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Le péché ? À qui la faute ?

Le péché ? À qui la faute ?

Il y a quelques décennies, une polémique avait fait grand bruit dans nos milieux. De nouvelles versions de la Bible avaient remplacé le mot "péché" par le mot "faute". Certains y virent un appauvrissement, une atténuation du terme. Une tentative de dénaturer son sens initial. Était-ce le cas ? La question était de taille. Mais, lorsque l'on évoque le "péché", de quoi parle-t-on exactement ? Pour tenter de répondre à ces questions, il nous faut introduire certains éléments pour nourrir notre réflexion, et tenter de tirer de celle-ci une juste conclusion. 

Une langue vivante

La langue française étant une 'langue vivante', celle-ci évolue, et son vocabulaire se modifie avec le temps. Le français parlé il y a quatre siècles diffère considérablement de celui d'aujourd'hui. Certains mots disparaissent alors que d'autres font leur apparition et prennent doucement leur place dans le vocabulaire courant. Le remplacement d'un mot-clef (comme ici, en l'occurrence, le mot "péché") par un autre mot, au sens plus large, constitue-t-il alors une atteinte à l'intégrité du texte ? Comme beaucoup d'autres mots de notre vocabulaire, le mot ''péché'' est d'origine latine. "Peccare" signifie justement "commettre une faute". Si l'on devait lui donner une brève définition, ce pourrait être : "manquer le but". Ou, pour utiliser un langage plus moderne : "ne pas atteindre son objectif". Or, quel est cet objectif si ce n'est de se conformer à la volonté de Dieu ?

Dans le vocabulaire biblique, le mot "péché" possède, en lui-même, une définition claire. On sait tout de suite de quoi on parle. Cependant, les langues bibliques utilisent, elles, pas moins de quatorze mots différents lorsqu'elles abordent ce sujet (huit en hébreu et six en grec). L'hébreu de l'Ancien Testament a son vocabulaire comme le grec du Nouveau a le sien. Certains auteurs ont privilégié un terme plutôt qu'un autre. Ces mots sont parfois utilisés comme synonymes, parfois ils sont porteurs d'une définition qui leur est propre. On y trouve aussi une gradation dans la gravité des fautes commises. On ne peut donc raisonnablement "enfermer" un concept aussi étendu dans un seul mot. Par contre, une étude plus approfondie du sujet nous permettra d'en saisir un peu mieux les nuances et les subtilités. Ainsi, si globalement nous savons ce qu'est le "péché", une plus juste compréhension des termes utilisés par les auteurs bibliques nous permettra de mieux saisir la façon dont ceux-ci ont abordé ce thème, somme toute assez mal connu.  

 À qui la faute ? 

Lorsque les apôtres ont élaboré leur enseignement sur le péché, ils se sont largement inspirés de leurs sources qui n'étaient autres que ce qu'ils appelaient eux-mêmes "les Écritures" et que nous nommons aujourd'hui "l'Ancien Testament". Pour les rédacteurs des Écrits bibliques, le péché se décline en différentes catégories qui portent chacune un nom bien spécifique. Moïse, rédacteur des cinq premiers livres de la Bible (la Thora) utilise lui-même un vocabulaire qui sera repris plus tard par les auteurs ultérieurs de la Bible, faisant ainsi directement référence à leurs spécificités. Les auteurs du Nouveau Testament, lorsqu'ils rédigent, à leur tour, leurs Écrits, vont transposer ce vocabulaire à la langue grecque pour un lectorat fortement hellénisé, certains de leurs lecteurs n'étant plus en mesure de lire l'hébreu, la langue de leurs pères*. La Bible utilise donc un double vocabulaire que la version française de Louis Segond (qui me sert de texte de référence) désigne comme "péché, iniquité, crime, etc...". Cependant, le vocabulaire utilisé par les auteurs originaux est très précis et il n'est pas toujours aisé de comprendre pourquoi tel mot a été choisi plutôt que tel autre. Un mot différent pouvant être utilisé dans des contextes similaires. De même, un mot identique peut être utilisé dans des contextes forts différents l'un de l'autre. Ont-ils voulu faire usage de synonymes ? Quelle idée les auteurs ont-ils voulu transmettre ? Pour pouvoir répondre à ces questions et pour une plus juste compréhension de leur pensée, et de ce fait, du sens exact qu'ils ont voulu donner à tel ou tel mot choisi, il nous faut tenir compte de ces particularités. Cet exercice, s'il présente une certaine contrainte, permet cependant une plus juste compréhension du sujet abordé. L'approche du texte n'en sera que plus précise, plus exacte. Le "péché" apparaîtra ainsi tel qu'il a été autrefois décrit par les auteurs bibliques. Plus conforme à ce qu'il est vraiment. 

L'apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome et leur dit que ''tous ont péché" (Romains 3:23). L'apôtre Jean dit également que "si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n'est pas en nous" (1 Jean 1:10). Il n'y a donc aucun appel : nous sommes tous pécheurs, sans exception ! Pourtant, à la foule qui voulait lapider la femme adultère, Jésus dit : "Que celui de vous qui est sans péché (anamartetos) lui jette la première pierre" (Jean 8:7). Ce mot est un hapax. Il n'apparaît qu'une seule fois dans le Nouveau Testament. Personne ne répondit à cet exigent critère... car comme le dit Paul, dans son épître aux Romains : "Tous ont péché (hamartano) et sont privés de la gloire de Dieu" (Romains 3:23 / 5:12). 

Les apôtres Paul et Jean utilisent le même mot grec pour désigner le péché : "hamartano". L'apôtre Pierre l'utilise également. Par contre, Louis Segond le traduit par "fautes" (1 Pierre 2:20). "Hamartano" désigne une "faute, une erreur", mais également le fait de "faire le mal, de violer la loi divine". Il désigne aussi le fait d'avoir manqué de droiture, de s'être éloigné de la loi de Dieu ou de l'avoir violée volontairement. Ce n'est pas le seul exemple où Segond traduit ce mot de cette façon. Dans le Nouveau Testament, le mot grec le plus courant pour désigner le péché est "hamartia" (il y apparaît 150 fois). Il désigne un péché collectif ou individuel. Il consiste en une violation de la loi divine (la loi de Moïse) en pensée ou en actes (ce qui souligne le lien étroit entre le péché et la loi mosaïque qui le révèle et le met en lumière). L'apôtre Paul aborde également une situation particulière concernant les chrétiens de Corinthe. Il parle de ceux qui ont "péché précédemment" (proamartano) et qui ont continué à pécher et "ne se sont pas repentis... des dérèglements auxquels ils se sont livrés" (2 Corinthiens 12:21). N'avaient-ils ni abandonné ni renoncé à certaines de leurs pratiques d'avant leur baptême ? "Malheur à ceux qui tirent l'iniquité avec les cordes du vice", dit Esaïe (Esaïe 5:18). Paul promet de les reprendre à ce sujet lorsqu'il sera présent parmi eux.  

J'en reviens donc à ma question : le mot faute est-il inapproprié pour désigner le péché ? La réponse est négative. Le mot "faute" dénature-t-il le sens initial du mot "péché" ? Pas du tout ! Mais il nous reste une question à résoudre : quelle définition les auteurs bibliques donnent-ils à ce concept, somme toute bien plus complexe qu'on ne pourrait le penser ? Cette dernière question nécessite un développement un peu plus étoffé. Pour y répondre, il nous faut plonger au cœur des mots... 

*pour ce sujet, je renvoie le lecteur à l'article sur la Pentecôte dans le livre des Actes.  

Pesha 

Le mot hébreu "pesha" est généralement traduit par : "péché, fraude, rébellion, révolte, faute, transgression", mais également par : "un coupable, une offense, ou une iniquité". Il peut désigner une "affaire frauduleuse" (Exode 22:9), une "faute" (Proverbes 10:12 / 17:9), une "parole impie" (Psaume 36:1), une "conduite coupable" (Psaume 107:17), une "transgression" (1 Rois 8:50), une "révolte" (Proverbes 28:2), une "rébellion" (Nombres 14:18), ou un "crime" (Amos 3:8). 

Ma'al : traîtrise et perfidie

Le "péché" peut prendre des formes très diverses, et c'est justement cette diversité de vocabulaire qui met en lumière ses différents aspects. Par exemple, le mot hébreu "Ma'al" désigne principalement l'infidélité, la transgression (envers l'autre, mais surtout envers Dieu). Il désigne également "la traîtrise". Louis Segond parle même de "perfidie" (Job 21:34 ; Ézéchiel 17:20). Par exemple, lorsque quelqu'un mentira au sujet d'un objet laissé en dépôt chez une tierce personne (Lévitique 5:21) ou lorsqu'il est question "d'objet dévoués par interdit" (Josué 7:1 ; 22:20) et de "profanation" du Temple (2 Chroniques 36:14). "Ma'al"c'est aussi opposer de la résistance à l'Eternel (Lévitique 26:40). Il est également utilisé pour désigner l'infidélité d'une femme envers son mari (Nombres 5:12, 27) ou d'Israël envers son Dieu (Nombres 31:16 ; Josué 22:16 ; 2 Chroniques 33:19), ainsi que pour les mariages mixtes contractés avec des membres des nations (Esdras 9:2), ce qui avait pour conséquence d'introduire le culte de faux dieux (Esdras 9:1, 2). Et, plus grave encore, pour désigner l'invocation des morts (1 Chroniques 10:13). "Ma'al" désigne une attitude sournoise, trompeuse, avec toutes ses déclinaisons possibles, mais ce n'est là qu'un aspect de ce multi-facettes qu'est "le péché"

La responsabilité des Lévites résidant dans les villes et provinces d'Israël était d'enseigner la Thora (la Loi divine), tout comme le fit Esdras "versé dans la loi de Moïse" (Esdras 7:6). Au retour d'Exil, il leur fallait la commenter, l'expliquer et l'appliquer aux différentes situations de la vie quotidienne (Néhémie 8:1 à 8). À l'époque de Josaphat, roi de Juda, les lévites exerçaient également la fonction de juges en Israël (2 Chroniques 19:8). Il leur fallait donc à la fois enseigner les principes divins et exercer la justice lorsque celle-ci était transgressée. 

Pasha : la rébellion 

"Pasha" désigne plutôt un acte de rébellion, de révolte, avec l'idée de transgression. Il est généralement traduit par "transgresser, se révolter, se rebeller". Le "pasha" prône la violence et la révolte, il conçoit et médite le mensonge (Jérémie 2:8). Dieu invite son peuple à reconnaître son péché et son infidélité (Jérémie 3:13 ; Ézéchiel 18:31). Selon Esaïe, le peuple s'est révolté contre son Dieu (Esaïe 1:2 ; 43:27) depuis sa naissance (Esaïe 48:8). "Pasha" désigne également les malfaiteurs qui se sont ligués contre le Seigneur Jésus lors de sa crucifixion (Esaïe 53:12). En se liguant "contre le Seigneur et contre son oint" (Psaume 2:2), ces "malfaiteurs" se sont révoltés contre leur Créateur et leur Dieu, agissant avec la plus grande des violences. Le Seigneur Jésus, sur la Croix, adressera pourtant cette prière à son Père  : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" (Luc 23:34). 

 Chet : crime et châtiment

Dans le livre de la Genèse (Genèse 41:9), l'échanson dit à Pharaon : "Je vais rappeler aujourd'hui le souvenir de ma faute" (chet, en hébreu). Ailleurs, ce mot est traduit par "péché, crime, un acte hautement répréhensible". Ce qui nous permet, en passant, de constater que cet échanson s'était rendu coupable, aux yeux du Pharaon, sinon aux siens, d'une faute grave dont le texte ne nous donne pas le détail. Ce mot "chet" donne un degré de gravité à la faute commise. Bien évidemment, les Égyptiens ne connaissaient pas la notion de "péché" qui nous est familière. En hébreu (la langue dans laquelle ce récit a été rédigé), le mot "chet" désigne à la fois la faute proprement dite, la culpabilité produite par celle-ci, et le châtiment qui lui incombe. Ce mot peut désigner des choses très différentes l'une de l'autre : ne pas accomplir un vœu que l'on a fait à l'Eternel (Deutéronome 23:21), refuser de payer le salaire de l'ouvrier (Deutéronome 24:15), haïr son frère dans son cœur (Lévitique 19:17), priver l'indigent de sa subsistance (Deutéronome 15:9), pratiquer l'inceste (Lévitique 20:20), l'idolâtrie et la fabrication d'idoles ( Esaïe 31:7, Ezéchiel 23:49), commettre un meurtre (Deutéronome 22:26), et même maudire Dieu (Lévitique 24:15, 16). Fort heureusement pour nous, quelle que soit leur gravité, Dieu "ne nous traite pas selon nos péchés (chet)" (Psaume 103:10). Sa laideur, quelle qu'elle soit, a été effacée lorsque nous avons mis notre foi dans l'œuvre accomplie à la croix par Yeshoua Ha Massiah, notre Seigneur Jésus-Christ (Esaïe 1:18)"L'Eternel est lent à la colère, riche en bonté, il pardonne l'iniquité et la rébellion, mais il ne tient pas le coupable pour innocent" (Nombres 14:18) et "Il a porté les péchés (chet) de beaucoup d'hommes et il a intercédé pour les coupables" (Esaïe 53:12).

Ce mot "chet" pourrait être mis en parallèle avec le grec "hamartema", qui n'apparaît, lui, que quatre fois dans le Nouveau Testament et qui désigne "un péché, une mauvaise action". Ainsi, si "chet" désigne le fait de "maudire Dieu" (Lévitique 24:15), ce qui était punissable de mort (Lévitique 24:16), "hamartema" désigne également "le péché contre le Saint-Esprit" (assimiler l'action de Celui-ci à celle d'un démon - Matthieu 12:31 / Marc 3:29, 30) ce qui ne pourra être pardonné "ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir" (Matthieu 12:32). Les auteurs du Nouveau Testament ont dû parfois "jongler" pour trouver des mots grecs qui puissent exprimer les nuances et les subtilités de la langue hébraïque, de laquelle sont tirés ces différentes notions du "péché". Il nous incombe, à nous, d'en retrouver le sens initial pour une plus juste compréhension de la pensée de l'auteur biblique. 

On peut donc, encore une fois, s'interroger. Le mot "péché" est-il toujours véritablement approprié ? Face au vocabulaire utilisé par les auteurs bibliques, il faut reconnaître qu'il n'est pas toujours facile de donner, à chacun des termes utilisés, une définition qui lui soit propre. Faut-il y voir l'usage d'un simple synonyme ou cherchaient-ils à donner un sens plus précis à ce qu'ils voulaient exprimer ? Le choix d'un vocable était donc, pour eux, d'une grand importance car les mots sont chargés de sens. Ils véhiculent diverses informations, nécessaires à une plus juste compréhension du texte. Ces subtilités de langage n'apparaissent cependant pas dans la traduction. Le vocabulaire initial a donc été traduit, parfois de façon aléatoire, par les mots "péché" et "iniquité", ceux-ci revêtant ainsi, de fait, un sens générique. 

Avon : le péché à son paroxysme 

Le mot hébreu "avon" (prononcer "avone") a un sens très prononcé. C'est également le plus usité dans le texte hébraïque. Il est généralement traduit par "iniquité". C'est le sens le plus courant, et en même temps il revêt un sens beaucoup plus grave que les autres mots équivalents. Il désigne tout à la fois, "la honte, l'iniquité, sa conséquence et son châtiment" mais, plus fort encore, "la perversité et la dépravation". Job parle de "forfait" (avon) et de "crimes" "que punissent" ou "que doivent punir les juges" (Job 31:11, 28). Pour Esaïe, l'iniquité (avon) est associée à la malice, à l'orgueil, et à l'arrogance (Esaïe 13:11). Pour Ézéchiel, c'est l'injustice, le meurtre (Ézéchiel 9:9) et l'idolâtrie (Ézéchiel 14:3, 4). Pour Osée, ce sont les actions frauduleuses (Osée 7:1) et la corruption (Osée 9:9). Il peut d'ailleurs avoir, pour racine, l'amour de l'argent (Ézéchiel 7:19). Daniel l'associe à l'indifférence à l'égard de la vérité (Daniel 9:13). ''Avon'' cause la ruine de celui qui le pratique, individuellement ou au niveau national (Ézéchiel 18:30). Lorsqu'il arrive à son paroxysme, il provoque le jugement (Ézéchiel 21:25; 35:5) et l'exil (Ézéchiel 39:23). Par définition, "l'iniquité (avon) est une forme tortueuse du péché. Elle est sournoise, calculatrice et dépravée. Elle est totalement à l'opposé du "péché involontaire", qu'il soit individuel (Lévitique 4:2) ou collectif (Lévitique 4:13). Avon trouve sa source, son origine dans le cœur du pécheur et se manifeste autant dans ses pensées que dans ses actions. Cependant, Dieu est prêt à pardonner à ceux qui s'en repentent (Jérémie 36:3).

Caïn se plaint à Dieu que son "châtiment (avon) est trop grand pour être supporté" (Genèse 4:13). Mais si l'on tient compte de la définition complète du mot "avon", et surtout de sa principale signification, on pourrait également dire que Caïn considère également le remord qu'il peut en éprouver comme étant trop lourd à porter. À l'époque d'Abraham, "l'iniquité (avon) des Amoréens (un peuple cananéen) n'est pas encore à son comble" (Genèse 15:16). La coupe de "l'iniquité, de la perversité et de la dépravation" des Amoréens n'était pas encore pleine à ras bord. Elle le sera lorsque le peuple d'Israël entrera en terre de Canaan (Nombres 21:31). 

Les deux anges, venus chercher Lot et sa famille à Sodome, lui disent : "Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles, de peur que tu ne périsses dans la ruine (avon) de la ville" (Genèse 19:15). Il faut ici tenir compte de la définition du mot "avon". Les anges ne vont pas seulement sauver Lot et sa famille de la destruction de la ville, mais surtout de "la dépravation et de la perversité" de ses habitants (Genèse 19:4 à 8). Une situation similaire est contée dans le livre des Juges (Juges 19:22 à 25). Cet "avon" avait déjà poussé des racines au cœur de la famille de Lot. L'attitude de ses deux filles cadettes (que leur père croyait vierges - Genèse 19:8) le démontrera. Elles couchèrent avec leur père après l'avoir préalablement enivré (Genèse 19:32 à 36). Toutes deux devinrent enceintes de leur géniteur et engendrèrent deux peuples frères, tous deux ennemis d'Israël : Les Ammonites et les Moabites (Genèse 19:37, 38). Bien plus tard, le prophète Jérémie, reprenant l'exemple de Lot sortant de Sodome (et attestant, de fait, la véracité de ce récit), invite le peuple de Dieu à sortir de Babylone afin d'échapper à sa "ruine" (avon), et donc à "sa dépravation, sa perversité, à son iniquité" et à son corollaire : son châtiment imminent. Dans ses "Lamentations", Jérémie dit pourtant que "le châtiment de la fille de mon peuple est plus grand que celui de Sodome, détruite en un instant" (Lamentations 4:6). Au bout des 70 ans d'exil du peuple hébreu, Babylone devra également payer pour ses propres iniquités (Jérémie 25:12)

Autre exemple, les onze fils de Jacob, descendus en Égypte pour acheter du blé, se trouvent accusés d'avoir dérobé la coupe d'un haut fonctionnaire égyptien (qui n'est autre que leur frère Joseph). Juda prend alors la parole et lui dit "Dieu a trouvé l'iniquité (avon) de tes serviteurs" (Genèse 44:16). Les frères de Joseph l'avaient vendu comme esclave à des marchands, puis avaient menti à leur père en lui faisant croire qu'il avait été tué par une bête sauvage (Genèse 37:23 à 33). Juda reconnaît alors la faute commise par lui et ses frères. Il dit à l'Égyptien (qui n'est autre que son ancienne victime) : "Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous ? Comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l'iniquité (avon) de tes serviteurs" (Genèse 44:16). On voit ici "l'iniquité, sa conséquence et son châtiment" se manifester ensemble. Les circonstances décrites dans le récit révèlent ainsi la perversité avec laquelle cet acte a été à la fois commis et dissimulé (Genèse 37, 44, 45),

Omettre de témoigner d'un fait dont on a été témoin alors que l'on est sous serment est également considéré comme "avon" (Lévitique 5:17, 18). Ce mot étant traduit ici par le mot "faute"L'iniquité (avon) du peuple d'Israël était transférée symboliquement sur le ''bouc émissaire'' qui est abandonné au désert (Lévitique 16:21, 22). Les lépreux qui entrèrent dans le camp déserté des Syriens prirent conscience qu'ils devaient en avertir l'armée d'Israël (2 Rois 7:3 à 11), craignant que le "châtiment" (avon) ne les atteigne s'ils ne lui en faisaient pas part (2 Rois 7:9)Avon désigne également l'idolâtrie et ses conséquences héréditaires provoquant une forme d'atavisme (Exode 20:5 ; Lévitique 26:39 ; Nombres 14:18). Ce sujet est abordé dans un article de ce blog : "Dieu punit-il le péché des pères sur les enfants ?"Les relations incestueuses dans une famille, au premier et au second degré, et toutes formes de perversions (Lévitique 18) sont également considérées comme "avon" (Lévitique 20:17, 19). À cause de son "iniquité" (avon)"le pays en a été souillé et le pays vomira ses habitants" (Lévitique 18:25). "Avon" provoque un endurcissement du cœur qui a pour conséquence de prendre en haine les lois divines, avec toutes les répercussions que cela peut engendrer, y compris l'exil (Lévitique 26:43 ; Esdras 9:6, 7). Avec Néhémie, le peuple de retour d'exil confesse "l'iniquité" (avon) de ses pères (Néhémie 9:2). Esdras reconnaît "l'iniquité" (avon) de son peuple, mais également que Dieu ne les a pas puni en proportion de celle-ci (Esdras 9:13). Ce que reconnaissait déjà Tsophar de Naama (Job 11:1, 6)"Avon", ce peut être également d'avoir méprisé la parole de l'Eternel ou d'avoir violé ses commandements (Nombres 15:31). Le "crime" (avon) de la maison d'Éli (celui commis par ses fils) ne sera jamais expié (1 Samuel 3:14). Le roi Saül assure une parfaite impunité à la voyante d'En-Dor pour avoir invoqué un mort (1 Samuel 28:10). On constate ici la profonde perversité de la situation. L'invocation des morts était une abomination aux yeux de Dieu, et punissable de mort. Saül, de par son autorité royale, lui offre l'impunité. David, tout au contraire, après avoir recensé le peuple, reconnaîtra sa propre "iniquité" (Avon) et s'en repentira (2 Samuel 24:10 ; 1 Chroniques 21:8)

"Les iniquités" (avon) constituent un fardeau trop lourd à porter (Psaume 38:5), il est donc nécessaire de les reconnaître (Psaume 31:11) et de les confesser pour en être libéré (Psaume 32:4, 5). Mais certains préfèrent cependant s'y complaire (Psaume 36:2, 3), "ajoutant des iniquités (avon) à leurs iniquités (avon)" (Psaume 69:28). Ils feignent d'en ignorer la nature, s'étonnant que la colère de Dieu se retourne contre eux (Jérémie 16:10). Ils oublient que Dieu voit toutes choses et que tout ce qui est pratiqué dans les ténèbres est mis en lumière par l'Eternel (Jérémie 16:17 ; 30:15). David, accablé par son iniquité (Psaume 65:4), reconnaît être né dans celle-ci (Psaume 51:7 - Un article de ce blog est consacré à ce sujet : "David, né dans l'iniquité"). David prie pour en être "lavé" (Psaume 51:4) afin qu'elle soit "effacée" (Psaume 51:9). Il reconnaît que Dieu "châtie l'homme en le punissant de son iniquité" (Psaume 39:12), mais il reconnaît également la justesse du châtiment de celle-ci (Psaume 40:13) qui a pour but, au final, de l'en détourner (Psaume 40:12).

Esaïe parle "d'avidité coupable", d'un "avon" qui provoque "l'indignation" de Dieu qui laisse alors "le rebelle (suivre) sa voie" (Esaïe 57:17). Esaïe dit également que "ce sont ces crimes (avon) qui mettent une séparation entre (eux) et Dieu, ce sont (leurs) péchés qui (leur) cachent sa face et l'empêche de (les) écouter" (Esaïe 59:2). L'iniquité (avon) du peuple "fatigue" l'Eternel (Esaïe 43:24). Plus loin, le prophète dit encore : "Leurs lèvres profèrent le mensonge. (Leur) langue fait entendre l'iniquité (evel : le mal, l'injustice flagrante)" (Esaïe 59:3). Leurs péchés témoignent pourtant contre ceux qui pratiquent ces "crimes (avon), alors qu'ils sont parfaitement conscients de ce dont ils sont coupables (Esaïe 59:12). Leur propre-justice leur colle à la peau comme "un vêtement souillé" et ils périssent par l'effet de leur iniquité dépravée (Esaïe 64:5, 6). Pour Jérémie, rien ne peut effacer la gravité de leurs fautes (Jérémie 2:22). Ils ont violé l'Alliance que Dieu avait traitée avec leurs pères qui, déjà alors, s'étaient détournés de Lui (Jérémie 11:10). Lorsque les crimes des hommes seront mis en lumière, "la terre mettra le sang à nu" (Esaïe 26:21). Pour Esaïe, "le peuple chargé d'iniquités (avon) est une nation pécheresse, (une) race de méchants, (des) enfants corrompus (qui ont) abandonné l'Eternel (et qui) ont méprisé le Saint d'Israël" (Esaïe 1:4), mais Dieu met leurs "iniquités" (avon) à la lumière de Sa face (Psaume 90:8)"Si Dieu gardait le souvenir  de nos iniquités (avon), qui pourrait subsister ?" s'interroge le Psalmiste (Psaume 130:3). La dernière occurrence du mot "avon" dans les Psaumes annonce cependant une bonne nouvelle : "C'est l'Eternel qui rachètera Israël de toutes ses iniquités (avon)" (Psaume 130:8). Salomon en conclut : "Par la bonté et la fidélité, on expie l'iniquité (Avon)" (Proverbes 16:6). Daniel avait confessé l'avon de ses pères dans sa prière d'intercession (Daniel 9:16). Le plan du Temple dont Ézéchiel avait eu la vision devait amener le peuple en exil à la repentance de son avon (Ézéchiel 43:10)

Il est cependant un aspect non négligeable de l'avon, qui est un "crime impardonnable" (Esaïe 22:13) que j'ai déjà évoqué plus haut : le péché contre le Saint-Esprit qui est d'endurcir son cœur au point de refuser obstinément de reconnaître l'œuvre de Christ à la croix, de "blasphémer contre le Saint-Esprit" en prétendant que Jésus était animé d'un esprit impur (un démon - Marc 3:29, 30). Car "quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n'obtiendra pas de pardon ; il est coupable d'un péché éternel (en grec aiônou hamartêmatos)" (Marc 3:29). 

La veuve de Sarepta porte le poids du souvenir d'un événement passé auquel elle donne le nom d'avon. Un événement dont elle porterait la honte et la culpabilité et qui serait directement lié à la mort de son fils (1 Rois 17:18). Fait-elle allusion à ce que Job appelle "une faute (avon) de jeunesse" ? Portait-elle, en elle, le souvenir d'une grossesse non désirée ? Dans ce cas, cet épisode de la résurrection de son fils serait comme une manifestation de la Grâce de Dieu pour la libérer du souvenir d'un acte qu'elle aurait regretté (1 Rois 17:19 à 23). Pour l'enfant, ce fut une résurrection. Pour sa mère, ce fut la guérison profonde de son âme meurtrie (1 Rois 17:24). Il y a, dans cet épisode, une manifestation de la Bonté de Dieu à l'égard d'une personne qui vivait avec la culpabilité d'un souvenir douloureux. "Là où le péché a abondé, la Grâce a surabondé" Romains 5:20). 

Asham : Péché involontaire ou propre-justice 

Mais le péché n'est pas forcément délibéré et intentionnel. Il peut être commis par ignorance, par inadvertance ou par négligence. On parle alors de "péché involontaire". Cependant, il n'en demeure pas moins... un péché ! Avec ses conséquences et sa juste rétribution. Le mot "asham" désigne le fait d'enfreindre la loi, d'en être coupable, de faire le mal, d'offenser, d'être impliqué dans une action répréhensible. Mais "asham" désigne également le châtiment qui atteint le transgresseur (Psaume 5:11, 34:22). Il peut être collectif : "Si toute l'assemblée d'Israël qui a péché involontairement.." (Lévitique 4:13). Il peut être aussi individuel s'il est commis par un chef de la nation (Lévitique 4:22) ou par un membre du peuple (Lévitique 4:27). Ce peut être également une façon de s'exprimer de façon légère. de parler de faire le bien ou le mal, "sans vraiment le penser". Mais celui qui en prendra conscience en sera coupable (asham) (Lévitique 5:4), ce qui nécessite l'aveu de son péché (asham). Le livre des Proverbes dit que celui qui "parle légèrement (bata), blesse comme un glaive" (Proverbes 12:18). C'est ce que dit également le livre du Lévitique : "Lorsque quelqu'un parlant à la légère (bata) jure de faire le mal ou le bien, et que ne l'ayant pas remarqué d'abord, il n'en s'en aperçoive que plus tard, il en sera coupable" (Lévitique 5:4). Il est fait mention, ici, de jurer "de faire le mal..." mais également "le bien". Ce que l'on appelle communément "des promesses en l'air". Promesses que son interlocuteur pourrait fort bien croire, et dont il espérera la réalisation concrète... En vain ! Bien évidemment, celui qui "jure de faire le mal" pèche au moment même où il prononce ses imprécations. Le fait qu'il "ne s'en aperçoive que plus tard" range ce péché dans la catégorie des "péchés involontaires" jusqu'à ce qu'il en prenne conscience. À ce moment, il en devient pleinement responsable. Il peut alors également prendre conscience des implications profondes de ses paroles. Il peut alors s'en repentir... ou s'auto-justifier en endurcissant son cœur (en faisant taire le témoignage de sa conscience), et en refusant de reconnaître sa responsabilité. Son péché entre alors dans une troisième catégorie, accentuant ainsi, à chaque fois, sa gravité, mais également sa responsabilité à l'égard de celui-ci.

La diversité du vocabulaire utilisé pour décrire "le péché, la faute, l'iniquité" prend ainsi tout son sens. Cette diversité permet à la fois de le graduer et de le spécifier. Tout le système sacrificiel avait pour but initial de montrer que le péché a un "coût", un prix, équivalent au sacrifice requis. Le sacrifice étant fait au vu et au su de tous, la gravité de la faute expiée était ainsi révélée (sans pour cela que le détail n'en soit dévoilé). Celui qui se rendait coupable d'une faute involontaire et qui en prenait conscience, se trouvait "chargé de sa faute" et devait offrir un sacrifice en conséquence (Lévitique 5:7). Le Sacrifice de Jésus à la Croix a couvert également nos "péchés involontaires". Même ceux dont nous n'avons jamais pris conscience. L'apôtre Paul dira : "Je ne me sens coupable de rien, mais ce n'est pas pour cela que je suis justifié. Celui qui me juge, c'est le Seigneur" (1 Corinthiens 4:4). Le "péché involontaire" est, en soi, une transgression. La prise de conscience de ce péché responsabilise celui qui l'a commis.

Le contact involontaire avec un cadavre d'animal (à ne pas confondre avec un animal mort après avoir été chassé, et qui n'est donc pas encore entré dans sa phase de décomposition) est un "asham". Lévitique 5:2 parle d'un "animal impur" (à partir du moment où un animal est en état de décomposition, il est considéré comme "impur"). Lévitique 5:3 fait mention de contact involontaire avec une chose souillée (étron, menstruations...). Pour la notion biblique de "souillure", le lecteur pourra se référer aux articles "Pur et impur" sur ce blog (première partie et deuxième partie). Il est à noter que le texte associe directement le contact avec des "souillures humaines" (Lévitique 5:3) avec des "paroles légères" (Lévitique 5:4). Ce qui est plutôt significatif dans un contexte de "péchés involontaires".

Le "asham" peut également concerner le dépôt de bien d'autrui et la négligence que l'on peut avoir à leur égard. Si un bien est confié à une personne, le dépositaire en devient responsable. Sa négligence à l'égard de l'objet ne l'innocente pas en cas de disparition de celui-ci. Un objet prêté est sous la responsabilité de l'emprunteur. Par contre, lorsqu'il y a tromperie sur l'objet en question, le péché devient "volontaire". Il entre alors dans la catégorie du "Ma'al" dont il a été fait mention plus haut.

Il en est de même pour un objet trouvé. Cette appropriation peut se faire sans intention malhonnête, mais l'objet en question n'appartient pas, pour autant, à celui qui l'a trouvé. Se l'approprier sans s'enquérir de son propriétaire revient à commettre une "faute". Elle peut être "involontaire" si cela est fait sans intention cachée, mais cela n'en demeure pas moins un "asham". À partir du moment où le détenteur découvre que cet objet a un propriétaire légal, si celui qui le détient décide de le garder malgré tout, la "faute" devient "péché volontaire", et sa gravité en est accentuée. La détention de cet objet devient un "vol".

Les Prophètes s'exprimèrent également sur le "asham". Il se peut, par exemple, qu'un meurtre "involontaire" ait été commis dans un village et que tout le monde sache ce qui s'est passé, mais personne ne dit rien. Personne ne voulant passer pour un "mouchard", tout le monde se tait. Tous portent alors la responsabilité de ce meurtre à laquelle s'ajoute celle de la responsabilité de sa dissimulation. Ce qui a pour conséquence d'amener une "malédiction" sur le pays, car "le sang crie de la terre" (Genèse 4:10 / Apocalypse 6:10). Il se peut même que la population laisse, lâchement, accuser un innocent, un "bouc émissaire" fort peu apprécié des habitants du village. La justice tombera alors sur une victime innocente pour couvrir le coupable, avec la complicité de toute une population. Le Prophète Esaïe parle ainsi de responsabilité collective. Le pays devient alors "triste et dévasté" (Esaïe 24:3, 4) parce que "le pays était profané par ses habitants car ils transgressaient les lois, violaient les ordonnances, ils rompaient l'alliance éternelle. C'est pourquoi la malédiction dévore le pays et ses habitants portent la peine de leurs crimes. C'est pourquoi les habitants du pays sont consumés" (verset 5). Le pays se vide alors de ses habitants : "Et il n'en reste alors qu'un petit nombre" (verset 6). Tout cela étant parti d'un homicide involontaire. Le véritable coupable est peut-être resté impuni, mais sa région et ses habitants en ont lourdement pâti. 

Mais le "asham" peut prendre des formes plus perverses. Car le pire des crimes, le génocide le plus sordide peut être commis par ses exécuteurs avec une pleine assurance d'agir en toute légalité. Avec la conscience d'agir pour la "bonne cause". N'ayant, pour toute justification devant leurs juges, que d'avoir "obéit aux ordres". Au début de notre ère, un "homicide volontaire" a eu lieu sous couvert d'un pseudo-procès arrangé. Un innocent a été condamné à mort. Esaïe, parlant du "Messie souffrant", donne une description des souffrances du Seigneur aux mains de ses bourreaux (Esaïe 50:6 à 9). Le prophète Jérémie parlant des ennemis d'Israël, dit : "Tous ceux qui les trouvaient les dévoraient, et leurs ennemis disaient : nous ne sommes pas coupables puisqu'ils ont péché contre l'Eternel" (Jérémie 50:7). Le fait que les Hébreux se soient détournés de l'Eternel donnait à leurs bourreaux, du moins le pensaient-ils, le droit de les violenter impunément. Leur violence à l'égard du peuple d'Israël leur semblait légitime : "Nous ne sommes pas coupables". Ils l'étaient cependant, bien qu'ils refusent aveuglément de le reconnaître. Il ne s'agit plus ici d'un "péché involontaire", mais de l'endurcissement du cœur qui s'auto-justifie par un raisonnement mensonger. Une forme de propre-justice orgueilleuse fondée sur une compréhension tronquée de la Justice de Dieu. Que l'on donne le pouvoir, l'autorité et les armes à celui qui possède un tel état d'esprit, et il partira "en croisade" contre "l'hérétique, le transgresseur, le renégat". C'est l'attitude de tout fondamentalisme religieux doté d'un quelconque pouvoir régalien. Ce fut celui de Saul, futur apôtre Paul, lorsqu'il pourchassa les disciples du Seigneur Jésus, allant jusqu'à Damas, en Syrie, pour s'en emparer (Actes 8:3 / 9:14). Plus tard, l'Église romaine s'en prit aux Juifs, les accusant de déicide, et d'avoir "crucifié le Christ" (il le fut par les Romains et non par les Juifs). Leurs actes leur semblaient justifiés.

Le prophète Ézéchiel écrit : "Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Parce que Edom s'est livré à la vengeance envers la maison de Juda, parce qu'il s'est rendu coupable et s'est vengé d'elle, ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : j'étends ma main sur Edom" (Ézéchiel 25:12). À l'époque des apôtres du Seigneur, les Hébreux désignaient Rome l'envahisseur sous le nom "d'Edom". Dans une perspective prophétique, on pourrait donc lire : "Parce que Rome s'est livrée à la vengeance envers la maison de Juda, parce que Rome s'est rendue coupable et s'est vengée d'elle, ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : j'étends ma main sur Rome". Parlant d'une "ville sanguinaire" (ici, en l'occurrence, Jérusalem), Ézéchiel écrit : "Et toi... jugeras-tu la ville sanguinaire ? Fais-lui connaître toutes ses abominations ! Tu diras : Ainsi parle l'Eternel : Ville qui répands le sang au milieu de toi... et qui te fais des idoles pour te souiller ! Tu es coupable à cause du sang que tu as répandu, et tu t'es souillée par les idoles que tu as faites" (Ézéchiel 22:1 à 4). On peut tuer, massacrer, en toute bonne conscience religieuse au nom de la religion, comme le dit Zacharie : "Ceux qui les achètent, les égorgent impunément" (Zacharie 11:5).  

Mais Israël s'est également rendu coupable de nombreuses transgressions. Le prophète Osée aborde ce thème en disant : "Écoutez la parole de l'Eternel, enfants d'Israël ! Car l'Eternel a un procès avec les habitants du pays... Si tu te livres à la prostitution, ô Israël, que Juda ne se rende pas coupable (asham)" (Osée 4:1, 15). Il dit plus loin : "Leur cœur est partagé, ils vont en porter la peine (asham)" (Osée 10:2). Le châtiment encouru pour le "asham" peut être fatal. "Ephraïm... s'est rendu coupable (asham) par Baal, et il est mort" (Osée 13:1). "Samarie sera punie (asham) parce qu'elle s'est révoltée contre Dieu" (Osée 13:6). Le prophète Habakuk, parlant du "Chaldéen" (peuplade de Babylonie) dit de lui : "Il poursuit sa marche, il se rend coupable (asham). Sa force à lui, voilà son dieu" (Habakuk 1:11). Le prophète reproche au "chaldéen" de faire de sa force son propre "dieu". Ultime abomination ! Dieu dit pourtant, par la bouche du prophète Esaïe : "Car Je Suis Dieu, et il n'y en a point d'autre. Je Suis Dieu, et nul n'est semblable à Moi" (Esaïe 46:9). Dans son immense orgueil, le prince de Tyr avait pourtant osé prétendre : "Je suis Dieu, je suis assis sur le siège de Dieu" (Ézéchiel 28:2). Habakuk aurait pu répondre au Chaldéen comme l'avait fait avant lui Ézéchiel : "Toi, tu es homme et non Dieu, et tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu" (Ézéchiel 28:2). Mais ce message ne s'adresserait-il pas à tous les pouvoirs religieux, quels qu'ils soient ? Qui s'arrogent le droit et le pouvoir d'imposer leur volonté comme si leur autorité leur avait été donnée "de droit divin", alors qu'elle ne repose généralement que par l'exercice de l'intimidation, de la force et de la violence... ou de la manipulation lorsqu'ils ne disposent pas d'un "bras armé"

Car il me faut parler également de cela...

Le prophète Zacharie écrit : "L'Eternel me dit : Prends encore l'équipage d'un pasteur insensé ! Car voici, je susciterai dans le pays un pasteur qui n'aura pas souci des brebis qui périssent ; il n'ira pas à la recherche des plus jeunes, il ne guérira pas les blessées, il ne soignera pas les saines ; mais il dévorera la chair des plus grasses, et il déchirera jusqu'aux cornes de leurs pieds. Malheur au pasteur indigne qui abandonne ses brebis" (Zacharie 11:15 à 17). Cette description correspondrait-elle à des pasteurs d'aujourd'hui ? Une description qui fait écho à celle de "prophètes de mensonges" (Jérémie 50:36) dont parle Ézéchiel (Ézéchiel 22:24 à 28). Ces "pasteurs" dont parle Zacharie commettent des exactions. "Ceux qui les achètent égorgent impunément (asham). Celui qui les vend dit : Béni soit l'Eternel car je m'enrichis ! Et leurs pasteurs ne les épargne pas !" (Zacharie 11:5). Ils osent dire : "Béni soit l'Eternel car je m'enrichis !" Costumes trois pièces. Montre clinquante au poignet. Chaînes en or. Comment se sont-ils "enrichis" ? En "dévorant la chair des plus grasses" ! Les plus crédules ?... En exigeant d'elles "ce qui n'est pas dû, ou plus qu'il n'est dû" (selon la définition du mot "exactions"). "Laissez venir à moi les petits cent francs !...". Il faut également considérer que l'avidité de certaines de ces brebis les poussent à espérer un "retour sur investissement" ! L'opulence de ces "pasteurs" se nourrit de leur crédulité. Et tout cela est fait "en toute bonne foi". Jusqu'à ce que la vérité  apparaisse, froide et dure. Viendra alors la désillusion, le désenchantement et peut-être une attitude incrédule envers une foi qu'ils croyaient bien fondée. 

Le mot "asham" peut également avoir un autre sens. 

Le livre des Proverbes nous dit que "les insensés se font un jeu du péché (asham)" (Proverbes 14:9). Pour Jérémie, "le pays des Chaldéens" (la Babylonie) est rempli de crimes (asham) contre le Saint d'Israël" (Jérémie 51:5). Ce terme est généralement utilisé dans le cadre de l'exercice lévitique. Il est généralement associé au "sacrifice de culpabilité" (Lévitique, chapitres 5, 6, 7, 14 et 19) ou "d'expiation" (Lévitique 7:7). Esaïe nous dit (Esaïe 53:10), lui, que le Messie (le Seigneur Jésus-Christ) a été "brisé par la souffrance après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché (asham)". Il faut donc l'entendre dans le sens où le Seigneur a donné sa vie pour toutes formes de péché, des "péchés involontaires", et donc ceux que l'on ignore, aux crimes les plus abjects. Le Psalmiste écrit : "Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j'ignore" (Psaume 19:13)

Lors du Règne Messianique du Seigneur Jésus-Christ sur la Terre (durant le Millénium), un service lévitique sera réinstauré. Parmi les sacrifices pratiqués dans le Temple (que le prophète Ézéchiel décrit dans sa vision, aux chapitres 40 à 48 de son livre), il est fait mention d'un "sacrifice d'expiation" et d'un "sacrifice de culpabilité" (asham - Ézéchiel 40:39 ; 42:13 ; 44:29 ; 46;20). Ce qui laisse supposer que ces types de péché pourront encore être commis durant cette période.

Il est fortement à regretter que la doctrine du Règne Messianique (le Millénium - Apocalypse 20:1 à 7) soit peu à peu tombée en désuétude, durant ces dernières décennies. Aux générations de disciples de Christ qui nous ont précédées sur cette Terre, elle était pourtant enseignée parmi les plus fondamentales. Pour une plus juste compréhension du Plan de Dieu pour l'humanité, il est donc nécessaire d'en tenir compte telle qu'elle est exposée dans les Écritures, ainsi que dans le Nouveau Testament. À défaut de quoi, notre compréhension de ce Plan en sera grandement déformée. Il nous faut en effet constater, à regret, que l'Église du vingt-et-unième Siècle se considère un peu comme une "génération spontanée", ayant mis en oubli qu'elle est le produit de nombreuses générations de disciples fidèles qui nous ont transmis, jusqu'à aujourd'hui, ce précieux héritage de la foi en la Parole de Dieu. Il nous faut également nous souvenir que, dans une perspective prophétique de l'Église de Jésus-Christ, la dernière "église", celle de la Fin des Temps, est celle de Laodicée (Apocalypse 3:14 à 19). Une "église" à qui certains "apôtres menteurs" (Apocalypse 2:2) promettent "la prospérité". Pourtant, à cette église "tiède", Jésus reproche de prétendre être "riche" et de "s'être enrichie". Le Seigneur Jésus lui conseille "d'acheter de (lui) de l'or éprouvé par le feu afin (qu'elle) devienne riche". Le Seigneur lui conseille également "d'acheter (de lui) un collyre pour oindre (ses) yeux, afin (qu'elle) voie (son véritable état spirituel aux yeux de Dieu) : pauvre, aveugle et nue" (Apocalypse 3:17 à 19). L'apôtre Paul rappellera que les recommandations de ce que l'on nomme communément l'Ancien Testament, "ont été écrites pour nous servir d'exemples" (1 Corinthiens 10:6, 11). Nous pouvons donc nous appuyer, avec assurance, sur ces descriptions détaillées du "péché" que nous fournissent les Écritures, pour prendre conscience, à notre tour, de ce qui nous est commun avec les personnages décrits dans ces antiques récits. 

Un dernier mot

Hatta'ah, est à la fois une "faute, une transgression et un sacrifice d'expiation"mais c'est également "une sanction". Le prophète Zacharie, qui nous parle des "temps messianiques", nous dit que "En ce jour-là... l'Eternel sera roi de toute la Terre" (Zacharie 14:8, 9). Il nous dit également que "toutes les nations venues contre Jérusalem monteront chaque année pour adorer le Roi, l'Eternel des Armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles" (Zacharie 14:16). Les nations qui ne se présenteront pas à cette fête subiront une sanction (Zacharie 14:9). En effet, durant le règne de Jésus-Christ sur la Terre, les nations seront tenues à certaines obligations, et notamment celle de déléguer des représentants à Jérusalem, pour présenter leur dévotion au Roi des rois lors de la Fête de Souccoth (Lévitique 23:34). Négliger cette "ordonnance" sera également considérée comme "une faute" (Zacharie 14:18, 19). Ce texte de Zacharie atteste que le péché peut également être commis au niveau "national", et que celui-ci subsistera, même durant cette période bénie, alors que le Seigneur régnera sur la Terre. À la différence qu'alors, la "faute", quelle qu'elle soit, recevra une juste rétribution, en conformité avec les exigences saintes du Seigneur. "Le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés" (Matthieu 9:6). Le Messie a été brisé pour nos iniquités (avon) (Esaïe 53:5), Dieu ayant fait retomber sur Lui l'iniquité (avon) de nous tous (Esaïe 53:6, 11). Nul autre que Lui n'aurait pu nous accorder "un si grand salut" (Hébreux 2:3)

On peut donc alors s'interroger : Les textes nous fournissent-ils également un recours quelconque pour "réparer la faute" ? Bien évidemment ! Les Écritures nous révèlent la gravité du péché, sa nature et ses formes les plus variées, mais elles nous annoncent également la Venue de Celui qui sera en mesure, non seulement de nous en délivrer, mais également de nous justifier aux yeux de Dieu, en nous en purifiant. Comment ? Bien évidemment, par le sacrifice de sa vie sur la Croix de Golgotha. Tous ces principes, clairement énoncés dans le Nouveau Testament, existaient déjà, en germe, dans l'Ancien. Par exemple, dans le livre de l'Exode, on peut lire : "Moïse dit au peuple (à propos du veau d'or) : vous avez commis un grand péché (hataah). Je vais maintenant monter vers l'Eternel : j'obtiendrai peut-être le pardon de votre péché (hatta'ah - Exode 32:30). Les deux termes sont forts semblables et possèdent tous deux la même racine. "Hataah" désigne à la fois "le péché, la victime expiatoire pour le péché" et "l'offrande de culpabilité". Le Psalmiste parle d'ailleurs à la fois de la "victime expiatoire" (Psaume 40:7), et du "péché qui est pardonné" (Psaume 32:1). Dans ces deux passages, c'est le mot "hataah" qui est utilisé. Cela nous révèle quelque chose sur Celui qui est devenu pour nous "victime expiatoire" pour nos péchés (1 Jean 2:2; 4:10). Il s'est parfaitement identifié à notre humanité, "Lui qui est sans péché" (Hébreux 9:28), "Il est devenu péché" pour nous en délivrer (2 Corinthiens 5:21). Le terme "Hatta'ah" peut être traduit, lui, par "péché, manquer le but, châtiment", mais peut désigner également un "sacrifice d'expiation ou de culpabilité", et peut être associé à la "purification de ce péché". On pourrait s'interroger : "Pourquoi un même mot est-il utilisé pour désigner le mal et son remède ?" Parce que, pour remédier à la faute, il faut qu'il y ait "identification" de la victime expiatoire avec le péché. Et cette "identification" se retrouve jusque dans le vocabulaire qui désigne l'un et l'autre. Bien évidemment, ces subtilités sont propres à la Loi mosaïque et touchent au lévirat et aux lois sacrificielles. Mais celles-ci n'ont-elles pas été établies en préfiguration du sacrifice ultime de Jésus sur la Croix ? Ainsi, comme le dit très justement Abraham à son fils Isaac : "Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste" (Genèse 22:8). Et l'apôtre Paul dit aux Éphésiens : "Marchez dans l'amour, à l'exemple de Christ... qui s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur" (Éphésiens 5:2). C'est notamment le thème que développe l'auteur de l'épître aux Hébreux. Le livre des Actes nous dit qu'un grand nombre de sacrificateurs obéirent à la foi (Actes 6:7). Il se peut fort bien que l'auteur de l'épître aux Hébreux ait été l'un d'eux. Dans son écrit, celui-ci aborde en effet la sacrificature à la lumière du ministère céleste de Christ (un aspect du ministère de Jésus généralement beaucoup moins abordé que son ministère terrestre). Ce ministère céleste, Jésus l'a pourtant exercé, en notre faveur, auprès de Son Père, et il l'exerce encore à ce jour, et ce, jusqu'à Son Retour.

 

JiDé

Le péché ? À qui la faute ?
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