effet, avant que Pierre ne puisse admettre que des non-Juifs puissent être intégrés à l'assemblée des disciples, il lui faudra préalablement y être préparé par une juste interprétation de la vision de la nappe (Actes 10:9 à 29). De même, il ne serait pas venu à la pensée de Pierre que le Saint-Esprit puisse descendre également sur des Gentils (Actes 10:34, 35 ; 11:1). Lorsque l'apôtre se rendra dans la maison de Corneille, il ne mentionnera d'ailleurs nullement l'effusion du Saint-Esprit lors de la fête de Shevouot. Ce n'est qu'après que le Saint-Esprit soit descendu sur les assistants de l'assemblée qu'il crut cela possible, mais le texte nous dit bien que les Juifs qui accompagnaient Pierre en furent "stupéfaits" (Actes 10:45). L'initiative de Pierre fut tout de même vivement contestée parmi les disciples de Jérusalem (Actes 11:2, 3). 

La Pentecôte

Étant donné la portée universelle d'un tel événement, il me faut m'attarder quelque peu sur cet épisode crucial de ce livre, bien que celui-ci ait déjà été largement commenté. Dans son introduction, Luc rappelle les paroles de Jésus annonçant à ses disciples qu'ils seraient bientôt baptisés (littéralement "immergés") dans le Saint-Esprit (Actes 1:5), ce qui se produisit effectivement lors de la fête de Shevouot (Actes 2:1 à 4). Pour certains, Pentecôte est une fête chrétienne qui commémore le don de l'Esprit-Saint aux apôtres. Bien que ces deux événements soient concomitants, la pratique de cette fête précède de loin cet événement. Le texte nous donne d'ailleurs une information à ce propos. Luc introduit son récit de l'événement en mentionnant le jour où cela se produisit : "Quand le jour de la Pentecôte arriva..." (Actes 2:1).  "Pentecôte" est un mot d'origine grecque (pentêkostês) qui désigne le "cinquantième". Shevouotde son vrai nom (c'est l'une des 7 "fêtes de l'Eternel" célébrées par le peuple d'Israël depuis leur instauration par Moïse sur l'ordre de l'Eternel), débute cinquante jours (sept semaines plus un jour) après le shabbat de la fête de Pessah (Pâque), la première des trois fêtes principales, la troisième étant la fête de Souccot appelée aussi "fête des Tabernacles" ou "des cabanes". Selon Jean-Marc Thobois : "La Pentecôte, dans la tradition juive, est l'image de la Venue du Royaume de Dieu au dernier jour. C'est l'accomplissement des choses dernières, de toutes les promesses : le mot final de l'histoire... les promesses de Dieu sont accomplies, le Royaume de Dieu est instauré" (J.M. Thobois, "Ruth", pages 34, 35)

Ainsi, il est écrit : "Depuis ce lendemain de shabbat depuis le jour où vous apporterez la gerbe (de blé) pour faire le geste de présentation, vous compterez sept semaines entières. Vous compterez cinquante jours jusqu'au lendemain du septième shabbat..." (Lévitique 23:15, 16). Et il est dit un peu plus loin : "C'est une prescription perpétuelle pour vous, au fil des générations, partout où vous habiterez" (Lévitique 23:21). "Où vous habiterez en terre d'Israël" (car tout ce qui touche aux offrandes en nature est étroitement lié à la terre d'Israël). Lorsque survint le don du Saint-Esprit sur les disciples rassemblés dans le lieu dit "la Chambre-Haute" où étaient réunis 120 d’entre eux parmi lesquels Marie, mère de Jésus, et les frères du Seigneur, tous célébraient en réalité cette "fête des moissons" (celle du blé) instituée par Moïse et pratiquée depuis lors par le peuple d'Israël, ce qui explique la présence d'une foule nombreuse de Juifs pieux à Jérusalem à cette période, selon qu'il est écrit : "Tu apporteras à la maison de l'Eternel ton Dieu les tout premiers produits de ton sol" (Exode 23:19), et : "le jour des prémices, où vous présenterez à l'Eternel une offrande à votre fête des semaines (Shevouot)" (Nombres 28:26). Même si un très grand nombre de Juifs vivant au sein des nations étaient présents pour la fête, les "produits du sol" provenaient d'Israël. 

Le don du Saint-Esprit eut donc lieu le premier jour de cette fête qui dure une semaine. La fête de Shevouot est célébrée le sixième jour du mois de Sivan du calendrier hébreu, date à laquelle, selon les Sages d'Israël, Dieu aurait donné la Loi à Moïse. C'est également, toujours selon les Sages, le "Jour de la délivrance et de la révélation des choses cachées" (le nombre 50 étant le symbole de ces choses). Le fait que le Saint-Esprit soit descendu sur les disciples de Yeshoua ce 6 Sivan, jour du don de la Thora à Israël, était pour eux un message fort. Il signifiait une compréhension des "choses cachées" et du sens profond de la Thora (Deutéronome 29:29). Pour les élèves de yeshivot, le 6 sivan est le "jour" de "confirmation" (confirme à Sion ?) de leur foi. Pour les disciples de Yeshoua, ce "jour" était également un "jour de confirmation" de leur foi dans le Massiah. C'est encore aujourd'hui le véritable "jour" de Pentecôte, même si nombre de chrétiens évangéliques se basent sur le calendrier Romain pour le célébrer. Pour les Esséniens, le jour de Shavouot était "le Jour de la Nouvelle Alliance" (Jérémie 31:31). Certains d'entre eux reconnurent ainsi que cette "Nouvelle Alliance" était désormais accomplie en la personne de Yeshoua. Shavouot était également considérée comme la date des épousailles entre Dieu et Israël, la Thora étant le "contrat de mariage". L'Église est ainsi appelée "épouse de Christ", l'effusion du Saint-Esprit, à cette date précise chargée de symboles, était ainsi considérée comme la concrétisation de cette "Alliance" entre Dieu et son peuple. 

Il nous est dit que, "tout à coup, il vint du ciel un bruit ("echos" en grec) comme celui d'un vent impétueux, et il remplit la maison où ils étaient assis" (Actes 2:2)"Echos", c'est "un bruit, un son, une rumeur". Il est aussi traduit par "renommée" (Luc 4:37) et "retentissement" (comme celui d'une trompette - Hébreux 12:19). Le mot "vent" ("pnoe" en grec) signifie également "haleine, respiration, souffle de vie". Il vient de "pneo" (souffle du vent). Un vent "impétueux" ("phero" en grec)"Phero" signifie, entre autres : "Aller vers, s'adresser à, amener dans un discours, mener, conduire". Tout cela n'est pas sans rappeler ce qui s'est produit au Sinaï lorsque Dieu a donné la Thora à Israël (Exode 19:16 à 19)"Le grand bruit venu du ciel" et "les langues de feu" rappellent les circonstances particulières (le feu, les éclairs, le tonnerre) autour de la montagne du Sinaï lorsque Moïse reçut les tables de la Loi. La Chambre-Haute devint, un instant, un nouvel "Horeb" (Deutéronome 5:2, 3)

Il y eut donc un "bruit" (semblable au souffle du vent) venu du ciel qui se fit entendre dans le lieu où ils étaient réunis mais également à l'extérieur, ce qui attira l'attention de la population et qui poussa les disciples à "aller vers, à s'adresser à" la foule qui s'était réunie dans la rue. Ce "vent" leur a insufflé une vigueur, une hardiesse pour prendre la parole, ce que fit Pierre en débutant son discoursCe "bruit"... "remplit (pleroo) la maison". Le mot "pleroo" signifie "remplir à raz-bord, compléter, amener au bout (de quelque chose), conduire à ses fins, accomplir pleinement, amener à la réalisation finale, réaliser ce qui avait été annoncé (dans les Écritures, dans les prophéties). C'est effectivement ce qui s'est produit à la pentecôte. Ainsi, après avoir été immergé (c'est le sens littéral du mot "baptiser") dans le Saint-Esprit, l'apôtre Pierre va faire un discours devant la foule assemblée, citant de mémoire 7 passages des Écritures (de l'Ancien Testament), démontrant ainsi sa connaissance approfondie de "la Loi et des Prophètes" (Actes 2:14 à 36), en affirmant la messianité de Jésus (verset 36). Les personnes qui assistaient à cet événement, furent tout d'abord "remplies d'étonnement et d'admiration" (verset 7), puis "eurent le cœur vivement touché" (verset 37). Trois mille personnes devinrent disciples de Yeshoua ce jour-là. Beaucoup parmi celles-ci retournèrent dans leur pays d'origine, apportant avec elles leur compréhension nouvelle de l'identité du Massiah tant attendu dans ces temps troublés où beaucoup aspiraient au rétablissement du royaume d'Israël (Actes 1:6). Le texte principalement cité est celui de la prophétie de Joël (Actes 2:16 à 21; Joël 2:28 à 32).

Pierre fait mention d'un passage du livre de Samuel (Actes 2:30; 2 Samuel 7:12) et d'un autre du livre des psaumes (Psaume 132:11), dans lesquels Dieu fait la promesse à David d'élever son descendant à la royauté, concluant que c'est bien la résurrection des morts qui avait été ainsi annoncée, le corps du Seigneur ne pouvant "connaître la corruption" (la décomposition progressive du corps défunt - Actes 2:31 ; Psaume 16:10). Pierre cite également le Psaume 16 de David (Actes 2:25 à 28 ; Psaume 16:8 à 11), mentionnant au passage, sa sépulture à Jérusalem (Actes 2:29; 1 Rois 2:10). La tradition situe "la Chambre Haute" (là où le Saint-Esprit est descendu sur les 120) juste au dessus de l'endroit où se trouve le lieu-dit "tombeau de David". La "Chambre-Haute", d'architecture romane, est bien évidemment de construction plus récente que l'événement qu'elle est censée avoir abrité, mais il se peut que l'emplacement lui-même soit authentique. Poursuivant l'analogie entre David et Jésus, Pierre cite ensuite le psaume 110 (Actes 2:34, 35 ; Psaume 110:1), reprenant là une argumentation déjà utilisée par Jésus lui-même (Matthieu 22:41 à 44). Pierre fait ici ce que l'on nomme, en hébreu, un "pesher", une démonstration de la messianité de Jésus. Comme le dira lui-même l'apôtre Pierre, dans sa seconde épître : "Car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (2 Pierre 1:21). L'Évangile allait ainsi commencer à se répandre, jusqu'à ce qu'il atteigne "les extrémités de la terre"...

Nées à Sion

Il y avait donc, ce jour-là, à Jérusalem, une délégation pour chacune des soixante-dix nations du Monde habité. Et contrairement à une tradition bien ancrée, le Psaume 87 nous dit que c'est justement là, à Jérusalem, que sont "nées" les nations : "Je proclame l'Égypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent, voici le pays des Philistins, Tyr, avec l'Éthiopie, c'est dans Sion (Jérusalem) qu'ils sont nés. Et de Sion il est dit : Tous y sont nés... l'Eternel compte en inscrivant les peuples : C'est là qu'ils sont nés" (Psaume 87:4 à 6). Mais lorsque Pierre ajoute : "pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2:39), il ne réalise pas encore la portée de ses paroles. Il n'en comprit véritablement le sens que le jour où il entra dans la maison de Corneille. Les personnes présentes ce jour-là dans sa maison constituaient les prémices de ces 70 nations qui reconnaîtraient, par centaines de millions d'âmes, le rôle du Saint-Esprit et la signification de la mort de Jésus. 

 

JiDé

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