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Babel est-elle à l'origine des langues et des nations ?

Babel est-elle à l'origine des langues et des nations ?

On comptabilise aujourd'hui plus de sept mille langues parlées sur notre planète. Mais comment sont-elles apparues ? La Bible nous donne-t-elle des indications, voire des réponses ? Les langues sont-elles nées à Babel ? Pour comprendre ce que la Bible nous dit sur l'origine des langues, il nous faut nous intéresser sur l'origine de celles qui en ont l'usage : les nations.  

Le livre d'histoire de l'humanité

La notion de "nation" nous est familière. Elle est étroitement liée à une langue, une culture. Chaque nation a développé, au fil de son histoire, une identité qui lui est propre, bien que ses frontières se soient bien souvent modifiées au fil des siècles. La Bible nous donne le récit de plusieurs d'entre elles qui perdirent ou retrouvèrent leur indépendance au fils des guerres et des victoires, tour à tour absorbées par un empire au faîte de son pouvoir ou dissidentes à l'envahisseur. Au fil des siècles, la seule constante fut le changement. Aujourd'hui encore, les nations ne cessent de s'allier ou de se faire la guerre. Des minorités ethniques ou linguistiques furent souvent à la fois enjeux et victimes de ces conflits fratricides qui opposèrent une nation contre une autre. Pourtant, les textes de la Bible attestent, pour chacune d'elles, d'une même origine. 

"Voici le livre de la postérité d'Adam. Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance de Dieu" (Gen. 5:1).

Le mot "toldoth", qui est généralement traduit par "postérité", signifie également "histoire". Quant au mot "adam", il désigne "l'être humain" en général, et c'est dans ce sens qu'il est utilisé tout au long des Écritures. Ainsi, "le livre de la postérité d'Adam" (en hébreu : "cefer toldoth adam") peut également être traduit par "voici  le livre qui raconte l'histoire de l'humanité". Une histoire où apparaissent à la fois des nations et des langues. Un événement marquant dans l'histoire de l'humanité allait être à l'origine de leur diversification.

L'origine des nations

Après que les eaux du Déluge aient fait disparaître toute trace de vie, hormis les passagers de l'arche, il fut confié à Noé et à ses fils la tâche de repeupler la surface de la terre (ce sujet est développé plus en détail dans l'article "Noé et la nouvelle génération"). Mais alors, où et quand les nations se sont-elles formées ? L'opinion selon laquelle les nations se seraient formées après l'épisode de la Tour de Babel s'est largement répandue sur la base de ce texte : "C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel car c'est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre et c'est là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre" (Gen. 11:9). Après s'être installés dans la plaine de Shinéar, sous l'instigation de Nimrod, les hommes se bâtirent une cité et une tour qui devait "s'élever jusqu'au ciel" (un article lui est consacré : "Nimrod, l'impie qui doit venir"). Après que Dieu ait confondu leurs langages, ils ne purent plus se comprendre et ils se séparèrent donc pour se disperser "sur toute la surface de la Terre". Il est couramment  entendu que l'humanité était alors concentrée dans cette région spécifique et nulle part ailleurs. Pour certains, le concept même de "nations" est la résultante de la rébellion de l'homme contre Dieu à Babel. Mais est-ce bien ce que dit l'Ecriture ? Fidèle au principe des Béréens qui "examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu'on leur disait était exact" (Act. 17:11), je propose de soumettre cette interprétation au "test de l'Ecriture" afin de voir ce que nous enseigne la Parole de Dieu. La Bible s'interprétant par elle même, il nous faut nous interroger, tout comme le fît l'apôtre Paul : "Que dit l'Ecriture ?" (Gal. 4:30). 

"èleh mishpehot bènê noah letoldotam begoyêhem où mê êleh nifradou ha goîm ba aretz ahar ham maboul" (Gen. 10:32). "Telles sont les familles des fils de Noé, selon leurs générations, selon leurs nations. Et c'est d'eux (les fils de Noé) que sont sorties les nations qui se sont répandues sur la terre après le déluge". Il est fait ici mention "des fils de Noé" (Sem, Cham et Japhet), "selon leurs générations, selon leurs nations, et c'est d'eux que sont sorties les nations". Plus précisément, "des clans des fils de Noé" ("èleh mishpehot bènê noah). Il est donc bien spécifié que ce sont des "fils de Noé" (Sem, Cham et Japhet) que sont sorties les nations. Or, il est évident que le Déluge eut lieu avant que ne soient édifiées la ville de Babel et la tour du même nom. On ne peut donc que conclure que les nations en tant que telles sont apparues avant que ne soit édifiée la tour de Babel. Celles-ci ne sont donc pas issues de la dispersion de la population de Babel puisqu'elles lui sont antérieures. 
 


Selon sa langue

Mais revenons à Noé et ses fils. Après que le Déluge ait eu lieu, Dieu intervint auprès de celui qui allait devenir le père d'une nouvelle humanité post-diluvienne. Ainsi, il est écrit : "Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : Soyez féconds, multipliez et remplissez la terre... répandez-vous sur la terre et multipliez sur elle" (Gen. 9:1, 7). Mais il est écrit un peu plus loin : "Et ce sont ici les générations des fils de Noé : Sem, Cham et Japhet, il leur  naquit des fils après le Déluge. Les fils de Japhet... et les fils de Javan... De ceux-là (les fils de Noé) est venue la répartition des îles des nations selon leurs pays, chacune selon sa langue, selon leurs familles, dans leurs nations... et Cush engendra Nimrod..." (Gen. 10:1 à 8, Darby). Mais aussi : "Telles sont les familles des fils de Noé, selon leurs générations, selon leurs nations. Et c'est d'eux que sont sorties les nations qui se sont répandues sur la terre après le déluge" (Gen. 10:32). 

A la lumière de ces textes, nous voyons que la dispersion de la population humaine sur la surface de la Terre n'est pas la résultante d'une rébellion, mais bien qu'elle obéit à un ordre divin. Cette dispersion s'est faite "selon leur pays, selon sa langue, selon leurs familles...". "Selon sa langue" ? Mais... celles-ci ne sont-elles pas apparues lors de la dispersion de la population de Babel ? Pourtant, le texte est clair ! Il y est bien mentionné que les nations se sont répandues "sur toute la surface de la Terre", chacune "selon sa langue". On doit donc en conclure que différentes "langues" (langages, dialectes, patois, idiomes...) existaient déjà lorsque les descendants des fils de Sem, Cham et Japhet se sont répandus sur "la surface de la Terre".

Il est dit ensuite : "letoldotam begoyêhem où mê êleh nifradou ha goîm ba aretz", littéralement : "selon leurs générations, dans leurs nations et à partir d'eux (les trois frères) furent réparties les nations sur la terre" (Gen. 10:32). Il paraît donc évident que la notion de "nations" ne provient pas de la Tour de Babel mais que ce concept lui est antérieur. Or, ces nations "se sont répandues sur la terre après le Déluge" ("ahar ham maboul"). L'auteur biblique se sert d'un événement précis (ici en l’occurrence le Déluge) pour situer les faits qu'il énonce, la division des populations et la formation des nations. Si cela s'était produit après l'épisode de la tour de Babel, il est plus que probable qu'il aurait utilisé cet événement, et non celui du Déluge qui lui aurait été alors antérieur. Qu'est-ce à dire ? Si on veut être cohérent avec ce que disent les Écritures, il nous faut admettre que l'humanité post-diluvienne, issue des trois fils de Noé, s'est divisée en nations avant que n'aie lieu l'épisode de la Tour de Babel. Ceci rend totalement caduque l'idée que la division de l'humanité en nations soit le produit de la rébellion de l'homme contre Dieu à Babel. Mais dans ce cas, si, comme le dit le texte de l'Ecriture, des nations s'étaient déjà formées avant l'épisode de la Tour de Babel, cela signifie que l'humanité couvrait déjà toute ou une partie de la superficie de la terre. Lorsque des hommes s'établirent à Shinéar, en Babylonie, pour y bâtir une ville, il n'y avait là qu'un échantillon de la population humaine et non sa totalité. La notion de "ville" est d'ailleurs bien antérieure à l'époque de Nimrod, antérieure même à la période du Déluge puisque Caïn, fils d'Adam, fut le premier à en bâtir une. "Caïn connut sa femme, elle conçut et enfanta Hénoc. Il (Caïn) bâtit ensuite une ville et il donna à cette ville le nom de son fils, Hénoc". Bâtir une ville, cela entend construire un nombre conséquent d'habitations pour une population déjà nombreuse, ce qui était, semble-t-il, le cas à l'époque de Caïn. On peut donc facilement imaginer que, entre la période de Caïn et celle du Déluge, d'autres villes durent être bâties. Il est donc fort probable que, après le Déluge, les fils de Sem, Cham et Japhet firent de même. Or, le texte nous dit : "De ceux-là (les fils de Noé) est venue la répartition des îles des nations selon leurs pays, chacune selon sa langue, selon leurs familles, dans leurs nations... et Cush engendra Nimrod...". Ce qui signifie qu'à la naissance de Nimrod (dont il n'est pas dit qu'il bâtit Babel, mais qu'il régna sur elle) les nations étaient déjà répandues sur la surface de la Terre et y avaient bâti des villes, parmi lesquelles Babel, dont le fondateur n'est pas encore, à ma connaissance, connu à ce jour. 

 Mais le texte biblique fait également mention "des îles des nations" : "Et ce sont ici les générations des fils de Noé : Sem, Cham et Japhet, il leur  naquit des fils après le Déluge. Les fils de Japhet... et les fils de Javan... De ceux-là est venue la répartition des îles des nations selon leurs pays, chacune selon sa langue, selon leurs familles, dans leurs nations... et Cush engendra Nimrod..." (Gen. 10:1 à 8, Darby). Ce texte mentionne clairement que les îles des nations furent peuplées par la descendance des fils de Noé "selon sa langue... dans leurs nations" et ce, avant que Cush, petit-fils de Noé, n'ait engendré Nimrod. Mais si l'apparition de la diversité des langues est antérieure à la naissance de Nimrod, elle ne peut avoir eu lieu lors de l'épisode de la Tour de Babel. Ce serait alors un pur anachronisme. Cela ne remet pas du tout en cause l'épisode de "la confusion des langues" à Babel, mais c'est peut-être la compréhension et l'interprétation de ce texte qu'il nous faut ré-envisager autrement. J'y viendrai plus loin. Mais qu'en est-il de ces "îles des nations" ?

Une seule langue sur un seul Continent 

En 1915, un météorologue et astronome allemand, Alfred Wegener, publia un ouvrage qui s'appelait "La Genèse des Continents et des Océans". Il y développa l'hypothèse d'un super-continent rassemblant la quasi totalité des terres émergées à une époque fort reculée (le Carbonifère). Cinq ans plus tard, dans une réédition de son ouvrage, il nommera ce super-continent 'la Pangée'. Cette théorie fut rejetée par les géologues de son époque, mais quarante ans plus tard, des géophysiciens, qui travaillaient sur les plaques tectoniques et la dérive des continents, démontrèrent que la théorie de Wegener était exacte. Le Monde n'était alors qu'un seul et même continent. Ce phénomène de séparation des continents est maintenant reconnu comme un fait établi, mais d'autres scientifiques envisagèrent de le dater à une époque plus récente, celle du Déluge. Ainsi, lorsque les fils de Noé commencèrent à repeupler la Terre, celle-ci avait considérablement changé de physionomie. Ils l'ignoraient encore mais leurs descendants allaient progressivement en prendre conscience. Mais revenons à la Genèse de l'Humanité. 

Pangée - dérive des continents

"Toute la terre avait une seule langue et les mêmes paroles" (Gen. 11:1, Darby). Ce verset de Genèse 11:1 précède directement le récit de la Tour de Babel. Or, comment la terre peut-elle n'avoir "qu'une seule langue" alors que nous venons de voir que les nations issues des trois fils de Noé possédaient chacune les leurs ? N'y a-t-il pas là une incohérence ou tout au moins un anachronisme ? C'est encore une fois le texte qui va nous en donner l'explication. Mais avant de poursuivre, il nous faut nous rappeler que dans le texte original tel qu'il fut rédigé, il n'y a aucune séparation en chapitres ou versets. Cette façon de "découper" le texte est très tardive, et si elle représente une facilité appréciable, elle n'en est pas moins artificielle et de ce fait, peut modifier la compréhension et la lecture des textes. Si on lit le texte tel qu'il a été rédigé initialement, c'est à dire sans le découpage tardif en chapitres et versets, on peut donc lire dans le livre de Bereshit (la Genèse) : "Telles sont les familles des fils de Noé selon leurs générations, selon leurs nations et c'est d'eux que sont sorties les nations qui se sont répandues sur la Terre après le Déluge. Toute la Terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l'Orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Shinéar et y habitèrent" (Gen. 10:32, 11:1). 

Peut-être les choses seraient elles plus claires en le rédigeant ainsi : "... les nations qui se sont répandues sur la Terre après le Déluge. Toute la Terre avait (alors) une seule langue". Avant que le Déluge ait lieu, l'humanité pré-diluvienne ne parlait effectivement qu'une seule langue. Nous avons vu plus haut que les nations et les diverses langues s'étaient formées lorsque la postérité des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, commença à peupler la surface de la Terre (Gen. 10: 6, 8). Nous avons vu également que l'apparition des langues était antérieure à l'épisode de la Tour de Babel. Dans ce cas, pourquoi le texte nous dit-il soudain que "Toute la Terre avait une seule langue et les mêmes mots" ? Il paraît évident que Noé et sa famille parlaient tous la même langue. Langue qui était celle de leur entourage lorsqu'ils habitaient encore parmi la population pré-diluvienne, cette génération qui avait péri sous les eaux du Déluge. Il faut donc envisager que les premières modifications de ce qui était, à l'origine, un langage unique apparurent au fil du temps. De manière progressive tout d'abord, puis de façon de plus en plus marquée après que les fils de Noé eurent peuplé la surface de la Terre.   

Mais pour mieux comprendre cette expression "une seule langue", il nous faut revenir au texte : "Way hi kal aretz saphah ehat debarîm ahadîm", littéralement :  "Et fut toute la terre une lèvre unique et des paroles uniques" (Gen. 11:1). Voyons d'abord la signification des mots "une seule langue - saphah ehath" (littéralement : "une lèvre unique").

Le mot "saphah" signifie à la fois : "lèvre, langage, parole" (Gen. 11:1, 6), mais aussi "rivage, bord de mer", ou "frontière" (Gen. 22:17). Par exemple, Chouraki parle de "lèvre du fleuve" pour désigner la berge. C'est effectivement sur "la lèvre" du fleuve Euphrate que fût bâtie Babel (que les Grecs nommeront plus tard Babylone). On parle donc ici d'un "langage unique", mais on peut également lire "un unique bord de mer" ou encore "une frontière unique" (le thème de l'origine des frontières est abordé dans l'article "Des frontières et des hommes"). Une frontière unique, un bord de mer unique, comme par exemple celui de la Pangée, ce continent unique dont avait parlé, en 1915, Alfred Wegener dans son livre "La Genèse des Continents et des Océans". Un événement géologique aujourd'hui reconnu et daté à une époque fort reculée dans l'histoire de la Terre mais que d'autres scientifiques, croyants, datèrent ensuite plus récemment, à l'époque du Déluge. L'humanité pré-diluvienne ne pratiquait qu'une langue unique sur un Continent unique. L'épisode du Déluge allait changer tout cela. Lorsque Noé et ses fils descendirent de la Téva (l'arche), ils ignoraient encore que le monde qu'ils avaient connu avant le Déluge avait considérablement changé de physionomie. Partant de l'hypothèse que la séparation des Continents eut lieu lors du Déluge, départageant ainsi le territoire unique que formait alors la Pangée en continents et îles, la terre habitable telle que l'avait connue la famille de Noé avait considérablement changé de visage.

Les îles des nations 

Lorsqu'il est fait mention de la répartition des nations sur la surface de la Terre, ainsi que les "îles", cela entend un mouvement progressif qui a pu s'étaler sur plusieurs générations, une période de temps indéterminée mais probablement assez étendue. L'épisode de la tour de Babel s'inscrit quelque part dans ce long processus. Chypre, Rhodes, la Crète, la Sicile, la Corse, la Sardaigne, les îles grecques (pour ne parler que de la Méditerranée) vont être peuplées par un brassage de populations diverses, issues des "fils de Japhet" pour la plupart. Des peuplades vont occuper ce qui va devenir la Gaule. Les Angles et les Saxons vont traverser la Manche et peupler ce qui va devenir l'Angleterre (la terre des Angles), l'Ecosse, l'Irlande, le Pays de Galles. D'autres vont s'aventurer vers l'Est et vont fonder un empire immense que la Bible appelle "Sin" et que l'on associe généralement à la Chine (le Mandarin est aujourd'hui la langue la plus parlée au monde). Des groupes de populations s'aventureront plus loin encore, obéissant à cet ordre primordial d'occuper la surface de la terre. Remontant vers le Nord, elles traverseront la Sibérie pour rejoindre l'Alaska par le Détroit de Béring. La future nation amérindienne va, progressivement, redescendre vers le Sud, pour occuper les vastes territoires de ce qui va devenir les Amériques

"Et ce sont ici les générations des fils de Noé : Sem, Cham et Japhet, il leur  naquit des fils après le Déluge. Les fils de Japhet... et les fils de Javan... De ceux-là (les fils de Noé) est venue la répartition des îles des nations selon leurs pays, chacune selon sa langue, selon leurs familles, dans leurs nations... et Cush engendra Nimrod..." (Gen. 10:1 à 8, Darby). Il faut noter que, selon le sens de la phrase, "Cush engendra Nimrod" après que les îles des nations aient été peuplées. Or, le texte nous dit : "de ceux-là est venue la répartition des îles des nations selon leurs pays, chacune selon sa langue". Il est donc bien stipulé que des populations issues des fils de Noé occupèrent les "îles des nations" avant la naissance de Nimrod. Ainsi, lors de l'épisode de la Tour de Babel, les territoires qui vont s'appeler plus tard la Crète, Rhodes, la Sardaigne, la Corse, la Sicile, les îles grecques, sont déjà occupées par des populations qui s'y sont installées et y parlent leurs propres langues.  

Divers commentateurs qui se sont penchés avec sérieux sur les textes bibliques ont émit l'hypothèse que, après le Déluge, les descendant des fils de Noé  avaient obéi à l'ordre de Dieu de se disperser sur toute la terre pour la peupler, mais une partie de l'humanité se serait fixée dans la plaine de Shinéar, refusant de se disperser. Ce serait de cette population-là que serait issue la ville de Babel. Cette cité aurait donc été bâtie par une population dissidente à l'autorité de Dieu. Un mal sournois devait malheureusement se répandre parmi les diverses populations disséminées sur la terre : l'idolâtrie. Cependant, les peuples qui auraient obéi à l'ordre divin ne l'auraient pratiqué que de façon modérée, alors que ceux qui voulurent demeurer à Babel pratiquèrent une idolâtrie beaucoup plus développée. A tel point que, lors des invasions ultérieures, les peuples conquis furent choqués de constater la profonde perversité idolâtre dans laquelle étaient tombés leurs envahisseurs.

Selon leurs langues

"Ce sont là les fils de Cham, selon leurs familles, selon leurs langues, selon leurs pays, selon leurs nations... ce sont là les fils de Sem, selon leurs familles, selon leurs langues, selon leurs pays, selon leurs nations..." (Gen. 10:20, 31). "Et les fils de Cham, Cush... et Cush engendra Nimrod..." (Gen. 10:6, 8). Les fils de Cham comme ceux de Sem se sont divisés "selon leurs familles, selon leurs langues (le mot "langues" est bien au pluriel dans le texte hébreu), pays, et nations". Sem et Cham ont donc engendré plusieurs nations chacun, et chacune de ces nations possédait ses propres langues. Nimrod est donc issu de l'une de ces nations, celle qui fut fondée par le fils de Cham, le petit-fils de Noé : Cush. En conséquence, L'apparition des langues ne peut donc avoir son origine à Babel. Elle lui est bien antérieure. S'il y eut bel et bien "confusion des langues" à Babel, celle-ci ne peut être à l'origine de leur diversité. 

Je tiens à préciser, avant de poursuivre, que je crois à l'inspiration pleine et entière des Écritures (Ancien et Nouveau Testament) et que je ne remets nullement en cause ce que la Bible affirme. Bien au contraire ! C'est justement parce que je crois en ce que la Bible affirme que je cherche à comprendre ce qu'elle dit vraiment, prenant pour exemple la question que pose l'apôtre Paul : "Que dit l'Ecriture ?" (Gal. 4:30). Comme je l'ai dit plus haut, je reste fidèle au principe d'exégèse qui dit que la Bible s'interprète par elle-même. Je me conforme, le plus honnêtement possible, au modèle que nous ont laissés les Juifs de Bérée, qui "examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu'on leur disait était exact" (Act. 17:11). J'ai moi-même longtemps cru cette "interprétation" qui affirmait que toute la population humaine était concentrée à Babel et que ce n'est qu'après l'épisode de la confusion des langues et la dispersion de sa population que la surface de la terre fut peuplée par les descendants de ses habitants... jusqu'à ce que je m'arrête sérieusement sur les textes. Je connaissais ces Écritures de la Genèse qui mentionnent la postérité des fils de Noé, mais je les interprétais et les comprenais comme étant postérieure à l'épisode de la tour de Babel. J'ai donc dû me soumettre à ce difficile exercice : me départir de ce qui était pour moi une vérité et qui n'était en réalité qu'une conviction apprise. Il n'est pas aisé de se désolidariser de quelque chose dont ont est profondément convaincu depuis longtemps. Il m'aurait été possible de me dire : "Ah oui ?... tiens !... Bon..." et de passer à autre chose. Mais je sais également que lorsque l'on a compris quelque chose, quelle qu'elle soit, on en devient responsable. J'ai le désir d'être profondément honnête et intègre dans ma lecture comme dans ma compréhension des Écritures Saintes. Nous sommes des êtres faillibles et je reconnais qu'il m'est potentiellement possible de me tromper, mais je compte sur le Saint-Esprit pour qu'Il me guide et me corrige si cela devait se produire. Car il est écrit : "toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, corriger, convaincre et instruire" (2 Tim. 3:16). Je crois que toute la Bible est inspirée de Dieu, je crois qu'elle m'est  utile pour m'enseigner la vérité (dénuée de fausse interprétation), pour corriger les mauvaises compréhensions et les interprétations erronées de ce qui y est écrit. Elle m'est également utile pour (me) convaincre de ce qui est réellement dit dans ces textes inspirés. Et enfin, elle m'est utile pour (m')instruire dans la vérité. La Bible est entièrement vraie, mais c'est notre compréhension qui peut être faussée. Faussée par une méconnaissance des Écritures elles-mêmes (et dans ce cas il faut les étudier plus encore), ou pire, faussée par les personnes mal intentionnées qui "en tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine" (2 Pierre 3:16). Pour ma part, j'ai fait mienne cette parole : "Je serre ta Parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi" (Psaume 119:11). 

Des mots et des maux

"Saphat ehat où debarîm ahadîm, une lèvre unique et des paroles uniques". J'ai abordé plus haut la première partie de ce passage, je voudrais maintenant m'arrêter sur sa seconde partie : "debarîm ahadîm, des paroles uniques". On peut parler la même langue et ne pas donner le même sens aux mots. Ce que l'on appelle un torchon, en France, c'est une serpillière en Belgique. Le déjeuner, au pays de Molière, équivaut au repas du matin dans celui d'Hergé. De même, lorsqu'un Québécois parle d'une "blonde", il désigne une fiancée, alors que ce mot a ici un sens plutôt péjoratif. La prononciation peut également être fort différente d'une région à l'autre. Le conflit qui opposa Ephraïm aux hommes de Galaad en est un vivant exemple. Les hommes de Galaad demandaient aux fuyards d'Ephraïm de dire le mot "schibboleth" qu'ils prononçaient "sibboleth", ce qui leur valait de se faire égorger lorsqu'ils étaient découverts (Juges 12:4 à 6). On peut également deviner l'origine d'une personne à son accent, plus ou moins prononcé. Des expressions peuvent être utilisées dans une région mais pas dans une autre. Une façon de s'exprimer n'a pas forcément usage ailleurs. Ce sont les mêmes mots. Ils sont compris de l'interlocuteur, mais le sens de la phrase peut être totalement incompréhensible. L'expression "j't'appelle et j'te dis quoi" est passée à la postérité avec le film "Bienvenue chez les Ch'tis" et aujourd'hui, elle est généralement comprise de tous. Or, cette expression était déjà utilisée en Belgique (en Wallonie plus précisément), mais pouvait autrefois décontenancer complètement l'interlocuteur français qui n'en comprenait pas le sens. "Je te dis quoi ?... Quoi ?...". 


"Une langue unique et des paroles uniques". Cette étrange formulation aurait beaucoup de choses à nous dire. Les mots semblent comme saturés de sens. Comme si le texte cherchait à nous parler des langages de la Terre. Comme si toutes ces langues parlées, avec leurs particularités, avaient toutes une racine commune, unique, qui se serait démultipliée, comme un arbre ne possède qu'un seul tronc mais une grande variété de branches de diverses dimensions. C'est un langage unique au pluriel

"Way hi kal aretz saphah ehat où debarîm ahadîm". Sur ces mots qui débutent la phrase, "Way hi kal aretz..." ("toute la Terre..."), un commentaire rabbinique dit que lorsque un texte commence par "way hi" (et non par "way hi ya"), cela annonce un désastre. Celui-ci ne manqua pas de se produire. Ce désastre recouvrit toute la terre, faisant disparaître toute forme de vie. Seuls subsistèrent ceux qui demeuraient dans l'arche construite par Noé et ses fils. Mais revenons à Babel.

Incompréhension

Babel symbolise l'unité de la langue et son universalité. Or, selon cet orientaliste que fut le Professeur Oppert, Nébucadnetsar utilisait le mot "Barzippa", qui signifie "langue-tour", pour parler de la Tour de Babel, plus exactement de la ziggourat qui avait été construite à Babel. Les Grecs, qui conquirent plus tard Babylone, utilisèrent également ce mot "Barzippa" pour en désigner les ruines. Cette appellation particulière démontre que cette ziggourat est effectivement étroitement liée à la notion de "langage"A Babel, ce ne sont pas différentes langues qui sont apparues, mais une confusion du langage, une forme d'incompréhension naturelle, ou mutuelle. On peut parler la même langue et ne pas parler le même langage, en ayant une façon de penser, une compréhension des choses totalement différentes. Inversement, on peut parler des langues différentes et pourtant se comprendre. Quant aux "tours" que l'on trouve dans toutes les grandes villes, leurs résidents peuvent y parler bien des langues différentes. Mais là où les mots font défaut, la bonne volonté et l'empathie peuvent se transformer en langage. 

Si un Français est invité "à dîner" en Belgique et qu'il arrive au domicile de ses hôtes à 18 ou 19 heures, l'accueil risque d'être un peu froid... et le repas aussi ! Car en Belgique, on "dîne" à midi. Autre exemple : si vous rencontrez un octogénaire suisse à qui vous demandez son âge et qu'il vous répond qu'il a huitante ans, vous pourriez bien vous demander de quoi il parle (oui tantan ? Huit tentant ?...). Parce qu'en Suisse, quatre-vingts se dit octante ou huitante. Mais si on ne le sait pas... 

Autre exemple encore, à l'époque où les phares des voitures diffusaient une lumière jaune, on parlait en Suisse du "grand serpent jaune dans la montagne". Un auditeur non averti aurait pu penser à une légende helvétique, ou encore imaginer la présence de gros reptiles dans les pâturages alpins (même si on peut parfois y croiser quelques vipères). En réalité, il s'agissait de la colonne de voitures de Français frontaliers qui travaillaient en Suisse et qui, chaque soir, repassaient les cols pour rentrer chez eux. De loin, cela faisait une longue traînée jaune dans la nuit étoilée. Les mots sont les mêmes mais leur compréhension est différente.  

Se mélanger et se confondre

"Et l’Éternel dit : ils forment un seul peuple et ont tous un même langage... allons, descendons et confondons leur langage afin qu'ils n'entendent plus la langue des uns et des autres. Et l’Éternel les dispersa sur la surface de la terre" (Gen. 11:6, 7). Nous avons vu plus haut que, lors de l'épisode de la tour de Babel, l'humanité s'était déjà dispersée sur une partie de la surface de la Terre. Il est important de bien garder cela à l'esprit pour comprendre ce qui s'est passé ensuite. Une portion de cette population post-diluvienne s'était installée dans la plaine de Shinéar, en Babylonie et y avait fondé une ville. Celle-ci portait initialement le nom de "Bab-Il" (la Porte des dieux, ou Porte des cieux) selon qu'il est écrit en parlant de la tour  : "verosho ba shamaîm" (et sa tête dans les cieux). Son nom sera changé en "Babel" (confusion). Mais que s'est-il donc passé ? Une fois encore, ce sont les mots eux-mêmes qui vont nous apporter la réponse. 
 


"Et Dieu dit... confondons (balal) leur langage...". Le mot "balal" signifie : "mêler, mélanger, confondre, se mêler aux autres". Il a également une autre signification, celle de "donner du fourrage à un animal" (cet aspect est abordé en détail dans l'article "La folie du roi Nabuchodonosor"). Mais la signification la plus répandue est de "pétrir la pâte". Il est intéressant de noter que l'une des signification du mot "balal" est "se mêler aux autres". Or, les habitants de Babel avaient développé une sorte d'esprit autarcique. La confusion dont ils vont être frappés va provoquer une dispersion de la population de Babel qui va ainsi "se mêler aux autres", c'est-à-dire aux populations environnantes qui occupaient déjà les territoires alentour. Les habitants de Babel sont-ils partis jusqu'aux confins des territoires connus de l'époque ? Peut-être ! L'expression "sur la surface de toute la terre" ne signifie pas forcément toute la planète. Le mot "eretz" (terre) est plus généralement compris et utilisé dans le sens de sol, de pays ou de région. Il se peut donc qu'une partie des habitants de Babel se soit mélangée aux populations environnantes alors qu'une autre s'en soit éloignée plus avant. La ville fut donc un temps abandonnée par sa population qui se dispersa tous azimuts. La ville fut, par après, réinvestie par des populations en quête d'un lieu où s'installer. Ce brassage de populations s'est souvent opéré dans les grandes cités de l'Antiquité, et cette pratique s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Dans les grandes villes cosmopolites comme New York ou Londres, le brassage de populations de diverses origines amène automatiquement les uns et les autres à "emprunter" du vocabulaire dans une autre langue. Par exemple "table" s'écrit identiquement pareil en français et en anglais mais se prononce différemment, et ce mot désigne le même objet dans les deux langues. Si l'on reprend le sens le plus usité du mot "balal" (pétrir la pâte), de façon imagée, cela pourrait illustrer la façon dont un mot, ou tout un vocabulaire pourrait être "pétri" jusqu'à devenir incompréhensible. L'Anglais d'un Britannique peut s'avérer très différent de celui d'un Texan ou d'un habitant du Bush Australien. Même si les mots sont les mêmes... Si je reprends l'exemple de la Belgique et de la France, qui sont pourtant limitrophes, on peut imaginer ce que peut produire une distance de plusieurs centaines, voir de milliers de kilomètres. Il est aussi amusant de penser qu'une expression bruxelloise désigne le fait de parler abondamment par le mot "babeler". Faut-il y voir une réminiscence d'un lointain passé oriental ?

Et l'hébreu ?...

"Ephraïm se mêle (balal) avec les peuples, Ephraïm est un gâteau qui n'a pas été retourné" (Osée 7:8).  Il faut se rappeler qu'Ephraïm, le père de la tribu qui porte son nom, est né du mariage de Joseph, fils de Jacob, avec la fille d'un prêtre égyptien. Symboliquement, Ephraïm représente les membres des nations qui se sont approchés du Dieu d'Israël et qui en ont adopté la foi (ceux que l'on a appelé "les prosélytes"). Mais instinctivement, la tentation est forte de retourner se mêler aux nations dont ils sont issus. 

Si la crainte des habitant de Babel fut d'être dispersés, ce fut également le sort du peuple hébreu. Mais au travers de ses diasporas, le peuple juif a su préserver sa langue, ciment de son identité et symbole de son unicité. Si le peuple hébreu fut longtemps dispersé au sein des nations parlant une multitude de langues, le peuple juif a su préserver ce qui faisait aussi sa singularité. Cependant, si l'hébreu biblique s'est enrichi de mots araméens, l'hébreu moderne, lui, a adopté un grand nombre de mots issus d'autres langues. On dit par exemple : "kafè, tèlèphon, autobous...". Toute langue, à l'instar de la culture qui la porte, demeure poreuse aux influences extérieures. Les langues parlées par les descendances des fils de Noé n'échappèrent certainement pas à cela.

En conclusion

"Et l’Éternel les dispersa de là sur la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville" (Gen. 11:8). Beaucoup, lorsque ils lisent ce verset, comprennent : "ils cessèrent de construire la tour". Or l'épisode de Babel ne mit pas fin à la construction de la tour seulement, mais également à celle de la ville. Ce qui entend que les bâtisseurs projetaient d'en étendre la superficie. Lorsque les habitants de la ville de Babel se dispersèrent, ils se mêlèrent ainsi aux populations disséminées aux alentours, d'autres partirent au loin, peut-être pour y fonder d'autres villes. Mais s'ils furent empêchés d'achever le projet qui les unissaient autrefois, celui-ci ne disparut pas totalement. Bien au contraire. Car ils étaient porteurs de "l'esprit" de Babel, de ses valeurs, de ses croyances, d'une forme de spiritualité religieuse. Celles-ci prirent racine partout où les anciens habitants de Babel s'étaient installés (lire à ce propos : "Le mystère de Babylone"). C'est pourquoi, la plupart des religions du Monde possèdent, en substance, de nombreux points communs. La racine en est identique. Mais lorsque Dieu appela Abram à quitter Ur en Chaldée, il projetait de fonder, par lui, un peuple qui lui soit consacré. Un peuple dont la foi ne reposerait que sur la révélation du Dieu unique, Saint, Créateur et Sauveur. Le choix de Dieu devait se poser plus tard sur une autre ville, Jérusalem, que loue le Psaume 87 : "Elle est fondée sur les montagnes saintes, Dieu aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob. Des choses glorieuses ont été dites sur toi, ville de Dieu. Je proclame l'Egypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent, voilà le pays des Philistins, Tyr, avec l'Ethiopie, c'est dans Sion qu'ils sont nés. Et de Sion, il est dit : tous y sont nés. Et c'est le Très-Haut qui l'affermit. Dieu compte en inscrivant les peuples : c'est là qu'ils sont nés" (Psaume 87:1 à 6). 

Dans cette même ville de Sion, à Jérusalem, alors sous occupation romaine, à l'époque de la fête de Shevouot (Pentecôte), des Juifs venus de toutes les nations  du Monde entendirent les apôtres remplis du Saint-Esprit parler chacun dans leurs propres langues. Ils témoignaient de cet homme, Jésus-Christ, qui avait dit à Nicodème, dans cette même ville de Jérusalem : "Il te faut naître de nouveau".  "C'est dans Sion qu'ils sont nés, et de Sion il est dit : tous y sont nés. Dieu compte en inscrivant les peuples : c'est là qu'ils sont nés". Depuis cette époque lointaine, des hommes et des femmes de toutes les nations ont reconnu en Jésus le Messie. Des hommes et des femmes de toutes nations, issus de la postérité de Sem, de Cham et de Japhet. Ils ont reconnu que ce Jésus était mort sur la Croix de Golgotha pour eux, pour leur Salut. Quelles que soient leur origine, leur langue ou la couleur de leur peau, ils ont vu en Lui leur Sauveur. Et par cela, eux aussi ont expérimenté ce qu'est "naître de nouveau", tel que Jésus l'avait enseigné à Nicodème. Ils sont "nés d'eau et d'Esprit" (Jean 3:1 à 5). "C'est dans Sion qu'ils sont nés. Et de Sion il est dit : tous y sont nés". 
 

JiDé

Babel est-elle à l'origine des langues et des nations ?
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